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que, se soustrait par son insouciance, à toutes les obligations à lui imposées par son nom de protestant. Car, veuillez bien me dire ce que vous entendez par le mot de protestant?

Le Prot. Par le mot de protestant, j'entends un réformé un calviniste.

Le Cath. Mais, les luthériens, en Allemagne, ne les comprenezvous pas aussi parmi les protestants?

Le Prot. Cela va sans dire.

Le Cath. S'il en est ainsi, vous n'avez pas exactement défini le protestant, en l'appelant réformé ou calviniste, puisqu'on peut être protestant, sans être réformé ou calviniste. N'eût-il pas été beaucoup plus simple de dire qu'un protestant est un homme qui proteste?

Le Prot. D'accord. C'est ce que vous disiez tout-à-l'heure.

Le Cath. Protester, en fait de Religion, c'est déclarer qu'on rejette une doctrine parce qu'elle est mauvaise. Maintenant, quelle est cette doctrine rejetée par les protestants, comme mauvaise, et contre laquelle ils protestent? C'est, vous le savez fort bien, la doctrine catholique.

Le Prot. Néanmoins, tout protestant que je suis, je n'ai jamais rien avancé contre le Catholicisme; je n'ai jamais prétendu qu'il fût bon, ni qu'il fût mauvais.

Le Cath. Dès-lors, vous êtes un protestant qui ne proteste pas, qui se dit ce qu'il n'est pas.

Le Prot. Eh bien! puisque vous me poussez l'épée dans les reins, je protesterai contre le Catholicisme, et je dirai qu'il est mauvais.

Le Cath. Ne voyez-vous pas que pour protester contre une chose, pour dire raisonnablement qu'elle est bonne ou mauvaise, il faut préalablement la connaître?

Le Prot. D'accord.

Le Cath. Ainsi, pour être un vrai protestant, un protestant conséquent à son nom, vous devez connaître la Religion catholique.

Tâchez donc de parvenir à cette connaissance. Si, après des recherches consciencieuses, de mûres et solides réflexions, vous trouvez que la Religion catholique est mauvaise et fausse, vous vous affermirez dans le protestantisme, puisque vous aurez appris à protester comme il faut. Si, au contraire, vous êtes conduit par l'examen à reconnaître la bonté, la vérité du Catholicisme, vous ne voudrez plus être protestant, j'en suis persuadé, parce que vous êtes trop raisonnable, trop loyal, trop délicat pour continuer à protester, c'est-à-dire à repousser comme faux

et mauvais, ce que vous vous serez démontré à vous-même bon et véritable.

Le Prot. Assurément. Mais, quand même je voudrais étudier la Religion catholique, je serais dans l'impossibilité de le faire, attendu qu'une pareille étude exige de l'instruction, des livres, et beaucoup de temps.

Le Cath. Comme votre Religion vous impose le devoir de protester contre le Catholicisme, devoir impossible à remplir, si vous ne connaissez pas sa doctrine, ainsi que vous en êtes convenu tout à l'heure; si, réellement, vous êtes privé des moyens d'acquérir cette connaissance préalable, il est évident que votre protestantisme exige de vous l'impossible. Cette exigence seule suffirait déjà pour prouver qu'il n'est pas la Religion véritable, Religion accessible à toutes les intelligences, et qui n'exige de chacun que des choses possibles à tout le monde. Cependant, ce que vous vous figurez impossible, je me charge de vous le rendre non-seulement possible, mais clair, facile même. Je vous procurerai une connaissance, sinon approfondie, au moins suffisante du Catholicisme. Je m'attacherai surtout à faire ressortir ses différences avec le protestantisme, en prenant souvent ce dernier même pour point de départ, si vous consentez à avoir, de temps en temps, avec moi quelques entretiens familiers, dans le genre de notre causerie d'aujourd'hui.

Le Prot. Je vous avoue que malgré ma répugnance à entrer dans cette discussion, je me sens tout honteux de protester contre une doctrine que je ne connais pas. J'accepte donc votre proposition. Je me préparerai à ces entretiens par une revue des arguments que nos controversistes opposent à vos raisonnements, afin de me mettre en état de riposter vigoureusement aux attaques que vous dirigerez contre ma Religion.

Le Cath. Vous ferez fort bien. En attendant, n'oubliez pas de demander à Dieu l'assistance de ses lumières; il ouvrira votre cœur à la bonne foi, et vous inspirera l'amour sincère de la vérité.

Le Prot. C'est entendu.

Second Entretien.

Sur l'origine du Protestantisme, comparée à l'établissement
du Christianisme catholique.

Le Cath. Nous sommes convenus, vous le savez, d'avoir ensemble quelques entretiens destinés à vous faciliter la comparaison de la Religion catholique avec la protestante. Avant d'envisager ces Religions sous d'autres rapports, nous examinerons d'abord, si vous le trouvez bon, d'où elles viennent, comment elles se sont établies dans le monde. En attendant, je crois que vous protestant, et moi catholique, nous sommes d'accord sur un point, c'est-à-dire que l'un et l'autre, ainsi que tous les catholiques et tous les protestants, nous voulons être chrétiens.

Le Prot. Assurément.

Le Cath. Veuillez donc me dire depuis quand il existe des chrétiens dans le monde ?

Le Prot. On compte actuellement 1835 ans depuis la naissance de Jésus-Christ. Il y a donc environ dix-huit cents ans qu'on a vu les premiers chrétiens.

Le Cath. Combien d'années comptez-vous depuis l'apparition des premiers protestants?

Le Prot. Il n'y a pas long-temps que, dans notre pays, on a célébré une fête solennelle qu'on disait être le Jubilé, ou la troisième fête séculaire de la réforme, parce qué trois cents ans s'étaient écoulés depuis le commencement de la Religion protestante.

