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ques-uns insinuèrent encore que pour obtenir la rémission de tous les péchés et assurer son salut, il suffisait de donner et de donner beaucoup. Voilà quelques-uns des abus qu'on ne saurait trop déplorer et détester, et que vos quêtes bibliques ont reproduits du reste plus d'une fois.

Le Prot. Eh bien ! c'est précisément pour détruire ces abus monstrueux, pour repousser les infâmes colporteurs d'indulgences, pour en délivrer les peuples, que nos réformateurs ont élevé leur généreuse voix !

Le Cath. Ils ont bien fait assurément. S'ils s'étaient arrêtés là, l'Eglise chrétienne les placerait au nombre de ses bienfaiteurs, au lieu de les ranger parmi ses ennemis. En tonnant contre les abus, il ne faisaient que ce qu'ont fait avant eux, avec eux et après eux, mille catholiques demeurés fidèles à la Religion jusqu'à leur dernier soupir. Ceux-ci n'ont pas fait le mal pour opérer le bien. Ils n'ont point arraché l'arbre, parce qu'il paraissait une fois stérile, parce que des vers nuisibles en rongeaient les fruits. Ils ont détruit ces insectes dangereux, mais ils ont respecté l'arbre à cause des bons fruits qu'il avait portés auparavant, et qu'il pouvait porter encore. L'évènement n'a point trompé leur attente. Les abus introduits par les hommes dans l'Eglise de Jésus-Christ ont cessé, et le bien que les fidèles peuvent retirer des indulgences n'est point perdu pour les catholiques, comme il l'est trop malheureusement pour vous. Vos réformateurs vous ont délivrés d'abus qui affligèrent, n'en doutez pas, tous les bons chrétiens; mais en même temps ils vous ont dépouillés des vérités les plus saintes, des institutions les plus salutaires, et de l'inappréciable avantage de l'unité dans la foi. L'Eglise de Jésus-Christ, l'Eglise notre mère, privée par eux d'un si grand nombre de ses enfants chéris, l'Eglise, nouvelle Rachel, les pleure amèrement depuis trois siècles, et ne veut pas se consoler de ce qu'ils ne sont plus.

Le Prot. Il est possible que les réformateurs soient allés trop loin; mais à qui la faute, sinon à ceux qui les irritèrent par une résistance aussi injuste que violente et obstinée? Pourquoi ne s'est-on pas empressé de réformer les abus contre lesquels s'élevait la voix de tous les honnêtes gens?

Le Cath. Il faudrait entrer dans de plus longs détails historiques pour déterminer avec toute l'exactitude convenable ce qui s'est fait à cette époque funeste, ce qui devait et pouvait se faire. J'aime mieux vous accorder que les vendeurs d'indulgences ont contracté envers Dieu une terrible responsabilité. Mais à quoi bon calculer leurs torts? Ne

vaut-il pas mieux s'occuper à réparer, par nos communs efforts, un mal que nous n'avons pu empêcher et dont nous souffrons tous.

Le Prot. A la bonne heure! Poursuivez-donc votre tâche, et parlezmoi des autres sacrements catholiques. De grâce, ne soyez pas aussi long que vous l'avez été pour celui de la pénitence.

Le Cath. Si vous désirez que je sois plus laconique, il nous faut remettre la partie à un autre jour. Au reste, nous n'avons pas perdu notre temps aujourd'hui, car dans notre entretien, nous avons embrassé toute la conduite de Dieu envers le péchcur, telle qu'elle est entendue par les catholiques.

Sixième Entretien.

Continuation du Cinquième.

Le Cath. Il me reste à vous parler de trois autres institutions de Jésus-Christ, auxquelles les protestants contestent aussi le caractère et le titre de sacrement; ce sont : l'Extrême-Onction, l'Ordre et le Mariage. Les catholiques, lorsqu'ils sont dangereusement malades, appellent un prêtre auprès d'eux, pour en recevoir des prières et une onction faite avec une huile consacrée. Ils en agissent ainsi pour se conformer au précepte que nous lisons dans l'Epître de saint Jacques, chap. V, . 14: Si quelqu'un est malade parmi vous, qu'il appelle les Anciens (tel était le nom des prêtres, des ministres de la Religion), qu'ils prient pour lui, et qu'ils l'oignent d'huile au nom du Seigneur. Ainsi l'Eglise catholique, qui consacre par un sacrement les premiers jours de ses enfants, leur offre le secours d'un autre sacrement à la fin de leur vie; et par cette conduite pleine de bonté pour ses enfants, elle accomplit un précepte évidemment contenu dans l'Ecriture-Sainte.

Le Prot. En appelant près du lit de vos malades les ministres chargés de les oindre d'huile et de prier pour eux, vous faites, j'en conviens, une chose prescrite par l'Apôtre saint Jacques; mais nous pensons que votre Extrême-Onction n'est pas un véritable sacrement.

Le Cath. Si nous avions tort d'appeler sacrement une chose prescrite par l'Apôtre saint Jacques, il s'ensuivrait seulement que vous pouviez lui donner un autre nom. Mais comment pourrez-vous justifier votre conduite? Vous avez entièrement rejeté la chose elle-même, par la seule raison que le nom ne vous en plaisait pas. Le nom de sacrement,

traduction du terme grec mystère (UTI), était d'abord d'un usage un peu vague; l'Eglise l'a restreint ensuite à sept actes importants de la Religion et de la vie chrétienne, actes qui s'accordent tous en ces deux points: que leur institution vient de Jésus-Christ, et qu'ils nous offrent des biens invisibles et spirituels sous le voile d'objets visibles et matériels. Cela peut très-bien se dire aussi des sacrements que les protestants rejettent. L'imposition des mains et l'onction par l'Evêque dans le sacrement de Confirmation et dans celui de l'Ordre, sont les symboles et les canaux de l'Esprit-Saint qui descend sur les confirmés et sur les jeunes ministres des autels; l'huile sainte, dans l'Extrême-Onction, est le signe visible de la grâce invisible qui se communique aux malades; et l'union de deux époux qui deviennent un seul corps, signifie l'union intime et sainte qui doit régner entre Jésus-Christ et son Eglise.

