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ces paroles : «< Bienheureux ceux qui souffrent persécution 1.; » et ces autres non moins convaincantes : « Celui qui ne se hait pas soi>> même, et qui ne porte pas sa croix tous les jours, n'est pas digne » de moi 2. 2. »

Ah! nous les croyons,ô Sauveur Jésus : c'est vous qui les avez proférées. Mais si vous les croyez, nous dit-il, prouvez-le-moi par vos œuvres. Ce sont les souffrances, ce sont les combats, c'est la peine, c'est le grand travail, qui justifient la sincérité de la foi. Seigneur, tout ce que vous exigez de nous est l'équité même : donnez-nous la grâce de l'accomplir; car en vain entreprendrions-nous par nos propres forces de l'exécuter: bientôt nos efforts impuissants ne nous laisseroient que la confusion de notre superbe témérité. Soutenez donc, ô Dieu tout-puissant, notre foiblesse par votre Esprit saint! Faites-nous des chrétiens véritables, c'est-à-dire, des chrétiens amis de la croix: accordez-nous cette grâce par les exemples et par les prières de Victor votre serviteur, dont nous honorons la mémoire; afin que l'imitation de sa patience nous mène à la participation de sa couronne. Amen.

PRÉCIS D'UN PANÉGYRIQUE

POUR LA FÊTE DE SAINT JACQUES.

Désir ambitieux des deux frères. Nature de leur erreur : comment Jésus-Christ la corrige, et leur accorde l'effet de leur demande. Avec quelle fidélité nous devons boire son calice.

Dic ut sedeant hi duo filii mei, unus ad dexteram tuam, et unus ad sinistram in regno tuo.

Dites que mes deux fils soient assis dans votre royaume, l'un à votre droite, et l'autre à votre gauche. Matth., xx. 21.

Nous voyons trois choses dans l'Evangile : premièrement leur ambition réprimée: Nescitis quid petatis 3 : « Vous ne savez ce que vous >> demandez; » secondement, leur ignorance instruite : Potestis bibere calicem ? « Pouvez-vous boire le calice que je dois boire? » troisièmement, leur fidélité prophétisée : Calicem quidem meum bibetis* : « Vous boirez, il est vrai, mon calice. >>

PREMIER POINT.

Il est assez ordinaire aux hommes de ne savoir ce qu'ils demandent, parce qu'ils ont des désirs qui sont des désirs de malades, in-spirés par la fièvre, c'est-à-dire, par les passions; et d'autres ont des désirs d'enfants, inspirés par l'imprudence. Il semble que celui de ces deux apôtres n'est pas de cette nature: ils veulent être au▲ Matth., v. 10.- a Ibid., x. 38.—3 Ibid., xx. 22.— 4 Ibid., 23.

VII.

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près de Jésus-Christ, compagnons de sa gloire et de son triomphe; cela est fort désirable, l'ambition n'est pas excessive. Il veut que nous régnions avec lui; et lui qui nous promet de nous placer jusque dans son trône, ne doit pas trouver mauvais que l'on souhaite d'être à ses côtés néanmoins il leur répond : « Vous ne savez ce que vous >> demandez: » Nescitis quid petatis.

Pour découvrir leur erreur, il faut savoir que les hommes peuvent se tromper doublement : ou en désirant comme bien ce qui ne l'est pas; ou en désirant un bien véritable; sans considérer assez en quoi il consiste, ni les moyens pour y arriver. L'erreur des apôtres ne git pas dans la première de ces fausses idées; ce qu'ils désirent est un fort grand bien, puisqu'ils souhaitent d'être assis auprès de la personne du Sauveur des âmes: mais ils le désirent avec un empressement trop humain ; et c'est là la nature de leur erreur, causée par l'ambition qui les anime. Ils s'étoient imaginé Jésus-Christ dans un trône, et ils souhaitoient d'être à ses côtés; non pas pour avoir le bonheur d'être avec lui, mais pour se montrer aux autres dans cet état de magnificence mondaine : tant il est vrai qu'on peut chercher Jésus-Christ, même avec une intention mauvaise, pour paroître devant les hommes, afin qu'il fasse notre fortune. Il veut qu'on l'aime nu et dépouillé, pauvre et infirme, et non-seulement glorieux et magnifique. Les apôtres avoient tout quitté pour lui, et néanmoins ils ne le cherchoient pas comme il faut; parce qu'ils ne le cherchoient pas seul. Voilà leur erreur découverte, et leur ambition réprimée : voyons maintenant, dans le second point, leur ignorance instruite.

DEUXIÈME POINT.

