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A Pascal répète trois fois Jésus-Christ; cette répétion est l'expression du sentiment. Ainsi, l'Eglise dit: Sanctus, sanctus, sanctus. On aime à répéter les mots qui nous rappellent un grand bonheur, et les noms de ceux par qui nous éprouvons du bonheur.

JE M'EN SUIS SÉPARÉ, JE L'AI FUI, JE L'AI RENONCÉ, CRUCIFIE... C'est le cri d'un cœur altéré de la soif de la vérité, et qui éprouve le besoin de confesser et de réparer autant que possible, par cette confession, le malheur qu'il a eu de s'en être éloigné.

QUE JE N'EN SOIS JAMAIS SÉPARÉ. Le premier cri du cœur de Pascal se voyant séparé de Dieu, ça été : que je n'en sois pas éternellement séparé. Mais Pascal a confessé sa faute, le cri de son cœur n'est plus le même : ce n'est pas assez pour lui que l'espérance de ne pas être éternellement séparé de Dieu; il éprouve le besoin de n'en être jamais séparé.

IL NE SE CONSERVE QUE PAR LES VOIES ENSEIGNÉES DANS L'ÉVANGILE. Pascal entrera dans cette voie : Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei, il se nourrira de la parole de Dieu.

RECONCILIATION TOTALE ET DOUCE. Venite ad me omnes qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos, et invenietis requiem animabus vestris. → Jugum meum suave est et onus meum leve. Pascal est revenu à Dieu. Il s'est réconcilié entièrement avec lui, il a trouvé le repos de son âme. - Le joug de Dieu lui paraît doux et léger. Ce repos, cette douceur, il craint de les perdre. Que fera-t-il pour éviter le malheur qu'il redoute?

SOUMISSION TOTALE A JÉSUS-CHRIST ET A MON DIRECTEUR. Soumission à Jésus-Christ, car Jésus-Christ demeure en celui qui garde sa parole; soumission à mon directeur, car mon directeur est celui à qui Jésus-Christ m'a confié pour me donner la nourriture dont mon âme a besoin. Pasce oves meas, Pasce agnos

meos.

ETERNELLEMENT EN JOIE POUR UN JOUR D'EXERCICE SUR LA TERRE. La vie n'est qu'un instant, vapor est ad modicum NON OBLIVISCAR SERMONES TUOS.

parens.

Je n'oublierai pas votre parole, car je veux que vous demeuriez en moi, et vous l'avez dit : celui qui a ma parole et qui la

garde, c'est celui-là qui m'aime, et mon père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure.

AMEN. Faites qu'il en soit ainsi, ô mon Dieu, c'est-à-dire faites que je vous aime, afin que vous m'aimiez et que vous établissiez en moi votre demeure.

Voilà donc ce talisman mystique, cette pièce étrange, dans laquelle M. Lélut n'a vu que des phrases brisées. Voilà cette page extraordinaire qui démontre que Pascal a eu une vision. «Pascal, » dit M. Lélut, tenait beaucoup à conserver le souvenir de cette » vision, puisqu'il a pris la peine de le déposer à la fois sur un » papier et sur un parchemin. Il réservait ces écrits pour lui » seul, puisqu'il les portait toujours sur sa poitrine, consus de sa » propre main, dans la doublure de sa veste.»

M. Lelut n'eût pas tant attribué d'importance à la circonstance du parchemin sur lequel Pascal avait écrit son prétendu talisman, s'il eût su que c'était un usage général chez les Juifs d'écrire sur des bandes de parchemin certain passages de l'Ecriture-Sainte, qu'ils portaient sur eux afin de s'exciter à garder soigneusement la loi. Ces bandes de parchemin s'appelaient des phylactères. Les Pharisiens les portaient sur leur front et sur leur bras. JésusChrist' reproche aux Pharisiens de porter ces bandes fort larges, afin de les faire remarquer par le peuple. Pascal, au contraire, avait consu son phylactère dans ses vêtemens, pour le soustraire à tous les regards. Le fait d'avoir écrit sur du parchemin les lignes en question et de les avoir consues dans ses vêtemens, ne prouve donc pas ni que Pascal eût eu une vision, ni qu'il tînt beaucoup à conserver le souvenir de cette vision. Ce fait prouve seulement que Pascal, lors de son deuxième retour à Dieu, ayant été frappé par quelques pensées des saintes Ecritures, propres à exciter sa piété, les a écrites suivant un usage généralement établi chez les Juifs, et adopté par un grand nombre de chrétiens. Saint Vincent de Paul n'avait pas eu de vision, et cependant, comme Pascal, il portait toujours sur lui sa profession de foi.

