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du tems ou de la patience nécessaire pour en rédiger à leur usage une bonne et lumineuse analyse supposé qu'à tous encore, vint réellement la généreuse envie de passer en entier par eux-mêmes une revue si favorable à l'affermissement des convictions chrétiennes.

Et puis, beaucoup s'en faut qu'exécutée par les simples procédés des compilateurs, la présente œuvre ne soit que le relevé, riche ou non, d'un travail de dépouillement plus ou moins attentif. C'est, avant tout, une conception propre, un écrit de plein'jet, peu jalouse du vain honneur de passer pour érudite; la Société Foi et Lumières croirait avoir bien faiblement payé sa dette, si elle se trouvait n'avoir fait qu'entasser dans le volume qui paraît sous son nom, une masse indigeste de témoignages, rassemblée de toutes parts. Non, il est aisé de sentir qu'absorbant et s'assimilant les notions étrangères dont il s'agit, elles les a mêlées d'une manière intime aux produits antérieurs de sa pensée ; elle leur a donné, dans son moule animé, l'unité par fusion; elle leur a communiqué, Dieu aidant, organisme, chaleur et vie.

Un soin aussi dont elle a pris la tâche, et qui ne lui paraissait pas moins important que celui de coordonner et d'augmenter les raisons probantes déjà recueillies en partie avant elle, c'est le soin de les trier, de les restreindre, de les soumettre à un choix sévère. Parmi les nombreux arguments dont elle était maîtresse de faire usage, dont plusieurs même semblaient s'imposer à elle avec l'autorité d'un crédit acquis, elle a, sans l'ombre d'une hésitation, supprimé tous ceux dont la force était contestable, et ce simple labeur d'élimination, besogne dépourvue d'éclat, est peut-être le côté par lequel, sans s'élever ni se méconnaître, elle oserait accepter quelques remerciemens, tant elle croit avantageux d'enlever à l'incrédulité savante tout prétexte de divaguer, toute chance de triomphe partiel, si petit qu'il soit; — tant elle regarde comme capital de n'exposer jamais les soldats de la vérité catholique à voir se briser entre leurs mains les armes dont on les a munis.

Il ne nous reste qu'à dire ici que ce plan a été rempli ; nous ne pouvons cependant résister au désir de citer encore le court passage suivant sur le choix que les apologistes catholiques doivent faire de leurs autorités et de leurs preuves. Cela est d'autaut plus nécessaire que bien des apologistes que nous ne voulons pas nommer ici, et auxquels sans doute le savant rédacteur fait allusion, sont tombés dans ce défaut. Ils ont glané à pleines mains sans choix et sans critique, et ont compromis aux yeux, de bien des gens, la cause sacrée dont ils avaient pris la défense. Lorsqu'en effet on réfléchit au peu de loisir que laissent à la plupart

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des défenseurs de la religion, notamment aux prêtres des paroisses, leurs nombreux devoirs journaliers; lorsque l'on voit, d'ailleurs, l'exiguité des ressources pécuniaires qu'il leur est possible de consacrer à se tenir au courant des objections et des réponses les plus récentes ; - cercle mouvant, toujours le même au fond, mais sans cesse renouvelé dans ses apparences; on sent quel degré de vigilance est obligatoire pour quiconque, prenant le rôle d'un auxiliaire de ces gens de bien, se charge de leur fournir des renseignemens; car il serait déplorable d'aller, faute d'une assez scrupuleuse critique, leur suggérer parfois de mauvaises raisons, pêle-mêle avec les bonnes..., et de les entraîner ainsi à se compromettre par des assertions hasardées, que l'anti-christianisme vienne ensuite combattre avec succès.

Ici, du moins, on a mis une conscience extrême à ne réunir, pour l'usage des avocats du ciel, que des preuves de bon aloi, dont ils n'aient en aucun cas à se repentir de s'être servis.

