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sit à la porte qu'on avait enfoncée; et là se trouve une voiture dans laquelle on les fait

monter.

Quelques Romains, qui demeurent près du palais Quirinal, réveillés par le bruit, avaient ouvert leurs portes pour savoir ce qui se passait; mais on les obligea aussitôt de se renfermer chez eux.

Le pape, avant de monter en voiture, donna sa bénédiction à la ville de Rome. On fit monter à côté de lui le cardinal Pacca, et l'on ferma la voiture, de manière que personne ne pût les apercevoir. Ils sortirent par la porte Salura, qui est à peu de distance du palais Quirinal: la rue qui y conduit, étant peu fréquentée, semblait plus favorable au succès d'un enlèvement secret, Il était à peu près trois heures du matin : la voiture, environnée de soldats, a été conduite hors des murs, à la porte du Peuple, où vient aboutir la route de Florence. On y avait préparé des chevaux de poste, qui furent attelés sur-le-champ, et la voiture partit sous une escorte de gendarmes, avec le général Radet, qui était assis sur le siége.

Les postillons romains reçurent ordre de faire la plus grande diligence possible. Arrivés à la Horta, premier relai de cette route, ces

postillons, dans une affliction profonde, et les larmes aux yeux, vont se jeter aux pieds du Saint-Père, et lui demandent sa bénédiction ; il la leur donne avec l'air de douceur et de bonté qui le caractérise, et il leur dit: Corraggio e orazzione; ayez du courage, et priez. Le général, voyant l'émotion que ce peu de paroles produisait sur les spectateurs attirés par la curiosité, se hâta de faire partir la voiture, que l'on tint très exactement fermée pendant la route, malgré la chaleur, à laquelle le pape est extrêmement sensible. Les postillons romains, à leur retour, avaient encore les larmies aux yeux, en racontant ce qui s'était passé.

La nouvelle de l'enlèvement s'étant promptement répandue dans Rome, on y voyait les habitants dans une consternation profonde, traversant les rues sans se parler, lévant à peine les yeux, et donnant les signes d'une véritable douleur. On ne se communiquait cette nouvelle qu'en pleurant, et avec les expressions d'un regret vivement senti; et un grand nombre de Romains s'était rendu dans les églises, où ils versaient des larmes au pied des autels.

La voiture où était le pape fut conduite en toute hâte aux frontières de Toscane; le jour même de l'enlèvement, elle arriva à Radico

fani, premier village des états de Toscane, situé sur une montagne très élevée, d'un accès difficile, et éloigné de tout endroit un peu considérable; il était alors dix heures du soir: le pape avait déjà parcouru un espace d'environ 36 lieues de France; et l'on ne s'était ar

rêté que le temps nécessaire pour changer de chevaux. Malgré les précautions prises pour cacher le passage du Saint-Père, il ne put être ignoré partout on donnait les marques de l'affliction la plus sincère et la plus profonde.

La fatigue et la chaleur avaient indisposé le pape: il éprouva une colique très violente, et l'on fut obligé de suspendre sa marche jusqu'au lendemain, vendredi, cinq heures du soir, qui fut,l'heure à laquelle on se remit en route. Il semble qu'on aurait desiré pouvoir laisser ignorer dans l'auberge, la qualité du personnage qu'on venait d'y descendre, car la précaution fut portée jusqu'à demander des appartements pour deux cardinaux ; cela ne réussit pas le pape fut reconnu; et la nouvelle de son arrivée s'étant répandue dans le village de Radicofani, les habitants accoururent pour le voir, et recevoir sa bénédiction. Le général Radet avait eu soin de faire garder l'auberge par la garnison du pays, et les soldats contin

rent la multitude et l'empêchèrent d'approcher.

Quelques personnes de la maison du SaintPère, et entre autres, le prince Doria, grandmaître de la chambre, un prelat, un médecin, et deux camériens (valets-de-chambre), ayant obtenu la permission d'aller le rejoindre, étaient partis précipitamment de Rome; ils arrivèrent à Radicofani lorsque le pape y était encore; et après quelques difficultés, le général Radet finit par leur permettre de suivre le pape. On reprit, de Radicofani, la route de Florence, en observant toujours les mêmes précautions. A Sienne, on avait fait placer les chevaux de relai hors la ville; mais le pape fut reconnu par des paysans qui travaillaient près de là: ils s'approchèrent avec un religieux empressement; les soldats les repoussèrent, et la voiture partit. Elle arriva, le samedi 8 juillet, à Poggibousi, où l'on accorda quatre à cinq heures de repos au pape. Les personnes de service dans l'auberge furent seules admises à recevoir sa bénédiction: il ne fut pas permis aux habitants de l'endroit d'approcher.

Au sortir de Poggibousi, la voiture se cassa; et il en résulta une secousse violente, qui fit tomber le général Radet: il se foula le poignet dans sa chute; mais cet accident ne l'arrêta pas.

La même secousse avait causé à sa Sainteté une forte commotion, et malgré cela, on l'obligea de monter dans la voiture du prince Doria, et l'on se remit en marche.

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Le même jour, le pape arriva à la Chartreuse de Florence, hors l'enceinte de la ville: il y prit quelques heures de repos ; mais il fut défendu aux religieux de lui parler. On le sépara du cardinal Pacca, à qui l'on fit prendre la route de Bologne, sous l'escorte de quelques gendarmes, tandis que le pape fut emmené, le dimanche matin, par la route de Pise, à Via-Reggio, sur le bord de la mer. C'était alors le sieur Marcotti qui escortait la voiture, en place du général Radet. L'intention du gouvernement était de faire conduire le pape en France par la rivière de Gênes : déjà il était arrivé à Chiavari, lorsque le général Montchoisy, qui se trouva sur son passage, réflé chissant sur les difficultés de la route, sur la fatigue qu'éprouvait le pape, prit sur lui de le faire diriger par Alexandrie, vers le mont Cenis.

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Les peuples, instruits de son passage, accoururent en foule pour recevoir sa bénédiction; ils éprouvèrent alors moins de difficultés : ils purent voir le Saint-Père. Arrivé à Alexandrie, y séjourna deux jours, sans qu'il lui fût

il

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