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Les services médicaux doivent souvent coordonner leur action avec celle d'autres services techniques ressortissant à divers Ministères, dont on ne peut les séparer. Ne risque-t-on pas dès lors de créer des étatsmajors sans troupes et partant sans action?

Pour être immédiatement bienfaisante, sans toutefois réaliser déjà la solution idéale du problème, la loi sanitaire nouvelle devrait donner une valeur d'obligation, mieux définie et plus accentuée, aux prescriptions des divers services d'hygiène publique. Elle devrait rendre plus aisée, et presque obligatoire, la collaboration intime de ces services, jusqu'ici trop dispersés. Elle devrait conseiller et même ordonner l'intervention, à titre consultatif, dans ces organismes d'administration, de tous ceux auxquels la pratique de l'art médical donne une certaine compétence; ces praticiens à leur tour assumeraient la charge importante, et parfois difficile, d'éclairer le public sur les bienfaits de l'hygiène ainsi que sur l'observation de ses préceptes les plus élémentaires.

Une telle loi porterait remède aux trois obstacles, dont nous avons parlé plus haut. Le public et les personnes compétentes seconderaient de la sorte les pouvoirs publics, agissant d'autorité, dans le but commun d'assurer à tous une protection efficace.

Docteur H. RULOT,

Inspecteur Principal au Ministère de l'Intérieur.

VARIÉTÉS

I

L'EUVRE SCIENTIFIQUE

DE MATHIEU RICCI, S. J. (1552-1610). (1)

Mathieu Ricci est le plus grand missionnaire que la Compagnie de Jésus ait envoyé en Chine. Non seulement il créa la mission, mais il lui imprima d'emblée le caractère si original qu'elle devait conserver jusqu'à la suppression de l'Ordre : chaque progrès du christianisme y fut toujours accompagné d'un progrès parallèle de la science profane.

(1) Mathieu Ricci naquit à Macerata, le 6 octobre 1552. Après avoir terminé ses humanités et s'être adonné quelque temps au droit, il fut reçu dans la Compagnie de Jésus, le 15 août 1571. Envoyé à Goa, puis à Macao, ses supérieurs lui confièrent la mission de tâcher d'introduire le christianisme en Chine. C'est le 5 février 1583 qu'il obtint, pour la première fois, des autorités chinoises, un permis de séjourner dans l'Empire du Milieu.

Il faut distinguer deux périodes dans les longues années que Ricci passa depuis lors en Chine parmi les vicissitudes les plus diverses, souvent tragiques. Pendant la première de ces périodes, il cherche à prendre contact avec la civilisation chinoise, s'efforce de pénétrer dans le milieu policé et susceptible des lettrés. En Europe, des envieux mal informés n'ont pas compris cette attitude. Ils ont reproché à Ricci d'avoir trop oublié alors son rôle de missionnaire, pour ne songer qu'à celui de savant. L'événement a prouvé combien l'imputation était injuste. L'autorité que sa science des mathématiques et sa connaissance de la littérature chinoise avaient acquise à Ricci dans le monde des lettrés, lui permit de s'établir à Péking. Là il sut se concilier la bienveillance de l'Empereur Van-Li, et c'est à l'ombre de ce puissant patronage, qu'il fonda lentement, mais sûrement, la mission de Chine. Mathieu Ricci s'éteignit à Péking, le mercredi 11 mai 1610.

Sa vie a été écrite en portugais, immédiatement après sa mort, par un de ses compagnons, le P. Sabbatino de Ursis. Elle a été publiée, en 1910, par le P. Valère Cordeiro, S. J., sous le titre de : P. Matheus Ricci, S. J. Relaçao escripta pelo seu companheiro P. Sabbatino De Ursis, S. J... Roma, Tipo

En 1910, la ville de Macerata (Italie) célébra par des fêtes solennelles le trois-centième anniversaire de la mort de son illustre enfant. Pour en perpétuer le souvenir par un monument à la fois utile et durable, le comité organisateur décida la publication des Euvres historiques de Mathieu Ricci. Sous ce titre il faut entendre ses Mémoires et sa Correspondance. Cette dernière, malheureusement en partie perdue, était jusqu'ici presque entièrement inédite. Quant aux Mémoires, Nicolas Trigault en avait jadis donné une version latine (1) assez exacte pour le fond, mais très libre dans la forme. Elle faisait depuis longtemps désirer le texte italien original.

