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ÉLÉMENTS MATÉRIELS

DE NOS PREMIERS MONASTÈRES.

§ 1.

Les récentes recherches sur les antiquités égyptiennes auraient prouvé que la civilisation, loin de descendre le Nil, comme Diodore, qui habitait Alexandrie quarante-cinq ans avant notre ère, l'avait affirmé, aurait au contraire remonté le fleuve. Généralisant cette hypothèse, applicable du reste également au bassin du Rhône, on l'a présentée comme une loi nécessaire du développement de l'humanité.

Or, ce fut exactement le contraire qui eut lieu sur le territoire belge la civilisation romaine arrivée du midi, descendit nos rivières pour prendre pied dans les vallées.

Les écrivains classiques des derniers siècles nous ont déroulé l'histoire romaine comme se terminant brusquement devant les Hérules et leur chef Odoacre, après qu'ici les conquêtes de Chlodion avaient déjà refoulé l'empire depuis près d'un demisiècle '. Mais il n'en a pas été ainsi. La raison en est, comme le remarque STECHER, que dans l'humanité tout se prépare, tout s'enchaîne l'emboîtement des idées et des germes est manifeste aux yeux de l'investigateur, qui n'hésite pas à admettre pour le passé cette loi de filiation. Ce n'est qu'après la dispersion des Normands que la face des choses a changé pour nous; dès lors seulement une civilisation nouvelle a pris naissance 3.

1. DE PETIGNY. Histoire de l'époque mérovingienne, t. I, fol. 359. 2. Les survivances. (Revue de Belgique, 1877, t. XXVI, fol. 217.) 3. SCHAEYES. La Belgique et les Pays-Bas, etc., t. III, fol. 168.

De nombreux vestiges de la domination romaine étaient alors encore manifestes dans la stratégie, dans l'administration, dans les constructions, dans le mode d'exploitation rurale par grandes fermes, dans l'existence des écoles. La quantité d'inscriptions remontant à l'Empire que l'on trouva dans notre sol, révèle qu'il y avait des lecteurs, et ceux-ci ont dû passer par l'école. On sait que Trajan avait établi ces institutions pour l'instruction des enfants pauvres ; qu'Antonin étendit leur action, et que Valentinien II établit dans les villes des écoles de grammairiens. Il importait aux maîtres que la langue latine fût comprise par les peuples assujettis.

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L'Église, héritière de cette civilisation ancienne, apparut alors en qualité d'institutrice pour tous et de tutrice pour les faibles. En même temps elle se rencontra avec l'ancien empire dans différentes branches, parmi lesquelles nous omettons ici l'adoption du calendrier, et certaines conformités qu'on croit remarquer dans son culte *.

Dès le troisième siècle l'empire avait commencé à se barbariser; ce fut à l'intervention de Caracalla que des éléments étrangers à Rome purent se développer dans son sein, dès que l'édit de l'an 213 eût accordé le droit de citoyen romain à tout sujet de l'empire. Un peu plus tard, en 225, AlexandreSévère distribua aux soldats des frontières, Germains pour la plupart, des terres conquises à condition que ces héritages seraient toujours défendus par les armes 3.

1. HEEREN. Manuel, fol. 574 et 578.

2. DUCHOUL. Discours de la religion des anciens Romains, Lyon, 1567, fol. 297. D. VAN BASTELAER. Réminiscence moderne des rites mortuaires. (Messager des sciences hist., 1876, fol. 143.)

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MAX. WIRTH. Fondation des Etats Germ., t. I, fol. 248 et 314 et introduction, I, 36 et 47. VERHOEVEN. Inleyding enż, fol. 88.

3. LAMPRIDIUS. In Alexandro Severo, cap. 58. cap. 16.

VOPISCUS. In Probo,

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Dès lors des auxiliaires Franks ont pu se caser in solo romano, et pas à pas ils étendirent leur influence sur les indigènes. Les remarques de C. VAN DESSEL signalent la direction qu'ils semblent avoir suivie sur notre territoire.

« La partie où les trouvailles d'antiquités frankes sont nombreuses, dit-il, forme presqu'un quadrilatère ayant pour sommet au nord Boorsheim, dans le Limbourg, au sud Resteigne et Soye, à l'ouest Élouges et Autreppe. La Flandre occidentale pas fourni de découvertes d'antiquités frankes'. n

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Nous ajouterons au sud Gerpinnes, Strée, La Buissière, qui par les découvertes de sépultures dénoncent leur séjour. Ils s'y étaient commodément établis ".

La première incursion des Franks, suivie d'occupation partielle, paraît se rapporter à l'an 265.

Selon C. DE BOVE, ce serait elle qui aurait amoncelé les ruines dans la Nervie, et porté un coup funeste à la prospérité de Bavai 3.

