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la vérité en leur reprochant sans cesse toute la faiblesse de leurs efforts. Nous ne verserons jamais dans leurs âmes la défiance ou bien l'amertume. Dieu, nous l'espérons, éloignera toujours de notre âme ce sentiment égoïste et mauvais qui fait que nous ai mons à voir les autres partager notre propre impuissance.

Les réflexions que nous venons de faire nous ont été suggérées par une publication importante que vient de faire imprimer, Mgr de Marguerye, évêque de St-Flour. On connaît déjà, même en dehors de l'Auvergne, tout ce qu'a fait pour son diocèse l'activité de ce zélé prélat. On sait qu'il connaît les besoins de son siècle, qu'il a le désir véritable et sincère que le clergé de son diocèse unisse la science à la piété. Cette pensée, dans un jeune évêque, d'entreprendre, dès les premières années de son épiscopat, d'agrandir le cercle des études cléricales, indique déjà un esprit distingué et d'une portée qui n'est certainement pas commune. C'est là, en effet, un des points sur lesquels doit se porter maintenant l'attention des premiers pasteurs. Le désir de l'amélioration des études ne doit leur laisser ni repos ni sommeil. La question de l'avenir des générations catholiques ne peut pas leur rester indifférente. Nous sommes heureux de reconnaître dans Mgr de Marguerye, le premier évêque de France qui ait mis la main à la réforme des études théologiques. L'Aperçu de la Théologie contient déjà tout le germe d'une réforme 1. Il est vrai qu'il nous est impossible d'en juger complétement la portée par les deux volumes que nous avons dans les mains, puisqu'ils ne sont qu'un ré-, sumé très-analytique du grand cours de théologie qui se fait maintenant au séminaire de St-Flour. Nous croirions agir avec légèreté, et juger tout un enseignement sur des matériaux malheureusement trop courts. Nous avons l'espérance que de nouvelles publications présenteront dans tout leur ensemble le nouveau cours de théologie. Et attendant ce moment, que nous appelons de tous nos vœux, nous félicitons bien sincèrement l'auteur de la tendance générale de son livre. Débarrasser la science théologique des vaines subtilités du moyen-âge, présenter dans sa majestueuse unité tout l'enchaînement du dogme et de la morale catholiques, s'attacher à combattre les erreurs les plus vivantes et les plus

1 2 vol. in-8°, à Paris, chez Méquignon, 1845.

répandues, s'appuyer constamment sur le terrain solide des faits, telles sont les pensées qui nous paraissent résumer le nouvel enseignement théologique de St-Flour. Nous sommes convaincus que cette direction nouvelle redonnera dans ce diocèse la vie et la popularité aux études théologiques. Puisse cet exemple, donné par un des évêques les plus zélés de notre Eglise de France, ne pas rester stérile! La science théologique, immobile dans ses principes, doit varier dans ses formes et ses applications. Elle est de ce côté-là susceptible de développement et de progrès. Comme elle a mission de surveiller et d'étouffer l'erreur, il faut qu'elle étudie sans cesse ses formes changeantes et capricieuses. Les combats de la vérité ont commencé avec le monde et ils ne doivent finir que dans l'éternité !

L'abbé F. EDOUARD.

Histoire Catholique.

COURS D'HISTOIRE MODERNE

PROFESSÉ A LA FACULTÉ DES LETTRES, PAR M. CH. LENORMANT,

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Mahomet.

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Causes du progrès et de la décadence de l'Islamisme. - De la prétendue supériorité des Arabes sur les Chrétiens. De l'incrédulité chez les Musulmans. Extraits de l'Exposé de la religion des Druses, par M. de Sacy. – De la tolérance chez les Musulmans.—Le 7° siècle chez les Chrétiens. -Les Iconoclastes. Commencement de l'indépendance temporelle des papes.-Les premiers Carlovingiens. Conclusion.

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Saint Grégoire-le-Grand avait réuni les élémens de l'unité chrétienne ébranlés et épars par les schismes et les hérésies, et il descendait dans la tombe, quand Mahomet surgit à l'horizon. Tous les personnages de l'Europe d'alors s'amoindrissent et tendent à disparaître; il domine tout, le monde et les événemens; une seule préoccupation agite les esprits, l'extension prodigieuse de son action. En moins de 100 ans l'enthousiasme musulman crée un empire qui s'étend des murailles de la Chine aux Pyrénées, double par conséquent de l'Empire romain, sextuple peutêtre de celui de Charlemagne ; quant à l'espace, décuple de celui de Napoléon. De toutes parts il presse la société chrétienne, et Jui fait courir d'immenses dangers; l'Espagne, la Sicile, la Sardaigne, le Dauphiné, la Suisse, tombent en son pouvoir. Les croisades, il est vrai, enchaînent pour un tems ses conquêtes;

1 Deux vol. in-8. Prix 11 fr., et franco par la poste 13 fr.; chez Waille, 6, rue Cassette.

2 Voir le 1er art.,au N° précédent, ci-dessus, p. 263.

puis, pendant le cours des siècles, des victoires éclatantes viennent aussi ranimer le courage abattu des peuples coalisés contre les envahisseurs ottomans.

