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contre son gré. Berthold ne se trompait pas sur les vrais motifs de cette bienveillance; cependant il promit au roi de répondre à son appel, chaque fois que les intérêts de l'État l'exigeraient'. Le roi envoya ces trois hommes au camp des Saxons, pour les inviter2 « à déposer les armes, qu'ils avaient prises, sans doute, dans un but honorable, mais en donnant un mauvais exemple pour l'avenir; å ne rien entreprendre au-dessus de leurs forces; à ne point persister dans une guerre qui leur attirerait la réprobation des princes de l'Empire; à ne point faire ce qu'on n'avait jamais vu, ni de leur temps ni du temps de leurs pères. » Les envoyés disaient que leur cause était juste, que le roi les avait forcés à ces sortes de violences par ses injustices, mais que l'honneur devait l'emporter sur la colère. « La dignité royale, qui est inviolable, disaient-ils, même aux yeux des barbares, doit être respectée; ainsi mettez votre épée dans le fourreau, étouffez toute dissension, indiquez l'endroit et le jour d'une grande diète composée de tous les grands du royaume, le roi se justifiera devant leur tribunal

i Lamb., ann. 1073.

• Bruno nomme l'évêque Frédéric, le duc Berthold et Sigefroi, chapelain du roi, parmi les ambassadeurs. Sa narration est aussi un peu différente: le roi appelle le soulèvement des Saxons une guerre civile. Bruno passe encore sous silence l'appel de Henri à un tribunal des grands de l'État; et, suivant lui, Otton rédigea la réponse aux ambas. sadeurs, réponse que Lambert met dans la bouche de tous les Saxons. L'Annaliste saxon s'accorde avec Bruno.

des torts qu'on lui impute, et réformera tout ce qui aura besoin d'être réformé. » Les Saxons répondirent : « La nécessité qui nous force à nous insur» ger n'existe pas ailleurs, car le roi a toujours

épargné les autres peuples, c'est nous qu'il a » choisis de préférence pour nous écraser, selon >> la parole du prophète, sous des chariots de fer; » et quand il a obtenu une fois la supériorité, il » ne sort plus de notre pays, afin de nous ravir > notre héritage et notre liberté, et de nous impo» ser le joug ignominieux de la plus dure servi»tude. Il a mis des garnisons sur les montagnes et >> les collines pour nous forcer à lui payer l'eau » que nous buvons et le bois que nous brûlons. >> Comment sont traitées nos femmes et nos filles » par ses soldats? ne sont-elles pas victimes de leur >> infâme volupté? Et, ce qui nous paraît le plus » dur à supporter, notre pays n'est-il pas souillé » par des crimes inouïs, qu'aucune bouche chré» tienne ne peut nommer? Sans doute, si les au>> tres princes avaient souffert les mêmes maux, >> nous pourrions nous en rapporter à leur juge>>ment; mais comme nous devons succomber seuls >> sous le poids du malheur, ou nous en délivrer >> par notre propre force, le jugement des autres »> nous devient indifférent. Ainsi, si le roi se repent » de ses injustices, qu'il fasse détruire les forts, » et qu'il nous donne ce gage de son sincère re

pentir; qu'il nous rende nos patrimoines enlevés

» par la fraude ou la violence; qu'il nous promette, » sous la foi du serment, de ne jamais toucher aux » coutumes de nos pères. S'il satisfait à ces de>> mandes, nous aurons confiance en ses promesses,

quoique nous ayons déjà été si souvent trompés; » s'il ne le fait pas, alors, sans attendre le juge>> ment des princes et des peuples, nous briserons >> le joug qui nous est imposé, et nous tâcherons d'as» surer la liberté à nos enfants, soit par la mort, soit >> par la victoire. » Après avoir entendu cette réponse, les ambassadeurs prirent congé et partirent'.

