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le premier est en cinq chants, le second n'en a que trois, mais plus riches et plus grandement ordonnés. Jusqu'à présent vous avez vu le roi sous des traits empruntés, il va ôter son masque et paraître lui-même dans toute sa magnificence. Ainsi la Fable n'est qu'une introduction à la vérité, et l'histoire des grandes monarchies primitives ne sert que de vestibule à l'histoire de Louis XIV.

Charles Lebrun a déployé une haute intelligence dans l'exécution de cette immense biographie; il a peint la guerre à l'entrée, comme pour dire que Louis XIV en avait eu l'initiative et qu'il se réservait de la finir à son gré. C'est une chose bien hardie, et qui ne se verra peut-être pas une seconde fois, que d'avoir représenté, sur la porte de la galerie où leurs ambassadeurs sont introduits auprès du roi, la France terrassant toutes les monarchies de l'Europe. Les traits sous lesquels la Paix est représentée à l'autre extrémité sont plus humiliants encore pour les puissances que ceux qu'on a prêtés à leur défaite. Lebrun a donné sur ces murailles quelques coups de pinceau qui pourront faire tirer bien des coups de canon à la frontière; il ameutera au combat toutes les nations qui font déjà entendre leurs murmures; quel art fut jamais plus grand que celui qui peut produire de semblables effets?

Mais la grande galerie, si imposante, peut-être unique au monde, qui est décorée des plus somptueux produits de l'industrie française créée par Colbert, qui est ornée de statues antiques, de tables de porphyre et d'albâtre, de vases, de navicelles et des plus riches morceaux d'orfévrerie, qui reflète dans ses

mille glaces tous les bosquets du parc, de manière à composer des paysages admirables et de joindre à tant de luxe les charmes de la nature; savez-vous ce que la grande galerie porte dans son plafond, et quel firmament elle étend au-dessus de toutes ces magnificences? C'est dans son are et au milieu de ses nuages que Charles Lebrun a écrit la vie de Louis XIV; les actions du roi sont les astres qui éclairent ce ciel.

La vie du roi a eu jusqu'ici deux époques tranchées; chacune a duré dix ans : l'amour de mademoiselle de La Vallière et l'influence de Colbert ont illustré la première, madame de Montespan et Louvois ont agité la seconde. Lebrun a fait aussi deux parts dans sa peinture, il a placé au plus haut de son ciel la première époque, il a disposé l'autre autour de celle-ci ; il a mis madame de Montespan plus près de la terre que mademoiselle de La Vallière, et Louvois au-dessous de Colbert. Louvois n'est pas content et il se venge en préférant Mignard à Lebrun, qui, depuis la mort de Colbert, reste sans protecteur. Ordinairement c'est la terre qui reproduit les splendeurs du ciel; ici c'est le ciel qui reflète les grandeurs de la terre; et c'est dans le firmament qu'est inscrite la vie de Louis XIV, année par année et couche par couche, comme elle s'est passée.

Mais ce que j'admire dans toutes ces peintures, c'est qu'aux endroits où il a fallu représenter la France en face des nations. étrangères, celles-ci sont peintes en personne, tandis qu'à la place où la France devrait être on ne voit que Louis XIV. La nation n'est nulle part, le roi est partout. L'Allemagne, la HolJande, l'Espagne, Rome elle-même plient le genou dans les vingt

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