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sa pensée se sent à l'aise, où il trouve les harmonies de la science qu'il recherche partout. Mais il ne s'est pas arrêté à l'étude de cette belle époque, au milieu de ces génies qui semblent frères du sien, et dans la familiarité desquels il est entré, tant il les a étudiés : mais il est remonté plus haut; car il ne veut rien dédaigner : il a fait voir comment toutes les grandes voix du génie ont toujours redit les mêmes enseignements à travers les siècles, depuis les douces et sereines inspirations du disciple de Socrate, chants de l'aurore de la pensée philosophique, jusqu'aux profondes méditations de Descartes, de Pascal, de Leibnitz, de Mallebranche, de Bossuet, Pétau et de Thomassin. Le P. Gratry montre tous ces grands hommes se réunissant dans le foyer de la vérité, et fesant entendre, des profondeurs de l'histoire, le concert de la vérité universelle. En cela il a suivi les traces de Thomassin, le grand théologien de l'Oratoire, et l'on doit lui appliquer à lui-même ce qu'il a dit de son illustre prédécesseur. Il prend tout en bonne part, lorsque cela n'est pas entièrement impossible; il rejette peu, admet beaucoup son génie vaste est largement hospitalier; il trouve toujours chez lui quelque place pour chacun; il ne repousse que les méchants et les impies; mais tout ce qui a été sérieux, sincère dans la recherche du vrai est accueilli. »

Cependant on doit bien reconnoître que, si cette méthode lui a admirablement réussi quant à Platon, elle a été trop loin en indulgence pour Aristote; on le sait, ce philosophe s'étoit renfermé dans la sphère logique avec une fermeté qui a fait la gloire de son génie; il rejetoit toutes les idées qu'il ne pouvoit concilier dans ses syllogismes, et repoussant loin de lui comme de sublimes rêves, les immortels instincts du cœur, poursuivant la réalité dans une analyse glacée, il avoit élevé devant l'œil de la raison un système que celle-ci pouvoit embrasser d'un regard, sans rien qui dût l'émouvoir ni la troubler. Dans ce système, il n'y a pas de création; Dieu n'est que le terme suprême de la série des existences; l'homme n'a qu'une participation d'âme et un semblant d'immortalité.

Pour ramener à la vérité ce sublime rationaliste, le P. Gratry, au lieu de l'expliquer, a dù le transformer à l'exemple de saint Thomas d'Aquin, qui lui emprunta presque toutes ses idées de détail, mais pour les placer dans le magnifique plan que lui-même avoit conçu. Le P. Gratry a très-clairement indiqué le but de ses travaux philosophiques : le rationalisme a aujourd'hui accompli toute son évolution, il est parvenu à ses dernières conséquences, il a abouti à l'absurde et il l'a avoué, il s'en est fait gloire; il a proclamé par la bouche de Hegel qu'il n'y avoit de possible, de vrai, de réel que la contradiction, il a pris pour base cet axiome que l'être c'est le néant; et prétendu démontrer l'identité de l'identique et du non identique. Le P. Gratry a compris que cette audacieuse entreprise, en renversant la raison, tend à ruiner le monde moral; qu'elle abaisse les âmes, pour les livrer tout entières à l'empire des sens; il a vu l'esprit d'incrédulité cherchant par cette dégradation de la raison, à détruire le christianisme, à obstruer les âmes d'erreurs, pour empêcher que le rayon de la foi ne parvienne jusqu'à elles. A la vérité, la

