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ou secouer arbitrairement le joug de la discipline, au grand préjudice des particuliers et de l'Etat.

Le Gouvernement, en sentant la nécessité d'intervenir directement dans les affaires religieuses par les voies d'une surveillance protectrice, et en considérant les scandales et les schismes qui désoloient le culte catholique, professé par la très-grande majorité de la na tion française, s'est d'abord occupé des moyens d'éteindre ces schismes et de faire cesser ces scandales.

S. V. Nécessité d'éteindre le schisme qui existoit entre les ministres catholiques, et utilité de l'intervention du Pape pour pouvoir remplir ce but.

Un schisme est, par sa nature, un germe de désordre qui se modifie de mille manières différentes, et qui se perpétue à l'infini. Claque titulaire, l'ancien, le nouveau, le plus nouveau, ont chacun leurs sectateurs dans le même diocèse, dans la même paroisse, et souvent dans la même famille. Ces sortes de querelles sont bien plus tristes que celles qu'on peut avoir sur le dogme, parce qu'elles sont comme une hydre qu'un nouveau changement de pasteur peut à chaque instant reproduire.

D'autre part, toutes les querelles religieuses ont un caractère qui leur est propre. « Dans

» les disputes ordinaires, dit un philosophe » moderne, comme chacun sent qu'il peut se » tromper, l'opiniâtreté et l'obstination ne » sont pas extrêmes; mais dans celles que » nous avons sur la religion, comme par la » nature de la chose, chacun croit être sûr » que son opinion est vraie, nous nous in» dignons contre ceux qui, au lieu de changer » eux-mêmes, s'obstinent à nous faire chan» ger ».

D'après ces réflexions, il est clair que les théologiens sont par eux-mêmes dans l'impossibilité d'arranger leurs différens. Heureusement les théologiens catholiques reconnoissent un chef, un centre d'unité, dans le pontife de Rome. L'intervention de ce pontife devenoit donc nécessaire pour terminer des querelles jusqu'alors interminables.

De là le Gouvernement conçut l'idée de s'entendre avec le Saint-Siége.

par

La constitution civile du clergé, décrétée l'assemblée constituante, n'y mettoit aucun obstacle, puisque cette constitution n'existoit plus. On ne pouvoit la faire revivre sans perpétuer le schisme qu'il falloit éteindre. Le rétablissement de la paix étoit pourtant le grand objet; et il suffisoit de combiner les moyens de ce rétablissement avec la police de l'Etat et avec les droits de l'Empire.

Il faut sans doute se défendre contre le danger des opinions ultramontaines, et ne pas omber imprudemment sous le joug de la cour

de Rome; mais l'indépendance de la France catholique n'est-elle pas garantie par le précieux dépôt de nos anciennes libertés.

L'influence du Pape, réduite à ses véritables termes, ne sauroit être incommode à la politique. Si quelquefois on a cru utile de relever les droits des évêques pour affoiblir cette influence, quelquefois aussi il a été nécessaire de la réclamer et de l'accréditer contre les abus que les évêques faisoient de leurs droits.

En général, il est toujours heureux d'avoir un moyen canonique et légal d'apaiser des troubles religieux.

§. VI. Plan de la convention passée entre le Gouvernement et le Pape.

Les principes du catholicisme ne comportent pas que le chef de chaque Etat politique puisse, comme chez les luthériens, se déclarer chef de la religion; et dans les principes d'une saine politique, on pourroit penser qu'une telle réunion des pouvoirs spirituels et temporels, dans les mêmes mains, n'est pas sans danger pour la liberté.

L'histoire nous apprend que, dans certaines ́occurrences, des nations catholiques ont établi des patriarches ou des primats pour affoiblir ou pour écarter l'influence directe de tout supérieur étranger.

Mais une telle mesure étoit impraticable dans les circonstances; elle n'a jamais été employée que dans les Etats où l'on avoit sous la main une église nationale, dont les ministres n'étoient

pas divisés, et qui réunissoit ses propres efforts à ceux du gouvernement pour conqué rir son indépendance.

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D'ailleurs, il n'est pas évident qu'il soit plus utile à un Etat dans lequel le catholicisme est la religion de la majorité, d'avoir dans son territoire un chef particulier de cette religion, que de correspondre avec le chef général de l'église.

Le chef d'une religion, quel qu'il soit, n'est point un personnage indifférent. S'il est ambitieux, il peut devenir conspirateur; il a le moyen d'agiter les esprits, il peut en faire naître l'occasion : quand il résiste à la puissance séculière, il la compromet dans l'opinion des peuples. Les dissensions qui s'élèvent entre le sacerdoce et l'empire, deviennent plus sérieuses. L'église qui a son chef toujours présent, forme réellement un Etat dans l'Etat : selon les occurrences, elle peut même devenir une faction. On n'a point ces dangers à craindre d'un chef étranger, que le peuple ne voit pas, qui ne peut naturaliser son crédit, comme pourroit le faire un pontife national; qui rencontre dans les préjugés, dans les moeurs, dans le caractère, dans les maximes d'une nation dont il ne fait pas partie, des obstacles à l'accroissement de son autorité; qui ne peut manifester des prétentions sans réveiller toutes les rivalités et toutes les jalousies; qui est perpétuellement distrait de toute idée de domination particulière par les embarras et les soins

de son administration universelle; qui peut toujours être arrêté et contenu par les moyens que le droit des gens comporte, moyens, qui, bien ménagés, n'éclatent qu'au dehors, et nous épargnent ainsi les dangers et le scandale d'une guerre à la fois religieuse et domestique.

Les gouvernemens des nations catholiques se sont rarement accommodés de l'autorité et de la présence d'un patriarche ou d'un premier pontife national; ils préfèrent l'autorité d'un chef éloigné, dont la voix ne retentit que foiblement, et qui a le plus grand intérêt à conserver des égards et des ménagemens pour des puissances dont l'alliance et la protection lui sont nécessaires.

Dans les communions qui ne reconnoissent point de chef universel, le magistrat politique s'est attribué les fonctions et la qualité de chef de la religion; tant on a senti combien l'exercice de la puissance civile pourroit être traversé s'il y avoit dans un même territoire deux chefs, l'un pour le sacerdoce et l'autre pour l'empire, qui pussent partager le respect du peuple, et quelquefois même rendre son obéissance incertaine. Mais n'est-il pas heureux de se trouver dans un ordre de choses où l'on n'ait pas besoin de menacer la liberté pour rassurer la puissance!

le re

Dans la situation où nous sommes, cours au chef général de l'Eglise étoit donc une mesure plus sage que l'érection d'un chef

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