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RIQUES. Après les Jésuites astronomes, parus durant les derniers mois de son séjour à Bruxelles, il y fit paraître pendant son année de Namur: Le Soleil, résumé de nos connaissances sur la constitution physique de cet astre, (fin de 1880) et La Lune, les préjugés et les illusions, qui est d'avril à juin 1881.

Rien qu'aux titres de ces premiers essais on aperçoit clairement où tendaient les préférences naturelles de son esprit comme branche favorite d'études, l'astronomie; comme point de vue spécial d'où toutes les questions seraient, autant que possible, envisagées, le point de vue historique. Toute sa vie il devait y rester fidèle.

En attendant, le cycle inexorable de la formation religieuse l'avait ressaisi. Quatre années de théologie, et enfin, comme couronnement, la troisième année de probation, avaient rempli la période 1881 à 1885, puis encore l'année 1886-1887. Cette dernière phase avait failli être fatale, une fois de plus, à sa carrière scientifique. On avait beaucoup goûté, à Arlon, les essais de prédication que comportait l'épreuve, et il fut, paraîtil, question un moment de le destiner exclusivement à la chaire. On se ravisa à temps et on fit bien. Au lieu d'un bon prédicateur ordinaire, on y devait gagner à la fois un professeur hors de pair, un écrivain tout à fait remarquable et un secrétaire de rédaction modèle.

A partir de ce moment, le P. Thirion fut définitivement fixé à Louvain pour se consacrer tout entier à la formation scientifique des jeunes religieux de son ordre qui faisaient leur cours de philosophie. Il leur enseigna d'abord les mathématiques de septembre 1885 septembre 1886, et de septembre 1887 à septembre 1890; puis, à partir de cette dernière date, il remplace dans la chaire de physique le regretté P. J. Delsaulx, qu'une santé compromise sans remède obligeait de

prendre une retraite prématurée. A son tour, lorsque, à la mort du P. Georges, en octobre 1896, il fut nommé Secrétaire de la Société scientifique, il sentit peu à peu ses forces fléchir sous le double fardeau. Après avoir partagé son enseignement avec un suppléant pendant sept ans encore, il se vit enfin obligé en 1908 de déposer sa charge de professeur pour réserver ses dernières forces à ses fonctions de Secrétaire. Il garda néanmoins quelques leçons de cosmographie, et c'est ce qui fut l'occasion de son dernier retour à Namur en 1916, où ses élèves de Louvain se trouvaient alors, par suite des événements.

C'était un professeur admirable. Doué d'une puissance d'analyse des plus pénétrantes, jointe à une merveilleuse faculté d'évocation des ensembles, il excellait à scruter les fondements des principes, à faire saillir les lignes maîtresses d'une question difficile; puis, ce qui n'est ni moins délicat ni moins rare, à prévenir les fausses interprétations ou les généralisations aventureuses, et enfin, à signaler les directions probables des recherches fructueuses et les amorces des futures découvertes. Il se servait beaucoup à cette fin de la méthode historique. N'est-ce pas le spectacle pathétique des erreurs et des tâtonnements de l'esprit humain en marche vers la vérité cachée qui permet de faire, avec le plus de sûreté, le départ des réalités solides et des apparences décevantes? Dès le début de sa carrière, dans l'Introduction de son Histoire de l'arithmétique, parue de 1883 à 1885 dans les PRÉCIS HISTORIQUES, il présente son œuvre comme « des notes recueillies, pour la plupart, en préparant les leçons de mathématiques que nous donnions à des élèves des cours d'humanités. Notre but en recueillant ces notes, était de rendre nos classes moins arides et d'intéresser les élèves tout en les instruisant >>.

Plus tard, dans son article L'ether et les théories

optiques, à propos de la terminologie de la polarisation, qui a été transportée sans modification de la théorie de l'émission à la théorie ondulatoire, il remarque encore : « Ces vocables sonnent étrangement aux oreilles de nos étudiants, trop rarement instruits de l'évolution historique des théories physiques, et jettent parfois le trouble dans leurs idées». Les siens, du moins, ne connurent jamais cette inquiétude. Une des caractéristiques principales - un des charmes principaux - de son cours était l'historique très précis et souvent combien pittoresque, par lequel étaient introduites toutes les questions de quelque importance.