foi est indépendante de la raison; mais celle-ci peut lui fournir son appui, l'éclairer de ses rayons; elle sert ensuite à préparer le cœur, à recevoir la lumière surnaturelle; ce sont ces deux grandes vérités, que les prodigieux travaux de saint Thomas ont apprises au P. Gratry. La somme philosophique, dit-il, c'est l'intelligence cherchant la foi; la somme théologique, c'est la foi cherchant l'intelligence. Mais quelqu'imposant que soit ce témoignage du saint Docteur dont la somme théologique resta toujours ouverte sous les yeux des Pères du Concile de Trente, quelque puissante que soit l'unanimité des plus grands génies en faveur des droits de la raison, l'auteur De la connoissance de Dieu se sent encore appuyé sur une autorité plus décisive, celle de l'Eglise. L'Eglise en effet a toujours condamné la doctrine fanatique, qui annihile la raison humaine, et foule aux pieds ce don naturel de Dieu. Cette doctrine étoit celle de Calvin et de Luther, et elle ne se trouve pas seulement énoncée dans quelques passages de leurs écrits, mais elle est le fondement même de la réforme religieuse qu'ils voulurent opérer. Selon eux, le péché originel a détruit, brisé, anéanti toutes les puissances naturelles de l'homme, il nous a enlevé la raison et la liberté pour nous livrer sans partage à la concupiscence. C'est de ce point de départ, comme l'a montré Moehler dans sa symbolique, qu'ils arrivoient à la doctrine de la justification par la foi seule et sans les œuvres selon eux, l'homme par lui-même n'a de puissance que pour le péché; Dieu seul opère le bien dans la créature, sans aucun concours; celle-ci est incapable de tout mérite, et la justification n'extirpe pas le péché mais ne fait que le couvrir aux yeux de la justice souveraine. On conçoit que Luther ait condamné toutes les sciences spéculatives comme des erreurs damnables, et que Swingle ait exprimé le vœu que les élèves du sanctuaire se passent de livres pour apprendre un métier. Le P. Gratry n'a pas seulement la régle infaillible des décisions qui ont condamné les hérésies de Luther, de Calvin, de Baïus et de Quesnel. Mais il trouve encore la question des droits de la raison directement exposée dans le Cathéchisme romain, composé par ordre du Concile de Trente, et sanctionné dans tous les temps par les plus éclatantes approbations de l'autorité ecclésiastique. Voici les passages qu'il cite : « Telle est la nature de l'âme et de l'intelligence, dit ce cathéchisme œcuménique, que, quoi qu'elle ait pu découvrir par elle-même à force de travail et de soin beaucoup de vérités dans l'ordre des choses divines, cependant la plus grande partie de ces vérités, celles qui mènent au salut éternel, fin pour laquelle Dien créa l'homme à son image, la raison ne peut les voir ni les connoître par sa seule lumière naturelle. «La grande différence entre la philosophie chrétienne et celle du siècle consiste en ce que cette dernière, guidée par la seule lumière naturelle, prenant pour point de départ les choses visibles et les effets de Dieu, ne s'élève à comprendre les perfections invisibles de Dieu que peu à peu, difficilement, après de longs travaux, et parvient ainsi à connoître que Dieu est, et qu'il est cause première et auteur de toutes choses; mais la foi au contraire élève et fortifie tellement le regard de notre âme, qu'elle pénètre le ciel sans effort, s'y trouve enveloppée de la lumière de Dieu, peut contempler d'abord la

source même de l'éternelle lumière, puis dans cette source toutes les choses créées, en sorte que l'âme connoît par expérience, comme le dit le prince des Apôtres, qu'elle est appelée à l'admirable lumière de Dieu et elle tressaille de bonheur dans sa foi,

» Dieu habite, dit l'apôtre, une lumière inaccessible, que nul homme ne voit ni ne peut voir. Notre âme, pour arriver à la sublimité de Dieu, doit être dégagée de ses sens. C'est ce qui est imposible en cette vie par les seules forces de la nature.

