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Et cependant, Chrétiens, durant les quinze siècles qui précédèrent ce malheureux jour, conformément à l'enseignement unanime des Pères et des Docteurs de l'Eglise, et aux paroles de Jésus-Christ lui-même, les Evêques avaient été regardés partout et toujours comme préposés par l'Esprit-Saint au gouvernement de l'Eglise de Dieu (1), comme successeurs des Apôtres, et légitimes héritiers de leurs fonctions et de leur pouvoir (2).

Et pour ce qui nous regarde nous-même, si tous les Catholiques de notre diocèse savent que nous n'avons exercé aucun acte d'autorité épiscopale, qu'après avoir reçu les pouvoirs d'ordre et de juridiction, selon les règles suivies constamment dans l'Eglise, Dieu seul sait quel tendre amour il a fait naître dans notre cœur dès notre promotion à l'Episcopat, pour tous les Chrétiens confiés à notre sollicitude. Notre conscience nous rend aussi ce témoignage, que nous avons toujours suivi, dans nos rapports avec ceux qui vous gouvernent, les voies de la douceur et de la patience; que nous n'avons cessé de gémir devant Dieu, et de lui demander dans nos prières le retour des brebis égarées; que notre continuel désir a été et sera toujours de voir tous les Chrétiens, que le Siége apostolique a soumis à notre autorité, ne plus former qu'une même Eglise, comme ils ne forment dans le fait qu'un même diocèse.

Oui, N. T.C. F., nous vous portons tous dans notre cœur, et, avec le secours de la grâce, nous n'hésiterions pas à sacrifier notre vie, s'il le fallait, pour votre salut éternel. Si vos frères, les Catholiques, nous sont chers, eux quinous sont constamment unis et partagent tous nos biens spirituels(3), nous éprouvons pour vous cette prédilection qu'inspiraient au père du prodigue la vue des égarements de son fils, l'appréhension des dangers qui l'entouraient, et surtout l'espoir de son prochain retour. Combien de fois, en parcourant notre diocèse, à la vue de ces temples, vides aujourd'hui de l'Emmanuel, du Dieu avec nous, qu'y adoraient vos pères; à la vue de ces enfants baptisés invalidement peut-être, de ces jeunes gens qui ne trouvent plus dans la piscine salutaire de la pénitence le remède à leurs passions; à la vue de ces unions que Dieu consacre, que l'homme, par conséquent, ne peut pas rompre (4), et cependant que le divorce souvent va dissoudre; à la vue de ces mourants qui cherchent en vain autour d'eux une absolution pour le passé et un viatique pour

(1) Act. XX. 28. Vos Spiritus Sanctus posuit Episcopos regere Ecclesiam Dci. (2) S. Irénée, liv. III. ch. 3., et les autres saints Pères passim.

(3) Fili, tu semper mecum es et omnia mea tua sunt (Luc XV. 31).

(4) Quod Deus conjunxit, homo non separet (Marc X. 9).

l'avenir; combien de fois n'avons-nous pas partagé ces angoisses que ressentait le Fils de Dieu en contemplant ces populations d'Israël et de Samarie, dispersées autour de lui comme des brebis sans pasteur. Jacentes sicut oves non habentes pastorem (1).

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Ces sentiments de douleur amère, la prudence devait les comprimer dans notre âme; nos enfants fidèles eussent porté la peine de la moindre imprudence: nous devions donc nous abstenir de vous exprimer nos alarmes, nos regrets, nos vœux pour l'avenir. Souvent attaqués dans notre administration par des journaux ou des libelles, calomniés dans notre foi, nous avons constamment gardé le silence le plus discret et renfermé dans notre cœur notre juste affliction. Nous aurions longtemps encore suivi ce plan de conduite, nous aurions peut-être quitté ce monde, emportant au tombeau le secret de nos désirs et de notre douleur, si la Providence elle-même ne nous avait fourni une occasion des plus favorables d'épancher notre âme devant vous, sans crainte d'exercer notre zèle aux dépens de la prudence, et de compromettre les intérêts de notre sainte Religion.

Un docteur protestant, notre compatriote, aussi distingué par ses vastes connaissances que par la franchise et la générosité de son caractère, est venu dans la ville où nous résidons abjurer auprès de nous les erreurs du protestantisme. Après un temps suffisant consacré à l'étude approfondie de la Religion catholique, il reçut de nous l'imposition des mains, et devint le prédicateur et le ministre de cette Eglise dont il faisait aussi l'apologie par ses vertus. Trop tôt pour la Religion, il est mort en faisant des vœux pour la réunion des Eglises chrétiennes, et en priant l'un des l'rélats les plus distingués de l'Italie, le vénérable Evêque de Forli, de nous transmettre un manuscrit qui, publié sous nos auspices, pût hâter le retour de ses anciens coreligionnaires à la foi catholique. Selon les saintes volontés du mourant, nous reçûmes ce pieux héritage, que nous devons aujourd'hui vous remettre et partager entre

vous.

