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qui étaient fatiguées, ils avaient d'ailleurs des vivres en abondance. La garnison de Harzbourg était dans une situation affreuse, elle souffrait cruellement de la faim: car, en approvisionnant la place, on ne s'attendait pas à un siége aussi long. Cependant plus d'un Saxon oublia l'injuste conduite du roi en faveur de quelques individus non coupables: plusieurs comptaient dans le fort des amis avec lesquels ils avaient vécu et passé leur vie au sein de la paix et du bonheur; on leur passait des secours qu'ils partageaient avec leurs malheureux compagnons; de sorte que Harzbourg tint plus longtemps qu'on ne s'y était attendu'.

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Henri reçut alors une nouvelle bien fâcheuse. Hermann, frère du duc de Saxe, tenait assiégée depuis longtemps la place de Lunebourg; elle était mal approvisionnée, et la garnison se trouvait réduite aux dernières extrémités et sur le point de se rendre mais Hermann n'entendait pas raison, il la tenait étroitement serrée2; et puis il envoya dire au roi « que ses soldats sont dans une » dure captivité; que, s'il veut les avoir vivants, il » commence par rendre la liberté à Magnus, son » neveu, et par le renvoyer près de lui; que s'il »> ne le fait pas, il usera envers ses troupes des >> droits de la guerre, et les traitera comme des

Bruno et l'Annaliste saxon sont d'accord sur ce fait. 2 Lambert s'exprime ainsi : « Secundum prophetam, pane » arcto et aqua brevi sustentabat. »

ennemis qui, contre le droit des gens, ont passé » les limites d'un territoire étranger, et qui, d'a» près les lois du pays, ont mérité la mort. » Henri fut interdit, il hésita longtemps; abandonner ses soldats à leur malheureux sort, cela lui paraissait difficile et dangereux; il savait que par un acte semblable il s'attirerait l'aversion de ses sujets, justifierait leurs plaintes sur son injustice et sa dureté, et découragerait un grand nombre de ses propres partisans. D'ailleurs il n'était pas étranger au sentiment d'humanité; mais comment rendre la liberté à un homme sur la perte duquel il avait compté pour s'assurer l'empire de la Saxe, à un homme qu'un emprisonnement de trois ans devait nécessairement avoir exaspéré contre lui! Enfin les nombreux messages des assiégés aux grands du royaume, leurs prières, leurs menaces et leurs alarmes mirent fin à l'indécision du roi; il envoya à Harzbourg l'ordre de mettre en liberté Magnus et tous ses compagnons.

Les inquiétudes de Henri ne firent qu'augmenter. Les seigneurs sur lesquels il comptait le plus et à qui il avait exposé sa position, lui montraient peu d'intérêt, surtout ceux de la Souabe et de la Franconie. Les habitants de ces provinces se défiaient de lui, car le bruit courait qu'il avait les mêmes vues sur ces deux pays que sur la Saxe1. Il ne savait pas non plus profiter du bon

1 Annal. Saxon., ann. 1073, et Bruno, p. 110.

esprit des villes. Il voyait que la Saxe et la Thuringe étaient en mouvement, que la force des ennemis s'augmentait tous les jours, et que, parmi ses places fortes, les unes étaient ruinées et les autres dans la plus cruelle détresse.

Rentrant en lui-même, et faisant de sérieuses réflexions, Henri consulta les archevêques de Mayence et de Cologne '. Les grands lui promirent leur appui, mais à condition qu'il permettrait aux Saxons d'envoyer, à une époque déterminée, des ambassadeurs, et qu'il laisserait examiner en commun leurs griefs. Si la cause du roi était juste et qu'il fût trouvé innocent, les princes ne manqueraient pas de le secourir, comme cela convient aux sujets du roi; mais si la justice se trouvait du côté des Saxons, alors le roi, comme ce serait son devoir, réparerait les torts, et prendrait des dispositions plus équitables; car ils ne voudraient pas marcher contre des chrétiens dont on aurait reconnu l'innocence et qui leur sont d'ailleurs attachés par les liens du sang 2. Tel était le langage de Rodolphe, duc de Souabe, de Berthold de Zahringen et de Welf de Bavière3. Henri n'en parut pas offensé.

Les archevêques indiquèrent donc aux seigneurs saxons une réunion à Corvey, et le jour où elle de

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' Lambert.

2 Bruno, p. 110. Annal. Saxon.

3 Chron. Hersaug., ann. 1073.

Le Ix des calendes de septembre.

vait avoir lieu. Sigefroi de Mayence s'y rendit; il n'en fut pas de même d'Annon de Cologne, qui ne voulait peut-être plus se mêler des affaires du monde depuis qu'il avait quitté les rênes du gouvernement. Cependant, pour se conformer à la volonté du roi, il envoya des légats qui, revêtus de son autorité, approuveraient tout ce qui pourrait contribuer au bien et à la tranquillité de l'Etat. L'archevêque de Mayence mit tout en œuvre pour réconcilier les Saxons avec le prince; mais le zèle même qu'il mit à défendre la cause du roi rendit les Saxons plus difficiles, et augmenta leurs prétentions. Ceux-ci connaissaient la situation de Henri, les dispositions peu favorables des grands, le caractère particulier du roi qui ne s'en tenait jamais à une résolution, et qui se laissait guider par les circonstances plus ou moins favorables; ils craignaient que ses promesses ne fussent l'effet de la crainte, et que leur pays ne se trouvât sous la même oppression, dès que les circonstances seraient changées. Ils exposèrent ensuite, outre les injustices criantes qu'ils avaient éprouvées, d'autres grands griefs contre le roi, et dirent qu'il ne pouvait plus rester sur le trône sans exposer la foi chrétienne à son entière destruction; qu'il avait commis envers ses amis les plus dévoués, envers sa femme, envers sa sœur, l'abbesse de Quedlinbourg, et envers d'autres personnes ses proches parentes, des attentats qui, jugés d'après

les lois ccclésiastiques, lui faisaient perdre les droits du mariage, les honneurs de la chevalerie et toute puissance séculière. Après quelques pourparlers, on arrêta qu'une seconde assemblée serait tenue dans le mois de novembre à Gerstungen 2, et qu'on donnerait et recevrait douze otages à l'abbaye de Hohenbourg pour la sûreté des deux partis. Là, toutes les inculpations portées contre le roi devaient être pesées et jugées par le tribunal de la noblesse. Du reste, si le roi le jugeait à propos, il se justifierait en personne, s'il le pouvait, des torts qu'on lui reprochait.

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Cependant un certain nombre de courtisans trouvaient qu'il était inconvenant et indigne de la majesté royale, que le roi donnât des otages à un peuple qui lui était soumis; car les hommes de tous les temps et de tous les lieux avaient pour principe, que le trône est une chose sacrée et respectable, quand même celui qui s'y trouve ne l'est pas. Au jour indiqué, les archevêques de

Lambert est ici si précis, qu'on peut le suivre en toute sûreté. «Eum sine magna christianæ religionis jactura non posse ulterius regnare..... et facinora patrasse quæ si secundum ecclesiasticas leges judicarentur et conjugium, militiæ cingulum et omnem prorsus seculi usum, quanto magis regnum abdicare censeretur. »

2 Lamb. place Gerstungen « in confinis Thuringiæ et Hassiæ. » C'était une très-ancienne ville de la Thuringe où l'on tenait fréquemment de pareilles assemblées.

• Hoenburg, Hohenburg, Homburg, autrefois un couvent entre Angensalze et Thomasbruck.

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