» Ce n'est pas toutefois qu'en aucun temps Dicu ait laissé l'homme sans témoignage de lui-même; il a rempli le monde de biens, dit l'apôtre; il a donné au ciel la rosée, à la terre sa fécondité, à tout ce qui vit sa nourriture, au cœur de l'homme sa joie. Et c'est là ce qui a appris aux philosophes à ne rien attribuer de bas à la majesté de Dieu, à éloigner de son idée toute matière, tout mélange grossier, à lui attribuer tout bien et toute vertu en un degré parfait; à le concevoir comme la source vive et inépuisable de toute bonté, de toute qualité, d'où découle sur la créature toute perfection; à l'appeler sage, ami de la vérité, principe de la vérité et autres noms qui supposent la souveraine et absolue perfection; enfin à le dire immense, infini dans sa force, dans sa grandeur, dans sa puissance et dans son action. Tels sont les grands traits de la connoisance de Dieu, vraiment conformes à la nature de Dieu et à l'autorité des saints livres, que la philosophie a découverts dans la contemplation de la nature. Et toutefois sur ce point même on connoit aussitôt la nécessité de l'enseignement divin, si l'on remarque que la foi, non seulement donne, comme on l'a dit, aux plus simples et aux plus ignorants, de suite et clairement, les connaissances que les sages n'obtiennent qu'à force de temps et d'efforts; mais encore qu'elle imprime dans l'âme une connoissance plus certaine et plus pure que si l'intelligence y parvenoit par le travail de la pensée humaine : outre que la lumière de la foi ouvre aux croyants un autre ordre de connoissances divines que ne sauroit donner le spectacle de la nature. » Après cela on conçoit que le P. Gratry combatte de toutes ses forces, le pyrrhonisme prétendûment catholique. Au moment où le rationalisme, dans l'arrogance de sa force naissante, proclama la souveraineté de la raison et menaça de détruire la religion, les esprits exagérés crurent qu'il n'y avoit qu'un moyen de conjurer le danger, c'étoit d'annihiler la raison; qu'il falloit la détruire pour empêcher ses empiètements, lui contester le droit de vivre parce qu'elle avoit prétendu à l'empire. Par là ils travailloient à l'œuvre du rationalisme, qui a fini par vouloir prouver que la raison humaine ne peut affirmer que ses contradictions: aujourd'hui ils lui donnent la main ; car il est rigoureusement vrai en métaphysique que les extrêmes se touchent. Le protestantisme, p. ex., commençoit par contester toute effica cité aux facultés naturelles; d'après lui, c'étoit Dieu seul qui opéroit le bien dans l'homme, dirigeoit sa volonté de même c'étoit l'EspritSaint qui seul éclairoit toute intelligence et lui enseignoit intérieurement le sens des divines écritures: il en résultoit que chacun se croyoit le droit de prendre tous les caprices et toutes les contradictions de sa raison pour des révélations d'en haut. La doctrine du

libre examen sortit de la doctrine qui nioit toute liberté et ne voyoit partout que l'empire de la grâce; la raison humaine après avoir été déclarée éteinte par le péché, se trouva divinisée, et reconnue pour la voix de l'Esprit saint. De même le rationalisme commence par enseigner la souveraineté de la raison et il aboutit à en faire un objet de dérision, ne lui laissant d'autre partage que celui de l'absurde : il la proclame seule reine de l'empire de la lumière et il laisse le jour baisser autour d'elle, les ténèbres l'envelopper pour s'écrier enfin : le jour c'est la nuit. Il la place sur l'autel mais pour lui faire subir la dégradation des sens.

Le P. Gratry s'efforce donc de montrer et de défendre les droits de la raison : le dernier terme d'abaissement selon lui, c'est l'indifférence en matière raisonnable; il veut relever les âmes, il sait que plus l'intelligence s'élève, plus elle est près de la foi. « Autrefois, s'écrie-t-il, on menaçoit le christianisme de la raison et de la liberté ; aujourd'hui, nous osons affirmer ceci : on ne peut plus combattre le christianisme qu'en détruisant la raison et la liberté. »

Il nous restera maintenant à faire connoître en résumé les idées que le P. Gratry expose dans son traité de la connoissance de Dieu et dans son traité de logique. EM. LION.

SUR LE JURY D'ÉLÈVE UNIVERSITAIRE.