Il semble quelquefois que le Fils de Dieu ne réponde pas à propos aux questions qu'on lui fait. Ses apôtres disputent entre eux pour savoir quel est le plus grand, Quis videretur esse major1, et JésusChrist leur présente un enfant, et leur dit : « Si vous ne devenez » comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des » cieux : » Nisi efficiamini sicut parvuli, non intrabitis in regnum cœlorum 2. Si donc le divin Sauveur en quelques occasions ne satisfait pas directement aux demandes qui lui sont faites, il nous avertit alors de chercher la raison dans le fond de la réponse. Ainsi en ce lieu on lui parle de gloire, et il répond en représentant l'ignominie qu'il doit souffrir c'est qu'il va à la source de l'erreur. Les deux disciples s'étoient figuré qu'à cause qu'ils touchoient de plus près au Fils de Dieu par l'alliance du sang, ils devoient aussi avoir les premières places dans son royaume; c'est pourquoi, pour les dés1 Luc., XXII. 24.-2 Matth., XVIII. 4.

abuser, il les rappelle à sa croix : Potestis bibere calicem ? Et pour bien entendre cette réponse il faut savoir qu'au lieu que les rois de la terre tirent le titre de leur royauté de leur origine et de leur naissance, Jésus-Christ tire le sien de sa mort. Sa naissance est royale, il est le fils et l'héritier de David, et néanmoins il ne veut être roi que par sa mort. Le titre de sa royauté est sur sa croix : il ne confesse qu'il est roi qu'étant près de mourir. C'est donc comme s'il disoit à ses disciples: Ne prétendez pas aux premiers honneurs, parce que vous me touchez par la naissance : voyez si vous avez le courage de m'approcher par la mort. Celui qui touche le plus à ma croix, c'est celui à qui je donne la première place; non pour le sang qu'il a reçu dans sa naissance, mais pour celui qu'il répandra pour moi dans sa mort: voilà le bonheur des chrétiens. S'ils ne peuvent toucher Jésus-Christ par la naissance, ils le peuvent par la mort, et c'est là la gloire qu'ils doivent envier.

TROISIÈME POINT.

Les disciples acceptent ce parti : « Nous pouvons, disent-ils, boire >> votre calice, » Possumus1; et Jésus-Christ leur prédit qu'ils le boiront. Leur promesse n'est pas téméraire: mais admirons la dispensation de la grâce dans le martyre de ces deux frères. Ils demandoient deux places singulières dans la gloire, il leur donne deux places singulières dans sa croix. Quant à la gloire, « ce n'est pas à moi à vous >> la donner: » Non est meum dare vobis ; je ne suis distributeur que des croix, je ne puis vous donner que le calice de ma passion; mais dans l'ordre des souffrances, comme vous êtes mes favoris, vous aurez deux places singulières. L'un mourra le premier, et l'autre le dernier de tous mes apôtres; l'un souffrira plus de violence, mais la persécution plus lente de l'autre éprouvera plus longtemps sa persévérance. Jacques a l'avantage, en ce qu'il boit le calice jusqu'à la dernière goutte. Jean le porte sur le bord des lèvres : prêt à boire, on le lui ravit, pour le faire souffrir plus longtemps.

Apprenons par cet exemple à boire le calice de notre Sauveur, selon qu'il lui plaît de le préparer. Il nous arrive une affliction, c'est le calice que Dieu nous présente : il est amer, mais il est salutaire. On nous fait une injure ne regardons pas celui qui nous déchire; que la foi nous fasse apercevoir la main de Jésus-Christ, invisiblement étendue pour nous présenter ce breuvage. Figurons-nous qu'il nous dit: Potestis bibere ? « Avez-vous le courage de le boire ? » Mais avez-vous la hardiesse; ou serez-vous assez lâches de le refuser de ma main, d'une main si chère ? Une médecine amère devient douce, 1 Matth., X. 22.

en quelque façon, quand un ami, un époux, etc., la présente : vous la buvez volontiers, malgré la répugnance de la nature. Quoi! Jésus-Christ vous la présente, et votre main tremble, votre cœur se soulève! vous voudriez répandre par la vengeance la moitié de son amertume sur votre ennemi, sur celui qui vous a fait tort! ce n'est pas là ce que Jésus-Christ demande. Pouvez-vous boire, dit-il, ce calice des mauvais traitements, qu'on vous fera boire? Potestis bibere? Et non pas : Pouvez-vous renverser sur la tête de l'injuste qui vous vexe, ce calice de la colère qui vous anime? La véritable force, c'est de boire tout jusqu'à la dernière goutte. Disons donc avec les apôtres Possumus: mais voyons Jésus-Christ qui a tout bu comme il l'avoit promis: Quem ego bibiturus sum. Et quoiqu'il fût tout-puissant pour l'éloigner de lui, il n'a usé de son autorité que pour réprimer celui qui, par l'affection toute humaine qu'il lui portoit, vouloit l'empêcher de le boire : Calicem quem dedit mihi Pater, non vis ut bibam illum 1?

