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» soumis et vous servira autant que des hommes li»bres doivent servir sous un régime de liberté. » Les Saxons portent le nom de chrétiens, et ils > ne veulent pas le souiller par des rapports avec » un homme qui trahit si ignominieusement la foi » du Christ. Si vous voulez les réduire par la force » des armes, eh bien! les armes ne leur manque»ront pas et ils sauront s'en servir. Ils vous ont >>prêté serment de fidélité, ils rempliront leurs en»gagements tant que vous serez roi pour l'édifi>> cation et non pour la ruine de l'Église; tant >> que vous gouvernerez conformément à la justice, >> aux lois et aux coutumes de leurs ancêtres; tant » que vous conserverez à chacun son rang, sa di» gnité et ses droits. Mais si vous rompez ce pacte, » ils ne seront plus liés par aucun serment, et ils » auront le droit de vous faire la guerre comme à un » ennemi barbare, et un oppresseur du nom du » Christ, et tant qu'ils auront un reste de vie, ils » continueront de combattre pour l'Église de Dieu, » pour la foi de Jésus-Christ et leur propre liber»té » Henri était irrité et hors de lui-même; cependant il reprit bientôt sa présence d'esprit, et répondit aux députés d'un ton dédaigneux : « Si vous » avez souffert des injustices, dit-il, il est de notre » devoir de ne pas les laisser impunies. Aucun

Lamb. Schaffn., ann. 1073.- Lehmann Speyer, Chron., v, e. 27.

>> homme innocent n'a encore réclamé notre

«

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>> justice en vain. Si, pour conserver la paix, je prends la défense du faible, de la veuve et de l'orphelin, je proscris aussi le vol et le larcin, » je fais rendre le bien injustement enlevé, je punis le brigandage, et je remplis les devoirs » de la royauté. Je suis placé au premier rang par le Tout-Puissant, et je porte le glaive de la jus » tice pour punir les séditieux et les malfaiteurs, >> de quelque condition qu'ils soient, et pour as» surer la tranquillité à ceux qui aiment la paix et >> la concorde. Si votre peuple veut quelque au»>tre chose, je réunirai les grands de l'Etat, >> dont la décision tiendra lieu de celle des ar» mes 1. »

Quand les envoyés rapportèrent cette réponse à leurs compatriotes, tous les seigneurs, et Otton de Nordheim à leur tête, voulurent se venger surle-champ de l'orgueil d'un roi qui parlait d'eux avec tant de légèreté. « Un prince obstiné dans le » mal doit être humilié, disaient-ils, par la ven» geance publique! » Tous coururent donc aux armes; le peuple se rassembla en foule. Près de soixante mille hommes armés marchèrent sur Goslar2 et campèrent près de la ville; à peine Burchard, évêque de Halberstadt, put-il retenir l'impétuosité

1 Aventin, Annal. Boior. Le poëme saxon est d'accord avec lui.

Lamb. Schaffn.

de cette multitude irritée et l'empêcher de prendre immédiatement la ville d'assaut.

Henri, effrayé à cette nouvelle, se retira à Harzbourg. Cette forteresse était une des plus importantes de la Saxe; elle était située sur le sommet d'une montagne qu'on appelle aujourd'hui Bourgberg, un des plus beaux sites du Harz; les Saxons païens y adoraient autrefois un dieu nommé Crodon'. Harzbourg, construit en 1068 par Henri IV, était fortifié plus encore par la nature de sa position que par la main des hommes; on ne pouvait l'aborder que d'un seul côté par un sentier bien difficile. Des montagnes élevées, couvertes d'épaisses forêts, touchaient à ses murs, de manière qu'il était impossible de l'investir complétement2; tandis que la garnison pouvait entrer et sortir sans avoir à craindre l'ennemi. Henri y avait fait construire une église magnifique; son fils, enlevé par une mort prématurée, y était enterré; on y avait déposé aussi le bras de saint Siméon, la tête de saint Anastase, martyr, et les reliques de plusieurs autres saints. Henri venait d'y apporter

Il s'y trouvait jadis une grande statue de Crodon, l'ancienne divinité des Saxons. Eccard, in Dissert. de usu stud. etymolog., 1, 2, met en doute l'existence de cette idole.