Tel qu'étoit ce jury, nous pensons que c'est un bonheur de le voir supprimé. Cependant beaucoup de personnes sont portées à croire, qu'un jury d'élève universitaire, bien organisé, impartial et qui n'exigeroit dans un humaniste que les connoissances essentielles pour être en état d'aborder l'étude des sciences universitaires, beaucoup de personnes, disons-nous, sont convaincues qu'un tel jury rendroit d'immenses services. En effet, il porteroit la jeunesse des colléges à s'appliquer, et à s'appliquer surtout aux matières les plus importantes; il peupleroit les universités de jeunes gens qui seroient à mème de construire, sur des fondements solides, l'édifice des hautes sciences, et il en excluroit les ineptes qui ne feroient qu'y perdre leur temps et l'argent de leurs parents; il n'en excluroit pas les jeunes gens timides ou qui s'énoncent moins facilement (parmi lesquels il y en a souvent de très-aptes pour les hautes études). De plus il contribueroit puissamment à faire refleurir les études solides et ce seroit un honneur pour la Belgique d'avoir donné un salutaire et éclatant exemple à d'autres pays où les fortes études vont à la dérive et où, comme chez nous, il ne règne que trop une malheureuse tendance vers les etudes superficielles.

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Voici, sur cette matière, les éléments d'un simple projet d'organisation, sans développement ni explication. Les hommes compétents qui ont l'expérience de l'enseignement et des examens, en jugeront facilement.

Il y a dans chaque chef-lieu de province un jury, composé de 3 membres titulaires et d'un suppléant.

Le candidat se fait inscrire dans le chef-lieu de son choix pendant la 1re moitié de juillet, en indiquant s'il a fait des études privées ou dans quel établissement public il a fait sa rhétorique.

Le Moniteur publie, avant le 20 juillet, les noms de tous les élèves inscrits, avec l'indication de l'établissement où ils ont fait leur rhétorique.

Avant la fin de juillet, les 27 établissements qui ont fourni le plus d'élèves, nomment un membre du jury, et les 9 établissements parmi ces 27 nomment, outre le membre titulaire, un membre suppléant. Le Moniteur publie, avant le 5 août, les membres nommés par chaque établissement.

Avant le 10 août, le ministre, devant une commission de 5 délégués (dont un appartient à l'enseignement officiel et un autre à l'enseignement libre) fait procéder à Bruxelles au tirage au sort, afin de connoître le nombre ternaire des titulaires et le membre suppléant qui forme le jury de chaque chef-lieu.

Un 1er tirage entre les membres délégués par les établissements de l'Etat désigne un membre pour chacun des 9 chefs-lieux ; un second tirage entre les membres délégués par les établissements libres désigne un second membre. S'il y avoit moins de 9 membres appartenant à l'une ou l'autre de ces deux catégories d'établissements, un 3me tirage entre les membres appartenant à la catégorie la plus nombreuse compléteroit le vide qu'il y a pour un ou plusieurs chefs-lieux. Un dernier tirage entre tous les membres restants indique pour chaque chef-lieu le membre qui complète le nombre ternaire du jury. Une même opération entre les 9 établissements qui ont fourni le plus d'élèves à examiner, fait connoître le suppléant de chaque chef-lieu. Le surlendemain, au plus tard, le Moniteur fait connoître les ternaires et le suppléant du jury de chaque chef-lieu.

Il n'y aura qu'un examen par écrit.

Le jury se réunit dans chaque chef-lieu, le 1r mardi d'août. Le lendemain, élection du président (avec voix prépondérante) et du secrétaire. Chaque membre présente une double matière, problème ou question sur les différents sujets que les élèves auront à traiter, Le jeudi, à 8 h., devant les élèves, sort de l'urne une des 6 matières du discours latin et de la version grecque. Séance de 3 heures. A 3 heures, sort de l'urne une des 6 matières à traiter. Séance jusqu'à 6 heures.

Le matin.

L'après-midi.

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Maximum des points à gagner:

Discours latin (calculé sur 2 h. de travail.) 40 points.
Version grecque (
39 1 h.

Discours français (

) 10

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>> I h.

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) 15

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Problème mathématique 1 h.

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4 questions d'hist. (anc., moyen-âge, moderne, de la Belgique 2 1/2 points) 10 2 questions de géogr. 2 1/2 }) ) 5 ม (Quest. générale ou sur un point saillant.) Le lendemain, à 9 heures, seance supplémentaire, pour les élèves qui voudroient composer un discours ou flamand ou allemand ou anglais.)

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Total: 100 points.

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