Sayfadaki görseller
PDF
ePub

pas s'étonner de ce que son école s'est si rapidement divisée, et si chacun de ses membres se fait sur l'histoire du Christianisme des idées qu'on donne toujours pour celles du maître. Ecoutez la droite hégelienne, puis le centre, par exemple; enfin, si vous le voulez, la gauche; pas un symbole qui se ressemble; chacun a sa philosophie, son exégèse, sa théologie, et c'est ce chaos sans nom qu'on appelle l'indépendance de la pensée humaine!

[ocr errors]

« Du vivant même de Hégel, dit M. Ott, quelques-uns de ses disciples se séparèrent de lui. Fichte, le jeune, essaya d'y >> adapter les croyances chrétiennes. Mais une scission bien plus > importante éclata après la mort du maître, et détermina la nou» velle direction que devait suivre la plus 'grande partie de l'é» cole... La fraction la plus considérable se rapprocha du parti >> libéral, qui n'était qu'un reflet du libéralisme français de la » Restauration, et offrait un appui à tout ce qui flattait les idées » voltairiennes. Vint ensuite le livre de Strauss, qui agrandit la >> séparation entre les deux partis, en ajoutant aux questions déjà >> controversées celle de la divinité de Jésus-Christ et de la vérite >> historique de la tradition chrétienne. Strauss était bien dans » l'esprit de Hégel, et il démontrait par une foule de passages du » maître, qu'il n'avait fait que développer les principes de celui»ci. Mais l'école hégelienne s'effraya de la témérité du disciple, >> les plus hardis n'osèrent l'avouer. Strauss lui-même, dans un » des articles polémiques que souleva la critique de son livre, ⚫ divisait l'école en trois côtés: un côté droit, celui de Goschel, >>> qui admettait l'histoire évangélique purement et simplement; » un centre, pour qui J.-C. était l'homme type; enfin un côté »>gauche, dont les opinions ne différaient en rien des siennes » propres, et qui ne le rejetait que par crainte du scandale. » M. Michelet (de Berlin) proposait, dans son Histoire de la Philoso»phie, à laquelle nous empruntons ces détails, une transaction » entre le centre et le côté gauche ; il voulait en même tems qu'on >> s'entendît avec Strauss, et accablait d'injures le côté droit avec »lequel toute réconciliation était désormais impossible. >>

[ocr errors]

1 Ott, p. 534-535. Pour la suite curieuse de l'Histoire de l'Ecole, en peut voir Olt, 534-41, et A. Saintes, Histoire de Spinosa...

a

Avec un pareil accord sur les principes, on devait s'attendre à voir des membres de cette même école hégelienne, dont Strauss est sorti, refuser de le reconnaître pour un enfant légitime du père commun. Tout ce qui n'acceptait pas l'interprétation qu'il donnait dans sa Vie de Jésus, de la théologie de Hégel, devait lever contre lui l'étendard de la guerre ; ceci se comprendra d'autant mieux, si l'on ne perd pas de vue que l'école spéculative hégelienne renferme peu d'hommes aussi avancés, en fait de négation, que l'est le D Strauss. Lui et Michelet (de Berlin) se placent à l'extrême gauche du parti ; ce sont les Armand Carrel et les Garnier-Pagès de la théologie spéculative. « Il se trouve, » dit M. Zeller, dans les rangs de cette école, des hommes plus >> modérés, qui essaient d'interpréter Hégel dans sa signification » la moins mauvaise, et de la dégager de tout ce qui choque le >> plus violemment les idées traditionnelles. Goschel, d'après lui, >> est la représentation la plus complète de cette tendance. Mais » ceux qui, comme Strauss, n'entendent la conciliation de la spé>>>culation avec le Christianisme, que par le triomphe définitif du » Panthéisme avec toutes ses exagérations, accusent de Piétisme » et d'esprit arriéré, tout juge impartial de leur philosophie. Non» seulement Strauss est l'exégète le plus distingué de cette frac» tion avancée de l'école de Hégel, mais il en peut être considéré >> aussi comme le théologien. La Dogmatique chrétienne en lutte avec » la science n'est pas un ouvrage moins curieux que la Vie de Jé»sts. » Il va sans dire que la Dogmatique de Strauss n'a pas la prétention de représenter l'enseignement d'une église chrétienne. Ce n'est plus le dogme du passé ou celui de présent; mais l'auteur de la Vie de Jésus, se tournant vers l'avenir, salue avec enthousiasme l'heureux moment où l'Hégelianisme aura remplacé, dans la bouche des apôtres de l'humanité, les divines paroles du sermon sur la montagne. Il lui faut pourtant rendre cette justice, qu'il flétrit avec une énergie tout à la fois franche et grossière, ces prétendues conciliations du Christianisme avec la science, que M. Cousin prêchait dans sa chaire de 1828. Nous prions certains de nos professeurs d'écouter, sur ce point, l'opinion de l'ex-ministre de Tubingue. «Il n'est pas donné à chacun de pos>> séder l'aplomb et la persévérance avec lesquels Schleiermacher >> savait si bien réduire en poudre fine Christianisme et Spino