L'édition des Euvres historiques de Mathieu Ricci a été menée à bon terme par le P. Tacchi Venturi S. J., peu de temps avant la guerre (2). C'est un travail de solide érudition, com

grafia Enrico Voghera, 1910. Voir : REVUE DES QUEST. SCIENT., t. LXVIII, octobre 1910, pp. 602-604).

Parmi les biographies récentes de Ricci, je me contenterai d'en mentionner deux, l'une et l'autre excellentes :

L'Apostolato del P. Matteo Ricci D. C. D. G. in Cina secondo i suoi scritti inediti. Lettura del P. Pietro Tacchi Venturi D. M. C. tenuta all'Accademia di religione cattolica in Roma, il 12 di maggio 1910. Secunda edizione. Roma, Civiltà cattolica, 1910. (Voir : REV. DES QUEST. SCIENT., t. LXX, octobre 1911, p. 661). Ce travail a reçu un complément important, dans le Prospetto cronologico della vita del P. Matteo Ricci, que le P. Tacchi Venturi a publié dans les Opere storiche del P. Matteo Ricci S. J., pp. LXIII-LXVIII, dont nous parlerons plus loin.

Le Père Mathieu Ricci, fondateur des missions de Chine (1552-1610), par Joseph Brucker, S. J. ETUDES, t. 124. Paris, 1910, pp. 1-27; 185-208; 751-779. (1) De Christiana Erpeditione Apud Sinas Suscepta ab Societate Iesu. Ex P. Matthaei Riccii eiusdem Societatis Commentariis... Auctore P. Nicolao Trigaultio Belga ex eadem Societate, Augustae Vind. apud Christoph. Mangium. MDCXV.

(2) Opere storiche del P. Matteo Ricci S. I. Edite a cura del comitato per le onoranze nazionali, con prolegomeni, note e tavole dal P. Pietro Tacchi Venturi S. I. Volume primo. I commentarj della Cina. Macerata, Premiato Stabilimento tipografico avv. Filippo Giorgetti, 1911. Un volume grand in-4° de LXVIII-650 pages et 8 planches hors texte.

Les Commentaires ou Mémoires de Ricci sont édités d'après le manuscrit original, qui a été retrouvé par le P. Tacchi Venturi dans une collection d'anciennes lettres appartenant à la Compagnie de Jésus. Ce manuscrit fut rapporté de la Chine en Europe par un Belge, le P. Nicolas Trigault, qui avait été envoyé à Rome par ses confrères, comme procureur de la mission. Le manuscrit est tout entier de la main de Ricci, sauf quelques chapitres du dernier livre, que l'auteur n'eut pas le temps d'achever, et qui furent complétés par Trigault lui-même. L'autographe de Ricci est dûment authentiqué par la plume de son confrère belge.

1.es Mémoires sont composés de cinq livres divisés en chapitres. Le

posé de deux forts volumes, grand in-4°, imprimés avec luxe et enrichis de plusieurs belles gravures hors texte. Je sortirais du cadre de la REVUE si je voulais les analyser en entier, mais autre chose est d'y glaner quelques gerbes dans ce qu'ils nous apprennent sur Ricci géographe et sur Ricci réformateur de la mathématique chinoise: deux de ses titres de gloire.

I

Rien ne contribua plus à populariser le nom de Ricci dans les milieux chinois que la publication de sa Mappemonde, mais nous éprouvons aujourd'hui quelque peine à faire la bibliographie de cette œuvre importante. Les nouvelles pièces de la Correspondance nous fournissent la clef de la difficulté. Le 10 mai 1605, par exemple, Mathieu Ricci écrivait de Péking à son père, Jean-Baptiste Ricci, que la Mappemonde avait déjà eu au moins dix éditions. Or, la plupart de ces éditions sont com

P. Tacchi Venturi les a subdivisés en numéros, avec sommaires du contenu, placés en tête de chaque chapitre et répétés au fur et à mesure dans les marges. Idée excellente, facilitant beaucoup les recherches.

Opere storiche del P. Matteo Ricci S. I... etc... Volume Secondo. Le Lettere dilla Cina. Macerata... 1913. Un volume grand in-4o de LXXII-570 pages et 4 planches hors texte.

