Sayfadaki görseller
PDF
ePub

COMPTE RENDU

A L'EMPEREUR

DE L'EXÉCUTION DU DÉCRET ORDONNANT LA DISSOLUTION DES SOCIÉTÉS DES PÈRES DE LA FOI, DU COEUR DE JÉSUS ET AUTRES SEMBLABLES.

28 MESSIDOR AN XII 1.

Un décret impérial rendu sur mon rapport dissout la société des Pères de la foi, celle du Cœur de Jésus, et toutes autres qui ne sont point autorisées dans l'État avec les formes consacrées par le droit public français. Je viens rendre compte à Votre Majesté de l'exécution de ce décret.

Dès qu'il a été connu, les Pères de la foi, qui avaient leur rincipal établissement à Amiens, sont venus à moi et n'ont protesté de leur soumission. Ils étaient liés par des œux, et ils s'étaient réunis pendant la révolution et avant e concordat. Je leur ai dit que, même théologiquement parlant, leurs vœux étaient nuls, parce qu'on est citoyens rançais avant que d'être religieux; que le précepte fait à ous citoyens d'obéir aux lois de son pays est de droit diin, tandis que les congrégations monastiques ne sont que l'institution humaine, et qu'en conséquence un Français, [ui ne peut, selon les lois de son pays, entrer dans un rdre religieux sans l'aveu de son souverain, ne s'engage nulement quand il entre dans un ordre que le souverain n'a oint autorisé. On a senti la force de ces principes, qui ne Douvaient être méconnus par des hommes instruits.

La difficulté ne roulait plus que sur l'époque à laquelle es vœux des Pères de la foi avaient été formés, époque de rouble et d'anarchie, où l'on vivait proprement sans lois;

1 Inédit.

les plus timorés d'entre les pères de la foi croyaient qu'à cette époque ils avaient pu se lier devant Dieu et devant l'Église, et ils témoignaient que leur conscience avait besoin d'être rassurée.

J'ai bien mieux aimé trancher cette difficulté que de perdre du temps à combattre le point de délicatesse qui la faisait naître. Dans cet objet, j'ai conféré avec M. le cardinal légat, qui, en tant que de besoin, a délié les Pères de la foi, au nom du chef de l'Église, de tous leurs vœux, et leur a rendu leur liberté, par un bref du for penitential. Les Pères de la foi, ainsi dégagés de tout scrupule, et entièrement rassurés dans les rapports que leur premier engagement pouvait avoir même avec le sentiment intérieur et secret de leur conscience, exécutent aujourd'hui le décret impérial sans regret, et me chargent de présenter à Votre Majesté l'hommage de leur fidélité, de leur obéissance et de leur absolu dévouement.

Quant à la société du Cœur de Jésus, les membres ne faisaient que des vœux d'un ordre particulier, qui ne res semblaient point à ce que le droit canonique appelle les vœux solennels. Il a donc suffi de leur notifier le décret. Je reçois successivement les preuves de la dissolution de cette société. J'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté la décla ration que l'évêque d'Orléans vient de m'adresser, et qui lui a été envoyée par un prêtre qui appartenait à la société dont il s'agit.

Je ne parlerai point d'autres associations plus obscures, qui, dès leur naissance, ont été dissoutes par la police, et dont la police saura bien empêcher la résurrection.

Signé PORTALIS.

A L'EMPEREUR

SUR UNE ASSOCIATION ECCLÉSIASTIQUE QUE LE CARDINAL ARCHEVÊQUE DE LYON PROPOSAIT D'AUTORISER DANS SON DIOCÈSE,

IT DONT LE BUT était de se voUER A L'ÉDUCATION DE LA JEUNESSE ET AUX MISSIONS.

SIRE,

2 PLUVIOSE AN XII 1.

M. le cardinal archevêque de Lyon m'a communiqué le ésir d'établir une association libre d'ecclésiastiques, qui e destineraient à l'instruction publique et aux missions. l m'a remis un projet d'établissement dans lequel il déveoppe à cet égard toutes ses vues. Par le décret impérial sur 's associations religieuses, Votre Majesté s'est réservé 'approuver celles qui pouvaient se concilier avec les lois le bien de l'État. Rien ne s'oppose donc à ce que le prot présenté par M. le cardinal archevêque de Lyon soit taminé et discuté dans ses rapports avec l'ordre public. J'ai fait quelques modifications dans le projet et j'ai régé un rapport bien simple qui y demeurera joint, si otre Majesté trouve à propos de renvoyer l'affaire au conil d'État. Mais je me suis réservé de soumettre particuèrement à Votre Majesté toutes les observations que le ojet peut faire naître.