Tout l'échafaudage sur lequel M. Lélut avait bâti la vision de Pascal tombe donc de lui-même, mais reste une question. Pourquoi M. Lélut avait-il élevé cette échafaudage? Nous ne nous

1 Saint Mathieu, chap. xx111, 5.

permettrons jamais de sonder le cœur de personne et de le juger; mais nous croyons que, sans manquer à ce respect que nous devons au for intérieur de chacun, nous pouvons apprécier les sentimens exprimés dans ses écrits. Or, pour nous, il est évident que M. Lélut, entraîné par ses préoccupations anti-catholiques, a saisi le fait de la prétendue vision de Pascal et celui de l'aveugle confiance de son père dans les sortiléges d'une vieille bohémienne, pour donner à croire que la foi de ce grand homme n'avait eu d'autre fondement qu'une hallucination d'une part, et de l'autre une superstition misérable. Non, la foi de Pascal reposait sur d'autres fondemens, et il suffit, pour en être convaincu, de lire avec attention, de méditer ce que M. Lélut a regardé comme une pièce étrange, et ce que Condorcet appelait, en se moquant, une amulette mystique. C'est dans cette sublime conception de Pascal, que, si besoin était, j'irais chercher les motifs de sa foi; et j'admirerais le génie de ce grand homme, qui, avec quelques traits rapides et empruntés aux saintes Ecritures, a esquissé le drame de la vie d'une âme qui est à Dieu, qui s'en sépare, qui y revient, et qui établit pour jamais son repos sur la possession du souverain bien 1.

1

A. F.

1 L'auteur de cet article n'a eu en vue que de rectifier un point de critique biographique, et de repousser des insinuations injurieuses à la mémoire d'un grand homme, en montrant, sous son véritable jour, une pièce qui a pu paraître étrange à des esprits légers ou prévenus, mais qui n'en est pas moins admirable au point de vue catholique. Quant à la question de savoir si Pascal a eu ou n'a pas eu une vision, elle ne peut être qu'un objet de curiosité historique ou physiologique, tout-à-fait indépendant de l'orthodoxie catholique. Car, après tout, l'Église n'a jamais mis Pascal au rang des saints, et n'a jamais eu à constater des faits divins ou surnaturels dans sa vie. Libre donc à chacun, et aux catholiques comme aux autres, de croire ou de ne pas croire que Pascal ait eu une vision. Tout le monde sait que, depuis l'accident du pont de Neuilly, Pascal croyait voir un précipice auprès de lui. Voilà pour les amateurs un fait pathologique dont on peut faire, si l'on veut, un beau cas d'hallucination. Que conclure d'un pareil fait ? que les hommes les plus éminens par le génie ou par la piété, ne sont pas pour cela exempts des infirmités de notre nature? c'est incontestable. Mais vouloir tirer d'un fait pathologique des argumens contre les doctrines et les convictions religieuses d'un personnage historique des plus illustres, ne serait-ce pas un étrange abus de la science, ou plutôt ne serait-ce pas le comble de la déraison et de l'absurdité ? GAYOL.

Polémique Philosophique.

EXAMEN CRITIQUE

DE L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE,

PAR M. JULES SIMON, PROFESSEUR AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS, MAITRE DES CONFÉRENCES DE PHILOSOPHIE

A L'ÉCOLE NORMALE, ETC. 1.