La première partie du volume est consacrée aux lettres de Ricci lui-même ; la dernière contient des lettres, dont Ricci ne fut pas, il est vrai, le destinataire, mais qui le concernent et sont écrites par ses collaborateurs. Parmi ces lettres, il faut remarquer celles de Michel Ruggieri, premier compagnon de Ricci en Chine, et celles de Nicolas Longobardi, son successeur immédiat dans le gouvernement de la mission.

Ce second volume se termine par un Index alphabétique, très développé, des matières et des noms propres, qui me dispense de multiplier les références dans les notes du bas des pages.

Je dois signaler encore dans ce même volume, l'Appendice consacré par le docteur Giovanni Vacca à la bibliographie des écrits chinois de Ricci ; travail érudit, plein de renseignements curieux. Peut-être m'est-il permis de regretter que le docteur Vacca n'ait pas connu les Notices biographiques et bibliographiques de Pfister; oubli bien excusable, sans doute, car ces Notices, autographiées à Chang-hai, n'ont pas été mises dans le commerce, et elles sont rares en Europe, même dans les maisons de la Compagnie. Je leur ai fait plusieurs emprunts. En voici le titre complet: Notices biographiques et bibliographiques de tous les membres de la Compagnie de Jésus qui ont vicu en Chine pour y prêcher l'Évangile, depuis la mort de S. François Xavier jusqu'à la suppression de la Compagnie, par le R. P. Louis Pfister de la même Compagnie. Chang-hai, 1868-1875. Un fort volume in-8° de 1157 et xx pages.

plètement perdues. C'est à peine si en Europe on peut indiquer. un exemplaire de l'une ou l'autre d'entre elles, et il n'est pas certain que l'on soit plus riche en Chine, car, en écrivant à Chang-Hai sa belle bibliographie des ouvrages chinois de Ricci, Pfister ne semble pas avoir eu la Mappemonde sous les yeux.

Quoi qu'il en soit, voici ce que l'auteur lui-même nous en apprend. C'était en 1584, à Siao-Tchin (1). Pour décorer un peu leur modeste résidence et faire valoir en même temps la civilisation européenne, les Pères avaient appendu aux murs de leurs chambres quelques tableaux peints à l'huile et de belles gravures, notamment une Mappemonde. Ricci ne nous dit pas à quel atlas elle était empruntée et aucun indice ne nous permet de le conjecturer. On sait d'ailleurs que dès lers il avait paru plusieurs Mappemondes en Europe. Cette Mappemonde intriguait les visiteurs dont elle contredisait toutes les idées sur la constitution de l'univers. Pour un lettré chinois de 1584, le monde était un immense carré dont les quinze provinces de la Chine occupaient le centre; de là le nom d'Empire du Milieu. Quant aux autres peuples, ils habitaient la périphérie de la terre. dans de petites îles dont l'ensemble n'égalait pas une province de la Chine.

En voyant que les géographes barbares dessinaient le monde si grand et la Chine si petite, quelques visiteurs se fàchaient. D'autres, moins impatients, riaient sous cape, en se gaussant de la naïveté et de l'ignorance des prétendus savants d'Europe. Mais les plus intelligents et il semble bien que ce fut le grand nombre se montrèrent singulièrement intéressés par ce qu'ils avaient sous les yeux. Le gouverneur de Siao-Tchin y prit un plaisir extrème. Après s'être fait expliquer l'emploi des méridiens et des parallèles, il pria Ricci de lui dessiner une Mappemonde dans laquelle les noms des localités et toutes les légendes explicatives seraient écrites en chinois. Le Père s'exécuta de bonne grace. Dès que le gouverneur eut le dessin entre les mains, il en fut si charmé que, sans mème prendre la peine d'en avertir l'auteur, il fit graver la carte, la fit imprimer, défendit de la mettre en vente et s'en réserva toute l'édition. Il y voyait l'occasion de faire à ses amis des présents qui seraient très appréciés. « Je vous envoie quelques exemplaires de cette pièce, écrivait, à la

(1) Soit dit une fois pour toutes, sauf quand il s'agit de noms par trop connus, je conserve, dans la transcription des noms propres, l'orthographe de Ricci.

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