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s'attribuant un droit sur leurs supérieurs, usent de l'autorité spirituelle, de procédures affectées et de la cessation d'office; que, pour remédier à ce désordre, les évêques sont convenus de s'entr'aider mutuellement en cas de démêlés entre eux et leurs chapitres pour pacifier les choses et soutenir leurs droits; que tous contribueront aux frais de celui qui sera chargé de l'affaire, et qu'afin d'agir avec plus d'autorité et ôter tout lieu de penser que ce soit par passion, les évêques s'assembleront chaque année, dans la quinzaine de la Pentecôte, à Paris, où l'on délibérera; de sorte qu'on ne fera rien contre les chapitres sans une juste et légitime raison.

Ce règlement n'empêcha point que l'autorité du cardinal-légat n'intervint pour réconcilier l'archevêque de Reims avec son chapitre. Il arriva même que l'accommodement fait par le cardinal fut entièrement favorable au chapitre de Reims, parce que Simon de Braine avait été lui-même chanoine de Tours; ce qui fit appeler cet accord la simonie des chanoines. On remarquait en France que les légats, tirés le plus souvent des chapitres, étaient toujours portés à les défendre dans leurs sentences arbitrales 1.

A l'exception de ces petits démêlés, l'église de France jouissait alors d'une paix que le roi Philippe le Hardi n'éprouvait pas. Outre sa querelle avec Alphonse, roi de Castille, que ni le légat ni les cardinaux envoyés par le pape Nicolas III ne purent accommoder, il venait de perdre, en 1276, son fils aîné Louis, qu'il avait eu de sa première femme Isabelle d'Aragon. Il courut un bruit fâcheux que ce prince, âgé de onze à douze ans, avait été empoisonné. On croit que Pierre de la Brosse, qui, de chirurgien de saint Louis, était devenu ministre et favori tout-puissant de Philippe, insinua à son maître un soupçon sur la reine Marie de Brabant, qu'il avait épousée en secondes noces, comme si elle eût été l'auteur de cet attentat, et prête aussi à se défaire des deux autres princes du premier lit, pour faire tomber la couronne à ses propres enfants. Quoi qu'il en soit de cette insinuation de la Brosse, il est vrai que le roi se méfia au point de faire consulter une Béguine de Nivelle, qui passait pour une personne à révélations, et qui était liée à deux autres illuminés le vidame de Laon, et un ermite astucieux. On soupçonna que la Brosse s'était servi de ces personnages pour engager le roi à prendre des ombrages de la reine. Ce prince eut la faiblesse, à la persuasion de son favori, dit-on, d'envoyer à la Béguine, Matthieu, abbé de Saint-Denis, et Pierre de Bénais, évêque de Bayeux, beaufrère et créature du ministre. Ils eussent pu mieux faire que de se

1 Marlot, t. 2, p. 571.

De 1276 charger de cette commission dangereuse, surtout l'abbé Matthieu, qui, ayant été régent du royaume, avait plus d'expérience que personne. L'évêque ayant pris les devants près de l'illuminée, on ignore ce qui fut dit de part et d'autre. Elle se contenta de dire ensuite à l'abbé Matthieu qu'elle avait répondu à l'évêque sur ses interrogations. Il sortit indigné de n'avoir pu rien tirer de plus. A leur retour, le roi demanda compte de la commission à l'abbé, qui raconta simplement le fait ; puis à l'évêque, qui dit qu'ayant entendu en confession cette fille, il ne pouvait en rien dire. Ah! reprit Philippe, ce n'était pas pour la confesser que je vous envoyais. Je saurai démêler la vérité. Cependant un inconnu apporta au roi des lettres de la Brosse. Ce favori fut arrêté, enfermé, et pendu publiquement, sans que la cause de sa mort devînt publique. Dès que l'évêque de Bayeux sut son emprisonnement, il quitta promptement la France et se retira à Rome. Du reste, la reine Marie fut pleinement justifiée. Voilà les simples faits.

