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« toute l'ardeur de nos vœux que ce principat sacrẻ de« meure à jamais sain et sauf en toutes manières (1) » Napoléon vaincu se retira. Quelques évêques ayant voulu excuser auprès de lui la liberté de M. Emery: Émery: << Vous << vous trompez, reprit l'Empereur, je ne suis pas irrité << contre l'abbé Émery; il a parlé comme un homme << qui sait et possède son sujet; c'est ainsi que j'aime « qu'on me parle. » Puis, en sortant, il salua M. Émery avec une marque sensible d'estime et de respect.

Peu de jours après avoir rendu ce courageux témoignage à la Papauté captive, M. Emery, âgé de quatre-vingts ans, mourait au séminaire de Saint-Sulpice, heureux en cela que sa longue et vertueuse carrière ne se pouvait terminer plus glorieusement pour lui et pour sa sainte compagnie, devant Dieu ni devant les hommes. C'était bien justifier de nouveau la parole que Fénelon mourant écrivait à Louis XIV: Sire, je ne connais rien de plus apostolique et de plus vénérable que Saint-Sulpice.

Malheureusement, les conseils de M. Émery avaient été invoqués trop tard le Pape demeura captif, et la vénérable compagnie de Saint-Sulpice, dissoute par un ordre impérial, se vit bientôt, pour prix de son dévoùment inviolable au Saint-Siége, chassée de sa paisible demeure.

Mais oublions ces tristes récits: la Providence a ses voies qui ne sont pas les nôtres. Chaque temps a ses épreuves et ses secours. Chose étrange ! C'est le neveu de Napoléon, le Président élu de la République française qui, à la veille de son élection, écrivait naguère au représentant du successeur de Pie VII :

(1) BOSSUET, Défense de la déclaration du clergé de France, lib. I, sect. 1, cap. 16, pag. 273.

«La souveraineté temporelle du chef vénérable de «l'Eglise est intimement liée à l'éclat du catholicisme « comme à la liberté et à l'indépendance de l'Italie. >>

CHAPITRE IV.

Indépendance du souverain Pontife au dedans.

Les plus graves raisons, comme les plus sérieux enseignements du passé, le démontrent donc pour exercer pleinement et sans entraves sa puissance spirituelle, le Pape doit être libre et indépendant: indépendant au dehors, nous venons de le voir; mais de plus, indépendant au dedans, chez lui, dans ses propres Etats, c'est-à-dire libre du joug dominateur des assemblées souveraines ou des factions. C'est ce qui nous reste à étudier.

I.

Père commun des fidèles et roi de la grande famille des enfants de Dieu, la Providence l'a fait aussi père et roi d'un peuple choisi entre les peuples de la terre, d'une cité privilégiée parmi toutes les cités du monde.

Comme tous les princes temporels, et plus que les autres, le Pape se doit au bonheur de ses sujets; il doit leur dispenser dans une juste proportion les biens d'une

sage liberté, avec ceux d'une régulière et paternelle administration. Et certes, Pie IX n'a pas failli à ce devoir : quand il se vit obligé, il y a dix ans, de quitter Rome devant l'émeute triomphante et à l'approche des bandes de Garibaldi, il put, en mettant le pied sur la terre étrangère, prendre solennellement à témoin la ville qu'il fuyait, et le monde entier avec elle, qu'il avait fait spontanément, pour le bonheur véritable et pour la liberté de son peuple, plus que n'avait fait alors aucun autre souverain de l'Europe.

Mais l'ordre est partout nécessaire avec la liberté : partout la libre action du pouvoir doit se combiner avec le jeu régulier des institutions, pour garantir la prospérité et la sécurité des peuples; et le respect de l'autorité sera toujours la première loi de la paix publique et la sauvegarde du droit social. Cela est vrai à Rome plus qu'ailleurs non seulement le bonheur et la paix du peuple romain, mais les intérêts les plus sacrés de l'univers chrétien, le maintien de l'équlibre européen lui-même, demandent que le gouvernement temporel du Chef suprême de toute la catholicité soit indépendant et affranchi du joug des factions intestines, aussi bien que de la pression des puissances étrangères.

