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LIVRE SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME.

DU GRAND JUBILÉ SOUS BONIFACE VIII, 1300, AU CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE VIENNE, 1311.

Constitution divine de la chrétienté.

Origine de la confédé

ration suisse. État du catholicisme en Chine. DégénéDémêlé de Philippe le Bel avec BoniAffaire des Templiers. - Concile œcuménique

ration des Grecs.

face VIII. de Vienne.

Dans le septième livre de cette histoire, nous avons vu trois des plus beaux génies de l'antiquité cherchant, l'un après l'autre, quels devaient être un gouvernement, une société, pour atteindre à la perfection. Or, ce que, dans ce dessein, Confu cius à la Chine, Platon en Grèce, Cicéron à Rome ont imaginé de plus parfait, nous l'avons vu, nous le voyons réalisé dans Moïse et dans le Christ, autrement dans l'Église catholique.

Un point surtout remarquable dans la doctrine de Confucius et de ses disciples, c'est l'attente du SAINT qui doit venir de l'Occident, porter la loi à la perfection, et étendre son règne sur tout l'univers. Confucius disait que le Saint, envoyé du ciel, saurait toutes choses, et qu'il aurait tout pouvoir au ciel et sur la terre 1. « Qu'elle est grande, s'écrie-t-il, la voie du Saint! Elle est comme l'Océan; elle produit et conserve toutes choses; sa sublimité touche au ciel. Qu'elle est grande et riche!... Attendons un homme qui puisse suivre cette voie; car il est dit que, si l'on n'est doué de la suprême vertu, on ne peut parvenir au sommet de la voie du Saint 2. »>

D'après Platon, comme d'après Confucius, ce n'est pas un homme, mais Dieu, qui peut fonder une législation. En conséquence, l'ordre que le législateur humain doit suivre et qu'il doit prescrire à tous, c'est de subordonner les choses humaines aux choses divines, et les choses divines à l'intelligence souveraine. Jamais homme n'a fait proprement de lois ; c'est la fortune ou les circonstances qui les font,

1 Morale de Confucius, p. 196. L'Invariable Milieu, traduit par Abel Rémusat, p. 94.

ou plutôt Dieu, qui, en gouvernant l'univers total par la nécessité, gouverne en particulier toutes les choses humaines par les circonstances et la fortune. Prions Dieu, dit-il, pour la constitution de notre cité, afin qu'il nous écoute, nous exauce et vienne à notre secours pour dispenser avec nous son gouvernement et ses lois. Les monarchies, les aristocraties, les démocraties absolues sont moins des sociétés politiques que des cohabitations aux mêmes villes. Une partie y domine l'autre qui est esclave: c'est la partie dominante qui donne le nom à tout l'ensemble. S'il fallait prendre de là un nom, il fallait du moins lui donner le nom de Dieu, vrai dominateur de tous les êtres raisonnables 1.

Le consul romain parle à cet égard comme le sage de la Chine et le philosophe d'Athènes. Dans son traité De la république, Cicéron, cherchant quel est le vrai souverain et la loi véritable, n'en reconnaît point d'autre que Dieu et sa loi.

« La loi véritable, dit-il, est la droite raison conforme à la nature, loi répandue dans tout le genre humain, loi constante, éternelle, qui rappelle au devoir par ses commandements, qui détourne du mal par ses défenses, et qui, soit qu'elle défende, soit qu'elle commande, est toujours écoutée des gens de bien et méprisée des méchants. Substituer à cette loi une autre loi est une impiété;'il n'est permis d'y déroger en rien, et l'on ne peut l'abroger entièrement. Nous ne pouvons être déliés de cette loi ni par le sénat ni par le peuple." Elle n'a pas besoin d'un autre interprète qui l'explique ; il n'y aura point une autre loi à Rome, une autre à Athènes, une autre maintenant, une autre après; mais une même loi, éternelle et immuable, régira tous les peuples dans tous les temps; et celui qui a porté, manifesté, promulgué cette loi, Dieu, sera le seul maître commun et le souverain monarque de tous; quiconque refusera de lui obéir se fuira lui-même, et renonçant à la nature humaine, par cela même il subira de très-grandes peines, quand il échapperait à ce qu'on appelle des supplices ici-bas 2. »

