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mouvements. Encelade, condamné par le vindicatif Jupiter à être opprimé sous l'immense poids de l'Etna, est une adaptation de cette fable. Au lieu de la Terre entière, les Grecs peu enclins à des exagérations trop grossières se sont contentés de la masse plus modeste d'une montagne. Sans doute, ils ont eu la fable d'Atlas supportant le monde, mais dans la mythologie grecque ce héros fabuleux ne produit pas de tremblements de terre. Le mythe a d'ailleurs pour origine la conception du rôle que les Égyptiens attribuaient aux montagnes

de soutenir la voûte du ciel.

Soit par sa propre imagination, soit plutôt par des fables antérieures dont il nous est resté peu de traces écrites, Platon (1) s'est forgé du monde souterrain une géographie aussi précise qu'aurait pu la décrire Ulysse après sa descente aux enfers : « Après avoir fait plusieurs tours et détours sous terre, le troisième fleuve se jette en dessous du Tartare; c'est ce fleuve qu'on appelle le Pyriphlégéton, dont on voit des laves jaillir en plusieurs endroits de la terre ». Platon est donc le père de nos théories sismico-volcaniques et c'est par deux voies différentes que nous les voyons dériver de la mythologie des Grecs et des Romains.

Deux écrivains latins seulement sont à citer au sujet des volcans. Ce sont Lucilius Junior, contemporain de Claude et de Néron, auteur d'un poème sur l'Etna, et un siècle plus tard, le romancier Apulée dans son Traité du monde. Tous deux faisaient intervenir les vents. souterrains d'Aristote pour la production des phénomènes volcaniques, manifestant ainsi qu'ils ne les séparaient point des tremblements de terre. Si l'un et l'autre rejetaient les anciennes fables, seul Lucilius Junior englobait dans sa réprobation la théorie du Pyriphlégéton. Par son hypothèse de la combustion

(1) Le Phedon. Chap. LX; LXI.

des matières sulfureuses des couches terrestres, ce dernier se trouve être le précurseur des nombreux philosophes du moyen âge et de la renaissance qui, en y joignant celle des matières nitreuses, ont professé une théorie chimique des phénomènes volcaniques et sismiques. L'identification de ces deux phénomènes date donc au moins du premier siècle de notre ère.

Indépendamment du dogme chrétien d'un châtiment dans l'autre monde, en un mot de l'enfer qui, en réalité, n'a pas de localisation dans l'univers matériel, les Pères de l'Église, qui furent les premiers philosophes chrétiens, ont adopté les croyances de Platon : le Tartare est devenu pour eux l'Enfer, le séjour des mânes, celui des daninės, puis, tout naturellement, les volcans sont devenus les cheminées des feux éternels. Sur ce thème se sont établies de nombreuses légendes sismiques et volcaniques dont nous n'avons pas à nous occuper ici.

A quelle époque les explications des feux de l'enfer ont-elles pris la forme scientifique de l'hypothèse du feu central, ou du noyau fluide incandescent de la terre, c'est ce que nous n'avons pu déterminer avec certitude. Cette hypothèse expliquant à la fois les phénomènes sismiques et volcaniques, étroitement réunis, se rattache, comme nous venons de le montrer, à la mythologie. Maintenant on la base sur l'hypothèse de la terre primitivement à l'état de nébuleuse, qui, se condensant et se recouvrant d'une croûte solide, a conservé dans son intérieur un noyau de plus en plus restreint de matières incandescentes. Nous ne saurions d'ailleurs considérer comme un véritable progrès en sismologie d'avoir remplacé le feu central par le magma, pour expliquer les tremblements de terre par les explosions des gaz intérieurs.

En tout cas le cryptovolcanisme, théorie tirée des

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laccolithes et batholithes de Gilbert, et dont Hoernes a développé l'histoire et les conséquences (1), ne nous semble point avoir fait progresser en aucune manière la sismologie proprement dite.

Il est intéressant de rechercher comment, à l'encontre de croyances séculaires et fermement enracinées, s'est fait jour la constatation de l'indépendance, au moins relative, des phénomènes sismiques. Cette indépendance paraît avoir été énoncée pour la première fois en 1599 par le célèbre explorateur Joseph de Acosta (2), quoiqu'il se soit fondé uniquement sur ses observations en Amérique. Bien plus tard seulement, Boussingault (3) énonça formellement le principe en 1834. Milne soutint cette thèse, mais plutôt incidemment, dans de nombreux mémoires et de Lapparent (4), non sans avoir longtemps tergiversé, lui donna l'appui de sa haute autorité. En fait, la théorie de l'indépendance relative du volcanisme et des tremblements de terre a maintenant rallié la plupart des sismologues et en 1881 Toula (5) a énoncé les caractères différentiels des tremblements de terre d'origine volcanique et tectonique. Plus tard Mercalli (6) les a encore mieux définis.

Comme on le verra dans un chapitre ultérieur que nous consacrerons à la sismologie dynamique moderne, cette indépendance relative se confirme du fait que la

(1) Kryptovulkanische oder Injektions Beben. Geol. Rundschau. I', 382. Leipzig, 1911.

(2) Historia natural de las Indias. Salamanca, 1589. Cap. XXVIII, p. 188 de l'édition de Séville en 1590.

(3) Sur les tremblements de terre des Andes. BUL. SOC. GEOL. FRANCE, VI, 14 sept. 1834, p. 52.

(4) Le volcanisme. ANN. GEOGraphique, 1903.

(5) Ueber den gegenwärtigen Stand der Erdbebenfrage. Vortrag gehalten im Ver. z. Verbreitung d. naturw. Kenntn. am 23. März 1881. S. A. a. d. Schr. d. Ver. Wien.

(6) I vulcani attivi della tierra, p. 209. Milano, 1907,

force vive développée par les tremblements de terre est beaucoup moindre dans les séismes volcaniques que dans les séismes tectoniques.

Cela n'empêche d'ailleurs pas les tremblements de terre volcaniques et géologiques d'avoir en commun des causes géologiques plus générales et plus profondes.

(A suivre.)

F. DE MONTESSUS DE BALLore.
Directeur du service sismologique de Chili.

LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

Une longue expérience a conduit les physiciens à admettre comme solidement établi un principe qu'ils appellent principe de relativité et qu'ils énoncent ainsi : «Deux observateurs animés de mouvements rectilignes et uniformes quelconques sont incapables de déceler leurs mouvements absolus, et ne constatent que leur mouvement relatif». A première vue, cet énoncé paraît obscur et peu justifié, mais essayons d'en préciser le sens et nous verrons qu'il ne fait que traduire l'expérience de chaque jour.

:

Je suis en chemin de fer et je vois fuir à contre-voie un autre train comment savoir si c'est lui qui est en marche, ou moi, ou tous les deux ? Généralement par les secousses de ma voiture dont le mouvement n'est pas, il s'en faut, rectiligne et uniforme : elle se ralentit et je suis projeté sur la banquette d'en face; elle tourne et je suis porté à l'extérieur de la courbe ; elle vibre enfin et je le sens. Mais il n'est personne qui, au démarrage, dans une gare, en face d'un autre train arrêté, ne se soit trouvé une ou deux minutes impuissant à résoudre le problème : est-ce nous qui partons ou eux? De même je sais bien, les observations astronomiques de plusieurs siècles me l'ayant appris, que notre système solaire se précipite vers la constellation d'Hercule avec une vitesse d'environ 25 kilomètres à la seconde; mais est-ce nous qui allons à Hercule ou Hercule qui vient à nous? Courons-nous tous deux à la rencontre ou à la poursuite l'un de l'autre ? Et y a-t-il

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