Après la mort du favori, la cour, la ville et le royaume s'animèrent contre sa mémoire, suivant l'usage. Sa famille, ses alliés, ses amis, ses créatures, tous ceux qu'il avait élevés et qui s'étaient attachés à sa grande fortune, tombèrent avec lui. La disgrâce fut générale, et enveloppa conséquemment l'évêque de Bayeux, frère de sa femme. Le roi le crut complice de la calomnie qui l'avait engagé luimême à donner à la reine des gardes durant ses préventions. Il poursuivit l'évêque à la cour romaine, et envoya au pape Nicolas III, Arnolfe d'Oursemale, chevalier du Temple, pour le prier de faire le procès à l'évêque, dont il saisit d'avance le temporel. Le Pape voulut des preuves du crine avant que de procéder juridiquement. Le chevalier n'en donna point, et déclara, en présence des cardinaux, qu'il ne prétendait en aucune sorte se rendre partie de l'évêque accusé, ni au nom du roi, ni au sien. Sur quoi le Pape écrivit an roi, que, n'ayant trouvé contre le prélat aucune des conditions préalablement requises pour fonder une recherche et beaucoup moins un jugement, il lui paraissait contraire au droit de le punir et de saisir les biens de son église, qui n'était pas coupable, quand même l'évêque le serait. Le Pape, en un mot, voyant que l'affaire restait en cet état, sans accusateur, sans preuves, sans conviction, crut devoir prendre la défense d'un évêque qui n'était apparemment coupable que d'avoir été malheureusement allié de celui dont la famille était proscrite. Il exhorta le roi et la reine même à l'oubli d'une calomnie dont l'un et l'autre étaient assez vengés par l'évidence et la notoriété publique, sans étendre leurs soupçons et leur ressentiment jusqu'au danger de perdre l'innocent et de ruiner une église. Il en recommanda les inté

rêts au légat. Ses lettres sur ce sujet sont du mois de décembre 12781. Philippe le Hardi avait hérité du roi saint Louis, son père, une extrême délicatesse de conscience dans la crainte de posséder le bien d'autrui. Il demanda au pape Nicolas qu'il trouvât bon que les aumônes qu'il faisait fussent faites dans cette vue; ce que le Pape approuva, à condition pourtant de restituer ce qu'il saurait être dans le cas de la restitution due aux particuliers connus.

L'année suivante 1279, le même Pape, qui comptait sur lui pour l'expédition de la terre sainte, se plaignit amèrement au cardinallégat des tournois que Philippe permit au sujet que nous allons dire. Charles, prince de Salerne, fils aîné du roi Charles d'Anjou, étant venu en France, fut reçu du roi, son cousin germain, et de toute la noblesse, avec une pompe digne des deux cours. Philippe le Hardi, pour lui faire honneur, aussi bien qu'au prince Robert, comte de Clermont, son frère, qu'il avait armé chevalier peu auparavant, et sous prétexte d'exercer la noblesse à défendre la patrie et à conquérir la terre sainte, permit les tournois qu'il avait défendus jusqu'à la croisade qui ne se fit point.

Le Pape, dans sa lettre très-vive au légat, et datée du 22 d'avril 1279, l'accuse d'une négligence extrême, pour avoir souffert qu'en sa présence ces funestes jeux eussent été permis, sans qu'il s'y fût opposé, comme il le devait par sa qualité de légat. Le roi n'est pas épargné, non plus que ses barons. Quelle horreur, dit le Pape, de voir le fils d'un roi rempli de piété permettre ce que le roi, son père, avait si sagement défendu, et révoquer l'édit qu'il avait lui-même porté ! Quelle affliction pour le père commun, de voir que la noblesse française ait dégénéré de son ancienne piété au point de se couvrir de la honte attachée à un combat de deux mille d'entre eux, comme le rapporte la lettre dn légat! Et vous, dit-il au cardinal, ne deviezvous pas prendre feu dans un si grand péril des âmes, menacer, tonner et aggraver les censures? Suffisait-il de ne pas prêter votre consentement à la permission que le roi a donnée, comme vous le dites, de faire des tournois trois fois l'an? N'est-ce pas conniver au mal que d'agir ainsi?

Le Pape réfute ensuite les prétextes d'approuver ces jeux comme des exercices propres à former la noblesse aux armes, pour défendre l'État et la religion. Il allègue les censures du troisième concile de Latran, qui prive les morts de la sépulture ecclésiastique, et les défenses des Papes, ses prédécesseurs. Enfin il lui ordonne de dénoncer excommuniés tous les nobles qui ont combattu dans les tournois; de

1 Raynald, an 1278, n. 33 et 34.

XIX.

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les exhorter à se rendre avec humilité dignes de l'absolution, et de la leur donner à condition de jurer qu'ils ne retomberont plus dans cette faute. Véritablement ces fantômes de guerre devenaient quelquefois des guerres cruelles, des voiles pour les vengeances particulières, et des divertissements souvent funestes, malgré les plus sages précautions. Les auteurs en racontent de tristes exemples dans tous les temps, depuis leur établissement; et les souverains les ont souvent défendus pour cette seule raison 1.

Le fils du roi de Sicile, s'en retournant de la cour de France et faisant quelque séjour en Provence, eut une curiosité qui mérite d'avoir ici sa place et d'être racontée particulièrement comme elle l'est par les historiens ecclésiastiques. Il s'agit de la sainte Madeleine de Baume. Le prince Charles, sur la tradition que sainte Madeleine avait vécu longtemps pénitente dans ce lieu, voulut éclaircir la croyance où l'on était que le corps de la sainte y avait été inhumé par saint Maximin, premier évêque d'Aix. Joinville parle de cette tradition, et saint Louis, à son retour de la terre sainte, passa par Sainte-Baume avec lui. C'était en 1254. Douze ou treize ans après, comme nous l'avons vu, le saint roi assista, avec le légat Simon de Braine, à la translation des reliques de sainte Madeleine, faite à Vézelai, où l'on croyait aussi les posséder.