Il est manifeste, en effet, que si le Pape souffrait violence dans ses États, que si les caprices de la multitude on les entreprises audacieuses des partis, courbaient sous une action turbulente et tyrannique le Chef de l'Église, à cet instant la sécurité de l'Église elle-même serait profondément ébranlée tous les États chrétiens, qui ne veulent pas, et avec raison, que le Pape appartienne à une autre puissance qu'à lui-même, se sentiraient blessés dans leur liberté. Si, le poignard à la main, l'émeute triom

phante venait, comme on l'a vu dans des jours qui ne sont pas encore bien loin de nous, assiéger dans son palais l'héritier du pontificat suprême, et du principat que la Providence y attacha depuis tant de siècles; si, après avoir assassiné son ministre, elle le menaçait d'incendier sa maison, d'égorger ses plus fidèles serviteurs, et ne lui promettait leur vie sauve qu'au prix d'une abdication forcée et du sacrifice de droits inaliénables, ce serait fait, non seulement du gouvernement des États pontificaux, mais de la sécurité, de la dignité, de la liberté du gouvernement de l'Eglise universelle.

Alors nous verrions, ou du moins nous pourrions voir un ministère né de l'assassinat et de la révolte, parler, agir, décréter au nom du souverain Pontife; nous pourrions voir abriter, sous ce manteau sacré, l'usurpation hypocrite des droits inhérents à l'autorité suprême du Vicaire de Jésus-Christ; nous pourrions voir des lois ecclésiastiques faites par une assemblée laïque et rebelle, ou plutôt par une faction anarchique et impie. Nous pourrions aussi voir proclamer des articles organiques du culte contraires à l'antique discipline de la hiérarchie sacrée et à tous les droits de l'Église; nous pourrions voir des évêques, des prêtres, des religieux, proscrits ou condamnés à des serments que réprouvent la liberté la plus intime et le cri de la conscience chrétienne; nous pourrions voir enfin l'éducation de la jeunesse livrée à un monopole subversif des droits de la religion et de la famille. Toutes ces choses sont partout de grands malheurs et de grands scandales mais à Rome le malheur et le scandale seraient au comble; la religion serait outragée jusque dans son plus auguste sanctuaire; le dernier asile de sa liberté serait violé; et la raison de tous ces excès, il n'y en au

rait qu'une c'est que le Pape ne serait plus libre, indépendant et souverain à Rome.

Sans doute, l'héritier des Léon, des Grégoire, des Innocent, le successeur de Pie VI et de Pie VII, de ces pontifes magnanimes qui opposèrent un cœur invincible aux passions des princes, saurait, lui aussi, opposer un front tranquille aux passions des peuples; nous ne l'ignorons pas le martyre, au besoin, conserverait l'indépendance du Vicaire de Jésus-Christ, et son sang répandu protesterait contre les lois usurpatrices et sacriléges qu'on aurait essayé de lui imposer.

Mais quelle douleur pour toute l'Église et quel scandale pour l'Europe, si les choses en pouvaient jamais venir là ! si de tels excès étaient seulement tentés sous les yeux du Roi-Pontife! Quelle douleur s'il pouvait être jamais réduit à presser son crucifix sur sa poitrine, en protestant contre la violence, et si, relégué au fond d'un jardin solitaire, le souverain Pasteur des âmes devait, la face prosternée contre terre, dans un nouveau Gethsémani, boire le calice de sa passion jusqu'à la lie la plus amère ! Tout cela s'est vu tout cela peut se voir encore; et tout cela suffit assurément pour démontrer qu'à Rome, plus qu'ailleurs, l'indépendance vraie du Souverain est nécessaire : non seulement les intérêts les plus élevés et les plus universels le demandent, mais les convenances divines l'exigent; et cela est si évident qu'il n'y a que l'impiété ou la déraison qui le puissent méconnaître.

Il le faut, parce qu'il faut que l'univers catholique soit respecté dans son chef spirituel, respecté dans son père et son roi !

Et, s'il était besoin d'ajouter quelque chose à des raisons si fortes et si claires, croit-on, par exemple, que la

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