Mais bien que cet auteur, sous l'influence peut-être des écrivains français, tienne les Franks pour un peuple pasteur et errant, leurs lois nous le montrent comme un peuple essentiellement agricole. Aussi a-t-on remarqué qu'ayant obtenu des terres de l'Empire, il s'adonna avec tant de zèle à la culture, et introduisit tant d'améliorations, que ses champs cultivés ne pouvaient plus être distingués de ceux des Romains .

1. Mélanges archéologiques, fol. 25.

2. L. GALESLOOT. Le Brabant avant l'invasion, fol. 31.

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Rapports, t. VII, Cte DE GLYMES. Idem, t. VIII. Rapport D. VAN BASTELAER.

Tome X, fol. 139-168-214, D. VAN BASTELAER. MAX. WIRTH. Livre cité,

t. I, fol. 178.

3. Découvertes d'antiquités à Wasmes, fol. 6.

4. PARDESSUS. La loi salique, LIX, § 1 à 4, Paris, 1843.

5. MAX. WIRTH. Livre cité, t. II, fol. 54.

On ne saurait douter que dans les luttes que soutinrent l'un contre l'autre les généraux de l'Empire pour atteindre le pouvoir, les contingents franks, alliés de ceux qui succombèrent, n'eussent vu leurs biens confisqués, quand on remarque qu'en traitant avec eux en 290, Maximin leur rendit les terres qu'ils avaient déjà cultivées.

En 306, une confiscation partielle pourrait bien avoir été infligée par Constantin, et même une autre en 388, en conséquence de la victoire des Romains sur les Franks dans la Carbonaria sylva. Mais comme alors ces vaincus occupaient déjà les plus hautes fonctions auprès des empereurs, ils n'ont pu être dépouillés que dans une faible proportion, car au siècle suivant, eux et les indigènes cultivaient des terres qui n'appartenaient pas au fisc.

Celui-ci s'était du reste successivement enrichi par les deshérances et peut-être bien par l'annexion des marks des villages indigènes dont la population avait péri. Devenus dominateurs en 418, les Franks morcellèrent les propriétés immenses que Rome avait exploitées par le travail servile, et le surplus, abandonné par eux, retourna en jachère. Ces vastes territoires finirent par constituer le domaine royal', après que les Mérovingiens confirmés dans leur pouvoir par les Césars byzantins, prirent l'administration impériale pour modèle. Ce fut ainsi que la nation victorieuse fut moralement absorbée par un peuple à son déclin ; l'esprit plus jeune se trouva maîtrisé par celui tombé en décrépitude qu'il avait vaincu : vicissitude confirmant la loi en vertu de laquelle le peuple appartenant à une civilisation antérieure, imprime le sceau de sa manière d'être à un peuple plus nouveau *.

1. J. DESROCHES, citant APPIANUS. Histoire gén. des Pays-Bas autrichiens, t. II, fol. 299, note.

2. MAX. WIRTH, Fondation, etc., t. I, fol. 34 et fol. 272.

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Les Mérovingiens disposèrent largement des immeubles en faveur de leurs préférés, de leurs fidèles et du clergé. L'ancien système des grandes propriétés fut remis en vigueur. A la fin de leur règne le tiers des biens, obtenus par des dons royaux ou par des donations privées, se trouvait en la possession de l'Église '.

§ 2.

La position toute spéciale du sacerdoce de l'époque explique la haute importance politique à laquelle les prêtres étaient parvenus. Leurs talents, aidés des circonstances du IVe siècle, les avaient portés au sommet de la société politique de l'Occident.

En 312, Constantin vainqueur de Maxence, avait eu à compter avec les partis; en vue d'apaiser les esprits, il rendit l'édit de Milan, portant: « Qu'il soit loisible à chacun d'embrasser la religion qui lui convient »; mais ce n'était là qu'une étincelle lumineuse qui devait mettre des siècles avant que d'éclairer le monde; un recul ne tarda pas à se produire. L'empereur réunissant en sa personne toutes les premières dignités de l'État, était maximus pontifex et comme tel se trouvait à la . tête de la religion publique. En Orient, le christianisme avait la majorité de la population, et chef des deux empires, Constantin n'avait pas hésité à se considérer comme chef des deux cultes, grand pontife de paganisme, et pour le christianisme, évêque des choses du dehors, selon ses expressions. En conformité de cette attribution et à la suite du concile de 325, tenu à Nicée, la coïncidence de la société civile et de la société ecclésiastique fut établie. L'empire avait ses quatre préfets du

2. Cfr. SISMONDI. Histoire des Français, t. I, fol. 36 et 37.

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