RECORD DU VILLAGE DE DONSTIENNE

DE 1503.

Le 8 juin 1503, à la requête de Collart de Fosse, mandataire d'Adrien de Blois, chevalier, seigneur de Jumigny et de Donstienne, par suite de son mariage avec Catherine de Barbençon, les maire et échevins du village de Donstienne rédigèrent un record dans le but de constater authentiquement les droits, les propriétés et les charges de la commune et de ses habitants. Ce document présente de l'intérêt surtout par rapport à l'ancienne organisation communale et de l'exercice des droits féodaux. Nous le publions, d'après une copie ancienne conservée dans le fonds de l'abbaye d'Alne des archives de l'État, à Mons, et en expliquant par de courtes notes les expressions difficiles.

Donstienne ressortissait de la principauté de Liége. C'était une seigneurie importante comprenant d'après un relief de 1435, « le ville, terre, haulteur, justice et segnourie de Donstievene, avoecq touttes ses appartenances et appendiches, tant de maison, jardin, courtil, terres érulles, preis, bois, “yauwes, cens, rentes d'argent, d'avaines et de chappons, ung "moullin à yauve, comme en pluiseurs hommages, mortemains, meilleurs chatez, services d'iretages quant il vont de " main en autre, avoecq pluiseurs autres droittures et prouf❝ fis. " 1

Le château féodal, reconstruit vers 1626, fut détruit par un incendie en 1725.

1. STAN. BORMANS. Les seigneuries féodales de l'ancien pays de Liége. Bulletins de l'institut archéologique Liégeois, t. IX, p. 257.

Les seigneurs de Donstienne sont cités dès le XIIe siècle. En 1173 vivait Gilbert de Donstienne. On rencontre en 1195 un Guidon de Donstienne. En 1215, Élisabeth était dame de Merbes et de Donstienne; elle épousa Gilles de Barbençon. C'est ainsi que cette seigneurie devint la propriété de cette noble famille. Catherine de Barbençon, fille de Jean, fit passer la terre de Donstienne dans la famille de Blois par son mariage avec Adrien de Blois, chevalier, seigneur de Jumigny. Celui-ci fit relief le 27 avril 1492'. C'est à sa demande que fut dressé le record de 1503.

Sous le rapport religieux, Donstienne formait une paroisse du diocèse de Liége comprise dans le doyenné ou concile de Thuin. La dîme et le patronat de cette église appartenait à l'abbaye d'Alne. En 1204, Hugues, évêque de Liége, confirmait la donation qui en avait été faite à ce monastère par Gautier, seigneur de Fontaine, chevalier. Par une déclaration de 1215, Robert, abbé de Lobbes et de Brogne, fit savoir qu'Élisabeth, dame de Merbes et de Donstienne, a reconnu n'avoir aucun ban, justice ou avouerie sur tous les biens de l'église de Donstienne*. Ce village possédait une maladrie ou hospice pour les lépreux.

Le record de 1503 énumère successivement les chemins et sentiers de la localité, les aisements ou propriétés communales, les bois, les endroits où les habitants avaient le droit de vaine pature, les limites dans lesquelles ils pouvaient user de ce droit. Ce document nous fait connaître les taxes à acquitter par les

1. S. BORMANS, op. cit., donne la suite des seigneurs de Donstienne depuis 1435.

2. Ces actes sont transcrits dans le beau Cartulaire de l'abbaye d'Alne conservé aux archives de l'Etat, à Mons. Voyez le Mémoire sur le Cartulaire et sur les archives de l'abbaye d'Alne, par M. Devillers. (Annales du Cercle arch. de Mons, t. V, p. 316.)

manants, l'obligation où ils étaient d'assister aux trois plaids généraux qui se tenaient le lendemain de l'Épiphanie, le lundi de Quasimodo et le jour de la fête de saint Rémy. Enfin on y trouve l'énumération des droits perçus par le seigneur, les tailles, les corvées, le droit de mortemain; plusieurs dispositions se rapportent à l'usage du moulin banal. Remarquons une disposition pénale qui prononce le bannissement en cas de querelle.

Ce record présente donc au point de vue de notre histoire interne un intérêt suffisant pour être publié.

ERNEST MATTHIEU.

Mons, 26 mars 1881.

Record des mayeur et échevins de Donstienne énumérant les droits, les propriétés et les charges de la commune et des habitants.

8 juin 1503.

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A tous ceux qui ces présentes lettres verront et orront, nous le mayeur et eschevins de la court et justice de Donstiène icy dessoubs denommez, salut. Scavoir faisons que le VIIJ jour du mois de juing anno xve et trois, ont comparu pardevant nous en personne Collart de Fosse, lequel comme mambour et procureur de nostre très honoré et doubté seigneur monseigneur Adrian de Blois, seigneur de Jymugny et dudit Donstiene et aussy de toute la communauté de ladite ville, se plaindit et requist d'avoir de nous la court un bon, juste et real record par escrit et authenticque de tout ce entièrement que sommes salvans et wardans et que nous avons d'apprise tant de noz prédécesseurs et devantrains comme autrement de toutes les aysemences de ladite ville tant en chemin, voye, piesente, boys, hayes et de mollin, comme aussy de toute redevabilité que les mannans et surceans peuvent debvoir à leur seigneur et quelles servitude et pareillement en quoy et de quoy le sei-gneur est et doibt estre tenu à ladite ville, sans rien réserver ny hors mettre, et qu'icelluy record ainsy faict fust remis à nostre ferme pour et affin de tant mieux le bon droict d'un chascun garder et observer. Et nous sur ce meurement conseillé et ravertis les ungs aux autres, et après ayant bien diligement visité nostre ferme, avons dict et recordé, par gré et consentement de toute parties, et par baston plantée, à la correction de noz souverain, que quant au poinct des chemins avons

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1. Devantrains, devanciers.

2. Aysemences, lieux et biens communs.