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Que peut-on opposer à cette mesure vraiment sage et philosophique ?

On peut renouveler contre elle la grande objection de quelques publicistes, qui reprochent à la Religion romaine d'avoir pour chef suprême un prince étranger. On peut citer l'exemple de l'Angleterre, qui, vers le milieu du quinzième siècle, rompit toute liaison avec le Saint-Siége, et constitua une secte indépendante. Mais personne n'ignore quel motif honteux poussa Henri VIII à se déclarer chef de l'église anglicane. D'ailleurs, Henri VIII établit une religion nationale dominante : et le concordat évite ce grand écueil; il les organise toutes, et les dirige toutes également. Certes, l'exemple de l'Angleterre en ce sens ne doit pas être cité : cette innovation religieuse n'a pas été sans conséquence pour elle. Peut-être l'homme d'Etat y voit-il la cause de toutes les tempêtes politiques qui, deux siècles après, l'exposèrent à tant de naufrages; peutêtre les troubles qui naguère agitoient une de ses provinces, se rattachent-ils à la même cause. Si des feux long-temps concentrés ont dévoré l'Irlande; si le sort de ce pays a pu dépendre d'un vent propice, ne peut-on pas croire que le système religieux de l'Angleterre, qui entretient de profondes querelles,` est funeste à sa tranquillité ? La prudence et le temps peuvent cicatriser des plaies profondes; mais comment ce peuple éclairé n'établit-il pas l'égalité dans les différens cultes ?

comment maintient-il encore la loi du test? Ah! s'il continue à méconnoître que le droit des consciences est au-dessus du pouvoir des souverains, nous pouvons lui dire, du haut de cette tribune, qu'il ne se montrera pas digne du siècle où nous vivons, qu'il parviendra difficilement à réunir en un seul corps de nation les îles de son empire, et que cette faute première peut amener des résultats qu'il n'appartient qu'à l'histoire de calculer.

Mais quand la politique de Henri VIII n'auroit pas pris de fausses directions, quelle utilité pourrions-nous retirer de son exemple? Quel parallèle établiroit-on entre son siècle et le nôtre? En Angleterre, la révolution n'avoit pas été irréligieuse; Henri VIII avoit sous sa main tous les chefs d'un clergé puissant qui le secondoit, tous les ressorts d'un culte établi qu'il put s'approprier; et le point où nous nous trouvons est à l'autre extrémité: il appeloit à son secours un culte que la vénération publique avoit consacré; nous recréons un culte qu'on a voulu anéantir par la persécution et le mépris. D'ailleurs, les les britanniques n'ont point de rapport géographique avec Rome; mais la République en ayant de toute espèce, l'établissement d'une secte indépendante eût peut-être ôté quelque chose à notre influence européenne: et d'un autre côté, le centre de la Religion Catholique n'est pas hors de la sphère de cette influence. Si ces domaines furent donnés à l'église par la Frauce; si cette église fut sou

tenue par nos aïeux, plus libéraux, plus éclai rés, plus vraiment philosophiques, les temps où nous vivons ne sont pas moins glorieux pour la nation française; et aujourd'hui, comme au temps de Charlemagne, la cour de Rome nous est liée par son existence comme par ses. affections.

Le caractère du chef qui gouverne l'Eglise rend ses liaisons avec nous plus étroites, en inspirant un nouveau respect à la sainteté de son ministère : aussi dans ces discussions où de part et d'autre on avoit à lutter contre tant de préjugés, les deux Gouvernemens ont apporté ce caractère de réserve et de méditation qu'inspire seul. le véritable amour de l'humanité, et qui dompte tous les obstacles. Le résultat de ces discussions a été également favorable aux intérêts de la République et à ceux de l'Eglise : le concordat rétablit tout ce qui est utile; il écarte tout ce qui est superflu et abusif; il reconstitue la Religion catholique, apostolique et romaine, dans la partie du clergé séculier nécessaire au service public, et il la dégage de toute cette armée monastique, indépendante de l'épiscopat, souvent contraire à son utile influence.

La tenue des registres civils reste étrangère à toutes les communions religieuses. La liberté des consciences et l'égalité des cultes sont entières. Les cultes, dans toutes leurs parties, sont soumis à l'action civile, de telle sorte que leur établissement public porte un coup mortel au fanatismę.

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Non, jamais institution religieuse plus com plète, plus philosophique, plus salutaire, plus nationale, ne fut offerte à un grand peuple; elle est bienfaisante pour tous les chrétiens les catholiques et les protestans vivent sous les mêmes lois; qu'ils chérissent également la patrie qui les confond dans son amour. Législateurs, ce code religieux est un des bienfaits les plus signalés que la République devra à son Gouvernement: pour mieux l'apprécier, il nous reste à le comparer rapidement avec les lois des gouvernemens passés.

ASSEMBLÉE

CONSTITUANTE.

L'Assemblée Constituante, fixant ses premiers regards sur les abus de l'Eglise, voulut ramener les prêtres à la doctrine de l'Evangile : une immense quantité de bénéfices affectés à des ministres sans fonctions, servoit d'aliment à des vices qu'eux-mêmes condamnoient dans les autres, tandis que le prêtre des champs vivoit à peine de l'autel qu'il desservoit; ces bénéfices furent supprimés. Des ordres monastiques nombreux dévoroient sans avantage la substance des peuples; ils disparurent ces ordres dont on conçoit l'existence lorsque les premiers chrétiens, persécutés dans le Bas-Empire, étoient réduits à fuir les hommes pour rester fidèles à leur Dieu, ne servoient dans les Etats modernes qu'à y entretenir un esprit étranger et funeste; aussi leur réforme fut souverainement nationale.

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Pourquoi donc l'Assemblée constituante n'a-t-elle pas atteint son but? Pourquoi n'ayant fait en matière de Religion que des choses utiles et presque semblables à ce qu'avoit entrepris Joseph II, a-t-elle rencontré des obstacles qu'elle n'a pu surmonter? C'est que, sous Joseph II, les chefs de l'église germanique se prêtèrent à ses desseins, et que ceux de l'église gallicane s'opposèrent aux premières tentatives des réformateurs. Soit que, sous les dehors d'un zèle affecté ils ne regrettassent que les richesses et les priviléges dont ils jouissoient à l'ombre du trône; soit qu'ils eussent entrevu l'athéisme qui, caché derrière quelques hommes de bonne foi, essayoit déjà ses forces, l'étendard de la révolte fut arboré, et l'en vit la majorité des prêtres, des moeurs les plus pures, nés au sein du tiers-état, les plus intéressés à détruire les abus du haut clergé, se laisser entraîner par la force de la dépen. dance, et embrasser sincèrement une cause qui, peut-être dans leurs chefs, n'avoit que des vues temporelles. Une grande partie des prêtres crut sa foi intéressée, et le mal s'aigrit sans retour. Ainsi les mesures de la Constituante, parce qu'on négligea de les prendre avec la prudence nécessaire, firent, dans la suite, répandre plus de sang, nous engagèrent dans des erreurs plus longues à réparer, que ne l'ont fait les diverses factions politiques.

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