Sayfadaki görseller
PDF
ePub

corde une fois que la raison a l'idée de l'absolu, qu'il y a un rapport possible entre une raison finie et un être infini, je dis que c'est une faiblesse et une inconséquence de s'arrêter là, et, contredisant à la fois la logique et le genre humain, de soutenir que nous n'avons aucune connaissance positive de la nature de Dieu, et qu'il n'y a rien de commun entre son être et le nôtre. Spinoza, lui aussi, disait qu'entre la pensée de Dieu et la nôtre, il n'y a pas plus de ressemblance qu'entre le chien, constellation céleste, et le chien animal aboyant 1. Spinoza excédait ici sa propre pensée;

1 « La démonstration dont se sert Spinoza pour établir cette énorme prétention est aussi singulière que peu concluante. Pour prouver que la pensée divine n'a absolument rien de commun avec la pensée hnmaine, sait-on sur quel principe il va s'appuyer? Sur ce que la pensée divine est la cause de la pensée humaine. Ce raisonneur si exact oublie sans doute que la troisième proposition de l'Éthique est celle-ci : « Si deux choses n'ont rien de commun, elles ne peuvent être cause l'une de l'autre. » Un ami pénétrant le lui rappellera (L. Meyer, Lettres à Spinoza, t. II, p. 415); mais il sera trop tard pour revenir sur ses pas.

» Spinoza argumente ainsi : « La chose causée diffère de sa cause précisément en ce qu'elle en reçoit par exemple, un homme est cause de l'existence d'un autre homme, non de son essence. Cette essence, en effet, est une vie éternelle, et c'est pourquoi ces deux hommes peuvent se ressembler sous le rapport de l'essence; de là vient que si l'existence de l'un d'eux est détruite, celle de l'autre ne le sera pas nécessairement. Mais si l'essence de l'un deux pouvait être détruite et devenir fausse, l'essence de l'autre périrait en même tems. En conséquence, une chose qui est la cause d'un certain effet, et tout à la fois de son existence et de son essence, doit différer de cet effet, tant sous le rapport de l'essence que * sous celui de l'existence. Or, l'intelligence de Dieu est la cause de l'existence et de l'essence de la nôtre. Donc l'intelligence de Dieu, en tant qu'elle est conçue comme constituant l'essence divine, diffère de notre intelligence, tant sous le rapport de l'essence que sous celui de l'existence, et ne lui ressemble que d'une façon toute nominale, comme il s'agissait de le démontrer. (De Dieu, Schol. de la Pr. xvI.):

» Quand Louis Meyer arrêtait ici Spinoza au nom de ses propres principes, on peut dire qu'il était vraiment dans son rôle d'ami. Car, si les principes de Spinoza conduisaient strictement à cette extrémité de nier toute espèce de ressemblance entre l'intelligence divine et la nôtre, quelle accusation plus terrible contre sa doctrine? A qui persuadera-t-on que la pensée humaine est une émanation de la pensée divine, et toutefois qu'il n'y a entre elles qu'une ressemblance nominale ? Que nous parlez-vous alors de la pensée divine? Comment la connaissez-vous? Si elle ne ressemble à la nôtre que par le nom, c'est qu'elle-même n'est qu'un vain nom! (M. Saisset, Introduction aux OEuvres de Spinoza, p. 67.) »

Nous reconnaissons la force du raisonnement de M. Saisset, et pourtant

il tombait dans le Mysticisme: ce n'était plus Spinoza, c'était Plotin. Un Mystique peut dire avec calme: La raison n'atteint pas Dieu; car l'extase est là pour lui donner un asile, et satisfaire son âme et son cœur. Mais quand on a l'esprit assez ferme pour ne voir dans l'extase qu'une haute extravagance (je me sers des mots de Bossuet 1, que M. Simon ne désavouera pas), si l'on refuse à la raison le droit de connaître positivement la nature de Dieu, il n'y a, je le répète une dernière fois, d'autre issue à un pareil système que le Scepticisme 2 ?

Voilà, certes, une argumentation pressante, et nous doutons fort que Kant et M. Jules Simon puissent échapper aux étreintes de la logique.