Les Considérations sont divisées en deux parties fort distinctes. Dans la première se trouve un portrait de Voltaire, offert en tant que type du 18e siècle; portrait que l'on trouverait trop chargé, si d'impitoyables citations de ses propres lettres n'en prouvaient la triste vérité. Après avoir montré ce qu'était la société au 18° siècle, et comment elle jugeait le Christianisme, l'auteur passe à la deuxième partie où il essaie de montrer comment le Christianisme est considéré en ce moment. Voici la position fort exacte qu'il en trace:

Tel était, ne l'oublions pas, le déplorable état du Christianisme dans les derniers tems de l'ancien régime, avant que n'eût commencé le mouvement de réparation auquel 1789 a donné le branle, sans le prévoir, et qui poursuit depuis quarante ans sa marche lente mais assurée.

Quand cette révolution éclata, la religion semblait arrivée au terme de son existence. Proclamée responsable de mille horreurs, dont on lui imputait la cause, elle avait, en outre, été jugée ridicule, puis inutile ou nuisible, puis enfin positivement fausse. L'opinion, dominée, séduite par les déclamations des esprits forts, s'était en masse éloignée d'elle; et dès lors, tous les honneurs, toutes les richesses, toute la puissance nominale qui lui restaient, ne l'empêchaient pas de ne plus paraître, en face du philosophisme victorieux, qu'un colosse d'or aux pieds d'argile.

Mais son divin auteur ne l'avait point abandonnée du haut des cieux; il lui accorda, pour secours, d'épouvantables souffrances ; et ceux qui la connaissent bien, savent que ce sont là pour elle des grâces décisives. Dans les angoisses d'une mort lente, au milieu de l'exil, de la faim et de

la misère, au fond des pontons de l'île d'Aix ou sur les plages fiévreuses de Sinnamary, dans les horreurs d'une morte violente, qui se présentait à eux sous mille formes, décapités par le triangle de la guillotine, éventrés par le coutelas du septembriseur, mitraillés à Lyon, noyés à Nantes, lanternés à Paris, enterrés vifs à la glacière ou à Beaupréau, partout les confesseurs de Jésus-Christ retrouvèren la foi et la force, quand vint le moment du sacrifice; et leur sang, répandu à longs flots, ainsi qu'aux jours de la primitive Église, devint, pour de nouveaux croyans, une semence de salut. Car toute chose se retrempe en s'imprégnant de son principe: le christianisme, enfanté sur la croix, se réveille, plus énergique, lorsque les humiliations et les douleurs de la croix redeviennent son partage.

Reconnue d'abord innocente par une persuasion qui s'établit et se consolida peu à peu sous la Convention et le Directoire, la religion catholique commenca, vers l'époque du Consulat, à être réputée, non seulement innocente, mais poétiquement belle; et déjà, sur la fin de l'Empire, personne ne lui contestait ce double titre. Sous les deux Règnes qui suivirent, le résultat progressif des études fut de prouver, en outre, qu'elle était utile au genre humain. Enfin, depuis la Révolution de juillet, ceux qui continuent à s'occuper de ces matières ne se bornent plus à la considérer comme innocente, comme belle ou comme utile (ces trois qualités lui demeurant acquises), mais ils se mettent sérieusement à l'examiner en tant que vraie..., ce dernier point leur paraissant, avec raison, le seul essentiel à constater. Ainsi, la question, replacée presque d'hier seulement sur ses bases réelles, se présente maintenant d'une manière dont elle n'avait plus guère été posée dans les esprits depuis un demi-siecle.

Puis l'auteur indique les travaux nouveaux qui doivent nécessairement être entrepris par ceux qui veulent défendre la foi:

Oui, chrétiens, il faut travailler, et beaucoup. Car, au sortir de la crise irreligieuse qui marche vers sa fin, de grandes transformations sociales se seront opérées ; et vous aurez à tenir compte de besoins nouveaux, à répondre à des difficultés nouvelles ; et la victoire promise vous échapperait en grande partie, si, par une supériorité qu'il vous convient d'acquérir, vous n'étiez pas alors en mesure d'en réaliser les conditions....