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Quant à Proclus, voici d'abord comment les historiens de la philosophie nous rapportent et apprécient la formation de son système. « La vie de ce philosophe, écrite par Marinus, fournit, » dit M. Daunou, la clef des doctrines professées par Proclus, >> par ses maîtres, par ses disciples, et imaginées surtout pour >> être mises en opposition au Christianisme, dont ils étaient en» nemis déclarés. Proclus est un hiérophante plutôt qu'un philo»sophe, il aspire à être le pontife de toutes les religions de > l'univers ; il chante tous les dieux, excepté celui des Chrétiens. >>Il puise, le plus qu'il peut, dans les livres d'Homère, d'Or»phée, de Zoroastre. Il s'efforce d'y rattacher les institutions de >> Pythagore, les dogmes de Platon et mêmes quelques-unes des » observations d'Aristote, et d'en composer son système. » Ouvrez les ouvrages de Brucker, de Degérando, de Tenneman 5, etc., et vous les verrez porter le même jugement. N'en déplaise à M. Jules Simon, mais l'Eclectisme de Proclus nous paraît établi sur de trop larges bases pour n'être quère qu'une circonstance extérieure dans l'histoire de sa doctrine. Quant à l'originalité profonde avec laquelle il doit se concilier, nous ne

1 Voir la 1re partie, au No précédent ci-dessus, p. 389. 2 Daunou, Biogr. univer., art. Proclus.

3 Hist. critic. philosoph., t. 11, p. 325.

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4 Hist.comp. des syst. de philosophie, t. 11, p.420, 2o édit. 5 Manuel de l'hist, de la Philos., trad. de M. Cousin, s. 219.

savons trop où la trouver, à moins, pour nous servir des expressions de Brucker, que ce ne soit « dans cet amalgame informe » d'oracles, d'apophtegmes, de sentences, d'assertions, que cet >> Éclectique puise sans discernement dans la philosophie chal» daïque, orphique, homérique, platonicienne, pythagoricienne, » péripatéticienne 1. »

Quant à sa tolérance pour le Christianisme, que faut-il en penser? Si dans ses livres il ne déclare pas ouvertement son but, il est cependant facile de s'apercevoir, comme on l'a bien fait remarquer 2, qu'il n'écrit que pour lui nuire. M. Degérando nous apprend qu'il adorait les dieux de toutes les nations, » mais qu'il repoussait le Dieu des chrétiens et qu'il se déclara » l'un de ses plus ardens adversaires 3.»

Voilà, ce nous semble, des autorités imposantes qui modifient terriblement cette phrase de M. Jules Simon. « L'Eclectisme de >> l'école d'Alexandrie, qui se concilie avec une originalité pro>> fonde, sa lutte même contre le Christianisme, entreprise par ses disciples, étrangère à ceux qui l'ont fondée et illustrée (c.-a.-d. » à Plotin et à Proclus), ne sont guère que les circonstances exté»rieures de son histoire. Nous avons cru devoir discuter ces paroles; nous avons là un petit échantillon de la tendance de toute l'école éclectique moderne; réhabiliter, et souvent au préjudice du Christianisme, ce qu'elle appelle les libres penseurs du passé, telle est la mission qu'elle s'impose. On sait maintenant comment elle procède pour mener à fin cette entreprise.

D

Voici encore un point sur lequel nous ne pouvons partager l'opinion de M. Jules Simon. « A l'exception de Parménide dont » la métaphysique exalte la perfection de Dieu jusqu'à lui sacrifier ⚫entièrement la réalité du monde, les anciens n'avaient conçu >>leur Dieu que comme le type idéal des perfections limitées » que le monde renferme; ils l'avaient fait différent du monde

1 Ibid., t. II, p. 325.

2 Voir M. Cousin, in præfat. ad Procl.-Suidas avait déjà dit : « c'est là ce Pro»clus, qui, après Porphyre, éleva sa langue impure et calomnieuse contre les »Chrétiens. » Οὗτός ἐστι Πρόκλος, ὁ δεύτερος μετὰ Πορφύριον κατὰ Χριστιανῶν τὴν μιαρὰν καὶ ἐφύβριστον αὐτοῦ γλῶσσαν κινήσας. Lexic. voc. Πρόκλος,

3 Ibid., t. III, p. 420. 2o édit.

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