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Le jour, en se levant, montra la multitude qui remplissait toutes les cours du château, la place d'armes et l'entrée de l'avenue. On demande que la reine paraisse au balcon; elle s'y présente avec Madame et le Dauphin. On crie: Pas d'enfant! La reine brave le terrible hasard que ce cri semblait présager; elle renvoie ses enfants, et, les yeux et les mains levés vers le ciel, elle s'avance comme une victime qui se dévoue. Mais La Fayette ne tarda pas à paraitre à côté d'elle, à la rassurer et à calmer la colère du peuple; sa milice s'était emparée du château pour le garder, et avait fait reculer les troupes désordonnées qui l'avaient assailli, et qui s'en retournèrent à Paris emportant deux têtes de gardesdu-corps au bout de deux piques.

Alors on n'entendit plus qu'un seul cri: Le roi à Paris! Mais il devint général. Le roi se présenta au balcon et dit : « Mes amis, j'irai à Paris avec ma femme et mes enfants; c'est à l'amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j'ai de plus précieux. Le départ eut lieu à une heure après midi. Comme l'Assemblée nationale avait décrété qu'elle était inséparable de la personne du roi, une députation de cent membres accompagna le monarque; ce fut au milieu d'une multitude furieuse que la famille royale fit son entrée dans la capitale. Quelques jours après l'Assemblée entière quitta Versailles et alla s'établir à Paris, qui fut désormais le lieu de ses séances.

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Jetée au milieu de cette fournaise où tant d'idées et de sions brûlaient ensemble, la monarchie eut bien vite disparu; après avoir vainement essayé pendant trois ans de vivre dans la sphère nouvelle où elle avait été entraînée, elle se vit attaquée

dans les Tuileries le 10 août 1792, comme elle l'avait été à Versailles le 5 octobre 1789. La Convention nationale, qui fut réunie aussitôt après sa chute, eut la plus difficile tâche qui ait jamais été donnée à une assemblée politique; elle fut chargée par son mandat de faire succéder un pouvoir nouveau à celui qui venait de s'écrouler, et de défendre le sol de la patrie envahi par la coalition de toutes les dynasties de l'Europe. Dans ce péril extrême elle se fit une arme de la mort et mit la terreur à la place des lois. L'échafaud dévora avec une rapidité terrible tout ce que Versailles avait vu naguère de majesté et de grandeurs. Le roi et la reine frayèrent cette route sanglante aux courtisans dont les conseils les avaient perdus, aux amis dont le courage avait tenté vainement de les défendre; puis lorsque les victimes aristocratiques manquèrent à l'insatiable guillotine, les partis républicains se chargèrent de lui fournir sa pâture; les Montagnards lui envoyèrent les Girondins, et les Thermidoriens lui envoyèrent les Montagnards. Robespierre lui-même périt sous le coup des passions qu'il avait entretenues. Car le même siècle, qui avait vu mourir Louis XIV, vit aussi mourir Robespierre; et quand on songe à l'effroyable distance qu'il y a de l'un de ces hommes à l'autre, on est confondu que la Providence puisse, en si peu de temps, tirer les dernières conséquences des choses qu'elle a posées.

En maintenant la terreur au dedans, la Convention put exciter l'enthousiasme sur les frontières, et s'assurer la victoire sur les ennemis extérieurs. La France eut à soutenir le choc du monde entier, comme elle avait fait sous Louis XIV. Mais ce n'était

plus l'orgueil d'un roi ni l'envie d'ajouter quelques lambeaux de terre à son territoire qui la poussait au combat; la cause de la civilisation moderne l'animait dans cette lutte universelle, et sur les innombrables champs de bataille qu'elle rencontra en Europe, elle semait la liberté en même temps qu'elle y cueillait la gloire.

Les nécessités d'une si grande guerre devaient livrer tôt ou tard le gouvernement de la France à un soldat. Parmi les capitaines qui purent aspirer à cet honneur suprême se distingua un pauvre enfant sorti des faubourgs de Versailles. Le général Hoche, qui commandait alors les armées de la république à l'âge de vingt-trois ans, et qui après avoir battu les ennemis sur les frontières de l'Est fut seul jugé capable de pacifier la Vendée, pouvait espérer qu'un jour il marcherait en maître dans ce palais sous les murailles duquel il avait joué pendant son enfance; mais il mourut à vingt-huit ans à la tête de son armée, qui voyait déjà en lui plus qu'un général; quand il fut mort l'étoile de Napoléon Bonaparte resplendit sans rivale sur l'horizon.

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