Le Prot. Je ne vous ferai pas de grandes difficultés sur ce point. L'onction des malades, la consécration des ministres de l'Eglise sont des institutions évidemment fondées sur l'Ecriture-Sainte, et la controverse sur le mot sacrement, intéresse plutôt les écoles de théologie que la foi et la vie chrétiennes. Je sais d'ailleurs que les réformateurs eux-mêmes n'étaient pas d'accord sur le nombre des sacrements. Luther parle de la pénitence; Calvin appelle l'ordination des ministres un sacrement, et l'on assure que Zwingle a appliqué ce nom au mariage. Ainsi, nous aurions à peu près le nombre voulu par les catholiques. Je ne vous ferai donc ici qu'une observation: Vous appelez les ministres de la Religion prêtres, et vous distinguez divers degrés dans le saint ministère.

Le Cath. Si dans mon exposé sur l'Eucharistie, j'ai réussi à vous *prouver qu'il existe un sacrifice dans l'Eglise chrétienne, vous devez trouver bien naturel que nous appelions prêtres ceux qui sont chargés de l'offrir à Dieu. Au reste, il suffira de vous dire qu'une des plus considérables Eglises protestantes, celle d'Angleterre, appelle aussi ses ministres prêtres (prietts), et qu'elle distingue comme nous les diacres, les prêtres et les évêques. Il y a aussi des évêques protestants en Suède et en Dariemarck, et ce degré hiérarchique a été tout récemment rétabli dans l'Eglise protestante en l'russe.

Le Prot. Tout cela, je vous l'avoue, ne me paraît pas assez important pour être mis en balance avec les avantages immenses que procurerait la réunion si désirable de tous les chrétiens. Voici encore deux points relatifs à deux de vos sacrements, deux points dont l'adoption ou le rejet peut exercer une influence puissante sur la vie sociale; je veux parler du célibat des prêtres et de l'indissolubilité du mariage.

Le Cath. Il y a d'abord une grande différence entre ces deux points:

T'un est un dogme, un article de foi, et l'autre un point de discipline. Le célibat pourrait, en toute rigueur, ne pas être imposé; mais le divorce ne pourrait jamais être toléré dans la Religion chrétienne. Si nous disions que Jésus-Christ a défendu le mariage aux prêtres, nos adversaires se seraient sans doute bornés à nous prouver qu'il le leur a permis; mais, comme nous n'avons jamais prétendu qu'il le leur ait interdit, ces Messieurs vont plus loin, et soutiennent que Jésus-Christ a défendu aux prêtres le célibat, et qu'il leur a commandé le mariage; mais remarquez la contradiction: on a nié quelquefois que l'ExtrêmeOnction fùt une institution de Jésus-Christ, sous prétexte que ce sacrement n'était point fondé sur ses propres paroles, et à propos du mariage, on a prétendu que Jésus-Christ l'avait prescrit aux prêtres, et l'on a cité à l'appui de cette assertion, non des paroles de l'Evangile, mais ces expressions de saint Paul: Oportet episcopum esse unius uxoris virum, que les protestants se sont plu à traduire : Il faut que l'évêque ait une femme. S'il en était ainsi, tous les ministres protestants qui ne se marient pas, vivraient en flagrante opposition avec un précepte de Jésus-Christ. Heureusement que tout le monde est d'accord aujourd'hui qu'une telle acception des paroles de saint Paul est absurde, et qu'il faut les traduire, ainsi que le texte le permet et que la tradition l'explique: Il faut que l'évêque soit un homme qui n'ait jamais aspiré à de secondes noces, littéralement: qui n'ait eu qu'une femme. L'Eglise n'a donc pas contrevenu à un commandement de Jésus-Christ en imposant la condition du célibat à ceux qui demandent à entrer dans les ordres; elle n'a privé personne de la liberté de se marier, puisqu'elle ne force personne à embrasser la prêtrise. Si ceux qui ont gouverné l'Eglise depuis les Apôtres, ont empiété sur la liberté naturelle de l'homme, en interdisant le mariage aux prêtres, le reproche remontera jusqu'à saint Paul lui-même, puisque cette liberté naturelle comprend aussi bien la faculté de convoler à de secondes noces, que celle de se marier; et je vous défie de me faire contre le célibat ecclésiastique, une seule objection que je ne puisse faire aussitôt contre la prohibition des secondes noces faite par l'Apôtre. Comme il serait beaucoup trop long de discuter ici les raisons qui militent en faveur de la discipline de l'Eglise, je me borne à une seule réflexion : L'Ecriture-Sainte représente partout la virginité comme un état plus parfait que le mariage, parce qu'elle laisse une plus grande liberté de servir Dieu. « Celui, dit « saint Paul, qui n'est point marié, s'occupe du soin des choses du « Seigneur, et de ce qu'il doit faire pour plaire à Dieu. » Que fait donc l'Eglise, en prescrivant le célibat aux prêtres? Elle déclare pure

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