Profondes et suggestives toujours, ces fortes leçons étaient, en effet, présentées sous une forme des plus originales; traversées de réflexions savoureuses, de termes de terroir, d'anecdotes piquantes contées avec une verve éblouissante et appuyées d'une mimique incroyablement vivante, à laquelle prenaient part des yeux étrangement expressifs, des traits extrêmement mobiles et une surprenante souplesse de gestes et d'attitudes. Ce don extraordinaire communiquait à son enseignement, sans rien lui enlever de sa solidité, un charme inimitable que subissaient même les élèves les plus médiocres. Il est difficile d'imaginer qu'on puisse réaliser plus pleinement ce rare prodige de rendre séduisantes les matières les plus ingrates.

Mais pour se livrer ainsi, il lui fallait le temps de s'habituer à son auditoire. Il avait besoin de se sentir en famille. Quand il lui arrivait de faire une conférence publique, sa parole, toujours précise, claire et élégante, se dépouillait de sa spontanéité prime-sautière pour revêtir une forme volontairement austère. Un fond de timidité insurmontable paralysait alors son exubérance naturelle, et il fuyait comme une odieuse corvée ces

(1) REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, janvier 1909.

leçons d'apparat qui, dans leur sobre et limpide sévérité, étaient pourtant un régal de choix pour ses auditeurs.

La Société scientifique eut la bonne fortune de l'entendre deux fois dans sa jeunesse en 1880 sur La Matière radiante, et en 1884 sur Les Illuminations crépusculaires. Ces deux conférences ont été imprimées dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, la première sous le nouveau titre Les Mouvements moléculaires. Une troisième et dernière fois, en 1897, il se laissa persuader de vaincre ses répugnances pour exposer à sa communauté de Louvain, renforcée de quelques amis appartenant à l'Université ou à la profession médicale, la récente découverte des rayons X.

Que ceux de nos lecteurs qui n'ont pas entendu le P. Thirion dans ses cours veuillent bien nous excuser d'avoir insisté sur cet aspect de son prestigieux talent qu'il ne leur fut jamais donné d'apprécier; ceux qui ont eu ce bonheur ne nous pardonneraient pas de l'avoir laissé dans l'ombre. Dans leur souvenir le P. Thirion restera toujours, avant tout, l'incomparable professeur.

L'écrivain était de la même trempe supérieure. On peut regretter seulement que, comme le conférencier, il voilat toujours la face la plus attirante de sa person nalité, je veux dire son merveilleux enjouement, qui n'était malheureusement pas de mise dans le genre auquel sa plume fut vouée sans partage. Mais quel admirable talent d'exposition! C'est une joie, sous sa conduite, d'explorer les enchaînements les plus subtils d'une théorie ou le jeu le plus délicat d'un dispositif d'expérience avec lui tout semble simple, clair, ordonné; chaque chose prend sa place comme spontanément et se détache nettement en son plan dans le dessin général; on comprend et on voit. L'ordre des

IIIe SÉRIE. T. XXVII.

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idées est disposé avec tant, d'art qu'il semble tout naturel et comme imposé par la force des choses; pas de détour inattendu qui déconcerte, pas de coin d'ombre qui trouble l'harmonie du clair édifice. On peut appliquer sans exagération à son talent d'écrivain ce qu'il dit lui-même dans un de ses articles du talent de conférencier de Tyndall: « Il excellait à leur donner (aux idées) une forme si saisissable, si simple, si facile dans son exposition, et si richement parée de tous les charmes d'une parole aisée et brillante, que ses auditeurs les moins préparés à le suivre, ravis, étonnés, flattés peut-être de pouvoir l'entendre, lui savaient gré de s'être mis à leur portée et d'avoir réfléchi sur leurs intelligences quelques-uns des rayons qui éclairent les plus hauts sommets de la science ».

Avec un sens littéraire inné très juste, le P. Thirion avait aussi beaucoup de lecture. Son style possède une élégance sobre; on y sent une maîtrise de la langue qui eût suffi à lui faire une réputation, s'il avait écrit pour ce qu'on appelle le grand public. C'est de belle et claire prose française, d'allure aisée et de tournure classique.

Vers la fin de sa carrière néanmoins, on y saisit parfois quelques traces de fatigue. La phrase est moins ferme, le mouvement moins alerte, l'invention moins. riche en figures et en comparaisons. Cependant la clarté de la pensée reste inaltérée, et on ne se tromperait pas beaucoup en attribuant les défaillances du style, dans la plupart des cas, à la précipitation de la composition quand le pauvre Secrétaire avait, au dernier moment, à « boucher un trou» dans la livraison qui allait paraître.

Presque tous les travaux du P. Thirion ont été destinés à la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES. Disons d'abord quelques mots de ceux qu'il a publiés ailleurs. Nous avons déjà cité ceux des PRÉCIS HISTORIQUES. Ce

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