Sayfadaki görseller
PDF
ePub

EXPLICATION LITTÉRALE, HISTorique et dogMATIQUE des prières et des cérémonies de la messe, avec des dissertations et des notes sur les endroits difficiles et sur l'origine des rites, par le R. P. Lebrun, prêtre de l'oratoire. Nouv. édit. Avignon et Paris, Legnird aîné, 4 gros vol. in-8° avec figures. Prix brochés: 20 fr.

Cet ouvrage est une bonne fortune pour MM. les ecclésiastiques, et même pour les gens du monde, et rien ne montre mieux son importance que l'enthousiasme avec lequel il a été reçu lors de son apparition par l'épiscopat, le clergé et les fidèles. Tout en faisant cas des critiques qu'on a faites justement à la liturgie dont l'auteur est un trop ardent pr sélyte, nous ne devons pas nier les qualités du livre.

C'est qu'en effet le P. Lebrun établit avec un talent bien rare, à l'aide des monumens les plus respectables de l'antiquité, le dogme catholique de l'eucharistie en remontant jusqu'à l'origine de son institution. Il explique les rubriques et les prières de la liturgie avec une piété aussi solide qu'éclairée ; il expose l'ordre des cérémonies, les augmentations qu'elles ont reçues, et donne sur tous les ornemens des ministres de l'autel les notions les plus précises; il discute enfin, avec autant de sagesse que d'érudition, les sens littéraux, dogmatiques et historiques, évitant judicieusement l'excès de certains auteurs qui s'efforcent de trouver des explications mystiques à ce qu'il y a de plus naturel, et la témérité de ceux qui affaiblissent ce que notre religion a de plus sublime, en ne lui attribuant qu'un sens littéral.

Dans les dissertations historiques et artistiques sur toutes les liturgies du monde chrétien, le P. Lebrun rassemble en un seul corps toutes les liturgies des différentes églises de la Chrétienté; il fait l'histoire de chacune d'elles, il décrit entièrement la variété de leurs rites, leurs pompeuses cérémonies; et de leur uniformité dans tout ce qu'il y a d'essentiel au sacrifice, il tire de nouvelles et incontestables preuves en faveur de la vérité première, immuable que l'erreur s'est envain efforcée d'obscurcir : Vérité de sacrifice; présence réelle; culte de la sainte Vierge ; invocation des saints; prières pour les morts; usage des cérémonies sacrées, tous articles de foi ou pratiques de piété que les Protestans ont rejetés comme dogmes nouveaux ou pratiques superstitieuses se trouvent victorieusement établis, confirmés par la croyance, la pratique constante de toutes les églises chrétiennes dont les témoignages authentiques insérés dans cet ouvrage anéantissent tous préjugés, répondent à toute objection. Recherches infatigables; documens considérables employés avec ordre, méthode, clarté, critique saine et savante, notes curieuses; connaissance parfaite de l'antiquité ecclésiastique rien ne manque à la solidité des preuves, à la force des conclusions.

Cette édition nous semble de tous points préférable à toutes les autres, et ce qui lui donne un mérite qui est bien à considérer, ce sont les gravures qui l'accompagnent; et on sait que pour un tel ouvrage on ne saurait s'en passer.

DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 71. Novembre 1845.

Science Catholique.

L'ENSEIGNEMENT THÉOLOGIQUE

DANS LES GRANDS SÉMINAIRES.

Ce qu'était la théologie au siècle dernier.

[ocr errors]

Ce que doit être de nos jours la science du prêtre.—Insuffisance des études ordinaires. —Nécessité d'une école supérieure de hautes études. Moyens: extension des études philosophiques ; études théologiques supérieures. Essais tentés au séminaire de St-Flour.

-

Réponse aux objections.

L'organisation des études théologiques, avant la révolution, était certainement peu avantageuse pour les élèves de capacité ordinaire. L'enseignement du dogme s'y faisait d'une manière trop élevée pour être utile à tous. D'un autre côté, on n'y enseignait jamais la Casuistique, science qui pourtant est complétement indispensable pour la préparation aux saintes fonctions du ministère.

