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La première thèse est beaucoup plus solidement établie que la seconde ; car, encore une fois, dans cette dernière la simple conjecture remplace trop souvent le document positif. De là une première cause de faiblesse.

Il y en a une seconde. Duhem oublie parfois un fait psychologique incontestable. Quand, dans une société cultivée, la science a atteint un certain niveau, tous les membres qui font partie du groupe intellectuel subissent inconsciemment l'influence bienfaisante du milieu ambiant. Dans ce milieu la science se développe et avance constamment. Qu'un même problème vienne éveiller simultanément l'attention de deux chercheurs intelligents, aussitôt une même idée neuve leur viendra souvent à l'esprit. Cela se voit tous les jours. Voilà un fait dont Duhem n'a pas assez tenu compte. Parce qu'une pensée, je le veux bien, géniale se trouve dans les manuscrits de Léonard de Vinci, parce qu'un demi-siècle ou un siècle. plus tard on la retrouve chez Cardan ou chez Galilée, ce n'est pas une raison pour conclure immédiatement à l'influence des manuscrits de Léonard. Il faut des preuves plus positives. La science a progressé. Ce qui était chez le Vinci éclair de génie, n'est plus chez Cardan et Galilée que le résultat spontané, mais normal, des réflexions d'hommes doués eux-mêmes d'un talent très supérieur.

Ces réserves faites, je ne puis qu'affirmer mon admiration pour le monument grandiose que Duhem a élevé à la mémoire de Léonard de Vinci. C'est une œuvre magistrale.

Avant de la quitter, il me reste à indiquer quelques articles moins importants qui s'y rattachent naturellement.

Je trouve d'abord, dans la BIBLIOTHECA MATHEMATICA, une note sur Léonard de Vinci et la composition des forces concourantes (1). Léonard a énoncé des principes, dont un professeur de mécanique aussi avisé que Duhem

(1) 3a série, t. IV. Leipzig, Teubner, 1903, pp. 338-343.

déduirait sans peine la loi du parallelogramme des forces. Mais cette loi, le Vinci l'a-t-il entrevue ? Le professeur de Bordeaux hésite, n'ose l'affirmer. Pour ma part, j'ai dit suffisamment ci-dessus pourquoi je répondrai simplement non.

Il y a ensuite, dans les COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, une notę intitulée : Sur la découverte de la loi de la chute des graves (1). Cette loi se formule comme suit Lorsqu'un grave tombe en chute libre, sa vitesse croît proportionnellement à la durée de la chute. Elle se trouve très nettement exprimée en plusieurs endroits des manuscrits de Léonard. Le but de la note est de montrer comment certaines idées en cours au Moyen Age ont pu la suggérer au Vinci.

L'article intitulé Thierry de Chartres et Nicolas de Cuse a été publié dans la REVUE DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES ET THÉOLOGIQUES (2). Duhem lui-même le rattache à ses Éludes sur Léonard de Vinci, dont un des chapitres a pour titre : Nicolas de Cuse et Léonard de Vinci. Dans le présent article, l'auteur se propose de montrer que l'évêque de Brixen a fait des emprunts à Thierry de Chartres sans cependant le nommer. De nos jours, on les traiterait de plagiats, mais au temps de Thierry de Chartres et de Nicolas de Cuse on était meins sévère. Ils se pardonnaient facilement.

Reste à rappeler, pour mémoire, qu'en avril 1914, Duhem a donné dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES un article Variétés (3) dans lequel il a présenté personnellement à nos lecteurs la troisième série de ses Études sur Léonard de Vinci.

(A suivre).

H. BOSMANS.

(1) T. 146. Paris, Gauthier-Villars, 1908, pp. 908-912.

(2) 3o année, Le Saulchoir, Kain (Belgique), 1909, pp. 523-531. (3) T. LXXV. Louvain, 1914, pp. 612-620. L'article est intitulé : Les précurseurs parisiens de Galilée.

Le principe bacteriophage

C'est en réalité Twort qui, publiant ses recherches en 1915 dans le « LANCET » a décrit le premier le phénomène de la lyse microbienne transmissible (1).

Cet auteur, en soumettant la vaccine à l'analyse bactériologique afin de juger, par la numération des colonies microbiennes, du degré de souillure de ce produit, avait constaté que, parmi les colonies développées sur les milieux de culture gélosés ou gélatinés (milieux solides), quelques-unes présentaient dans la suite une espèce de dissolution. Il se formait au milieu d'elles de petits points transparents qui prenaient de l'extension et faisaient disparaître complètement la masse plus ou moins opaque de la colonie.

