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physiques et mathématiques, devant le jury combiné de Gand-Bruxelles. Sur ces entrefaites, le cours de calcul différentiel et de calcul intégral et d'analyse supérieure de la Faculté des sciences de Gand étant devenu vacant par la mort prématurée de Schaar, professeur distingué et aimé, Paul Mansion en fut chargé le 3 octobre 1867. Cette élévation rapide ne modifia point la cordialité, l'intimité même de ses rapports avec les six ou sept amis auxquels il s'était joint, alors qu'il était étudiant et répétiteur. Ceuxlà, achevant à l'École du génie civil leur préparation à l'entrée dans le corps des Ponts et Chaussées, l'auteur de ces lignes jusqu'en 1868, les autres jusqu'à 1870, n'eurent plus avec Mansion, professant dans une autre Faculté universitaire, que des rapports d'affection.

Mais quels jours aimables! La plupart d'entre nous se retrouvaient, à midi, à la table d'hôte de l'Etoile, vieil hôtel du Marché-aux-Grains, disparu à la suite des travaux qui ont substitué un ouvrage fixe au pont tournant de St-Michel. On y mangeait et buvait solidement, à bon compte. En 1863, l'un des amis s'y vint attabler le premier. C'est à peine s'il prenait part à la conversation des voyageurs, qui témoignaient souvent d'une ignorance foncière en bien des choses et, surtout, en matière philosophique et religieuse. Quand les autres amis y vinrent à leur tour, le cercle estudiantin se forma de lui-même et ne tarda pas à être le maître de la table d'hôte. Toute incartade irréligieuse, toute ânerie scientifique étaient relevées avec une précision, une vigueur qui se paraient de formes polies. La victoire était facile à des jeunes gens occupant les premières places dans leurs cours respectifs. Le chef de cette ardente jeunesse était incontestablement Mansion. Il ne la dominait point, parce qu'elle était d'une rare indépendance. Il en était le conseil, grâce à l'ascendant de ses connaissances, alors déjà vastes, et de sa situation de jeune professeur.

De moeurs très pures, amoureux du travail, assoiffé de curiosités intellectuelles, doué d'une mémoire prodigieuse, il était servi par une intelligence élevée, subtile, s'appliquant avec facilité aux connaissances les plus variées. Ajoutez-y la méthode impeccable avec laquelle il classait, en de petits cahiers ingénieusement disposés, les reliefs de ses multiples lectures. Ainsi l'abeille emplit du suc des fleurs les alvéoles qu'elle s'est réser

vées.

C'était un charme, après diner, que la promenade de l'hôtel jusqu'à l'appartement de l'un de nous, qui habitait chez son oncle, professeur aussi à l'Université de Gand. On y prenait journellement le café en y achevant les conversations ébauchées, en route, sur tel ou tel sujet scientifique, à propos de telle ou telle farce estudiantine en projet ou déjà réalisée. Dans ce milieu, Mansion s'abandonnait à la fougue d'un esprit combatif, en tous sens, pourvu qu'aucune personnalité ne fût en jeu. Intraitable envers les doctrines philosophiques qui lui paraissaient mal fondées, il usait de prudence et de modération à l'égard des maîtres vivants. Quant aux morts, i les jugeait uniquement d'après leurs enseignements.

Le dimanche, aucun des amis ne travaillait à son métier, sauf un cas de force majeure, par exemple, à la veille d'un examen. Après les exercices religieux, on se divertissait par des parties de campagne ou, s'il faisait mauvais temps, on lisait en commun quelques ouvrages de littérature nationale ou étrangère. Les amateurs de musique, dont il n'était pas, s'en allaient, suivant leur budget, écouter quelque concert ou quelque grande pièce du répertoire théâtral. Mansion était convaincu qu'il fallait se reposer un jour sur sept et qu'il n'y avait aucune raison pour que ce jour ne fût pas le dimanche. Un de ses amis qui n'était pas de notre cercle et que Mansion avait voulu chapitrer

sur eette question du repos dominical, sans parvenir jamais à le convaincre, à cause d'une incrédulité fondamentale, allant jusqu'à la protestation contre une habitude soi-disant cléricale, vint un jour auprès de lui s'avouer vaincu. A force de travailler sept jours par semaine à sa besogne quotidienne, il en était arrivé à la prostration physique et intellectuelle. Mansion ne manqua pas de souligner ce résultat indéniable de l'expérience, d'en développer la leçon d'une manière magistrale et de fixer définitivement son ami dans sa résolution de pratiquer désormais le repos dominical.