» sisme, pour en former une mixtion dont on ne pouvait distin» guer les élémens. Chez plusieurs le mélange de la foi chrétienne » et des idées modernes ressemble parfaitement à de l'huile mê» lée à l'eau, qui ne restent unies que pendant qu'on les secoue, » tandis que d'autres, qui ne sont pas sans réputation, en font » (l'image n'est pas plus ignoble que la chose) une masse de chair » à saucisson, dans laquelle la doctrine orthodoxe est la chair, » la doctrine de Schleiermacher le lard, et la philosophie de Hégel les épices.» Il a ajouté encore: «Si les ultra-pieux de» vaient réussir à nous exclure de leur église, nous le considére>> rions comme un gain. On a fait assez d'essais de fausses média» tions, il n'y a que la séparation des oppositions qui puisse » conduire plus loin 1. »

[ocr errors]

Le théologien allemand conclut donc, avec beaucoup plus de franchise que ne le faisait M. Cousin dans son Introduction à l'histoire de la philosophie. Nous croyons devoir citer ses conclusions, parce qu'elles éclaircissent le point de vue auquel l'auteur s'est placé en écrivant la Vie de Jésus-Christ.

les

« La réalité et la crédibilité des Ecritures sont attaquées; la » possibilité d'erreurs volontaires, du moins d'illusions, d'obscur>cissemens historiques par des légendes ou des mythes, se pré>> sente naturellement; l'Ecriture ne paraît plus qu'une agglomé>>ration d'écrits forts divers et de valeurs très-différentes. Les >> prophéties disparaissent devant l'absence des événemens, > miracles se dénouent devant l'explication mythique, et ce qui » en reste retombe dans le domaine du naturel; enfin, dans la ré» vélation, l'homme finit par reconnaître ses propres lois, sinon > celles de sa raison, du moins celles de ses sentimens et de son >> imagination, et voilà que, tendant les mains à cette image de lui» même, il la voit disparaître à mesure qu'il se considère inté» rieurement 2. »

Nous nous proposions d'abord de parler encore de deux adversaires spéculatifs de la Vie de Jésus, Bruno Basser et le docteur Rosen-Kranz 3. Mais nous nous sentons pressés d'arriver à

1 M. Edgar Quinet adopte cette opinion dans l'Ultramontanisme.

2 Dogmatique chrétienne en lutte avec la science, par F. Strauss, t. 1, § 22. 3 On peut voir une analyse de leur opinion dans Zeller.

202 LE DOCTEUR STRAUSS ET SES ADVERSÁIRES, ETC.7 notre terme. Il nous tarde de parler des nombreuses réfutations dont le point de vue est beaucoup plus historique. Nous laisserons paisiblement les théologiens spéculatifs s'égarer dans le vague d'incompréhensibles chimères, auxquelles ils donnent avec aplomb les noms les plus imposans et les plus majestueux. Quelle misère que la situation du Rationalisme ! Les hommes de la même ecole ne peuvent pas seulement s'entendre sur le premier article de leur symbole. Ils déchirent en lambeaux la doctrine de leur maître, plus violens encore que les bourreaux du Sauveur. Ils ne savent pas ce qu'ils veulent garder du Christ; ils ne savent pas même ce qu'ils veulent conserver de Hégel. Ils prétendent gouverner l'avenir, et ils ne savent pas plus juger le présent que le passé. Il est dans leur destinée, comme dans celle de tous les adversaires de l'Église, de se briser les uns et les autres contre la pierre de l'unité. La discorde qui précède et qui prépare la ruine est déjà dans leurs rangs. Ils rêvent la conquête du monde, et ils ne peuvent pas même tracer autour d'eux un cercle infranchissable. Pour nous, assis dans la barque de Pierre, nous n'avons pas souci des vents et des orages. Nous avons les yeux tournés vers les étoiles du ciel, nous sommes tranquilles et calmes, parce que nous savons bien que c'est Dieu qui nous mène, et que c'est à l'éternité qu'il nous conduit.

L'abbé F. EDOUARD.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Conséquences.

Division du 2e volume. Chute de nos premiers parens. Prérogatives de Marie. -Prophétie d'Isaïe concernant le Messie.-Traditions de la Synagogue relatives à sa naissanee miraculeuse ; - A l'époque et au lieu de son apparition.-Traces de la vraie tradition chez les Païens.-Respect pour la virginité chez les Hébreux, les Musulmans et les autres peuples.- Conclusion.

Si l'ouvrage de M. Drach était une de ces productions éphémères qui chaque jour vont en naissant se perdre dans l'oubli, Dous serions en retard avec le 2e volume, mais son Harmonie entre l'Église et la Synagogue est un monument élevé à la science, qui restera il peut attendre la critique. Le rôle de celle-ci serait facile à remplir si elle devait se borner à dispenser des éloges quand elle rencontre un livre qui témoigne d'un amour ardent, d'un respect sincère pour la vérité, et qui apporte à sa défense des recherches consciencieuses, une érudition immense. Mais ce n'est pas ainsi que nous comprenons sa mission. Une double obligation lui est, ce nous semble, imposée sans cesse : elle doit se rappeler que le langage de la louange est fade pour les intelligences élevées; il faut aussi qu'elle donne aux lecteurs les

1 Paul Mellier, libraire-éditeur.-Paris, 1844. T. 2c.

2 Voir le 2e art. au tome x1, p. 56.

« ÖncekiDevam »