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peu de mal, mais plus de peine, à cause des cœurs faibles que ces injures déconcertent, et des âmes déja séduites qui ne demandent qu'un prétexte pour s'éloigner.

Le mot d'ordre convenu a été de qualifier nos alarmes de manoeuvres de partis.

Il y a des choses de l'âme qu'on peut bien avoir le malheur de ne pas sentir, mais qu'on devrait au moins respecter.

Quoiqu'il en soit, quand on a passé sur terre un demi-siècle, on sait ce que vaut cette banale accusation. Il est clair que les partis cherchent à user de toutes choses à leur profit, les partis qui triomphent comme ceux qui résistent; mais il serait puéril de se taire pour ne pas leur donner d'armes, car ils se servent aussi bien du silence que des paroles. Je suppose que la conduite des catholiques soit agréable à des partis qu'ils ignorent est-ce que celle du gouvernement n'est pas agréable à des partis qu'il désavoue? Il faut donc, dès qu'on est en face d'un devoir, le remplir droitement, sans se demander si l'on seconde ou si l'on dérange indirectement les calculs d'autrui: sans quoi on ne fait rien; les scrupules ne servent qu'à préparer les remords, et de peur de mal servir la vérité, on finit par de la plus servir du tout.

Je voudrais bien, au surplus, en ce qui me con

des coups de plume que j'ai pu donner au milieu du débat avec plus ou moins d'à-propos; mais parce que je suis homme de conviction, j'ai voulu fournir mes preuves et appuyer mes affirmations. Ce livre aura du moins un mérite: il sera un témoignage de la profonde sincérité de mes précédents efforts.

Bien des raisons, d'ailleurs, me dissuadaient de l'entreprendre.

Il m'arrachait à un travail plus doux, que j'avais commencé sur les catéchismes, et pour les enfants, avec lesquels je voudrais finir ma vie.

Quitter les enfants pour les hommes, et pour les hommes en querelle, c'était s'interrompre bien tris

tement.

Et puis, il y avait aussi le salut de ces âmes qui me sont confiées, auxquelles je dois la parole de vie, que nul intérêt, si élevé qu'il soit, ne peut effacer de mon souvenir et de mon cœur, et dont il faut m'occuper à tout prix. Væ mihi si non evangelizavero!

Il fallait d'ailleurs, pour un ouvrage comme celui que j'entreprends à cette heure, regarder de nouveau au fond de la doctrine, et de plus s'engager dans de longues recherches historiques au milieu desquelles mes yeux plus que fatigués craignaient de s'égarer; il fallait étudier de nouveau dix-huit siècles à ce point de vue, et plus particulièrement les quinze

dernières années, l'Italie, la France, le Piémont, l'Angleterre.

Puis, à la traverse de ce labeur, des combats inattendus, des brèches à réparer, plus pressantes que l'édifice dont j'essayais la construction: j'écrivais en combattant; je bâtissais d'une main l'édifice laborieux de ce livre, et de l'autre j'étais réduit à repousser des assaillants nombreux, des attaques sans cesse renouvelées.

Je le dirai de plus les années qui se pressent dans ma vie, les travaux qui se pressent dans ces années, et tout qui finira bientôt pour moi sur la terre avant que j'aie rien fini de sérieux pour le salut des âmes; puis ce besoin indéfini et inépuisable de tranquillité et de paix qui est au fond de toutes les vies trop occupées; puis aussi, mes profondes tristesses à la vue du mal qui croît sans mesure, des aveuglements et des injustices des hommes; d'autres tristesses encore des divisions malheureuses, là où il ne devrait pas y en avoir; de funestes malentendus dans le passé, et ce qu'il y a de plus triste encore, l'impuissance à les guérir après le regret de ne les avoir pu prévenir tout enfin m'aurait volontiers persuadé que c'était assez pour moi, et pour acquitter ma dette, des labeurs de chaque jour, et des luttes inévitables de l'heure présente.

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Mais, avec une réflexion plus profonde, je sentis

qu'une si grande cause ne devait pas être défendue seulement par les protestations de la foi alarmée, et par les cris même les plus énergiques de la conscience; que c'était trop peu pour elle que des paroles qui passent ou des écrits fugitifs qui ne restent point; à ces grandes et capitales questions, qu'un jour n'épuise pas, j'ai compris qu'il fallait donner un travail plus grave, plus approfondi, un livre enfin qui puisse, s'il plaît à Dieu, demeurer et parler toujours.

Je puis donc le dire comme saint Hilaire : C'est parce que j'y étais obligé que j'ai écrit: Coactus `hæc scripsi; et c'est la conviction la plus profonde de mon âme que j'ai exprimée dans mes paroles: Et quæ ipse credebam locutus sum.

Je me suis souvenu, comme ce grand docteur, qu'un évêque n'est pas seulement le disciple de la vérité, qu'il en doit être aussi le témoin: Discipulus veritatis, testis quoque veritatis.

C'est parce que mon devoir m'y obligeait, j'en avais la conscience, que j'ai dû faire cette campagne pour l'Église.

C'est parce que je devais combattre que j'ai combattu: Conscius mihi hoc me Ecclesia stipendium militiæ meæ debere. C'est parce qu'enfin je devais au Christ la voix de mon épiscopat que j'ai publié ces pages: Ut Christo, per has litteras, episcopatus mei vocem destinarem.

Ainsi, nul ne pourra dire, ou du moins les âmes sincères ne croiront pas qu'aucun motif humain, étroit ou coupable, ait guidé ma plume. Nemo me aliquo vitio humanæ perturbationis ad hæc scribenda arguet incitatum. Si j'ai exposé tant de faits et rappelé tant de principes; si j'ai dû porter un jugement libre et juste sur tant d'hommes et tant de choses, si verò universa hæc manifesta esse ostendimus, oui, je puis le dire encore avec saint Hilaire : Nous ne sommes pas, grâce à Dieu, sortis des bornes de la liberté apostolique: Non sumus extra libertatem apostolicam (1).

Je ne le sais que trop cependant; ce livre ni aucun livre ne terminera rien ici! Il y faut la puissante main de Dieu, et nul ne connaît son heure.

Hélas! oui, nous sommes tous loin, humainement, d'en avoir fini avec la question italienne. L'avenir, comme toujours, couvre bien ses secrets; mais ce qu'il laisse entrevoir n'est pas fait pour rassurer, et l'horizon demeure chargé d'épais nuages.

Vous manquez de regard, me diront peut-être quelques hommes: vous êtes aveugle et n'apercevez pas l'habileté des dénoûments qui se préparent; la politique est entre des mains savantes et fortes: tout finira bien.

(1) S. HILARII, lib. Cont. Constantium, p. 1247; lib. De Synodis, p. 1206, édit. Benedict.

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