Il n'est point indigne de vous être offert, N. T. C. F., cet ouvrage d'un des savants de la Suisse, le plus versé dans la théologie catholique et protestante. Présentée sous la forme simple et variée d'un entretien familier, la controverse a perdu de sa roideur et de sa monotonie. Au moyen du dialogue, la vérité catholique apparaît tour-à-tour, dans l'objection telle qu'elle est conçue par la plupart de ceux qui la méconnaissent, mêlée de superstitions, surchargée d'abus, en contradiction avec

(1) Matth. IX. 36.

l'Ecriture et la raison; telle ensuite dans la réponse qu'elle est comprise par ses vrais disciples et enseignée par ses vrais docteurs, avec ses fondements dans l'Ecriture, la tradition, l'histoire ecclésiastique, et ses analogies vraiment admirables avec toutes les vérités démontrées. L'objection présentée dans toute sa force apparente, est toujours prise dans l'ordre naturel de vos idées; la réponse, qui pourrait être quelquefois plus nette, plus forte et plus méthodique, est généralement exacte, assez développée pour être comprise de tous les lecteurs, pleine de sens et toujours de ménagements et d'égards pour les personnes. Après avoir posé comme fondement de son ouvrage, que tout Protestant est obligé, pour être conséquent avec le nom qu'il porte, de connaître la foi catholique contre laquelle il proteste, l'auteur entre dans l'examen des questions fondamentales, les premières à discuter et les plus faciles à résoudre. De là, pour satisfaire aux exigences des esprits les plus difficiles, il descend aux vérités de détail, prend à part chacun de nos dogmes, et en montre la révélation dans l'Ecriture, la croyance constante dans l'Eglise, la liaison avec les autres vérités du Christianisme; puis il entoure cette construction déjà si forte d'une double enceinte: pour avant-mur, il place tout ce que les F'ères de l'Eglise les plus anciens nous ont laissé de plus saillant et de plus fort en fait de témoignages catholiques; pour dernier rempart, ce que les théologiens protestants les plus modernes ont consigné dans leurs écrits de plus décisif en fait d'aveux et d'hommages rendus à nos dogmes. Enfin, pour couronner son œuvre, il rappelle dans le dernier entretien l'obligation de professer la foi connue. Ainsi, nécessité de connaître notre foi, moyens de la connaître dans son ensemble et ses détails; puis témoignages anciens et nouveaux à l'appui des arguments; enfin, obligation d'embrasser les vérités démontrées: tel est le sommaire de cet ouvrage, que l'érudition de l'auteur, ses vues justes, élevées, neuves quelquefois, recommandent aux personnes les plus instruites, que sa forme et son style mettent à la portée de tous.

Nous avons désiré qu'on ajoutât à cet ouvrage une notice biographique sur l'auteur, et une méthode aussi solide que facile de s'assurer de la divinité de l'Eglise, dont notre naissance ou notre choix nous ont rendus membres. Puissent ces additions et l'ouvrage entier concourir efficacement au noble but que l'auteur et moi nous nous sommes proposé: Unum ovile et unus pastor!

Sans doute, N. T. C. F., nous avons la confiance que ce livre servira, pour peu que vous le méditiez, à dissiper des préjugés, à éclaircir des doutes, à éloigner quelques-uns des obstacles qui s'opposent au rappro

chement et à la réunion des esprits; mais ce résultat obtenu serait peu de chose encore au gré de nos voeux. Il faut que les cœurs surtout se rapprochent et s'unissent, et que les volontés se disposent à aimer la vérité connue, fût-elle dure aux sens, implacable contre les passions, impérieuse à demander les plus pénibles sacrifices.

Or, pour affectionner les cœurs à la vérité et déterminer les volontés à la pratique, la conviction que donnent la lecture et l'étude ne suffit pas toujours, et souvent nous avons eu la douleur de voir persévérer et mourir dans l'erreur des personnes complètement détrompées. Il faut, outre l'étude, la Prière: la prière, à qui furent promises toutes les grâces du ciel, et surtout la sagesse (1); la prière que notre divin Sauveur et ses Apôtres nous ont si instamment recommandée comme l'âme du Christianisme. Conjurez donc sans cesse le Dieu des lumières d'éclairer votre esprit, mais surtout de fortifier votre cœur ; dites-lui souvent, avec le Psalmiste: Montrez-moi, Seigneur, la voie droite dans laquelle je dois marcher (2); Eclairez mes yeux de peur que je ne m'endorme dans la mort (3); ou, avec le Centenier: Je crois, Seigneur, mais augmentez ma foi, et guérissez cette disposition de ma nature corrompue à ne point croire les vérités qui demandent des sacrifices: Credo, Domine, sed adjuva incredulitatem meam (4).