Toutefois, la domination de l'Islamisme ne s'en perpétue pas moins presque jusqu'à nos jours en 1789, le gouvernement français payait 1,800,000 livres d'indemnité aux pirates de l'Algérie. Pour voir tomber cette puissance colossale, il faut arriver jusqu'aux dernières années du 18° siècle; il faut, pour la briser, l'expédition d'Egypte, la prise d'Alger et la délivrance de la Grèce, et maintenant nous avons le spectacle de sa décadence.

En présence de l'immense énergie si long-tems déployée par les populations musulmanes, on se demande quel est le principe générateur et conservateur de ce fanatisme sans exemple dans l'histoire. On ne tarde pas à découvrir la réponse à cette ques- · tion: Mahomet a exalté les passions humaines les plus puissantes. L'orgueil et la volupté, voilà le fondement de sa religion. Et puis, élevant outre mesure les portées de la raison, il s'est mis à organiser un pur déisme. Nos mystères, la Trinité, l'Incarnation, il les a repoussés comme incompatibles avec le bon sens. Doit-on s'étonner alors qu'il trouve tant d'apologistes parmi nos Rationalistes modernes ?

M. Lenormant recherche la cause de toute prétention à l'autorité morale, au gouvernement des esprits en ce monde, et il la trouve dans le besoin qu'éprouve l'homme de régler ses rapports avec l'infini qui nous presse de toutes parts. Mais comment résoudre ce problème? Deux voies se présentent. En dehors du Christianisme, avant comme après Mahomet, on a toujours employé le même procédé, la théurgie. C'est la prétention qu'a l'homme de tirer Dieu de l'infini, pour le faire descendre jusqu'à lui. Les Néo-platoniciens qui précédèrent le législateur de l'Islamisme, sont les Théurgistes par excellence. Il faut bien aussi ranger dans la même classe les penseurs d'outre-Rhin et les éclectiques, nos compatriotes, qui ne dissimulent pas la volonté de concentrer, comme ils le disent, dans le moi, d'abord le principe de toutes les notions humaines, ensuite toutes les forces du monde et toute la divinité possible. Dans le Christianisme, on suit une route opposée : c'est l'infini qui descend vers l'homme pour l'élever à lui. Et voulez-vous savoir ce qui a empêché les

patriarches et des prophètes de tomber dans les erreurs théurgiques? l'attente du Messie dont la promesse leur avait été faite, et après lequel ils soupiraient. Depuis que la religion chrétienne a triomphé, les hommes, qui ont vécu sous l'inspiration de ce grand' fait, sont restés humbles devant le Verbe incarné, le centre et la vie de l'Eglise1. Il n'en a pas été ainsi de Mahomet : il s'est précipité dans la voie de l'orgueil théurgique, d'où le Christ avait fait sortir l'humanité. Et voyez ce qui est advenu: tandis que le Christianisme repose sur ces colonnes, humilité, science, liberté, chasteté, il a, lui, exalté l'orgueil, et rayé de l'Islamisme le véritable esprit de la science; dans un moment de nécessité, il a proclamé le dogme du fatalisme, et tué la liberté dans la religion; - esclave de la volupté, il a établi la polygamie, et, partant, il a tué la famille. Cependant il est un point par lequel il se rapproche de nos croyances; il nous a emprunté la notion parfaitement nette et sans nuages de l'immortalité; de là le mépris de la mort qu'il a su inspirer à ses disciples. « Et voyez, dit M. Le» normant, ce que c'est qu'un seul côté de la vérité, quelle est »l'impulsion d'une seule des forces dont se compose la puissance » de la religion! Mahomet, si incomplet sur tous les autres points, » n'a eu qu'à incorporer à sa religion le sentiment de l'immortalité » pour lui imprimer une grandeur et une puissance incontestables. >>> Telle est, d'après M. Lenormant, l'ensemble des causes du succès prodigieux de l'Islamisme: elles sont réelles; cependant nous désirerions qu'il eût fait entrer un élément de plus dans cette appréciation; elle en aurait été plus juste. Ce n'est point en effet parce que les patriarches ont attendu le Messie, qu'ils se sont préservés de l'Illuminisme théurgique, c'est parce qu'ils se sont attachés à la révélation extérieure et positive de Dieu, parce qu'ils ont rejeté toute communication directe et personnelle de Dieu, laquelle eût contredit l'ancienne révélation, ou n'eût pas été confirmée par des preuves extérieures. D'après le texte précis de la loi de Moïse, cité récemment par M. Bonnetty dans sa discussion avec M. Fabbé Maret, Mahomet eût dû être puni de mort; car sa communication théurgique n'était appuyée sur aucune preuve extérieure ou miracle, et elle était en opposition

1 Prem. partie, p. 381.

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