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(l'an 701); car ce roi avait défendu à ses sujets, sous peine de mort, d'obéir à l'Église romaine *.

* L'auteur parle ici de la soumission au pouvoir temporel du pape. Car il sait fort bien que de tous les peuples du monde, le peuple espagnol a toujours été le plus soumis à l'autorité pontificale, et que, depuis l'établissement du christianisme dans ce pays, c'est-à-dire depuis les premiers siècles, les papes ont exercé en Espagne leur pouvoir spirituel sans aucune contradiction. La question tombe donc sur le droit temporel que Grégoire s'attribue. On prétend que dans les temps antérieurs à Witiza l'Espagne appartenait au saint Siége, et que le roi, dans un concile tenu à Tolède, en 701, s'est déclaré indépendant et a soustrait ses sujets au pouvoir temporel des papes. Mais comme les actes de ce concile sont perdus, nous sommes réduits à de simples conjectures. Cependant il ne faut pas s'imaginer que les prétentions de Grégoire n'étaient fondées sur rien. Grégoire s'énonce trop clairement pour qu'on puisse croire qu'il agissait uniquement d'après ses désirs ou ses caprices. Car voici ce qu'il dit encore dans sa vingt-huitième lettre du livre Iv : « Præterea notum vobis fieri volumus, quod nobis quidem facere non est liberum, vobis autem non solum ad futuram, sed etiam ad præsentem gloriam valde necessarium, videlicet regnum Hispaniæ ex antiquis constitutionibus beato Petro et sanctæ romanæ Ecclesiæ in jus et proprietatem esse traditum. » Si la tradition ne nous a laissé aucun vestige de la suzeraineté que réclame Grégoire, il ne s'ensuit pas que de son temps il n'en existait pas. Nous sommes confirmés dans cette opinion par un témoignage de Mariana, le célèbre historien de l'Espagne. Voici ce qu'il rapporte : << Extat Gregori septimi qui proximo tempore romanum pontificatum adeptus est, præclarum de Ramiro rege testimonium, quo primum Hispaniæ regum, ait, Toletanæ superstitionis (sic Gothicam precandi rationem vocat) per gentes fusæ, et quæ mentes hominum stulta persuasione imbuerat, repudiatis erroribus majestatem romani moris et cultus lucem in Hispanicas terras invexisse. Sedi apostolicæ inprimis et maxime deditus fuit prorsus ut regnum, seque et liberos romanis pontificibus obnoxios vectigalesque fore, lege in æternum

T I.

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Sur ces entrefaites, arrivèrent en Espagne, comme légats, Gérald, évêque d'Ostie, et Raimbaud, qui convoquèrent un synode, où ils déposèrent ou excommunièrent arbitrairement plusieurs évêques, et en suspendirent d'autres. On s'en plaignit à Grégoire; celui-ci adressa au légat une lettre sévère, lui reprochant de ne lui avoir envoyé personne pour le tenir au courant de ses négociations. Il a entendu, dit-il, des plaintes auxquelles il est obligé de répondre, mais qu'il ne pouvait le faire dans l'incertitude où il est et dans la crainte de lui faire perdre toute considération dans ce pays'. Quelle a été l'issue de cette affaire, c'est ce que nous ignorons, faute de documents 2.

A l'égard de Henri, roi d'Allemagne, l'intention de Grégoire était de tenter la voie de la douceur et de commencer par lui donner des avertissements paternels. Il écrivit à Godefroi, le 20 avril 1073: «Vous connaissez nos pensées et nos désirs >> relativement au roi ; car, Dieu nous en est témoin, >> personne n'a plus de sollicitude et ne fait des vœux plus ardents que nous pour sa gloire présente et >> future. Nous avons résolu de profiter de la pre>> mière occasion pour lui envoyer des légats, et lata voluerit et sanxerit. (De reb. Hispan., c. 7.) Si ce fait est vrai, Ramire III aurait donc réellement rendu ses états tributaires du saint Siége, et le pontife n'était pas mat fondé, d'après le droit du moyen âge, à réclamer le tribut et la suzeraineté. (Note du traduct.)

Epist., 16, lib. 1.

• Du moins des monuments qui soient arrivés jusqu'à

pous.

» pour nous concerter paternellement avec lui sur » ce que nous jugeons le plus utile au bien de » l'Église et à l'honneur de la dignité royale. S'il >> nous écoute, nous aurons autant de joie à le voir >> heureux que si nous l'étions nous-mêmes ; et il » le sera très-certainement, si, marchant dans la » voie de la justice, il se rend à nos avertissements » et à nos conseils. Mais si, ce qu'à Dieu ne plaise, » il répond à notre amour par la haine; si, dis>> simulant la justice de Dieu, il rend au Tout» Puissant le mépris pour l'honneur qu'il a reçu » de lui; alors nous ne laisserons pas tomber sur » nous cette menace de l'Écriture : Maudit celui qui » retient son épée et l'empêche de verser le sang. Car >> nous ne pouvons pas sacrifier la loi de Dieu à » des considérations personnelles, ni abandonner » le chemin de la justice pour conserver la faveur » des hommes; car, dit l'apôtre : si je voulais plaire » aux hommes, je ne serais pus le serviteur de Dieu*. »