Dans tous les temps les hommes ont été portés à s'assoer entre eux pour faire ou exécuter quelque bien qui soit leur choix. Il faut une âme bien modérée et une vertu re pour se borner à remplir simplement ses devoirs ns la société. On fait souvent ce qui est de surérogation négligeant ce qui est de précepte. De là toutes les institions que l'on a vu se former dans les différents siècles,

Inédit.

et qui n'ont pas même toujours pris leur source dans des idées religieuses.

La révolution a fait disparaître toutes les corporations, mais elle n'a point étouffé le désir inné d'en former. Aussi, malgré la défense des lois, dans les moments de la plus grande terreur, on a vu s'établir dans les différentes parties de l'empire une foule de petites agrégations obscures, qu'il a fallu proscrire et qui échappent souvent à la surveillance.

On a très-sagement fait de détruire les moines et on fera très-sagement de les empêcher de renaître. Mais peut-être il est bon de laisser une issue aux petites ambitions, aur caractères singuliers et aux divers besoins que la société ne peut se promettre de satisfaire, et qui ont autrefois peuplé les monastères, les cloîtres et les communautés tant civiles que religieuses. Pour empêcher les associations dangereuses il est expédient d'autoriser des associations utiles. Alors le gouvernement s'empare du penchant naturel qu'ont les hommes à s'associer entre eux, pour tourner ce penchant au profit de l'État.

On a détruit avec raison les Pères de la foi, qui n'avaient que des préjugés de parti. Mais pourquoi la faculté de s'agréger ne serait-elle pas permise à des ecclésiastiques citoyens qui vivraient publiquement sous les yeux de l'autorité, qui ne connaîtraient que les lois, et qui se dévoueraient au bien de l'État?

Dans les circonstances présentes, on a fait des établissements pour l'instruction publique; on a placé dans ces établissements des hommes qui avaient appartenu aux anciennes congrégations de l'Oratoire et de la Doctrine, et aux colléges des universités. Mais ces hommes sont devenus rares, et tous les jours ils le deviennent davantage. On n'a pas même pu en trouver pour tous les lycées, et on a souvent été réduit à faire des choix misérables.

Comment l'espèce d'hommes destinée à peupler nos écoles pourra-t-elle se reproduire? L'état d'instituteur n'offre point une grande perspective à l'ambition. Il est difficile que l'on consente à sacrifier les plus belles années de sa vie pour se préparer à cet état, dans lequel on ne peut trouver pour récompense du travail que le travail même. Quand il y aurait des sujets qui auraient le goût particulier de l'enseignement, la plupart d'entre eux en seraient détournés par la nécessité de chercher ailleurs des moyens de subsister et de vivre. On peut donc prévoir que > dans quelques années les proviseurs et les professeurs manqueront entièrement.

Quand l'éducation publique était confiée à des congrégations, on n'avait point à craindre ce danger. Les corps ne meurent pas. Les jeunes gens qui ont du talent et peu de ressources entrent dans ces corps, où ils trouvent un entretien honnête et une existence honorable; ils achèvent de s'y former, et ils remplacent les sujets qui meurent ou qui rentrent dans la société.

On n'aura jamais de vrais instituteurs publics tant qu'on n'aura pas une agrégation d'hommes consacrés à cet objet intéressant.

Dans le premier instant de l'établissement des lycées, on ne pouvait parler de corporation; 1° l'opinion n'y était pas préparée; 2o les matériaux manquaient; 3o l'équité ne permettait pas d'abandonner à la misère et au désespoir les hommes qui s'étaient consacrés pendant la révolution à servir dans nos écoles centrales et dans nos écoles pri

maires.

Dans ce moment même, les lycées ne peuvent être régis que comme ils le sont. Un changement subit dans le régime des lycées entraînerait les plus graves inconvénients et ferait

commotion.

Mais il est naturel de prévenir le temps assez prochain

« ÖncekiDevam »