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» delà des monts, inspirés de Dieu, je n'en doute » pas, ont reçu de bon cœur cette exhortation. Il y » a déjà plus de cinquante mille hommes qui se pré» parent à cette expédition, s'ils peuvent m'y avoir » pour chef, résolus de marcher à main armée » contre les ennemis de Dieu, et d'aller jusqu'au

sépulcre de Notre-Seigneur. Ce qui m'excite >> encore puissamment à cette entreprise, c'est » que l'Eglise de Constantinople, séparée de nous >> au sujet du Saint-Esprit, demande à se réunir » au saint Siége. Presque tous les Arméniens se » sont écartés de la foi catholique, et presque tous les Orientaux attendent que la foi de saint Pierre » décide entre leurs diverses opinions. Et parce » que nos pères, dont nous désirons suivre les >> traces, ont souvent passé en ce pays-là pour >> confirmer la foi, nous sommes aussi obligés d'y >> passer, si Dieu nous en ouvre le chemin. Mais, » comme un si grand dessein a besoin de sérieux >> conseils et de puissants secours, je vous demande

gno indiget consilio, et magnorum auxilio, si hoc Deus me permiserit incipere, a te quæro consilium, et, ut tibi placet, auxilium : quia si illuc favente Deo ivero, post Deum tibi Romanam Ecclesiam relinquo, ut eam et sicut sanctam matrem custodias, et ejus honorem defendas. Quid tibi super his placeat et quid prudentia tua divinitus aspirata decernat, mihi quanto ocius potes remittas. Nam si de te plus quam plurimi putent non sperarem, verba hæc frustra proferrem. Sed quia forsan non est homo, cui de sinceritate dilectionis meæ adhuc indubitanter credas, Spiritui Sancto, qui omnia potest, committo, ut menti tuæ

» les uns et les autres, parce que, si je fais ce » voyage avec l'aide de Dieu, ce sera à vous, après » Dieu, que je confierai l'Eglise romaine, pour » que vous la gardiez comme votre mère et que » vous la défendiez. Faites-moi connaître au plus >> tôt ce que vous pensez de ce projet, et ce que » les inspirations du Ciel dicteront à votre prudence; car, si mon espoir en vous n'était pas plus grand qu'on ne pense, ce serait en vain que je vous >> adresserais ces paroles. Je laisse au Saint-Esprit, >> qui peut tout, le soin de vous faire connaître ce que je désire pour vous et combien je vous aime, et de disposer votre esprit envers moi, de » manière à déjouer le complot des méchants et à >> faire accroître le désir des bons. >>

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Grégoire, pour arriver plus promptement à l'accomplissement de son œuvre, écrivit peu de temps après à plusieurs princes de l'empire d'Allemagne, notamment à Rodolphe, duc de Souabe, et à Bersuo more indicet quid tibi cupiam, quantumve te diligam, et eodem modo circa me tuam mentem componat, ut impiorum desiderium depereat et bonorum accrescat. Epist., II, 31. Quand nous lisons attentivement ces lettres, nous restons convaincus que la plupart des auteurs n'ont pas saisi la pensée tout entière de Grégoire, dont le but, ce nous semble, était aussi politique que religieux. Grégoire voulait envoyer les peuples en Orient, et terminer ainsi leurs querelles domestiques. C'est pourquoi il tente le cœur du jeune Henri: il veut lui inspirer le désir de passer les mers, de s'illustrer dans une guerre lointaine, plus honorable que celle qu'il faisait à ses vassaux. C'est là une des grandes conceptions du génie de Grégoire. (Note du trad.)

thold, de Carinthie, dont il connaissait l'influence dans les affaires du royaume, et sur lesquels il comptait beaucoup. Il les exhorta aussi d'une manière presante à déraciner le mal qui entraînait le monde dans sa ruine, à se servir de tous les moyens, même de la force, pour extirper la simonie et l'incontinence des clercs, à en parler à la cour et en tout autre lieu, et principalement dans les assemblées publiques; et, si on leur disait que cette affaire ne les regardait pas, à répondre « que rien de tout » ce qui concerne le bien du peuple ne leur était » indifférent, que les mécontents n'ont qu'à aller >> à Rome pour discuter avec le pape sur ce sujet*. » Tout concourt à prouver que le pape avait en Rodolphe la plus intime confiance.

