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IV

AVÈNEMENT DE LOUIS XIV.

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La chasse du roi. Anne d'Autriche et Mazarin. La Fronde. La littérature française. Mort de Mazarin.- Fouquet et Colbert. — Fête du château de Vaux. - Disgrâce de Fouquet.

Louis XIV, dans sa jeunesse, venait quelquefois chasser au château que son père avait fait bâtir; mais sa chasse ne ressemblait guère à celles que Versailles avait vues vingt ans auparavant. Le nouveau roi ne perdait pas toute la journée à poursuivre le gibier en petite et intime compagnie; il ne s'abaissait pas aux détails ordinaires et ne compromettait pas la sérénité de sa pensée dans des soins trop vulgaires ou dans des fatigues trop bruyantes;

il ne s'aventurait pas dans des bois inconnus et sans chemins frayés; il n'aimait pas l'imprévu et ne pouvait souffrir les obstacles; il ne se donnait pas non plus la peine de pousser lui-même la bête en plaine, ni de frapper aux brisées lorsqu'elle était rentrée dans les taillis; il trouvait tous ces mouvements indignes de iui. S'il chassait, ce n'était pas qu'il éprouvât, comme son père, le besoin de distraire ses ennuis et de les fatiguer; il voulait au contraire montrer en cela sa magnificence et son inaltérable grandeur, ainsi que dans toutes les autres choses: d'un plaisir il avait fait une cérémonie.

Sa chasse, ce n'était plus, comme celle de Louis XIII, la chasse d'un gentilhomme désœuvré, c'était la chasse du roi ; et la chasse du roi c'était, comme le petit lever du roi, une solennité toute monarchique! Il fallait des titres rares, des honneurs particuliers, des dignités exceptionnelles pour y être admis; on y venait de droit et par rang, comme à toutes les représentations. La troupe des compagnons de la chasse du roi étant considérable et en grande tenue, on avait fait percer des chemins dans les forêts pour qu'elle pût s'y avancer facilement et sans désordre. Les meutes aussi étaient plus nombreuses et autrement disciplinées; comme les armées, elles ne recevaient les ordres du roi que par l'intermédiaire des officiers.

Pour le roi, il arrivait à la chasse comme sur un champ de bataille, calme, après avoir réglé le plan de la journée; il marquait non-seulement le lieu où on courrait le cerf, mais encore celui où on le tuerait. Il venait dans ses voitures jusqu'à l'endroit désigné; à son approche les fanfares retentissaient dans les car

retours, et sonnaient bien plus pour lui que pour le cerf. Lorsqu'il montait a cheval on avait déjà donné la bête aux chiens; il n'avait donc qu'à épier l'instant où elle débouchait. Quelquefois ce moment tardait et le cerf faisait attendre Louis XIV, tout grand roi qu'il était; mais enfin il paraissait, et, tandis que les chiens le coupaient et le pressaient de toutes parts, le roi l'ajustait à l'aise. Il commençait à son gré cette belle expérience; puis, lorsqu'il avait suffisamment exercé sa souveraineté sur les bêtes de ses forêts, il remontait dans ses voitures et il rentrait au château aussi magnifique et aussi tranquille que lorsqu'il en était sorti. Tout s'était passé selon les prévoyances royales; pas un seul instant on n'avait dérogé aux lois de l'étiquette; en revenant au palais on n'avait pas à reprendre, sur le seuil, l'air d'apparat qu'on n'avait jamais quitté, et pour saluer les dames de la cour le roi n'avait pas besoin de recomposer le sourire qui n'avait point cessé d'errer sur ses lèvres.

Ainsi Louis XIV portait déjà partout son esprit de régularité et de faste; dans les plus petites choses il voulait qu'on reconnût le sceau de la majesté royale. La monarchie était à ses yeux une religion dont il était lui-même à la fois le dieu et le prêtre; plein de cette idolâtrie il ne croyait pas qu'il pùt rien faire qui fût indifférent, et la moindre de ses actions lui paraissait solennelle et sacrée.

Du reste, la chasse a toujours été une affaire importante pour les rois de France; c'était pour eux une tradition des anciens jours, un ressouvenir des forêts de la Germanie, d'où les ancêtres étaient sortis. On comprend bien que Louis XIV ait voulu consa

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