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Mayence et de Cologne se rendirent à Hohenbourg pour contremander les otages. Il leur paraissait plus convenable qu'on se contentât d'une simple parole, et qu'on n'exigeât pas d'autre garantie pour se rendre à l'assemblée.

Mais le roi méditait un autre plan qui n'était pas aussi honorable. Au nord de l'Allemagne, entre l'Elbe et l'Oder, près de la belle et merveilleuse Rhétra, vivait un peuple sauvage, celui des Luticiens, il touchait aux frontières de la Saxe. Les Saxons et les Luticiens étaient ennemis, comme cela arrive souvent aux peuples limitrophes, quoique cela ne soit ni honorable ni avantageux. Soixante-dix ans auparavant, un roi allemand avait été obligé d'acheter la paix de ce peuple qui, depuis ce temps-là, figura souvent comme auxiliaire dans les troupes d'Allemagne. De cette manière, les Luticiens apprirent à connaître leurs forces, et tentèrent plus d'une conquête. Ils étaient parvenus à donner leurs lois aux Obotrites, et à détruire dans leur pays la foi chrétienne. Bernard, duc de Saxe, chercha alors à soumettre les peuples slaves au joug des lois; mais la tranquillité était pour eux comme la mort. Depuis cette époque, on eut toujours quelques querelles aux frontières. L'empereur Conrad II voulut remédier à tout par un appel au jugement de Dieu; mais comme ce jugement devint favorable au peuple slave, il fut

impossible de tenir les Luticiens en repos. Ils firent au contraire de nouveaux progrès; leur impétuosité pouvait à peine être contenue par le glaive des braves Saxons'. Henri lui-même leur avait déjà fait la guerre 2 et dévasté leur pays.

Ce fut à ce peuple, à ce vieil ennemi de la Saxe, que le roi s'adressa pour l'exciter de nouveau, afin d'occuper les Saxons ailleurs et d'être à même de poursuivre son plan contre leur pays. Les Luticiens vivaient en bonne intelligence avec les Danois; Henri, par ses promesses et par ses présents, fit une telle impression sur ces peuplades avides, qu'elles oublièrent facilement le mal qu'il leur avait fait.

Dès que les Saxons furent instruits de cette démarche, ils envoyèrent sur-le-champ aux Luticiens des députés chargés de faire des offres plus considérables que celles du roi, pour les engager à rester en paix avec eux. Ils ajoutèrent cependant que si les Luticiens n'acceptaient pas leurs offres, ils se croyaient en état de faire face à deux ennemis à la fois, et qu'ainsi les Luticiens avaient à choisir entre l'argent et la bravoure des Saxons. Les Luticiens, ayant mis l'affaire en délibération, se divisèrent en deux partis :

'Krause, Histoire de l'Europe moderne, t. 4, re part., p. 14.

2 Berthold. Const., ann. 1069. Sigeb. Gembl., ann, 1069.

les uns se déclarèrent pour le roi, les autres pour les Saxons. Des paroles on en vint aux mains, plusieurs milliers d'hommes périrent dans cette querelle domestique. Comme elle dura longtemps, les Luticiens ne purent rien entreprendre contre leurs voisins 1.

A cette même époque, un comte allemand, Wiprecht de Croitz2, chassé de ses Etats par ses voisins, chercha un asile en Bohême. Ce pays était alors gouverné par un duc-suzerain qui avait le droit de faire la paix et la guerre, de donner des lois, et qui ne reconnaissait au-dessus de lui que l'empereur d'Allemagne, dont il était le vassal 3. Wratislas était duc de Bohême depuis 1061, et avait encore passé peu de jours tranquilles. Wiprecht vint à sa cour et en fut très-bien accueilli. Bientôt il gagna son affection; considérant un jour avec surprise la richesse et le faste du duc, il lui dit : « Le titre de roi de Bohême vous conviendrait mieux que celui de duc? Pourquoi n'en faitesvous pas la demande à Henri, roi d'Allemagne? Dans la position où il est, il ne vous le refusera pas, si vous lui offrez de l'argent et des troupes. »

1 Lamb., ann. 1073.

Sa vie se trouve dans Chron. Pegau, et dans Hoffmann, Script. rerum Lusaticarum.

D'après l'Annaliste saxon, ann. 1002, le duc de Bohême était aussi vassal des margraves allemands. Voyez Pelzel's, geschicchte von Bœhmen, 1or th., p. 63, et sur cette histoire, p. 67.

L'idée sourit au duc, qui envoya le comte en Allemagne, pour offrir au roi quatre mille marcs d'argent et trois cents à la reine, à condition qu'il accorderait le titre de roi. Wiprecht se rendit à Wurzburg1.

A l'époque où l'on prenait ces arrangements, Henri était occupé à demander du secours aux Danois. Swen III, se rappelant ses anciens engagements, rassembla sa flotte, remonta l'Elbe, arriva aux frontières de la Saxe, et se mit à ravager le pays par le fer et par le feu ; mais ses troupes ne tardèrent pas à murmurer contre cette entreprise. Les soldats refusèrent de marcher, parce que les Saxons, bien loin d'être ennemis, leur avaient servi de bouclier contre l'invasion des barbares. Un jour viendra, disaient-ils, que nous serons obligés d'expier notre témérité. Le roi, craignant d'être abandonné par les siens, prit le parti de se retirer 2.

Le jour fixé pour l'assemblée de Gerstungen 5 étant arrivé, les seigneurs saxons s'y rendirent à la tête d'un corps de quatorze mille combattants, les autres troupes étaient employées à protéger le pays et à faire le siége des forteresses. Des prélats qui avaient à se plaindre du roi s'étaient attachés aux Saxons 5. Les archevêques de Cologne

1 Chron. Pegau, dans Hoffmann.

Tel est le récit de Lambert, ann. 1073.

3 Le 13 des calendes de novembre.

1 Lamb.

Carmen de Bello Saxon.

T. I.

21

et de Mayence, les évêques de Metz et de Bamberg, les ducs de Lorraine, de Souabe et de Carinthie étaient chargés de défendre la cause du roi. Le prince refusa d'y comparaître, et attendit à Wurzburg la décision de l'assemblée.

Enfin la diète s'ouvrit; les seigneurs saxons demandèrent aux partisans du roi de ne pas perdre de vue les règles du droit et de la justice; de peser mûrement toute chose et de juger avec impartialité; de faire attention, moins à leur entreprise qu'aux maux qui la rendaient nécessaire'. Alors chacun exposa ses griefs, et fit ressortir les injustices du roi envers les particuliers et envers la nation entière, et les crimes dont il avait souillé la majesté royale. Les envoyés n'étaient certainement pas venus pour défendre sa cause du moins Sigefroi de Mayence ne montrait pas les bonnes dispositions qu'il avait exprimées en présence de Henri. Tous furent étonnés des méfaits qu'on attribuait au chef de l'Empire, et de la longue patience des Saxons. On délibéra pendant trois jours sur ce qui conviendrait le mieux au salut et au repos de l'Empire. Le dernier jour, tous s'accordèrent à dire que le

1 Lambert fait ici tomber les princes saxons aux pieds des ambassadeurs du roi; mais ceci est une formule dont Lambert se sert bien souvent et qu'il ne faut pas prendre à la lettre. Au reste, cet auteur est le plus sûr, parce qu'il se trouvait près des lieux.

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