Cette méthode d'enseignement, si peu avantageuse pour les besoins des masses, produisait pourtant des résultats immenses pour la défense et pour la gloire de notre église de France. Il sortait, pour ainsi dire incessamment, des facultés de théologie, des hommes en état de lutter avec talent comme avec énergie contre l'envahissement des doctrines rationalistes. Dans le dernier siècle, et jusqu'au commencement de la tempête, on compte encore chez nous un grand nombre de théologiens distingués. C'étaient certainement des hommes éminens en science théologique, que les Bergier, les Hooke, les Lafosse, les Laluzerne, les III SÉRIE. TOME XII.-N° 71, 1845.

21

Legrand, les Baltus, les Montagne, les Duvoisin, les Régnier, les Pompignan, les Collet, les Tournély, les De Pressy, les Leclerc, les Emery, et tant d'autres esprits remarquables que nous serions heureux et fiers de posséder encore. Leur souvenir vit encore dans nos écoles théologiques environné d'une juste vénération. Mais est-ce qu'il nous suffirait d'une stérile et vaine admiration des travaux et des luttes de nos pères dans la foi? Est-ce qu'il nous faudrait dégénérer de leurs glorieux exemples ? Est-ce qu'il nous suffira de balbutier les réponses qu'ils faisaient à des ennemis qui sont tombés dans l'éternité ?

Ce serait un labeur inutile de combattre la milice de Voltaire tandis que la fougueuse phalange de Hégel nous insulte et nous brave. Il ne faut pas oublier qu'avec la presse, les rapports perpétuels des nations et la liberté politique, l'histoire se fait vite au tems où nous vivons. Nous sommes emportés dans l'avenir malgré notre amour pour un passé qui n'était pas sans gloire. La vénération du passé est un beau et noble sentiment, mais le souci de l'avenir est certainement l'inquiétude d'une grande âme qui voudrait embrasser l'humanité dans son amour. La conquête et la pacification de l'avenir dans la science et dans la vertu, c'est bien là, ce nous semble, la pensée qui doit dévorer d'un saint zèle toute âme vraiment sacerdotale. Qu'elles sont belles les conquêtes ainsi faites! Qu'il est glorieux pour la science chrétienne de vaincre par le seul éclat de la lumière éternelle! Qu'il serait heureux, ce beau pays de France, de voir s'élever au milieu des générations corrompues par l'or et par le plaisir, des prêtres qui ne devraient leur autorité qu'à leurs souffrances, qu'à leur savoir, et qu'à leur amour du genre humain ! Ce n'est pas la domination des consciences, mais leur bonheur, qu'il faut rêver. Ce n'est pas au pouvoir, mais au dévoûment qu'il faut aspirer avant tout. Laissez faire ! Le Rationalisme, qui nous verse goutte à goutte l'air et la liberté, nous laissera bien la permission de souffrir. Si nous sommes ainsi disposés à tout endurer pour assurer le retour de nos frères égarés, qu'elles nous sembleront douces les fatigues de la science, entreprises dans un si noble but. Nous saurons faire pour Dieu et pour le prochain tout autant que le monde fait pour un vain orgueil. S'endormir dans un égoïsme étroit, dans une insouciante paresse, quand tant d'âmes périssent

autour de nous, il faudrait pour cela n'avoir pas dans le cœur une seule fibre chrétienne.

[ocr errors]

Sans doute, le repos est doux à la nature mortelle ; sans doute, c'est une existence bien sévère et bien rude, que celle du dévoûment et du travail; sans doute, on comprend qu'on s'arrête quelquefois avec hésitation en montant ce Calvaire, mais le prêtre catholique doit avoir perpétuellement devant les yeux les admirables exemples et la vie sans repos de ses pères. Quelle noble existence que celle d'un Athanase, d'un Augustin, d'un Jérôme, d'un Bonaventure, d'un Thomas d'Aquin, d'un Salmeron, d'un Suarez, d'un Bossuet! La science et la vertu ceignaient ces nobles fronts d'une double couronne. Ils ont prié, étudié, travaillé jour et nuit. La prière, comme l'a dit admirablement Fénelon, était le seul délassement de leurs âmes. Ils se reposaient ainsi, dans le sein de Dieu, des fatigues et des angoisses que leur donnaient leurs frères. C'est ainsi que la vie du cœur vivait en eux comme la vie de l'esprit. Ils n'étaient pas comme les savans de nos jours, dont la sensibilité s'étiole dans l'abstraction. C'est qu'ils n'avaient pas l'idolâtrie de la science, c'est que l'amour de la vérité développe le cœur au lieu de le rétrécir.