En touchant avec une anse de platine stérilisée l'un ou l'autre de ces centres de dissolution et en transportant sur des colonies encore intactes le produit ainsi prélevé, Twort constatait que celles-ci, pour autant qu'elles étaient constituées de germes susceptibles de lyse microbienne, disparaissaient également par dissolution. Il pouvait reproduire indéfiniment ce phénomène, à condition

(1) Dans une note publiée en 1896 dans les ANNALES DE L'INSTItut Pasteur, Hankin signale que l'eau du Gange et de la Jumna exerce sur le vibrion du choléra une action bactericide évidente qui disparaît après ébullition.

Il est possible que le phénomène observé par Hankin soit l'œuvre d'un principe bactériophage, ainsi que le croit d'Herelle (COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE, 14 MAI 1921. Hankin l'attribuait à certaines substances acides volatiles contenues dans l'eau en question.

de repiquer au moment voulu le principe lysant sur des colonies microbiennes passibles de la dissolution.

Twort, faute de subsides, dut abandonner l'étude de cette intéressante question; il avait néanmoins souligné l'intérêt du phénomène au point de vue de la prophylaxie et, éventuellement, de la thérapeutique.

D'après lui, cette dissolution transmissible des microbes devait être l'œuvre d'un principe vivant (virus ou ferment), étant donné que l'agent gardait toute son activité malgré les dilutions à l'infini résultant des repiquages successifs.

Dans une note présentée à l'Académie des Sciences, le 19 septembre 1917, d'Herelle a montré que les selles des convalescents de dysenterie peuvent contenir un principe filtrable à travers la bougie en porcelaine et doué du singulier pouvoir de lyser une suspension de bacilles de la dysenterie.

Dans la suite, ce savant français a obtenu des filtrats actifs sur d'autres microbes de ce groupe et sur certaines variétés ou souches de colibacilles, de bacilles typhiques et paratyphiques.

Dans ces deux dernières années, cette question a fait l'objet d'investigations variées et il ne nous est pas possible d'en analyser ici toutes les publications. Un semblable exposé conviendrait peut-être pour les spécialistes mais ne saurait intéresser les lecteurs de cette REVUE; pour être complet, il nécessiterait de nombreuses redites et devrait relater aussi un certain nombre de résultats contradictoires.

Aussi, nous avons préféré envisager la question dans son ensemble et ne mentionner les publications parues que dans la mesure où elles sont utiles à la description et à l'intelligence du phénomène en question.

Afin de permettre aux lecteurs de comprendre plus facilement notre exposé, nous allons commencer celui-ci

par l'indication de la technique que nous employons pour mettre en évidence le principe bactériophage.

On peut utiliser à cet effet l'une ou l'autre des deux méthodes décrites ci-dessous :

1o La mise en évidence de l'action inhibitive sur le développement microbien.

Quand on met à l'étuve à 37° des tubes de bouillon stérilisé (chauffé à 120o durant une demi-heure), il ne s'y produit aucun trouble. Il n'en va plus de même quand on introduit dans ces tubes, avec une anse stérilisée ou avec une pipette de Pasteur flambée, une trace de culture. Alors le contenu se trouble par suite du développement de la semence déposée dans le milieu de culture.

Supposons qu'on ensemence deux tubes de bouillon, avec un microbe susceptible de subir l'action du principe bacteriophage et que, dans l'un d'eux, on ajoute une goutte d'un filtrat bacteriophage : ce dernier tube ne présente durant 24 à 48 heures, et quelquefois durant plusieurs jours, aucun développement, alors que le tubecontrôle, qui n'a pas été additionné de filtrat bacteriophage, présente, après quelques heures d'étuve, un trouble très évident qui augmente encore dans la suite. Le filtrat bactériophage arrête donc, durant un temps plus ou moins long, le développement des microbes susceptibles de subir son action. Après cet arrêt, il se produit habituellement dans le bouillon en question un développement peu abondant de bacilles devenus réfractaires à l'action du principe bactériophage.

En d'autres mots, ce dernier manifeste son action par l'arrêt du développement des microbes susceptibles de subir son influence. Après un temps plus ou moins considérable, quelques microbes non détruits par la lyse, deviennent insensibles à son activité et provoquent le développement tardif indiqué ci-dessus.

Quand on ensemence du bouillon additionné de quelques gouttes du principe bactériophage avec les microbes. III SÉRIE. T. XXX.

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