UN PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE.

nous ne savons s'il a bien saisi l'argument philosophique, et s'il y a bien répondu dans son système. Dans le système philosophique on prétend que la dialectique, comme le dit M. Cousin, produit Dieu, Dieu est le résultat, le produit, le fruit de la pensée humaine. Or, sous ce rapport nous pensons aussi qu'il n'y a aucune analogie, aucune relation, aucune force qui puisse produire Dieu. Le fini ne peut produire l'infini; celui-ci ne peut émaner de la pensée humaine. Mais il en est autrement quand on dit que la pensée humaine, la raison, reçoit la connaissance de Dieu. Tous les jours nous recevons la connaissance d'une chose avec laquelle nous n'avons aucune analogie.

A.B.

1 Bossuet a ici parfaitement raison, en parlant ainsi de l'extase comme moyen naturel de connaître et d'atteindre Dieu. M. Saisset, en soutenant que la raison atteint Dieu naturellement, tombe lui-même, comme l'a dit M. Cousin, dans le Mysticisme; car il se met en communication directe avec Dieu, it prétend, ce qu'il a dit ailleurs, que la raison humaine est dans une union naturelle ét permanente avec la raison divine (ib. p. 273). Qu'est-ce que cela, nous le prions de nous le dire, si ce n'est l'extase, c'est-à-dire, comme il en couvient, une haute extravagance. Les théologiens catholiques soutiennent que cet état d'union ou d'extase n'existe que dans l'état surnaturel. Que lorsqu'il se rencontre dans l'état naturel, c'est par exception, par grâce surnaturelle, pour un cas particulier, et que la science qu'elle donne ne doit être acceptée qu'après avoir été soumise à la science de l'Église. A. B.

2 M. L. Saisset, Essais sur la philosophie et la religion au 19o siècle; de l'école d'Alexandrie, p. 144-48.

[ocr errors]

Philosophie Catholique.

CONSIDÉRATIONS

SUR LES RAPPORTS ACTUELS DE LA SCIENCE ET DE LA CROYANCE,

PUBLIÉES

PAR LA SOCIÉTÉ FOI ET LUMIÈRE, DE NANCY *.

Au nombre des bons ouvrages qui ont paru durant le cours de cette année, les catholiques peuvent compter les Considérations que nous annonçons ici. A vrai dire, nous n'en connaissons pas qui en moins de pages, exposent mieux les véritables rapports qui existent maintenant entre la science et la croyance. On y voit avec évidence combien leur rapprochement a fait de progrès, combien leur union complète est prochaine. Nous conseillons donc la lecture de cet ouvrage à tous les esprits qui ont encore de la sympathie pour ces deux grandes institutrices de l'homme, la religion et la science.

Le volume s'ouvre par un avertissement très-bien écrit et trèsprofondément pensé, et où nous remarquons le passage suivant sur l'à-propos du concours que les laïques peuvent apporter au clergé dans la défense et la propagation de la foi. Exposé avec cette mesure et cette convenance, nous croyons ce point tout-àfait dans le vrai, et pouvant fournir un sujet de méditation à certains écrivains ecclésiastiques qui, dans ces derniers tems, nous paraissent avoir repoussé avec plus de hauteur que de justice, le concours que les catholiques sincères qui sont dans le monde peuvent apporter à la cause catholique.

A tous égards, fut-ce au point de vue simplement social, le premier des besoins de notre tems était la renaissance des convictions religieuses, et, par là, des vertus qu'elles inspirent.

1 A ces Considérations sont jointes le réglement de cette société, le discours d'ouverture du président, M. Guerrier de Dumast, et quelques-uns des Mémoires qui y ont été lus; gros vol. in-8. Paris, chez Waille. Prix : 7 fr.

Mais, comme rien sur la terre n'arrive à se réaliser sans recevoir en quelque chose le cachet de son époque, il fallait, eu égard aux préjugés existants, que cette résurrection, quoique pleine, réelle et pratique, fût visiblement libre; libre jusqu'à présenter tous les signes, jusqu'à prendre, pour ainsi parler, toutes les allures de l'indépendance. Au milieu des défiances d'un peuple qui a si grand'peur des prêtres, il importait qu'on ne pût pas attribuer aux efforts spéciaux du clergé, certains résultats consolans, dus sans doute en grande partie à ses vertus et à ses prières, mais amenés souvent aussi, de nos jours, par le simple apostolat des laïcs, des convertis surtout, dont le monde comprend mieux la langue et suspecte moins obstinément la sincérité.