Ajoutez à la prière un second moyen: la méditation grave, sérieuse, profonde de nos fins dernières. Dieu nous a placés dans ce monde uniquement pour qu'occupés à le connaître, à l'aimer, à le servir, nous méritions par nos hommages libres une récompense éternelle. Le péché, seul mal à craindre, nous détourne de cette fin sublime.... Puni dans les Anges, puni dans Adam par une justice rigoureuse, il sera puni en nous, et d'une mort éternelle, si notre repentir vrai, sincère, efficace ne fait pas couler sur nos plaies mortelles le sang réparateur de Jésus-Christ.... Nous mourrons bientôt... quand nous y penserons le moins... une seule fois... et après la mort, le jugement de Dieu... Le ciel ou l'enfer ... puis l'éternité,... l'invariable, l'interminable éternité! En présence de ces vérités, vous le voyez bien, Chrétiens, près du tombeau, sur le seuil de l'éternelle vie, au pied du souverain tribunal, honneurs, plaisirs, richesses, affaires temporelles, études profanes, tout s'évanouit, tout disparaît.... On comprend que craindre Dieu et

ཉ...

(1) Si quis indiget sapientia postulet à Deo qui dat omnibus affluenter et non improperat (Jac. I. 5).

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(2) Notum fac mihi viam in qua ambulem (Ps. CXLII. 8).

(3) Illumina oculos meos nequando obdormiam in morte (Ps. XII. 4). (4) Marc. IX. 23.

observer ses commandements, c'est là tout l'homme (1); qu'oubuer cette grande affaire et s'occuper exclusivement d'autres intérêts, c'est, comme les Israélites sous le joug de Pharaon, employer tous ses jours à recueillir la paille de l'Egypte (2); que gagner l'univers et perdre son âme, c'est ne rien gagner et tout perdre (3); que nous n'avons enfin dans ce monde qu'une chose nécessaire, une seule: sauver notre âme par la connaissance, la profession et la pratique de la vérité.

La méditation de ces éternelles vérités vous rendra facile un troisième moyen que nous devons rappeler, parce qu'il est de la plus grande importance, pour que le cœur aime la vérité et s'y attache; nous voulons dire la pureté de mœurs. Nulle passion plus que l'amour des plaisirs charnels, n'obscurcit l'intelligence et n'amollit la volonté. Ceux qui ont le cœur pur, verront Dieu (4). Ceux qui agissent selon la vérité, recherchent et trouvent infailliblement cette lumière qui jette sur leurs œuvres tant d'éclat; mais ceux dont les œuvres sont ténébreuses, évitent cette lumière qui découvrirait à leurs yeux effrayés leur propre turpitude (5). Nul doute que les objections les plus fortes contre la confession des péchés, l'indissolubilité du mariage, l'abstinence, le jeûne, le célibat ecclésiastique, ne soient suggérées par un amour tout autre que celui de la vérité. Théodore de Bèse en fit l'aveu à S. François de Sales; et s'il en est quelques-uns qui attaquent nos dogmes de bonne foi, combien aussi qui pourraient nous faire le même aveu.

L'emploi de ces trois moyens, joint à l'aumône et à d'autres œuvres de la charité chrétienne, voilà ce qui déterminera votre volonté, tandis que la lecture et l'étude des écrivains de bonne foi, éclairera et convaincra l'esprit.

Ah! Chrétiens, si chers à notre cœur, ne repoussez pas nos avis, et soyez bien convaincus que le seul désir de votre salut nous les inspire. Tant que vos Evêques eurent des droits politiques à exercer, l'amour de l'indépendance put s'insurger contre eux; tant qu'ils eurent de vastes domaines et de grandes richesses, la cupidité put leur faire la

(1) Deum time et mandata ejus observa : hoc est enim omnis homo (Eccltis XII. 13). (2) Dispersus est populus per omnem terram Ægypti ad colligendas paleas (Exod. V. 12).

(3) Quid prodest homini si mundum universum lucretur, animæ verò suæ detrimentum patiatur (Matth. XVI. 26).

(4) Beati mundo corde quoniam ipsi Deum videbunt (Matth. V. 8).

(5) Omnis qui male agit, odit lucem et non venit ad lucem, ut non arguantur opera ejus (Joan. III. 20).

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