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guerre; tant que l'instruction fut concentrée entre un petit nombre de personnes, seules au fait des vérités religieuses et historiques, l'ignorance put protester contre leur autorité; avant que le protestantisme n'eut déduit ses dernières conséquences, le déisme et le doute universel, la bonne foi trompée par des apparences de Christianisme, put les regarder comme des Apôtres de l'erreur;... mais aujourd'hui, aujourd'hui que votre Evêque est pauvre et heureux de l'être; aujourdhui qu'il est uniquement occupé des œuvres de son ministère, et qu'une controverse de trois siècles a mis tous les points de la doctrine révélée dans un si grand jour; aujourd'hui que le principe du libre examen persuade à plusieurs que Jésus-Christ n'est pas Dieu et que son Baptême est inutile.... Chrétiens dévoués au divin Sauveur et pleins de foi en sa divinité, qu'attendez-vous encore? Le déluge vous inonde, et l'arche du salut est là qui vous est ouverte et qui vous attend pour vous conduire au port. Attendez-vous des exemples? Ils sont nombreux en Allemagne, plus nombreux, plus éclatants encore en Angleterre, assez fréquents même dans nos cantons (1); mais n'attendez-pas un ébranlement général qui vous entraîne comme malgré vous. Trop d'intérêts divers, trop de préoccupations pour les affaires humaines, trop de demi-sciences plus rétives encore que l'ignorance complète s'opposent au retour simultané des masses. Que les pères de famille, dont le choix est le plus souvent un arrêt de vie ou de mort pour leurs descendants, que les ministres du culte qui déterminent ordinairement les croyances de toute une population, que les hommes qui écrivent et qui gouvernent, et à qui leurs talents ou leur position sociale donnent une grande influence, impriment l'impulsion sans l'attendre. Mille passions diverses, et surtout le despotisme des anciens gouvernements, ont opéré la séparation et l'ont maintenue pendant trois siècles; un seul intérêt peut y mettre fin: l'amour de la vérité; intérêt peu compris du vulgaire, mais tout-puissant sur les esprits élevés et les cœurs généreux. A ceux-ci l'honneur d'entrainer les masses, et de démolir l'oeuvre de la violence et de la

séduction.

Pour nous, Chrétiens, assurés, comme nous le sommes, que nos intentions seront mal jugées par plusieurs, nous protestons, en finissant, devant Dieu qui les connait et qui nous jugera, qu'aucune considération humaine, aucune vue d'ambition ou d'intérêt ne nous a dicté les conseils que nous venons de vous donner: vos âmes, vos âmes seules, voilà tout ce que nous recherchons. Non quæro quæ vestra sunt sed vos (2).

(1) Voir la note à la fin de l'ouvrage.

(2) II. Cor. XII. 14.

Fasse le Ciel dans son infinie miséricorde, que ces paroles qui s'exhalent de notre cœur, aillent trouver et toucher les vôtres, nos très-chers Frères ! que les paroles du pasteur le fassent reconnaître à ses brebis! qu'il ait la consolation d'en ramener quelques-unes, et de voir le nombre des conversions s'accroître de jour en jour dans son diocèse! Qu'au milieu des peines inséparables de l'Episcopat, il puisse se dire avec le divin Sauveur: J'ai bien, hélas! d'autres brebis qui ne font pas partie du fidèle troupeau; il faut que je les ramène, et elles entendront ma voix; et il n'y aura plus alors qu'un seul bercail sous un seul pasteur (1).

Donné à Fribourg, en notre maison épiscopale, le jour de Saint François de Sales, 29 Janvier 1840.

+ PIERRE-TOBIE, Évêque de Lausanne et de Genève.

(1) Alias oves habeo quæ non sunt ex boc ovili: et illas oportet me adducere, vocem meam audient, et fiet unum ovile et unus pastor. (Joan. X. 16).

et

NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR

M. L'ABBÉ ESSLINGER,

CHEVALIER DE L'ordre de s. grégOIRE, EX-MINISTRE PROTESTANT 9

PAR M. L'ABBÉ J. X. FONTANA,
Docteur en Theologie, Chancelier de l'Évêché de Lausanne et Genève.

M. Jean-George Esslinger naquit à Zurich, en Suisse, le 26 février 1790, de M. Félix Esslinger, négociant et bourgeois de Zurich, et de Mme AnneCatherine, née Vogler. Il fut baptisé par le pasteur G. Lavater, célèbre phisionomiste, qui se distingua toujours par un sincère attachement au Christianisme, tandis qu'autour de lui le rationalisme faisait déjà des progrès qu'il déplorait amèrement. On remarqua dans le jeune Esslinger, dès ses plus tendres années, les plus heureuses dispositions et beaucoup d'aptitude pour l'étude des sciences. Son caractère était gai et aimable. Il entra fort jeune au collège de sa ville natale, et s'y distingua constamment par son application et un grand amour pour le travail. Il eut l'avantage d'avoir pour professeur d'humanités le savant philologue Brümi, sous la conduite duquel il fit de grands progrès, particulièrement dans la connaissance des langues savantes.

Son goût naturel pour les études sérieuses, lui fit de bonne heure prendre la résolution de se livrer plus particulièrement à celle de la théologie, qu'il étudia sous le fameux professeur Schulthess, rationaliste prononcé, avec lequel il eut dans la suite de vives discussions religieuses, surtout à l'époque de son abjuration. La droiture de ses intentions et l'ardeur qu'il mit dans cette étude, lui firent bientôt éprouver une inquiétude

vague dont il ne pouvait se rendre compte. Au milieu de ce trouble, il ressentait surtout un vif désir de connaître la vérité.