Il n'y avait donc pas de service plus réel à rendre à la France, que de créer dans son sein, en dehors de l'action proprement ecclésiastique, des centres intellectuels et moraux, où fussent encouragés, où s'éclairassent l'un l'autre par des conversations doctes et paisibles, les hommes qui, spontanément, c'est-à-dire, presque sans autre cause que la grâce de Dieu, tendaient à embrasser de bonne foi la croyance et même l'orthodoxie.

Ainsi se sont formées, depuis quelques années, de studieuses réunions chrétiennes espèces de salons sérieux, ou, si l'on veut, d'académies sans prétentions, qu'est venue peupler une classe d'hommes instruite et régénérée.

Là, dégagé de cet amas d'opinions reçues qui pèse ailleurs sur la pensée, et qui la rend si lourde et si vulgaire, on est sorti du misérable cercle où, piétinant sans fin comme des mulets aveuglés, tournent en foule sur leur piste rebattue les journalistes et leurs lecteurs. Mis au large, on a respiré, en travaillant, l'air de la conscience et de la loyauté; on a cherché le vrai, le bon, le beau, avec une droiture dont les partis humains n'ont pas la claire idée, – plus ou moins dominés qu'ils sont par des passions, soit furibondes, soit despotiques, soit rancunières.

-

Là, doucement et savamment occupé de tous les ordres de connaissances qui peuvent, par un côté quelconque, toucher aux intérêts éternels, on a bien vite oublié des restes de chétives querelles.... incompatibles avec le calme et la bienveillante compréhension qui règnent à de pareilles hauteurs.

Là, enfin, jetant bas franchement les guenilles du vieil homme, que s'attache si bien à conserver chaque égoïsme individuel ou collectif, mais dont l'Eglise nous engage à nous dépouiller, - on a, sans regrets, entrepris cette chaude et noble rénovation dont elle parle, - du cœur, du langage et des œuvres. »

Telle est, à des degrés divers, l'histoire de l'Institut religieux et littéraire d'Aix en Provence, des deux Instituts catholiques de Paris et de Lyon, du Cercle Catholique de la rue de Grenelle, de celui qui vient de se fonder à Clermont, etc. Tel fut, dès l'origine, le but de la société Foi et Lumieres de Nancy, à laquelle avait été réservé le bonheur de donner l'exemple, et qui se félicite d'avoir pu, précédant toutes les réunions du même genre, toutes celles du moins dont l'organisation fut académique et complète, ouvrir en France à la jeunesse intelligente, une route dont les avantages, aussi passagers qu'on voudra, auront été certains.

De ces associations, il en est deux qui se sont donné leur organe, en créant deux recueils alimentés par leurs travaux; et l'on n'a eu lieu que d'applaudir à leur généreuse hardiesse.

La Société Foi et Lumières avait déjà publié, avec son réglement et son discours d'ouverture, quelques considérations sommaires sur les rapports qui se manifestent à notre époque entre la croyance et le vrai savoir. Ce sont ces considérations que l'on publie de nouveau ici, mais augmentées et complétées. En sorte que c'est un livre nouveau, une sorte d'apologétique sommaire d'après les documens les plus authentiques et les plus récens du catholicisme; mais laissons l'auteur exposer lui-même la conception et la composition de son œuvre, les lecteurs des Annales la comprendront mieux.

Ne fussent-elles qu'un nouveau et plus complet résumé des deux excellens recueils placés sous la direction de M. Bonnetty, et qui amassent depuis bientôt quinze ans, tant de matériaux pour reconstruire à la religion une citadelle de science, les Considérations offriraient déjà quelque avantage; elles pourraiedt rendre service rien que par là, rien que par faire connaître la substance des Annales de philosophie chrétienne et de l'Université catholique, à maint lecteur qui n'aura jamais en main ces 40 volumes.

Mais la chose va bien plus loin; car, d'abord, on s'apercevra sans, peine, qu'outre les deux collections dont nous parlons, outre le Correspondant et plusieurs autres publications non moins bien intentionnées, la Société catholique nancéienne, a consulté pour donner à ses réflexions toute la justesse désirable, les ouvrages particuliers d'une foule d'auteurs livres beaucoup trop nombreux pour que la possession doive jamais en être raisonnablement espérée de la plupart des gens qui auraient besoin de les connaître. Ceux-ci, d'ailleurs, quand ils parviendraient à se les procurer, manqueraient, sinon de la capacité, au moins

« ÖncekiDevam »