* De rege vero mentem nostram et. desiderium plene cognoscere potes; quod, quantum in Domino sapimus, neminem de ejus præsenti ac futura gloria aut sollicitiorem aut copiosiori desiderio nobis præferri credimus. Est enim hæc voluntas nostra, ut primum oblata nobis opportunitate, per nuntios nostros super his quæ ad profectum Ecclesiæ, et honorem regiæ dignitatis suæ pertinere arbitramur, paterna cum dilectione et admonitione conveniamus. Quod si nos audierit, non aliter de ejus quam nostra salute gaudebimus; quam tum certissime sibi lucrari poterit, si in tenenda justitia nostris monitis et consiliis acquieverit: sin vero (quod non optamus) nobis odium pro dilectione, omnipotenti autem Deo pro tanto honore sibi collato, dissimulando justitiam ejus, contemp

Il exprime, un peu plus tard, les mêmes sentiments dans une lettre à Béatrix et à Mathilde de Canosse *: « Quant au roi, dit-il, vous savez >> par nos lettres précédentes que notre intention » est de lui envoyer quelques hommes sages, pour >> le ramener, avec l'aide de Dieu, à l'amour de l'Eglise sa mère, et pour lui tracer une meilleure » forme de gouvernement. Si, contrairement à nos » vœux, il ne nous écoute pas, nous ne pourrons, » ni ne devons nous écarter des règles de l'Église qui nous a nourris, et qui souvent a engendré >> ses enfants au prix du sang de ses fils. Et certes, il » est plus sûr pour nous de lui résister jusqu'au » sang, pour son propre salut, que de consentir à

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l'iniquité pour satisfaire à ses caprices, et pour

tum non ex æquo reddiderit, interminatio qua dicitur: Maledictus homo,qui prohibet gladium suum a sanguine (Jerem., XLVIII, 10), super nos, Deo providente, non veniet. Neque enim liberum nobis est alicujus personali gratia legem Dei postponere, aut a tramite rectitudi nis pro humano favore recedere, dicente apostolo: Si hominibus placere vellem, servus Dei non essem (Gal., 1). Epist., 9, lib. 1. (N. du trad.)

De rege autem, ut antea in litteris nostris accepistis, hæc est voluntas nostra, ut ad eum religiosos viros mittamus, quorum admonitionibus, inspirante Deo, ad amorem sanctæ romanæ et suæ matris Ecclesiæ eum revocare et ad condignam formam suscipiendi imperii instruere et expolire valeamus. Quod si nos, quod non optamus, audire contempserit, nos tamen a matre nostra romana Ecclesia, quæ nos nutrivit, et sæpe filiorum suorum sanguine alios generavit filios, custodiente Deo, exorbitare nec possumus nec debemus. Et certe tutius nobis est defendendo veritatem pro sui ipsius salute adusque sanguinem nostrum sibi resistere, quam ad explendam ejus voluntatem iniquitati consentiendo secum, quod absit, ad interitum ruere. Epist., 1, 11. (Note du traduct.)

»> nous jeter avec lui dans l'abîme *. » Il fait voir plus clairement encore, s'il est possible, ses vues et ses intentions dans une lettre adressée à Rodolphe, duc de Souabe: « Nous savons déjà, dit-il, par le passé, que vous avez fortement à cœur l'honneur de l'Église romaine; mais la lettre que vous venez de nous envoyer nous montre surtout quel est votre amour pour cette même église, et combien vous surpassez en affection les autres princes de vos contrées. Votre lettre, d'ailleurs si aimable, semble avoir pour but de vous concerter avec nous sur les moyens de donner plus de gloire à l'empire, et plus de force à l'Église, par une union étroite entre le sacerdoce et l'empire. Nous voulons que votre noblesse sache que nous n'avons aucun sentiment de malveillance pour Henri, envers lequel nous avons même des devoirs; puisque nous l'avons choisi pour roi; puisque l'empereur son père, d'heureuse mémoire, nous a honorés à sa cour, parmi tous les Italiens, d'une manière toute particulière; puisque ce prince en mourant a

* Grégoire exprime les mêmes sentiments, et peut-être d'une manière plus vive encore, dans une lettre adressée à Rainald, évêque de Cômes : « Et tu dilectissima nostra filia Agnes imperatrix, novistis quid de rege sentiam, quid etiam de eo velim; novistis quidem, si bene fortassis meministis quam sæpe utrique dixerim, quod eo religione sanctiorem nullum vellem vivere; hoc scilicet mente mecum versans: si cujuspiam privati et alicujus principis boni mores, vita et religio honori sanctæ Ecclesiæ existant, et augmento; quid illius qui laïcorum est caput, qui rex est, et Romæ (Deo annuente) futurus imperator. Epist., 1, 20. (Note du traduct.)

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