A l'âge de seize ans, il alla, pendant les vacances, faire une visite à un oncle qui était chargé des affaires temporelles d'une Abbaye, située dans un canton voisin. La manière affable avec laquelle il fut accueilli par les Religieux, les conversations qu'il eut avec eux, les visites qu'il renouvela au monastère, augmentèrent le désir qu'il avait déjà de connaître la Religion catholique. Cette circonstance de sa jeunesse resta gravée dans son esprit, et il se ressouvenait toujours avec plaisir de cette première occasion qu'il avait eue d'apprendre à connaître les Prêtres catholiques.

En 1813, M. Esslinger ayant achevé les cours de philosophie et de théologie à l'académie de Zurich, subit avec distinction ses examens devant le conseil ecclésiastique, après lesquels il fut placé, comme pasteur-adjoint, à Richterswyl, grand et beau village du canton de Zurich. Pendant quatre ans qu'il y remplit les fonctions de son ministère, il sut mériter l'estime et l'affection de ceux au milieu desquels il vivait, et chez qui il a laissé les souvenirs les plus honorables pour lui.

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Au milieu des devoirs que lui imposait sa place, il ne cessait d'éprouver cette inquiétude religieuse qui le poussait vers les vérités catholiques. Pendant ses loisirs, le jeune ministre s'occupait à étudier, à comparer; et ce qui le frappait surtout, c'était l'unité et l'immutabilité de cette Eglise, qui a traversé les siècles sans souffrir d'altération dans ses dogmes, tandis que les contradictions du protestantisme devenaient pour lui de jour en jour plus palpables. Voici comme il s'exprime lui-même sur ce qui se passait en lui, à cette époque de sa vie: « Dès l'époque où je fus confirmé par un ministre respectable, je «< commençai à réfléchir sur la Religion, plus sérieusement et plus profon« dément que la plupart des jeunes gens de mon âge. Un goût passionné « pour la lecture, qui s'était manifesté en moi de très-bonne heure, et <<< qu'avaient alimenté jusqu'alors tous les livres sans distinction que le << hazard m'avait présentés, se dirigea dès-lors presque exclusivement << sur les matières théologiques, et s'accrut encore du besoin qu'éprou<< vait mon esprit de trouver un fondement solide à ma foi. Ce qui me << frappa d'abord, ce fut la différence, ou plutôt les contradictions entre « les opinions théologiques de mes professeurs, et les articles de Foi, << tels qu'ils sont exposés dans les livres symboliques de notre Eglise, et «< appuyés sur les textes mêmes de la sainte Ecriture. J'avais lu, pen<< dant mon séjour à Richterswyl, une foule d'ouvrages, où les dogmes, « reconnus par la foi universelle de l'Eglise, étaient tour à tour atta« qués et défendus, et de part et d'autre, par les armes de l'exégèse,

«< c'est-à-dire de l'interprétation de l'Ecriture; ouvrages où l'on examine << si les protestants doivent accepter implicitement toutes les paroles de « Jésus-Christ et de ses Apôtres, ou préalablement les soumettre à << l'examen de leur raison individuelle; et je conclus de ces lectures <«<< qu'il était impossible, pour tout protestant conséquent, de ne pas << adopter cette dernière opinion, comme la seule compatible avec le principe fondamental de la réforme. »

«

Ce fut alors un besoin pour lui de voir de plus près la Religion catholique, et de la connaître dans ses pratiques et dans ses cérémonies. Pour y parvenir, il était comme indispensable qu'il quittât son pays. Il demanda donc et obtint, en 1817, la place d'aumônier du 7me régiment de la Garde royale, 1er régiment Suisse au service de France.

Dans la position nouvelle et difficile où il se trouvait, il sut se conduire de manière à mériter l'estime de ses chefs et des officiers du corps. Partout où le régiment se trouvait en garnison, M. Esslinger cherchait à se mettre en rapport avec des Ecclésiastiques distingués, afin d'acquérir de nouvelles connaissances sur l'objet de ses continuelles méditations. Ses relations avec le Clergé catholique étaient partout, soit à Paris, soit ailleurs, bienveillantes et amicales, tandis qu'il n'en avait presque aucune avec les ministres protestants.

Les lumières de la vérité avaient déjà pénétré si avant dans son esprit, que les instructions qu'il faisait à son régiment étaient étrangères à toute polémique, et qu'elles traitaient uniquement la morale ou les vérités fondamentales du Christianisme, sans faire mention des erreurs introduites par Zwingle et les autres soi-disant réformateurs. Il a même dit depuis que les sermons qu'il avait faits comme aumônier protestant, auraient pu s'adresser à des Catholiques, sans aucun inconvénient. Aussi cette manière de prêcher lui attira-t-elle un jour des reproches de l'un des officiers. M. Esslinger lui répondit que les opinions protestantes étant si différentes, il faudrait, pour contenter tout le monde, faire un sermon pour chaque individu; que la chose étant impossible, il fallait nécessairement s'en tenir à sa méthode; que là où il n'y avait point d'autorité, chacun était maître d'interpréter l'Evangile comme il l'entendait. La conversion de M. de Haller, membre du Conseil souverain de la république de Berne et savant publiciste, arrivée en 1821, fit sur lui une grande impression, et dès que celui-ci se fut fixé à Paris, l'année suivante, M. Esslinger forma des relations avec lui. Il le voyait très-souvent pendant que son régiment était en garnison à Paris ou à Versailles. En général il était heureux d'apprendre quelques nouvelles conversions, parce qu'elles venaient en aide à ses convictions, et servaient beaucoup à

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