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LENOX LI

NEW YORK

(1036) SAINT-CLOUD. IMPRIMERIE DE M

BELIN.

En 1848, l'Académie des sciences morales et politiques mit au concours la question suivante :

Comparer la philosophie morale et politique de Platon et d'Aristote avec la doctrine des philosophes modernes les plus célèbres sur ces mêmes matières. Démêler ce qu'il y a de vrai et de faux, de passager et d'éternel dans ces différents systèmes. »

Nous donnons au public le mémoire couronné, mais non sans d'importantes modifications, que nous devons signaler pour être fidèle à la condition que l'Académie ellemême impose à ses lauréats (1).

:

L'Académie ne demandait qu'une comparaison entre les plus grands systèmes de morale et de politique anciens et modernes entraîné par l'intérêt du sujet, nous l'avons beaucoup développé, et nous croyons pouvoir présenter ce livre comme une Histoire de la philosophie morale et politique.

Il y a donc dans l'ouvrage actuel plusieurs chapitres entièrement nouveaux, et qui n'étaient pas dans le mé

(4) « L'Académie, afin d'éviter les inconvénients attachés à des publications inexactement faites des Mémoires qu'elle a couronnés, invite les auteurs de ces Mémoires à indiquer formellement, dans une préface, les changements ou les additions qu'ils y auront introduits en les imprimant. » (Règlement de l'Académie des sciences morales et politiques.)

TOM. I.

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moire primitif; par exemple, les chapitres sur la morale et la politique chrétienne, sur le moyen âge avant et après saint Thomas d'Aquin, sur l'école de Machiavel, sur la morale du xvr siècle, sur la politique protestante au XVI siècle, sur l'école de Montesquieu. D'autres ont été complétement refondus; par exemple, les chapitres suivants saint Thomas d'Aquin, Machiavel, Hobbes et Spinosa, Locke, Kant. Enfin les autres parties du livre, sans être aussi largement remaniées, ont été très-modifiées, et, je l'espère, améliorées.

:

Ce que nous n'avons pas changé dans le livre, ce sont les doctrines d'abord nous ne le devions pas, et d'ailleurs nous n'avions aucune raison de le faire. C'était l'esprit de ce travail, beaucoup plus que son mérite, que l'Académie avait voulu récompenser; j'espère qu'elle le retrouvera intact et fidèle dans le livre que nous publions.

Il me reste, en terminant, à exprimer mes remercîments au savant bibliothécaire de Strasbourg, M. le professeur Yung, pour l'extrême obligeance avec laquelle il a mis à ma disposition les trésors de sa bibliothèque et de sonérudition bibliographique.

INTRODUCTION.

Dans tous les temps il s'est rencontré des écrivains philosophes, qui, sans avoir participé aux fonctions publiques, ou les ayant traversées, ont occupé les loisirs de l'état privé à rechercher les principes de la politique. Quelques-uns ont cru devoir s'excuser d'une telle entreprise. Machiavel, qui avait, autant que personne au monde, le droit de traiter ces matières, ayant été mêlé aux plus grandes affaires de son temps, se demande dans la dédicace du Prince à Julien de Médicis, s'il est permis à un particulier de donner des leçons à ceux qui gouvernent; et il répond ingénieusement que ceux qui sont dans les vallées peuvent voir beaucoup de choses que l'on n'aperçoit pas sur les hauteurs. J.-J. Rousseau se fait la même objection: « On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c'est pour cela que j'écris sur la politique. Si j'étais prince ou législateur je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire. Je le ferais, ou je me tairais. Ces pa

roles de Rousseau sont peut-être plus orgueilleuses que judicieuses. Il est plus facile de dire ce que l'on ferait

étant prince, que de le faire quand on le devient. D'ailleurs le Contrat social est un ouvrage tout spéculatif, qui ne nous apprend guère comment il faut agir dans la pratique. Les paroles de Machiavel sont plus raisonnables; mais on peut les rétorquer. Car si l'on voit de la vallée beaucoup de choses qui échappent sur les hauteurs, on aperçoit aussi sur les hauteurs beaucoup de choses que ne voit pas l'habitant des vallées. Ce ne sont point là des raisons.

Le vrai principe du droit qu'ont les hommes privés qui réfléchissent de traiter des matières d'Etat, sans avoir besoin pour cela d'être ministres ou d'être princes, c'est le droit dévolu par la nature à la raison humaine d'observer et d'étudier tous les faits et tous les objets qui nous entourent, et qui intéressent notre condition. S'il a été permis à l'homme de sonder le secret du Créateur et de découvrir les lois du système du monde, lois auxquelles il n'a point coopéré, et qu'il ne peut qu'appliquer sans y changer un iota, comment lui 'serait-il interdit de pénétrer le secret d'un mécanisme qui le touche de bien plus près, dont il est partie intégrante, et quelquefois partie souffrante, et qui paraît être l'ouvrage des hommes ? Sans doute, s'il s'agit d'une

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