Ainsi Grégoire avait mis par son concile la plus grande partie du monde en mouvement, il avait touché à tous les ressorts; mais il s'était créé aussi par là même une foule d'ennemis irréconciliables. La situation des évêques, des prêtres, des diacres et de tous les ecclésiastiques, était changée, ou devait l'être. Tous les liens qui attachent si fortement l'homme à la femme allaient être brisés; tout ce qu'il y a d'amour entre le père et l'enfant devait être rompu; ce que le monde avait prôné comme beau devait être foulé aux pieds

* Hoc illis respondete : ut vestram et populi salutem non impedientes de injuncta vobis obedientia ad nos nobiscum disputaturi veniant. Epist., 11, 45. (Note du trad.)

et abandonné. On devait sacrifier tout cela pour la foi, dont la conviction n'était pas dans tous les cœurs, et dont la vérité trouvait tant d'ennemis. Parmi ces ennemis se trouvaient des hommes qui avaient été jusqu'à présent puissants dans les affaires d'Allemagne. Tels étaient les évêques de Strasbourg, de Spire, de Bamberg, d'Augsbourg, de Wirtzbourg, de Constance : l'archevêque de Mayence penchait tant soit peu de leur côté.

Grégoire résolut donc de soumettre par la crainte ceux qu'il ne pourrait vaincre par ses conseils. Robert Guiscard, duc de Normandie, enorgueilli par le succès de ses armes, n'avait pas voulu prêter au pape le serment de fidélité, que lui avaient prêté les autres princes de l'Italie 1. Grégoire, dans son concile à Rome, lança contre lui une sentence d'excommunication 2.

Grégoire crut aussi devoir traiter avec plus de

↑ Voilà ce qui est le plus vraisemblable. Léon d'Ostie (1. ш, c. 44) prétend, il est vrai, qu'à la nouvelle de la conquête de la Campanie, Grégoire l'exclut de la communion de l'Eglise ainsi que Gifulf, prince de Salerne, avec tous ses vassaux, et qu'il résolut de les attaquer avec une armée. Mais plusieurs lettres de Grégoire prouvent que la raison véritable fut leur obstination à refuser le serment. Vid. Epist., 1, 25 : « Nimis obstinate perseverant; 46: Normanni qui nobis rebelles sunt. » Et dans une lettre à Béatrix et à Mathilde (11, 4), il dit : Robert s'est corrigé, « et tantæ fidelitatis securitatem in suis manibus dare optatur, ut nemo unquam firmiori obligatione se cuilibet domino debeat vel possit astringere. »

2 Voy. les canons dans la collection de Mansi, t. xx.

rigueur le roi de France*. Il voulait lui montrer, à lui et à tout l'univers, quelle est la puissance de celui qui est le chef de la chrétienté, et qui a le pouvoir de lier et de délier ce qui sera lié et délié dans le ciel. Grégoire avait adressé les canons du concile aux évêques, aux abbés et à tout le clergé de France, et avait vivement pressé, comme partout ailleurs, leur exécution; mais il rencontra une vive résistance : car on s'était réuni à Paris dans un synode, non pour délibérer, mais pour prendre ensemble la résolution de rejeter les décrets de Grégoire, qu'on regardait comme intolérables et comme contraires à la raison'. Mais quel

* Grégoire avait déjà donné quelques avertissements au roi de France. Celui-ci lui envoya une ambassade pour l'assurer de son obéissance et du respect avec lequel il recevrait ses avis sur tout ce qui concerne la religion. Le pape lui répondit que, s'il parlait sincèrement, il aurait lieu de s'en réjouir, et lui recommanda de réparer les torts qu'il avait faits à l'église de Beauvais. « Vous devez considérer, lui dit-il, quelle gloire se sont acquise vos prédécesseurs, et combien ils ont été chers au saint Siége tant qu'ils se sont appliqués à protéger et à défendre les églises de leurs Etats. Mais quand ce zèle a commencé à se ralentir sous les rois suivants, la gloire et la splendeur du royaume de France ont été éclipsées par les désordres et les vices qui ont pris la place des vertus, et qui ont mis un Etat si noble et si florissant sur le penchant de sa ruine. C'est ce que le devoir de notre dignité nous oblige de vous représenter souvent, et, s'il le faut, en termes un peu durs.>> (Epist.,1, 75.) La lettre est du mois d'avril 1074. (Note du trad.)

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Importabilia ejus esse (præcepta, ideoque irrationabilia. » Mansi, Coll. conc., t. xx.

T. I.

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