« Où cette loi est méconnue, violée par la tyrannie d'un, de plusieurs, ou de la multitude, non-seulement la société politique y est vicieuse, il n'y a plus même de société. Cela est encore plus vrai d'une démocratie que de tout autre gouvernement 3. »

« Dans son premier livre Des lois, le même Cicéron dit que, pour établir le droit, il faut remonter à cette loi souveraine, qui est née tous les siècles avant qu'aucune loi eût été écrite, ni aucune ville

1 Plat., edit. Bipont., t. 8, l. 1, p. 4 et 8; l. 4, p. 170-181. blicâ, 1. 3, n. 16. - 3 Ibid., n. 25.

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Cicero, De repu

fondée. Pour y parvenir, il faut croire avant tout que la nature entière est gouvernée par la divine Providence, que l'homme a été créé par le Dieu suprême, et que, par la raison, il est en société avec Dieu. Cette raison, commune à Dieu et à l'homme, voilà la loi qui fait de cet univers une seule cité sous le Dieu tout-puissant. De croire que tout ce que décrètent les peuples est juste, rien de plus insensé. Si le droit dépendait des ordonnances des peuples, des décrets des princes, des arrêts des juges, le vol, l'adultère, la supposition de faux testaments seraient un droit, s'il en prenait envie à la multitude 1. >>

Examinant, au second livre, la nature de cette loi première, à laquelle se doivent rapporter toutes les autres, il s'exprime ainsi : « Je vois que c'était le sentiment des sages que la loi n'est point une invention de l'esprit de l'homme, ni une ordonnance des peuples, mais quelque chose d'éternel qui régit tout l'univers, par des commandements et des défenses pleins de sagesse. C'est pourquoi ils disaient que cette loi première et dernière est le jugement même de Dieu qui ordonne ou défend selon la raison; et c'est de cette loi que vient celle que les dieux ont donnée à l'homme 2.

« Dès notre enfance, dit-il ensuite, nous nous accoutumons à nommer lois les ordonnances des hommes. Mais en parlant de la sorte, nous devons toujours nous rappeler que ces commandements et ces défenses des peuples n'ont point la force d'obliger à la vertu et de détourner du péché. Cette force est non-seulement plus ancienne que toutes les nations et les cités, elle est du même âge que ce Dieu qui soutient et régit le ciel et la terre. La loi véritable est la raison conforme à la nature des choses, qui nous porte à faire le bien et à éviter le mal : elle ne commence pas à être loi au moment où on l'écrit, mais elle est loi dès sa naissance, et elle est née avec la raison divine; c'est pourquoi la loi véritable et souveraine, à laquelle il appartient d'ordonner et de défendre, est la droite raison du Dieu suprême. Ce que décrètent les peuples, suivant les temps et les circonstances, reçoit le nom de loi plus de la flatterie que de la réalité. Quant aux décrets injustes, ils ne méritent pas plus le nom de lois que les complots des larrons 3. »

De tout cela, Cicéron conclut que, hors cette loi souveraine, nulle autre ne mérite d'être regardée comme loi, ni même d'en porter le nom. Et comme il soutient en même temps qu'une cité sans loi doit être comptée pour rien, il s'ensuit qu'un gouvernement, qu'une souveraineté qui n'est pas fondée sur la loi divine,

'Cicero, De legibus, l. 1, n. 6 et 7, 15 et 16.- 2 Ibid., l. 2, n, 1.— 3 Ibid,, n. 5.

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n'est fondée sur aucune loi, et par conséquent doit être comptée pour rien 1.

Voilà comme les trois représentants de l'antique sagesse, Confucius, Platon, Cicéron, professent d'une voix que Dieu seul est le vrai souverain des hommes; qu'il n'est point de puissance qu'elle ne vienne de lui; que sa raison est la loi souveraine et normale de toutes les autres; que ce que les princes, les juges et les peuples décrètent de contraire à cette règle suprême n'est rien moins qu'une loi; qu'il viendrait un temps où le Saint par excellence, le Verbe, ison même de Dieu, se manifestant d'une manière sensible, donnerait à tous les peuples la même loi, et ferait de tout le genre humain un seul empire dont Dieu serait le seul maître commun et le souverain monarque.

