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de tact pour mettre au courant de son travail des ouvriers généralement prévenus contre lui et pour le faire avec une discrétion et une bonhomie qui ne les détournent pas de leur besogne d'ouvriers. Ces qualités psychologiques une fois réunies chez un homme, il lui suffit de quelques semaines d'exercice pour devenir un chronométreur excellent.

Ces préliminaires posés, il nous reste à décrire la méthode de chronométrage proprement dite. Cette méthode comprend 3 parties que nous appellerons chronométrage d'évaluation, standardisation, et chronométrage rigoureux.

III. Chronométrage d'évaluation.

Lorsque l'on veut perfectionner un geste d'un ouvrier ou d'un employé, la première opération consiste en une analyse de ce geste. Cette analyse est, en théorie, un simple travail d'observation, psychologique ou physique. En fait, on y sera aidé par le chronométrage, lequel d'ailleurs n'aura pas besoin d'être poussé à un haut degré de précision.

Un exemple fera comprendre notre pensée : supposons qu'il faille analyser la très simple besogne qui consiste à compter des cartes identiques et à les ranger par groupes de 20; pour faire cette opération le plus rapidement possible, il nous faut d'abord reconnaître les différents gestes élémentaires qui devront se succéder; nous trouverons ainsi, dans une première analyse, les gestes suivants :

1o Prendre de la main gauche, dans une grande pile posée à gauche, un nombre de cartes largement supérieur à 20, et, sur le bord de la table, faire du paquet un rigoureux parallélipipède rectangle.

2o En se servant à la fois de la main gauche et de la main droite, «travailler » ce paquet 3 ou 4 fois de manière que le parallélipipède s'incline, chaque carte dépassant la précédente d'un demi-millimètre ou d'un millimètre.

3o Compter 20 cartes d'une des deux manières que nous décrirons au paragraphe suivant.

4o Saisir les 20 cartes ainsi comptées avec la main droite et les poser sur la table, à droite.

Voilà quatre gestes dont il faudra encore fixer nettement le début et la fin. On le fera à l'aide de repères aussi bien définis que possible. Ces repères seront, par exemple : 1o le début de la première opération : poser la main gauche sur le gros paquet; 2o le début de la deuxième opération de la main droite toucher le paquet; 3o le début de la troisième opération : un des doigts touche une carte pour commencer à compter; 4o le début de la quatrième opération la main droite entière saisit le paquet de 20 cartes comptées.

Dans le précédent exemple, nous avons choisi des repères de débuts et des repères visuels. Mais on pourrait aussi bien mettre le repère à la fin du geste et le rendre auditif. Il y aurait même un double avantage à cette modification, toutes les fois qu'on pourrait la faire. En premier lieu, les fins d'opérations sont généralement mieux définies que les débuts; en effet, une opération commence avec une certaine incertitude, parce qu'elle est précédée d'une délibération, si courte soit-elle, qui n'apparaît pas tout de suite sous forme de geste, et parceque ce geste lui-même commence avec une certaine lenteur, alors que la fin du mouvement se manifeste très souvent par un choc brusque et n'est accompagnée d'aucun concomitant psychologique. Ainsi, pour nous borner à l'exemple précédent, on peut remplacer le repère du début de la première opération par le repère de la fin de la quatrième, le moment où un paquet de 20 cartes est posé sur la table. D'autre part, il est avantageux pour le chronométreur d'employer des repères sonores; si l'on chronométrait par exemple le travail d'une dactylographe, la première frappe d'une ligne ou le déplacement du chariot sont des repères tout indiqués; dans ce cas,

le chronométreur peut conserver les yeux fixés sur son chronomètre et sur son papier, sans avoir à faire effort pour maintenir les doigts de la dactylographe dans le champ visuel.

Le chronomètre aide ainsi à analyser des mouvements, mais il est clair que les mouvements de l'âme échappent à cette méthode. Comment, par exemple, analyser avec elle les différentes opérations d'un vérificateur qui doit contrôler, à la simple lecture, l'existence d'une douzaine de signatures sur une feuille de présence? Il faut employer alors des procédés purement psychologiques.

