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III

LE PÉTROLE (1)

Le pétrole brut est pour la Société moderne une richesse énorme; on en retire la gazoline, employée pour les moteurs d'automobiles et d'aviation, le pétrole lampant, qui est resté le mode d'éclairage préféré dans les campagnes éloignées, et enfin, l'huile minérale, le plus estimé de tous les lubrifiants. Dans les pays où manque le charbon, le pétrole brut le remplace avantageusement, et de plus en plus les navires de guerre, et même ceux de commerce, l'utilisent de préférence à la houille pour le chauffage des chaudières. Le traitement des sous-produits provenant de sa distillation fractionnée forme le point de départ d'une industrie chimique nouvelle, à peine naissante, qui déjà donne les plus belles promesses d'avenir.

L'état liquide dans lequel le pétrole brut se présente lui assigne une place à part dans les produits du sous-sol et en simplifie de beaucoup l'extraction et la manutention. Les gisements importants qu'on a découverts ont permis de développer largement son emploi et d'en user sans restriction. Cependant, la consommation énorme qu'on en a faite, surtout durant la grande guerre, commence à entrainer des effets sensibles et l'épuisement des sources actuelles dans un avenir qui ne parait plus très éloigné doit retenir l'attention de l'économiste et de l'ingénieur avertis.

Le pétrole non raffiné est un liquide huileux d'aspect fort différent suivant les localités d'où il provient. Au point de vue chimique, c'est un composé extrêmement complexe d'hydrocarbures divers renfermant en petite quantité des sulfures ainsi que des produits oxygénés et nitreux. Il se présente comme une mixture de liquides différents dissous les uns dans les autres et contenant en solution du gaz naturel et des corps solides. Exposé à l'air il s'épaissit graduellement; il abandonne d'abord son gaz naturel, puis successivement par évaporation ses composés liquides, les plus volatils disparaissant les premiers. Il ne reste finalement qu'un résidu solide qui permet de classer les pétroles

(1) D'après GENERAL ELECTRIC REVIEW, mars 1920.

en deux catégories distinctes, suivant qu'ils sont à base de paraffine ou d'asphalte. Toutefois, quelques types de pétrole dits intermédiaires, échappent à cette classification et laissent un dépôt contenant une égale proportion de ces deux substances. Il est fort probable que les gisements d'asphalte de Trinidad et ceux d'ozokérite de Galicie et de l'Utah, ne sont autre chose que le résultat d'une évaporation prolongée de lacs de pétrole. Ordinairement on rencontre les dépôts de pétrole dans le sol; ils saturent d'immenses étendues de sable ou de rochers poreux et présentent tous les caractères des nappes d'eaux souterraines avec lesquelles d'ailleurs ils sont fréquemment associés. Ces masses de pétrole ne restent pas, en général, à place fixe; elles tendent à s'élever à travers les différentes couches géologiques jusqu'au moment où elles se trouvent arrêtées dans leur mouvement ascensionnel par des rochers imperméables. La prospection des gisements pétrolifères est donc avant tout, au point de vue scientifique, une étude de la nature et de la disposition des roches d'un terrain, permettant de se rendre compte de la marche qu'a pu suivre une nappe de pétrole dont on soupçonne l'existence et de la position finale où elle s'est arrêtée. L'investigation rationnelle et scientifique d'une région prétrolifère permet ainsi de fixer avec un minimum d'erreur les endroits où il y a lieu de faire les sondages pour la recherche de ce précieux liquide. Cependant, à cause même de son caractère migrateur, on n'est jamais absolument certain que l'on rencontrera le détrole. Malgré toute, la science des géologues spécialistes en cette matière, le hasard et la chance jouent encore un rôle important pour le creusement des puits et la découverte de gisements nouveaux.

Peu de questions en géologie ont donné lieu à autant de controverses que celle de l'origine du pétrole. Aujourd'hui, on admet assez généralement qu'il serait de provenance organique et représenterait un produit de distillation naturelle de plantes et d'animaux ensevelis dans les limons d'anciens lacs et marais. On connaît, en effet, de grandes masses rocheuses qui ne sont autre chose que des débris d'innombrables organismes, comprimés, durcis et pétrifiés. Il est certain que pendant leur formation i dut y avoir production d'une importante quantité d'huile, car c'est précisément par l'action combinée de la chaleur et de la compression que celle-ci se retire des substances animales et végétales. Ces sédiments de nature organique sont d'ailleurs suffisamment nombreux et assez répandus sur la surface du

globe pour qu'on puisse y rattacher l'explication de la formation. des dépôts pétrolifères.

Bien que l'on trouve en beaucoup d'endroits des traces de pétrole donnant lieu à de petites exploitations locales, les gisements importants, qui seuls présentent de l'intérêt au point de vue commercial, sont en petit nombre et nettement définis. Malgré les recherches très actives entreprises pour découvrir de nouveaux territoires pétrolifères, l'approvisionnement complet du monde reste presque entièrement assuré par trois pays seulement les Etats-Unis, la Russie et le Mexique. La production des autres pays est pratiquement négligeable en comparaison de ceux-ci, ainsi qu'il résulte du tableau ci-dessous, se rapportant à l'année 1916.