Pour revenir au fait du prince Charles, qui se trouvait en Provence sur la fin de 1279, voici le récit de Richard de Clugni, auteur du temps, dont la relation est citée par tous les annalistes de l'Église : << Quand on eut ouvert les tombeaux des deux côtés de la chapelle, on trouva enfin le corps de sainte Madeleine, non dans le tombeau d'albâtre où l'avait mis saint Maximin, évêque d'Aix, mais dans un autre de marbre, vis-à-vis et à main droite en entrant. Il en sortit une odeur très-suave, et il se fit quantité de miracles. » Il raconte ensuite qu'on trouva sous la langue, qui tenait encore au palais, une longue racine qui en sortait, avec une petite branche de fenouil, et que l'on partagea cette racine en parcelles, qui ont été conservées dans plusieurs endroits comme des restes précieux. Il assure qu'il tient tout cela de témoins oculaires. Il ajoute qu'à côté du corps on trouva un écriteau d'une grande antiquité, gravé sur un bois incorruptible, et qu'il y a lu lui-même ces paroles : « L'an sept cent seize de la nativité du Seigneur, au mois de décembre, sous le règne d'Odoin, très-pieux roi des Francs, du temps des courses des Sarrasins, dans la crainte de cette perfide nation, le corps de la bienheureuse Marie-Madeleine fut transféré la nuit fort secrètement de

↑ Raynald, 1279, n. 17 et seqq. Hist. de l'Église gallic., 1. 34.

son sépulcre d'albâtre dans l'autre de marbre, et mis en un lieu plus caché 1.

1

Richard continue en ces termes : « Le prince Charles, ayant trouvé tout cela, fit venir les archevêques de Narbonne, d'Arles et d'Aix, avec quantité d'évêques, d'abbés, de religieux, de noblesse, de clergé et de peuple, qu'on assembla le cinq de mai 1280. On leva le corps, et on le mit dans une châsse ornée d'or, d'argent et de pierreries; pour la tête, on la plaça dans une boîte d'or pur. On trouva encore une inscription sur du bois couvert de cire; mais on eut de la peine à y lire ces mots : Ici repose le corps de la bienheureuse Marie-Madeleine. Charles, étant depuis devenu roi de Sicile, transféra de ce lieu, sous l'autorité de Boniface VIII, en 1295, les religieux de Saint-Victor de Marseille, pour rétablir en leur place les frères Prêcheurs. Enfin, il bâtit et enrichit leur église avec une magnificence royale 2. » Tel est le récit de Richard de Clugni.

Bernard Guyon, de l'ordre des frères Prêcheurs, évêque de Lodève, dans sa chronique dédiée au pape Jean XXII, fait le même récit mot pour mot, en sorte qu'il paraîtrait que l'un des deux l'a transcrit de l'autre. La différence est que Bernard met cette découverte le 9me de décembre, et nomme Odoïc le roi que Richard nomme Odoin. Ptolémée de Lucques, du même ordre des frères Prêcheurs, écrivant vers le même temps, fait aussi le même récit 3.

Or, dit à ce sujet Fleury, d'après Launoi, il est à observer qu'il n'y eut jamais de roi de France du nom d'Odoin ou Odoïc, et que l'an 700 régnait Childebert II, à qui succéda Dagobert jusqu'en 716. Mais celui qui fabriqua l'écriteau, ni ceux qui le découvrirent, n'en savaient pas tant *.

Mais, comme l'a remarqué un contemporain de Fleury même, qui souvent le cite, le docte Pagi, ce roi des Francs du nom d'Odoin ou d'Odoïc, n'est autre que le fameux Eudes, duc d'Aquitaine, qu'on trouve appelé quelquefois Odon, quelquefois Otton, Odoïc ou Odoin. Il était de la première dynastie des rois des Francs, dans laquelle nous avons vu que tous les princes portaient le titre de roi. D'ailleurs, c'est précisément de 700 à 716, pendant que les Francs de Neustrie et d'Austrasie se disputaient à qui serait le maître des rois fainéants, sous le titre de maire du palais, c'est précisément dans cet intervalle que le duc Eudes, Odon, Odoin ou Odoïc, fut le seul défenseur, et par là même le seul roi de la France méridionale contre

11.

1 Bouquet, Scriptores rer. Franc., t. 3, p. 640; Pagi, an 716, n. nald, 1279, n. 12. · 3 Ibid., 1279, n. 12, et Spond, 1279, n. 3.

- 2 RayFleury, 1. 87,

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