Il est évident encore que, dans ces opérations, ce qui importe le plus, c'est la fixation des repères beaucoup plus qu'une mesure exacte des temps compris entre eux. Si nous avons lié cette analyse au chronométrage proprement dit, c'est pour deux raisons. D'abord le vrai chronométrage, dont nous parlerons tout à l'heure, exige qu'on ait fixé les repères d'avance; ensuite un chronométrage préalable, si grossier soit-il, nous montrera jusqu'où il faut pousser l'analyse. Si nous nous apercevions, par exemple, que 3 ou 4 repères consécutifs, qui nous avaient, à première vue, paru excellents, sont trop rapprochés pour contenir des temps accessibles à la mesure, nous serior s forcés de réunir deux ou trois temps élémentaires en un seul en faisant sauter les repères intermédiaires, ei inversement, si un geste nous avait d'abord paru, ou nous paraissait, après plusieurs mesures, trop long et surtout trop variable, nous le décomposerions en gestes plus élémentaires, en intercalant des repères nouveaux que nous nous ingénierions à trouver.

Ces préliminaires achevés, nous ne chronométrerons pas davantage et nous nous livrerons à une seconde besogne, la plus importante de toutes. En effet, avant de mesurer la durée d'une opération, il faut en avoir fixé le mécanisme de manière qu'il soit le plus économique possible en temps, en gestes ou en pensée. Il faut, en un mot, l'avoir standardisé.

IV. Standardisation.

Le mot «< standardiser » exige à son tour une définition, car il est pris dans deux sens très différents.

Voici d'abord le sens primitif, quoique peut-être le moins courant. Un appareil est dit « standard » quand il est le meilleur ; un geste est dit « standard » quand il est le meilleur. Ainsi, le clavier universel des machines à écrire a été étudié, au moins dans le cas de la langue anglaise, de manière que les lettres les plus usuelles soient dans les parties du clavier les plus accessibles; de même, le doigté qu'un musicien joint parfois à son texte permet les mouvements les plus faciles. Voilà un appareil ou une opération « standard ».

Mais de cette première définition dérive aussitôt une seconde. Si un outil ou un geste sont les meilleurs possible, il y a intérêt à les rendre en quelque sorte obligatoires. Une fois trouvé le meilleur format de papier commercial, tous les fabricants de papier s'y conforment; une fois trouvée la meilleure forme de boulon, on ne construit plus que des boulons de ce type. Dans ce cas << standardisé » veut dire uniforme. C'est le sens le plus connu du mot.

Entre les deux sens existe un lien naturel; en effet, si l'on a trouvé la forme «standard » dans le premier sens, c'est-à-dire la forme la meilleure, il y a intérêt à ce que tout le monde l'adopte. L'uniformisation d'un clavier incommode, d'une mauvaise forme de douilles de lampes électriques, d'un écartement trop coûteux de rails de chemin de fer a peut-être l'avantage de permettre l'établissement facile de pièces de rechange, mais il a par contre le vice capital d'engager tout le monde sur une mauvaise voie, d'où l'on sortira d'autant plus difficilement qu'il faudra renoncer à une habitude universelle.

Comment donc va-t-on établir l'appareil ou le mouvement «< standard » ? C'est là le rôle des bureaux d'études.

Rôle de premier plan, qui doit être tenu par des ingénieurs de premier ordre et peut exiger de longs mois pour des opérations assez simples. Gilbreth a mis plusieurs années à standardiser le geste du poseur de briques. D'ailleurs, la standardisation, c'est toute la science du travail, et nous voulons ici nous borner à l'étude des temps. Nous nous contenterons donc de donner une idée très grossière du problème, dans le cas particulier du deuxième des mouvements élémentaires de l'exemple précédent : compter vingt cartes.

Une distinction fondamentale s'impose d'abord. Tantôt les cartes à compter sont des imprimés sans valeur, et il s'agit simplement de s'assurer que les paquets dits de 500 qu'on vient de recevoir de l'imprimerie ne sont pas en réalité des paquets de 480. Dans ce cas, on peut se contenter de la balance, ou, à défaut, compter exactement 50 cartes et faire la mesure du reste en comparant l'épaisseur de 50 cartes et l'épaisseur d'un plus gros paquet. Tantôt au contraire chaque carte a sa valeur et on ne saurait faire une erreur, même d'une unité ; c'est ce dernier cas dont nous allons dire quelques mots.

Après des essais dont nous ne donnons pas de détails, il semble que nous puissions nous arrêter à l'un ou l'autre des deux procédés suivants.

Dans le premier, le paquet initial aura la forme d'un parallélipipède incliné dans le sens de la plus grande dimension et serré dans la main gauche, le plan des cartes étant horizontal et les cartes supérieures débordant vers la droite; dès lors c'est la main droite qui servira à compter; l'index soulèvera légèrement le bord droit de la carte supérieure pendant que l'on comptera un; le médium fera de même pour la carte immédiatement au-dessous pendant qu'on comptera 2; l'index reviendra à la 3e carte, le médium à la 4o, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on ait compté les 20 cartes, qu'on détachera du paquet entre le pouce et l'index de la main droite.

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