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cependant en déduire cette conséquence : que l'industrie fondée par Gibon à Ferrière avait pris une grande extension et ce centre industriel n'était pas resté une succursale éphémère de Bouffioulx, comme ce fut le cas pour les tentatives d'imitation du XVIIe siècle. Il est évident que la consommation des vases en grès était devenue immense si l'on en juge par les chiffres de production que l'on a indiqués pour Bouffioulx et que nous donnerons nous-même plus loin pour Ferrière-la-Petite.

Les mines de Marpent et d'Erquelinnes ont disparu, peutêtre à cause de la qualité des terres de ces communes qui employées sans mélange ne donnent que des produits souvent fissurés par la cuisson. Quant à celles de Ferrière-la-Petite, elles produisent encore.

Le nombre des potiers naturellement restreint à l'origine, augmenta peu à peu. A la fin du XVIIIe siècle il y avait 11 poteries en activité dans la commune. Il n'y avait ni corporation ni règlement connu pour établir et sauvegarder les droits de chacun; du moins la tradition n'en parle pas et il n'y a aucun papier conservé qui en fasse mention.

Il est probable que les potiers ne formaient qu'une grande famille dont chaque membre administrait ses affaires comme il l'entendait, et vendait ses produits fabriqués au mieux de ses intérêts, sans toutefois faire concurrence aux autres sur le même marché; telles sont encore aujourd'hui les habitudes commerciales.

Le nom de maître donné au potier n'était qu'un titre auquel n'était attaché ni droit ni privilège; il était facultatif du moment que l'ouvrier payait patente; et, puisqu'il n'y avait pas de corporation, le titre de maître gouverneur devait être inconnu.

Voici la liste des potiers que nous voyons désignés par le nom de maître dans des actes ou dans les registres de l'état civil de la commune.

Il est de toute évidence que de cette manière l'année indi

quée n'est pas celle où ils ont pris ce titre, cela signifie seulement qu'à cette date ils portaient le nom de maître potier.

Cette liste s'arrête à la fin du XVIIIe siècle.

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1. Il l'était à Bouffioulx dès l'année 1687.

2. Retourna à Bouffioulx en 1751 et fut l'un des deux maîtres gouverneurs

en 1762.

3. Fils d'André Jenot faiseur de pipes en 1715.

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Pendant que les maîtres potiers fabriquaient, les marchands potiers vendaient les produits; cependant le nombre de ceuxci est restreint car les potiers vendaient aussi, c'est-à-dire, étaient également marchands. Parmi les marchands proprement dits, nous citerons les familles d'Augustin Gibon, né à Bouffioulx en 1705 et ayant le nom de marchand de pots dès 1730, Pierre Fiévet, Maximien Jenot, Jean Gibon, Alexis Jenot, Étienne Jenot, etc.

Les potiers n'ayant pas de corporation composée des maîtres, ouvriers et apprentis, c'est-à-dire n'ayant pas de règlement, il s'ensuit naturellement que chaque maître pouvait prendre comme ouvrier qui lui plaisait, seulement une convention était signée entre le maître et l'ouvrier.

Voici un exemple de la convention, trouvé dans un livre de comptes ayant appartenu à André Gibon':

2

« Le 23 septembre 1767 est engagé Pierre J. Pequer à André Gibon à raison de treize patars par jour et douze francs de denier à dieu et 12 sols par fournée, un sac de bresses et un pot de nuie plein de cel à chaque fois que l'on cuira et quand l'on aura cuie la journée sera finie et cy toutefois il faut travailler une demy journée le dit Gibon devra lui payer et le dit

1. André Gibon est fils de l'un des fondateurs Jean Gibon, et né à Ferrière la Petite, le 23 décembre 1729. Il était maître potier en 1760.

2. Braises, charbon de bois.

sac de bresses est donné à raison de veiller la première nuie. Celui qui renoncera devra faire dire quarante messes pour les ames des trepassez.

"Fait à Ferrière la Petite le jour cy-dessus a commencer à la Toussaint prochain. "

Toutes les conventions passées entre maîtres et ouvriers se ressemblent beaucoup : le prix de la journée diffère ainsi que le denier à dieu qui varie de 6 francs à 15 francs. Quant au dédit, on ne se borne pas toujours à faire dire des messes ponr les âmes des trépassés, le maître ou l'ouvrier qui renonce à son marché doit, le plus souvent, payer à l'autre trois mois de travail.

Voyons maintenant comment se faisait la fabrication des grès cérames à Ferrière la Petite au XVIIIe siècle.

Le sol d'une très grande partie du département du Nord offre de l'argile plus ou moins propre à la fabrication de la poterie, et dans l'arrondissement d'Avesnes, on en trouve sur les territoires des communes suivantes : Berlaimont, Ferrière-la-Grande, Ferrière-la-Petite, Sars-Poteries, Marpent, etc. La terre de Ferrière-la-Petite est particulièrement bonne pour la confection de la poterie de pierre, expression pour la distinguer de la poterie de terre.

La poterie de pierre, ou grès cérame, est comme on sait une variété de poterie dont la pâte est dense, opaque, sonore et très dure; elle est imperméable même sans glaçure, mais elle est fragile par le choc et ne va presque jamais au feu.

Le vernis est dû à la terre elle-même vitrifiée par la cuisson

1. Le denier à Dieu était une contribution qui se payait sur les marchés et engagements et qui, dès l'origine, devait être employée à quelque acte de piété.

et le sel. Les pots à bière et à tabac, les bonbonnes, les cornues sont des poteries de cette sorte. Les pièces dites grès fins sont des objets fabriqués avec soin et le plus souvent destinés à la décoration des appartements. Dans les temps modernes1, c'est l'Allemagne qui a fabriqué le grès commun non orné pour la première fois vers le VIIIe siècle et ce fut probablement au IX* qu'on le fit à Châtelet, Pont-de-Loup et Bouffioulx; au XVIe siècle on y produisait le grès orné et nous venons de voir que ce fut dès le commencement du XVIIIe siècle que des potiers de cette localité portèrent l'industrie du grès émaillé à Ferrière.

Le grès émaillé fabriqué à cette époque dans les communes de Bouffioulx et de Ferrière-la-Petite ne diffèrent guère. Dans cette dernière localité, les terres exploitées pour la fabrication de la poterie de grès, sont situées aux lieux dits fûches de la Sablonnière et de La Valette au sud-est de la commune. Plus au couchant et sur le territoire de Ferrière-la-Grande se trouve la ferme de Raimont, dont le sol fournit les argiles qui alimentent presque toutes les usines de Ferrière-la-Petite et de Sars-Poteries.

Les terrains propres à l'exploitation de l'argile à Ferrière-laPetite, appartenaient au commencement du XVIIIe siècle, en partie à l'abbaye d'Hautmont et en partie au chapitre des chanoinesses de Maubeuge, l'un des plus riches et des plus célèbres de l'Europe2.

1. Les Egyptiens paraissent avoir connu les poteries de grès dans l'antiquité.

2. L'abbaye d'Hautmont fut fondée en 646 par un puissant seigneur frank, Saint-Vincent Maldegaire, que certains légendaires font originaire de l'Aquitaine et d'autres d'un village du Hainaut (Strépy). Ce monastère fut supprimé en 1791.

Le chapitre des chanoinesses de Maubeuge fut fondé en 657 par sainte Aldegonde, seconde fille d'un seigneur frank, Walbert IV, gouverneur des provinces austrasiennes de l'Entre-Sambre et Meuse; le chapitre devint

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