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Comme on le voit, ce sont surtout les États-Unis qui sont les grands pourvoyeurs de pétrole du monde entier. Le développement de leur production entre 1881 et 1917 est donné dans le tableau suivant qui fournit en même temps les chiffres relatifs à la production mondiale.

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Les États-Unis comprennent plusieurs régions pétrolières que l'on peut classer d'une manière générale en deux groupes d'importance sensiblement égale celui du Sud-Est et celui de la Californie.

:

Le pétrole est retiré de la terre par pompage, au moyen de puits de profondeur plus ou moins grande, creusés ordinairement par la méthode de battage au trépan qui, pulvérisant les roches, y découpe son chemin jusqu'à la profondeur voulue. Quand la nature du terrain l'exige, on revêt les parois des puits d'un garnissage métallique, surtout employé lorsque l'on doit se mettre à l'abri de venues d'eaux. Le diamètre de ce cuvelage va en diminuant avec la profondeur. En vue de faciliter le travail de fonçage, en particulier pour retirer aisément le trépan et les tiges, on érige au-dessus du sol à l'endroit du puits, une construction en bois d'assez grande hauteur, connue sous le mot anglais de « derrick » qui donne un aspect particulier et typique aux régions pétrolières.

La profondeur des puits est essentiellement variable; il en est qui n'ont que quelques dizaines de mètres, et dont le creusement ne demande que peu de semaines. D'autres, au contraire, de plusieurs centaines de mètres, exigent des mois d'un travail opiniâtre et acharné avant de pouvoir être mis en exploitation. La plus grande profondeur à laquelle on soit descendu jusqu'à présent est d'un peu plus de 2000 mètres. Toutefois, de semblables dimensions sont tout à fait exceptionnelles.

Avant la guerre, le coût du creusement d'un puits variait, snivant les difficultés et le genre de terrain rencontré, entre 15 et 225 francs le mètre L'avancement journalier était compris entre 3 et 20 mètres ; il est d'autant plus faible que l'on se trouve à grande profondeur. Le travail de préparation d'un puits est une opération longue et coûteuse ces chiffres permettent de s'en rendre compte. En temps de paix, elle consommait aux États-Unis le douzième de la production totale de l'industrie sidérurgique.

Quand on arrive, dans le travail de fonçage, à la couche de pétrole, le gaz naturel qui s'y trouve dissous sous pression, projette le liquide au dehors avec une grande violence et en peu de temps une quantité énorme s'en répand autour du puits. Si on ne dispose pas immédiatement de moyens pour l'emmaga siner, elle forme un petit lac et une bonne partie en est alors perdue par érosion, par évaporation et souvent aussi par incendie accidentel. Tous les puits ne présentent cependant pas d'abord cette énergie de débit. Beaucoup ne contiennent qu'une proportion insuffisante de gaz naturel et il faut dès le commencement de l'exploitation pomper le liquide. Ce mode d'extraction est nécessaire partout où la proportion de gaz est devenue trop

faible pour assurer automatiquement le débit de la nappe souterraine.

Le rendement d'un puits atteint très rapidement une valeur maximum; il diminue ensuite graduellement pour s'annuler au bout d'un laps de temps plus ou moins long. Il suit une loi si nettement définie que, pour une région pétrolifère déterminée, il est possible de tracer à l'avance l'allure de la courbe de débit d'un sondage nouveau.

Pendant la période de décadence, on peut ranimer momentanément l'activité d'un puits en provoquant au fond de celui-ci des explosions de charge de nitroglycérine. La vie d'un fonçage, c'est-à-dire le temps pendant lequel il est à mème de fournir du pétrole, varie, d'après les régions, entre quelques mois et vingt ans au plus; en Pensylvanie elle est, en moyenne, de douze ans.

Quand un puits est épuisé, cela ne signifie pas du tout qu'il n'existe plus de pétrole dans le gisement. Une grande partie de celui-ci se trouve encore disséminée dans les pores et les espaces capillaires des rochers. Il est possible de l'en chasser au moyen d'injection d'air comprimé, et par ce procédé on est arrivé à prolonger l'existence de régions pétrolifères qu'on aurait dù abandonner autrement. Le succès d'une entreprise importante. exige qu'elle ait constamment de nouveaux puits en forage de façon à maintenir toujours une réserve suffisante pour parer aux diminutions de débit des puits exploités. C'est la raison pour laquelle les compagnies s'attachent des géologues spécialistes expérimentés qui recherchent continuellement les endroits les plus propices à l'établissement de nouvelles exploitations. Cependant, dans une large mesure, la découverte de gisements de pétrole se fait encore beaucoup par des aventuriers. Se rapportant à des notions empiriques ou à des légendes locales, ils vont creuser des puits dans des endroits où les géologues ne penseraient jamais trouver du pétrole et risquent sur une chance tout leur avoir. C'est la fortune, s'ils réussissent, et la ruine, si, par malheur, ils échouent dans leur tentative.

Le prix du pétrole brut aux lieux d'extraction dépend de sa qualité et de la distance aux centres de raffinage et de consommation. Les types paraffineux de faible poids spécifique, comme on en trouve surtout en Pensylvanie, sont les plus recherchés, car ils donnent une forte proportion des produits actuellement beaucoup demandés. Ceux à base d'asphalte, provenant principalement des régions de la Californie, sont moins appréciés et

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