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Pendant ces négociations, deux vaillants chevaliers du fort tombèrent à l'improviste sur une troupe de Saxons, jetèrent la confusion dans leur rang, en massacrèrent un grand nombre, mirent les autres en fuite, et rentrèrent dans la place après avoir fait un grand carnage. A peine les Saxons furent-ils remis de cette alarme, que la garnison de Harzbourg fit, pendant la nuit, une sortie, fondit sur des soldats endormis, et, après une grande effusion de sang, s'empara de leurs armes et de leurs chevaux 2; on ne voyait plus autour de la place que dévastation. Cependant on continuait d'échanger des messages les Saxons persistaient dans leurs demandes, mais Henri regardait comme une tache

:

'Lamb., ann. 1073.

• Tel est le récit du poëme. Aventin ne parle que de la dernière sortie.

3 Lamb., ann. 1073.

T. I.

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ineffaçable de sacrifier ses forts à l'exigence d'un peuple qu'il n'avait pas encore appris à estimer. D'ailleurs, il n'aurait osé accepter une capitulation, en supposant même que les Saxons eussent été disposés à l'accorder1. Ceux-ci serraient la place de plus en plus; ils gardaient toutes les avenues pour rendre impossible l'évasion du roi. Henri s'en apercevait et se trouvait dans un cruel embarras, car il voulait s'enfuir du côté du Rhin, où les évêques lui avaient conservé leur attachement, à cause des grandes faveurs qu'il leur avait accordées. Il continua d'amuser les Saxons par des négociations, et pendant qu'ils en attendaient un heureux succès, il se déroba la nuit2, avec le duc Berthold et les deux évêques, et se sauva à travers l'épaisseur de la forêt dont il connaissait parfaitement les chemins. Sa suite était très-peu nombreuse; il avait déjà fait transporter secrètement, dans des sacs, les insignes de la royauté et une partie de ses trẻsors. Il ordonnâ, en partant, aux chefs du fort de tenir son absence secrète 3.

Après la destruction de Heimbourg, on envoya un corps d'armée devant Asenbourg, place

1 Bruno, p. 109.

2 D'après l'Annal. sax., c'était le v idus August.

Lambert fait errer le roi pendant trois jours dans un sentier étroit et peu connu, souffrant de la faim, plein de crainte et d'anxiété, redoutant à chaque pas de rencontrer la mort.

4 Lambert parle souvent du camp, mais ne dit jamais où

forte qui paraissait imprenable aux assiégeants, à cause de sa position. On dressa un camp devant cette place, et l'on fermà toutes les issues pour la réduire par la famine; car, bien qu'elle fût amplement pourvue de provisions, il y avait une garnison trop nombreuse pour qu'elle pût tenir longtemps. La troupe cependant résista jusqu'à Noël, mais alors elle demanda au roi de prompts secours; car la misère était au comble, la famine avait déjà fait périr un grand nombre de soldats, et ceux qui restaient n'avaient pour perspective que la mort ou la captivité.

Le quatrième jour de sa fuite, Henri, harassé de fatigue, arriva avec ses compagnons à Eschenwége. Après s'y être reposé un jour, il se rendit à Hersfeld, où se réunirent déjà autour de lui quelques troupes. Il s'y arrêta pendant quatre jours, attendant l'armée qui devait marcher contre la Pologne; car le jour indiqué pour sa réunion n'était pás éloigné. Lå se rendirent avec leurs troupes, Adalbert, évêque de Wurtzbourg; Hermann, de Bamberg, et plusieurs autres seigneurs. Rodolphe, duc de Souabe, ainsi que les évêques du Rhin, de la Souabe et de la Bavière, campaient

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il était situé. Krause, dans son Index géographique annexé à Lambert, dit : « Putatur fuisse aut firmissimum castrum Asseburg ditionis Guelferbytanæ, aut aliud in Mansfel» diæ comitatu situm.» S'appuyant sur des passages de Lambert, p. 189, il l'a placé dans la Thuringe, & in Thuringia » septentrionali, in viçinia montium Harticorum. »

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