Le Cath. D'où il suit qu'on ne parle des protestants que depuis trois cents ans; qu'il n'en existait pas auparavant; qu'il n'était point du tout question d'eux, par exemple, il y a cinq cents ans, à l'époque de

Guillaume Tell, et de l'établissement de la Confédération suisse. Qu'étaient donc alors les chrétiens, lorsque personne encore n'était protestant?

Le Prot. Les chrétiens étaient alors catholiques. C'est incontestable.

Le Cath. Puisque vous m'avez si bien désigné l'époque où quelques chrétiens ont commencé à être protestants, dites-moi maintenant quand les chrétiens qui, avant la réforme, étaient catholiques, ont commencé à être, pour la première fois, ce qu'alors ils étaient incontestablement, c'est-à-dire, catholiques?

Le Prot. Je n'en sais rien.

Le Cath. Ni moi non plus. Vous aurez beau frapper à toutes les portes, vous ne trouverez personne en état de vous indiquer une époque où se soit opéré quelque grand changement semblable à celui de la réforme, et avant lequel les chrétiens n'aient pas encore été catholiques. Or, puisqu'en remontant la chaîne des temps jusqu'aux Apôtres, nous cherchons vainement une époque où les chrétiens se soient faits catholiques, ne faut-il pas en tirer cette conséquence, que les premiers chrétiens eux-mêmes étaient catholiques, ou, en d'autres termes, que la Religion chrétienne fut tout d'abord la Religion catholique. Le Prot. Cela me paraît assez bien raisonné. J'ai ouï dire cependant que, bien avant la réforme, il avait existé des chrétiens non catholiques. On les appelait hérétiques, comme, par exemple, les ariens qui niaient la divinité de Jésus-Christ.

Le Cath. Sans doute. Il exista toujours, depuis les temps apostoliques, des partis, plus ou moins nombreux, attachés à des hommes qui enseignaient des choses nouvelles et erronées, et recevant de ces hommes dont ils suivaient la doctrine, leur nom de parti; comme, par exemple, les ariens, d'Arius; les pélagiens, de Pélage; les donatistes, de Donat, et ainsi des autres. Vous avez aussi raison de dire qu'on les appelait tous indistinctement Hérétiques ou Schismatiques. Mais connaissez-vous bien le sens de ces expressions?

Le Prot. Vous m'obligeriez de me l'expliquer exactement.

Le Cath. Eh bien, les hérétiques sont des hommes qui, choisissant parmi les dogmes ceux qu'ils trouvent à leur gré, font par là même un schisme, mot grec, qui signifie scission, séparation. Mais de qui les anciens hérétiques se sont-ils séparés? Ce ne peut être des protestants, puisqu'alors il n'existait point de communion protestante. Ils n'ont donc été appelés hérétiques et schismatiques, que pour s'être séparés de la communion de l'Eglise catholique.

Le Prot. En ce cas, il faudra dire que nous autres protestants nous sommes aussi héretiques et schismatiques, puisque nous nous sommes séparés aussi de l'Eglise catholique; et ces noms, je vous l'avoue, sonnent mal à mes oreilles.

Le Cath. Vous avez parfaitement raison, cher ami. Les protestants ayant fait un choix parmi les dogmes crus avant eux, et s'étant séparés de l'Eglise catholique comme les ariens, les pélagiens, etc., sont évidemment hérétiques et schismatiques, c'est-à-dire des gens qui font bande à part, scission, séparation; et ce nom que vous portez vous-même, en votre qualité de protestant, n'a rien, il faut l'avouer, de bien flatteur pour vous. Mais permettez-moi de vous mettre sur la voie d'une réflexion qui nous ramènera au point d'où nous sommes partis. Pour que quelqu'un ait pu se séparer de sa famille, pour qu'un soldat ait pu déserter de son régiment, ne faut-il pas que cette famille, ce régiment ait existé avant que l'individu dont nous parlons ait pu l'abandonner?

Le Prot. Bien! Ceci est très-clair.

Le Cath. Par la même raison, l'existence des hérétiques prouve l'existence antérieure de l'Eglise catholique, de laquelle ils se sont séparés. Ainsi donc, avant les premiers chrétiens, qui ont porté un nom particulier, tels que les ariens, les pélagiens, les luthériens, les zuingliens, les calvinistes, l'Eglise catholique dont ils se séparèrent existait déjà. Et comme du temps même des Apôtres, il est question d'hérétiques, c'est-à-dire de gens qui se sont séparés de l'Eglise catholique, celle-ci doit nécessairement avoir existé aussi du temps des Apôtres; nouvelle preuve que la Religion professée par cette Eglise, la Religion catholique, en un mot, est la primitive Religion chrétienne, celle apportée du ciel par Jésus-Christ lui-même. Et, pour en revenir à ces hérétiques, on peut toujours dire dans quel siècle ils ont pris naissance, comme on peut dire des protestants qu'ils ont commencé il y a trois cents ans. Bien plus, on peut dire aussi dans quel siècle les anciens hérétiques ont disparu de la scène du monde; car ils ont fini, puisqu'on ne parle plus d'église arienne, pélagienne, etc., comme, un jour, on ne parlera plus d'église luthérienne, calviniste. Vous ne voudrez pas admettre cette hypothèse; et moi, dans l'impuissance où je suis de dévoiler l'avenir à vos yeux, je vous laisse réfléchir vous-même sur tout ce que nous avons découvert jusqu'à présent. Je m'en rapporte à votre jugement pour la question de savoir si la Religion catholique, par le fait même qu'elle est la primitive Religion chrétienne, ne mérite pas d'être préférée à la Religion protestante, qui ne date que de trois cents ans; et je me presse d'arriver à une autre considération. Lorsque, à l'époque de l'établissement du

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