2 Voici la description qu'en fait Lambert : « Castellum » in altissimo colle situm erat, et uno tantum itinere, ipso» que difficillimo, adiri poterat. Cætera montis latera vas· >> tissima silva inumbrabat, quæ exinde per multa millia » passuum continua vastitate in latum extenditur usque ad » confinium Thuringiæ. »

les insignes de la royauté avec une partie de ses trésors. L'armée des confédérés arriva bientôt devant la place et campa sous les murs, au grand étonnement du prince. Burchard, évêque de Halberstadt, détacha un corps de troupes, et alla assiéger Heimbourg, dont la garnison lui avait fait souvent éprouver de cruelles vexations'. Trois mille hommes y arrivèrent pendant la nuit pour escalader la place à la faveur des ténèbres. Mais leur essai ne fut pas heureux, car ils furent repoussés avec une perte considérable. Alors le peuple de la Thuringe accourut à leur secours avec une multitude d'autres gens du voisinage; et Fréderic, comte palatin de Saxe, cerna la place avec six mille hommes. Mais un siége lui paraissait trop long, il apprit que les chefs qui commandaient le fort étaient accessibles à la corruption. En effet, ils se rendirent, et la place ne fut bientôt plus qu'un monceau de ruines2; mais les Saxons y avaient perdu beaucoup de monde 3.

Le nom de cette place varie dans les auteurs: on l'appelle Hennenberg, Henneberganum, Heimenbrug. Elle était située dans la principauté de Blankerbourg, sur la montagne du bois de la déesse Ostera, et avait été bâtie avant Harzbourg. Non loin de là, il y a encore un village du

même nom.

"Aventin dit : « Eckbert, præfectus prætorio Saxoniæ, l'assiégea.» Voir Rupert dans Goldast, in Apolog., et Meibomius, de Gente Heimburg.

>>

'Le poëme de Bello, sax. célèbre ce siége. Lamb. ne parle pas de la trahison. Selon lui, la forteresse fut prise de vive

Après cette expédition, le corps d'armée revint devant le fort de Harzbourg, qui était gardé par trois cents chevaliers d'une valeur éprouvée. La place fut cernée partout où on pouvait l'aborder. Deux cents chevaliers firent par deux fois une sortie vigoureuse; les Saxons perdirent du monde1, car leurs troupes étaient divisées entre six forts où le roi avait mis garnison 2. Ils avaient devant Harzbourg vingt mille hommes qui employaient tour à tour la force et la ruse pour s'emparer de la place. Ils interceptaient les convois, cherchaient à tromper ceux qui les conduisaient, ou à les gagner; mais tout fut inutile.

En ces jours se trouvaient autour du roi, Eppon, évêque de Ceits; Bennon d'Osnabruc3, en qualité de conseillers; Berthold de Carinthie y était venu aussi à cause de quelques affaires particulières. Le roi, dans son embarras, voulait se servir de cet homme habile et éloquent. Il le gagna en lui rendant son duché, dont Marcquard d'Eppenstein s'était emparé, disait-il, à son insu et force, brûlée, et la garnison eut la permission de se retirer sans être punie de ses excès.

1 Aventin, Annal. Boior.

* Le poëme saxon dit :

Sex ibi castellis multo munimine firmis,

Præsidia imposuit, victum quoque largiter addit.

Puis il ajoute en parlant des Saxons :

Sic indiscrete pravi rapiuntque ruuntque,
Nec minus interea circumdant milite castra,
Regia, præsidiis quæ sunt commissa relictis.

Liemar, archevêque de Brême, est aussi nommé,

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