Notre éminent Secrétaire général consentait, en matière d'expériences, à distinguer, comme nous le faisions, entre la méthode expérimentale propre aux sciences naturelles et physiques et la méthode d'observation réservée surtout aux sciences politique et sociale. I témoigna, de très bonne heure en Belgique, sa haute estime pour l'oeuvre de Le Play, l'illustre maitre français qui songea, le premier, croyons-nous, à appliquer la méthode d'observation, instrument délicat entre tous, aux recherches objectives de la science sociale. Il lut la Reforme sociale, à peine avait-elle paru; sachant que l'auteur de ces lignes cultivait l'économie politique, dès avant l'Université, par éducation, goût et tradition, il lui passa l'ouvrage capital dont la doctrine repose sur l'observation des faits consignés dans les savantes monographies des Ouvriers européens. Ce fut un trait de lumière découvrant à nos yeux la voie que nous suivimes désormais à la recherche des progrès sociaux.

Chacun des amis d'université de Paul Mansion, en rassemblant ses souvenirs de gaie et studieuse jeunesse, ne manquera pas d'y retrouver l'une ou l'autre heure où sa personnalité naissante subit la judicieuse influence de celui qui allait bientôt, le 30 septembre 1870, être nommé professeur extraordinaire.

Cette même année acheva de disperser le groupe estudiantin auquel il était resté fidèle nonobstant son élévation à la chaire professorale. Depuis 1868, nous avions, les uns après les autres, conquis brillamment le diplôme d'ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées ou d'ingénieur civil. L'esprit qui anima, réchauffa et soutint nos cœurs malgré les sécheresses inhérentes à nos austères études ne disparut point. Il s'était développé en inspirant des réunions scientifiques où chacun apportait son contingent d'étude sur des sujets parfois très divers. L'auteur de ces lignes en eut l'initiative; Paul Mansion fut le parrain et le principal promoteur

du Cercle Leibniz. Ce nom illustre était celui d'un savant de premier ordre, d'un inventeur en hautes mathématiques, qui ne trouva jamais, -au contraire, - la moindre opposition entre la Foi et la Raison. Puis, saisi comme par un scrupule, notre ami remplaça le nom de Leibniz par celui de Cauchy. Ce dernier, illustre mathématicien aussi, professait la foi catholique, tandis que Leibniz, si larges, élevées et saines que fussent ses conceptions philosophiques et religieuses, appartenait à la Réforme protestante.

Sous l'influence des membres du Cercle Cauchy de Gand établis çà et là en Belgique, des cercles du même nom furent installés et fonctionnèrent régulièrement à Anvers, à Nivelles, à Bruxelles, à Mons, à Louvain et ailleurs. Le R. P. Carbonnelle s'intéressa à ces réunions de la jeunesse. Il y donna lui-même des conférences sur ses recherches originales ou sur des questions philosophiques touchant aux Confins de la Science et de la Philosophie. Avec des fervents des Cercles Cauchy: Philippe Gilbert, le grand et regretté professeur de Louvain, le Docteur Lefebvre, de célèbre mémoire, le comte François van der Straten Ponthoz, gentilhomme d'oeuvres religieuses et scientifiques, Léon 't Serstevens, qui consacra sa vie trop courte au

relèvement de l'agriculture, le R. P. Carbonnelle accepta l'idée qu'Alphonse Proost, le promoteur de la science agricole en Belgique, et le soussigné suggérèrent et défendirent, savoir: grouper les Cercles Cauchy en une association pour l'extension et la diffusion de la

science.

Telle fut l'origine de la Société scientifique de Bruxelles. Paul Mansion assista aux réunions préparatoires et prit une part active aux débats d'où sortirent les propositions à soumettre à la première assemblée générale concernant la devise de la Société, son titre, ses statuts et règlement d'ordre. On peut dire, écrit Mansion dans son beau rapport présenté à l'assemblée du 10 avril 1901 sur les travaux de 1875 à 1901, que « le 17 juin 1875, la Société était virtuellement fondée ».

VIE DE FAMILLE

Quatre ans auparavant, le samedi 26 août 1871, Paul Mansion s'était marié avec Mademoiselle Cécile Belpaire, sceur de l'un de nos intimes amis d'université, feu Théodore Belpaire, mort beaucoup trop jeune le 20 octobre 1893, tandis qu'il remplissait, à Gand, les fonctions d'Ingénieur en chef, Directeur du Service technique provincial de la Flandre Orientale. Madame Paul Mansion appartenait à une famille de quatre enfants dont le père, Alphonse Belpaire, mort jeune aussi, avait épousé Mademoiselle Elisabeth Teichmann, la seconde des quatre filles de l'Inspecteur général des Ponts et Chaussées Teichmann. Celui-ci, devenu Ministre et puis Gouverneur de la Province d'Anvers, a laissé de grands souvenirs, après avoir fourni une carrière des plus remarquables. Son gendre, Alphonse Belpaire, dans le cours de quelques années passées au Corps des Ponts et Chaussées, s'est illustré par des publications

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