PANÉGYRIQUE DE SAINT BERNARD.

PRÉCHÉ A METZ.

La vie chrétienne et la vie apostolique de saint Bernard, fondées l'une et l'autre sur la vie de Jésus-Christ crucifié.

Non enim judicavi me scire aliquid inter vos, nisi Jesum Christum, et hunc crucifixum.

Je n'ai pas estimé que je susse aucune chose parmi vous, si ce n'est Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. 1 Cor., II. 2.

Nos Eglises de France ont introduit dans le dernier siècle une pieuse coutume, de commencer les prédications en invoquant l'assistance divine par les intercessions de la bienheureuse Marie. Comme nos adversaires ne pouvoient souffrir l'honneur si légitime que nous rendons à la sainte Vierge, comme ils le blåmoient par des invectives aussi sanglantes qu'elles étoient injustes et téméraires, l'Eglise a cru qu'il étoit à propos de résister à leur audacieuse entreprise, et de recommander d'autant plus cette dévotion aux fidèles, que l'hérésie s'y opposoit avec plus de fureur. Et parce que nous n'avons rien de plus vénérable que la prédication du saint Evangile, c'est là qu'elle invite tous ses enfants à implorer les oraisons de Marie, qu'elle reconnoît leur être si profitables.

Mais il y a, ce me semble, une autre raison plus particulière de cette sainte cérémonie : c'est que le devoir des prédicateurs est d'engendrer Jésus-Christ dans les âmes : « Mes petits enfants, dit

1 Joan., XVIII. 11.

>> l'apôtre, pour lesquels je suis encore dans les douleurs de l'enfan>>tement, jusqu'à ce que Jésus-Christ soit formé en vous 1. » Vous voyez qu'il enfante et qu'il engendre Jésus-Christ dans les âmes : ainsi il y a quelque convenance entre les prédicateurs de la parole divine, et la sainte Mère de Dieu. C'est pourquoi le grand saint Grégoire ne craint pas d'appeler mères de Jésus-Christ, ceux qui sont appelés à ce glorieux ministère. De là vient que l'Eglise s'est persuadée aisément que vous, ô très-heureuse Marie bénite entre toutes les femmes; vous qui avez été prédestinée dès l'éternité pour engendrer selon la chair le Fils du Très-Haut, vous aideriez volontiers de vos pieuses intercessions ceux qui le doivent engendrer en esprit dans les cœurs de tous les fidèles.

Mais dans quelle prédication doit-on plus espérer de votre secours, que dans celle que ce peuple attend aujourd'hui, où nous avons à louer la grâce et la miséricorde divine dans la sainteté du dévot Bernard, de Bernard le plus fidèle et le plus chaste de vos enfants; celui de tous les hommes qui a le plus honoré votre maternité glorieuse, qui a le mieux imité votre pureté angélique, qui a cru devoir à vos soins et à votre charité maternelle l'influence continuelle des grâces qu'il recevoit de votre cher fils? Aidez-nous donc par vos saintes prières, ô très-bénite Marie! aidez-nous à louer l'ouvrage de vos prières; pour cela nous nous jetons à vos pieds, vous saluant et vous disant avec l'ange: Ave.

Parmi les divers ornements du pontife de la loi ancienne, celui qui me semble le plus remarquable c'est ce mystérieux pectoral sur lequel, selon l'Ecriture, il portoit gravé ces mots : Urim et tumim3, c'est-à-dire, vérité et doctrine; ou, comme l'entendent d'autres interprètes, lumière et perfection. Je sais que cela est écrit pour nous faire voir quelles doivent être les qualités des ministres des choses sacrées; et qu'encore que leurs habillements magnifiques semblent les rendre assez remarquables, ce n'est pas là toutefois ce qui les doit discerner du peuple; mais que la vraie marque sacerdotale, le vrai ornement du grand prêtre, c'est la doctrine et la vérité : c'est ce qui nous est représenté en ce lieu.

Mais si nous portons plus loin nos pensées; si dans le pontife du vieux Testament, qui n'avoit que des ombres et des figures, nous considérons Jésus-Christ, qui est la fin de la loi et le pontife de la nouvelle alliance, nous y trouverons quelque chose de plus merveilleux. Chrétiens, c'est ce saint pontife, c'est ce grand sacrificateur qui porte véritablement sur lui-même la doctrine, la perfection 1 Galal., IV. 19.-2 In Evang., lib. 1. Hom. 111. n. 2. tom. 1. col. 1444.—3 Levil., VIII, 8.

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