Cette antique doctrine de la sagesse humaine est comme un lointain écho de la sagesse divine. En joignant l'une à l'autre, on peut établir les articles suivants du gouvernement divin de l'humanité : ARTICLE ler. - DIEU SEUL EST PROPREMENT SOUVERAIN.

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<«< Et (six siècles avant le sage de la Chine) David bénit Dieu devant toute la multitude, et il dit : Seigneur, qui êtes le Dieu d'Israël, notre père, vous êtes béni dans tous les âges. A vous, Seigneur, appartient la grandeur, la puissance, la gloire et la victoire; à vous la louange, car tout ce qui est dans le ciel et sur la terre est à vous. A vous est l'empire, et vous êtes élevé au-dessus de tous les princes. Les richesses sont à vous, la gloire est à vous; c'est vous qui avez la souveraine puissance sur toutes les créatures. La force et le pouvoir sont entre vos mains; la grandeur et l'empire sur tous les hommes 2. »

« Toutes les extrémités de la terre se ressouviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui; toutes les familles des nations se prosterneront devant lui. A lui appartient l'empire, il régnera sur tous les peuples 3.»

Nabuchodonosor, roi de Babylone, reconnaît dans un édit public que Dieu l'avait dépouillé de son royaume, privé de sa raison, et confiné parmi les animaux sauvages, jusqu'à ce qu'il reconnût que le Très-Haut domine l'empire des hommes, qu'il le donne à qui il veut, et que, quand il lui plaît, il établit roi le dernier des hommes. « A la fin des jours, moi, Nabuchodonosor, je levai mes yeux au ciel, la connaissance me revint, je bénis le Très-Haut, je louai celui qui vit dans les siècles, je le glorifiai, parce que sa puissance est une puissance éternelle, et que son règne est de génération en génération.

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Tous les habitants de la terre sont réputés un néant; il fait suivant son bon plaisir et dans l'armée des cieux et dans les habitants de la terre. Nul qui lui frappe dans la main, et lui dise : Qu'avez-vous fait 1? »

« Cyrus, roi des Perses, publia dans tout son royaume ce décret : Ainsi, parle Cyrus, roi des Perses: Jéhova, le Dieu du ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre : c'est lui qui m'ordonne de lui bâtir une maison à Jérusalem dans la Judée 2. >>

Aussi, dans les divines Écritures, le trône de David et de Salomon est-il appelé le trône de Jéhova, comme, dans les anciens livres des Chinois, il est appelé la place céleste, et l'empire, la commission du ciel 3.

ART. II.

LE FILS DE DIEU FAIT HOMME, LE CHRIST OU MESSIE, A ÉTÉ INVESTI par son Père de cette puISSANCE SOUVERAINE.

« J'ai été établi roi sur Sion, sa montagne sainte, et j'en publierai le décret. Le Seigneur n'a dit : Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui. Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et pour empire les confins de la terre. Tu les gouverneras avec un sceptre de fer, et tu les briseras comme un vase d'argile. Et maintenant, ô rois! comprenez; instruisez-vous, juges de la terre; servez le Seigneur avec crainte, et réjouissez-vous en lui avec tremblement. Embrassez sa loi 4, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez dans votre voie quand sa colère s'allumera soudain 5. >>>

« Jéhova a dit à mon Seigneur: Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied. Jéhova va faire sortir de Sion le sceptre de votre autorité. Établissez votre empire au milieu de vos ennemis. La principauté est avec vous, elle éclatera au jour de votre force, dans la splendeur des saints. Je vous ai engendré de mon sein avant l'aurore. Jéhova l'a juré, et il ne révoquera point son serment: Vous êtes le prêtre éternel, selon l'ordre de Melchisédech. Le Seigneur est assis à votre droite; il écrasera les rois au jour de sa colère, il jugera les nations, il multipliera les cadavres, il brisera la tête d'un grand nombre sur la terre. Il boira en passant l'eau du torrent; c'est pourquoi il lèvera la tête 6.

« Dans le temps de ces rois, dit Daniel au roi de Babylone, en lui expliquant sa mystérieuse vision, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, un royaume qui ne passera point

1 Daniel, 4.- 2 Esdras, 1, 1. - 3 Paral., 29, 23. - Dans l'hébreu : Baisez ou adorez le Fils.-5 Psalm. 2. 6 Ibid., 109.

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