Certes, la seule religion que Dieu lui-même ait fondée sur la terre,— cette Religion catholique, si supérieure aux conceptions les plus élevées de l'humanité, et placée si loin en dehors de toute comparaison possible, — reste et restera véritable, après les révolutions comme avant. Mais le zèle, averti par les leçons de l'expérience, peut et doit la présenter aujourd'hui sous bien des points de vue nouveaux ; mais la manière

d'en prêcher les doctrines, doit être désormais adaptée à la diffusion croissante du savoir, et mise en rapport avec des progrès extérieurs qui sont patents, indéniables.-Toujours les disciples de Jésus-Christ auront à combattre le monde, malgré ses lumières prétendues, pauvre et faible code en morale; mais le monde qu'il s'agit de combattre n'est plus celui de l'antiquité, ni même celui du moyen-âge : avoir vaincu ces deux derniers n'est pas avoir triomphé du troisième. Pour le soumettre, ce troisième, il ne suffit pas de le poursuivre : il faut l'atteindre et le dépasser. Pour le plier aux lois chrétiennes, il faut, comme firent autrefois les Tertullien, les Eusèbe et les Origène, lui prouver que si l'on méprise ses argumens, ce n'est pas faute de les bien connaître. Plus que jamais, par conséquent, la lutte est devenue virile ; et c'est par des études viriles que l'athlète chrétien doit s'y préparer.

Enfin, le savant auteur indique à tous les défenseurs des croyances catholiques, ce qu'ils doivent faire en pratique et en mettant la main à l'œuvre, pour populariser les mêmes croyances, et faire tomber les préjugés d'un côté, les ignorances de l'autre, qui empêchent encore les peuples d'avoir, sur nos croyancesles, mêmes pensées que les savans, que la science elle-même.

Comme nous l'avons dit en commençant, le volume est terminé par plusieurs dissertations très-curieuses et très-importantes qui ont été lues aux séances solennelles de la Société Foi et Lumières, nous y avoir remarqué celle sur la Question de l'unité des Lanques que nous espérons prochainement analyser et faire entrer dans nos Annales. Elle y complétera les documens nombreux que nous avons donnés sur cette grande question.

A. B,

Compte-Rendu.

A NOS ABONNÉS.

SUR LA POLÉMIQUE QUE NOUS AVONS SOULEVÉE CONTRE QUELQUES APOLOGISTES CATHOLIQUES.

En finissant ce volume, nous croyons devoir donner quelques nouvelles explications sur la polémique philosophique que nous avons soulevée sur l'origine et les droits de la raison, sur le principe de l'obligation, et sur la règle de la morale. Nous ferons en même tems connaître quelques adhésions et quelques observations qui nous ont été adressées.

Il est fâcheux, sans doute, que l'enseignement catholique, même sur les premières bases de la philosophie, ne soit pas uniforme, et donne lieu à des discussions prolongées; mais il ne faudrait pas en conclure, que pour cacher ces divergences, la discussion même ne doive pas avoir lieu. Non, car cette discussion est le seul moyen d'arriver à une uniformité si désirable; et quand nous disons uniformité, nous ne voulons pas exclure les opinions et investigations particulières, mais nous entendons par là l'utilité et l'opportunité d'avoir certains premiers principes communs. Dans un tems, presque toutes les écoles suivaient saint Thomas, plus récemment, elles devinrent toutes cartésiennes, pourquoi ne pourraient-elles pas, en ce moment, s'appuyer toutes non sur un homme, mais sur les faits reconnus et avoués même des adversaires, faits que nous avons formulés dans notre cahier de mai, et dont le principal est celui-ci : nécessité de la révélation extérieure et positive de la parole pour pou· penser et devenir raisonnable? Et ce principe étant admis, comme il l'est en effet par presque tous les écrivains catholiques, pourquoi ne pas en tirer toutes les conséquences, et exclure de l'enseignement tout ce qui y est opposé?

voir

Nous l'avons dit: les deux honorables auteurs dont nous

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