Sans doute, les évêques ne peuvent pas espérer trouver dans les jeunes prêtres qui sortent de leurs séminaires, la science et la piété parfaite de ces grands hommes. Pourtant, il est du devoir de leur charge de donner à l'Église, battue par la tempête, des pasteurs capables de la défendre et d'agrandir le cercle de son action. Si l'instruction qu'ils font donner aux jeunes lévites n'atteint pas ce but essentiel, ils ne remplissent qu'imparfaitement un des devoirs les plus rigoureux de leur ministère sacré. Placés qu'ils sont au gouvernail, leur regard exercé doit prévoir les orages et tout faire pour les conjurer. C'est d'eux que doit venir l'impulsion et la vie. S'ils manquaient de zèle et de vigilance, l'esprit d'activité et de prosélytisme s'éteindrait vite dans leur clergé. S'il arrivait encore qu'ils n'eussent pas de la science sacrée toute l'estime qu'ils en doivent conserver; s'ils n'avaient pas soin d'appeler aux premières positions de leur clergé les hommes les plus en état de défendre la doctrine de l'Église, le Rationalisme ferait de rapides progrès dans leurs diocèses. On s'étonnerait bientôt de voir les pasteurs tomber dans la déconsidéra

tion, les rangs fidèles s'éclaircir tous les jours, et l'Église perdre sur les intelligences et sur les corps toute espèce d'action spirituelle. Une fois qu'on en serait là, le recrutement du clergé deviendrait tellement difficile qu'on serait évidemment forcé d'ouvrir le sanctuaire à des hommes peu capables, par leurs talens, de reconquérir les positions perdues. On ne sent peut-être pas assez généralement parmi les Catholiques que telles seraient inévitablement les conséquences fatales du dépérissement des études théologiques; car autrement les évêques trouveraient autour d'eux plus de concours et de sympathie, quand ils s'efforcent de les améliorer. Or, je suis convaincu que les premiers pasteurs ont certainement bonne volonté de rendre de jour en jour plus solides les études de leurs grands séminaires. Je leur sais, pour mon compte, tout-à-fait gré de ces bonnes intentions; mais j'ai la conviction profonde qu'il n'en faudra pas rester là, si l'on veut toucher le but qu'on se propose. Améliorer les études théologiques actuelles, n'est certainement pas suffisant. Nous ne voulons pas dire que ces études ne soient bien assez étendues pour la masse des élèves qui doit desservir les paroisses de campagne. Mais nous avançons, munis de fortes preuves, que généralement les études philosophiques ou théologiques sont très-insuffisantes pour les jeunes prêtres capables d'un plus grand développe

ment.

Voyons, en effet, comment les choses se passent.

Après quatre ans d'études philosophiques et théologiques, on place dans les vicariats des villes les jeunes ecclésiastiques les plus capables de développement. Là, la prédication fréquente, l'instruction des enfans, les nombreuses confessions, la visite des malades, les autres soins absorbans du ministère emprisonnent si bien toute leur vie, qu'il leur faut du zèle pour ne pas oublier le peu qu'ils ont acquis. Quelle est la conséquence d'une telle méthode? C'est que les hommes les plus capables du clergé s'arrêtent tout-à-coup dans leur destinée intellectuelle. Il arrivera de là, tôt ou tard, que les doctrines de l'Église se trouveront mal défendues devant l'ennemi. Qui soutiendra le choc du Rationalisme français, qui devient une puissance dans le pays légal ? Qui réfutera l'exégèse allemande, qui prétend déchirer, page à page, les titres de la révélation ? Qui ramènera une jeuné géné

« ÖncekiDevam »