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gence, ces bureaux d'études dont l'institution est cependant leur besogne propre.

Il faut espérer, néanmoins, que cet état d'esprit patronal disparaîtra comme l'état d'esprit ouvrier que nous rappelions auparavant, et qu'en ces matières c'est la science qui s'imposera, amenant avec elle, dans les rapports des employeurs et des employés, une justice qui contribuera dans une très large mesure à l'accroissement de la production.

JOSEPH WILBOIS,

Directeur de l'École d'Administration et d'Affaires.

VARIÉTÉS

I

ANCIENNE MÉDECINE ARABE (Suite.) (1)

Le milieu historique, sommairement évoqué dans les pages qu'on vient de lire, prêtera, croyons-nous, une saveur plus précise aux quelques épisodes et traits de mœurs qu'il nous reste à grouper pour achever notre esquisse de l'ancienne médecine arabe.

Hygiène générale.

Nous avons dit que le Prophète ne dédaignait pas d'enseigner les rudiments de l'hygiène et de la thérapeutique. Nous retrouvons cette préoccupation de l'hygiène physique dans plusieurs de ces Manuels orientaux de religion, de morale et de savoir-vivre, si pittoresques avec leur entrelacement perpétuel de préceptes, d'exhortations, d'historiettes tristes ou joyeuses et de jolis vers.

Voici, par exemple, une leçon de frugalité, extraite du Gulistan ou «< Jardin des roses », de Sa'di (1193-1291), petit livre encore usité dans les écoles persanes :

« Il est écrit aux Annales d'Ardeshir Babekan, que ce souverain demanda à un médecin arabe quelle quantité de nourriture il était convenable de prendre chaque jour. La réponse fut Le poids d'une centaine de dirhems suffit. Mais, reprend le roi, quelle vigueur cette quantité-là vat-elle me donner? Le médecin répliqua : Cette quantité te portera; mais tout ce que tu prendrais en plus, c'est toi qui devrais le porter.

(1) Voir REV. Qu. Sc., avril 1922, pages 403-419.

« Mange pour vivre, en redisant tes prières ;

Et ne crois point que la vie soit donnée pour manger » (1).

Feuilletons pareillement le classique « Livre des conseils » (Pend-Nameh) de Ferid ed-Din Attar († 1230), auquel les Musulmans d'Asie reconnaissent aujourd'hui encore tant d'autorité. Je cite dans la traduction de Sylvestre de Sacy. Le chapitre XIII est intitulé : « Des causes d'une bonne santé ». « Si tu désires, mon ami, jouir d'une santé parfaite, quatre choses pourront te la procurer. L'abondance des choses nécessaires à la vie, puis l'exemption de toute crainte, sont des gages certains d'une bonne santé. Si, au calme d'une âme que rien ne trouble, tu joins la vigueur du tempérament, tu n'auras plus rien à désirer de tous les biens de cette vie. Abstiens-toi, autant que tu le pourras, de te prêter aux désirs de ton âme... Écrase et foule aux pieds les penchants de ton cœur.... Traite rudement ton âme... ; éloigne-la, autant que tu le pourras, de tout ce qui est souillé... Ne te remplis point sans mesure d'aliments et de boisson, ne t'assimile point aux animaux qui habitent les étables. Lors même que tu ne jeûnes point, prends peu de nourriture pendant le jour et ne mange point jusqu'à la satiété... O toi qui consacres au sommeil toute la durée de la nuit jusqu'au lever du jour, songe à allumer un flambeau qui t'éclaire dans les ténèbres du tombeau. Manger et dormir est une occupation digne seulement des animaux » (2).

En prenant, dans ma bibliothèque, le Pend-Nameh, pour transcrire ces graves conseils, j'entraînai du même geste les Quatrains de l'énigmatique Omar Khayyam († vers 1123), le poète de l'épicurisme tragique et de la bouffonnerie douloureuse. Le contraste avec la sagesse prolixe d'Attar est si complet que je ne résiste pas au plaisir de citer quelques vers. Adieu la frugalité !

Bois du vin... C'est lui la vie éternelle,

C'est le trésor qui t'est resté de tes jours de jeunesse :
Saison des roses et du vin, et des compagnons ivres !
Sois heureux un instant, cet instant c'est ta vie. (XXXVI)

(1) L. Cranmer-Byng, The Rose-Garden of Sa'di. London, 1910, P. 39.

(2) Pend-Nameh, ou le Livre des Conseils, de Férid-eddin Attar. Traduit et publié par Sylvestre de Sacy. Paris, 1819, pp. 42-43.

La vie passe, mystérieuse caravane,
Dérobe-lui sa minute de joie !

Porte-coupe!... Verse du vin... la nuit s'écoule... (LX)

Quand je mourrai, lave-moi avec du vin

Et fais avec du bois de vigne les planches de mon cercueil. (LXIX) (1)

Après une pareille boutade, on ne s'étonnerait pas de voir Omar décocher contre la Faculté quelque flèche barbelée : j'avoue n'avoir rien trouvé de ce genre dans les Quatrains, mais aussi n'avoir fait qu'une battue assez sommaire.

Revenons vite à une hygiène moins extravagante. Si les prudents conseils qui vont suivre évoquent le fâcheux souvenir de quelque « réclame » prudhommesque et « pharmaceutique », de grâce, n'accusons pas l'honnête Attar d'avoir plagié la quatrième page des journaux :

« Quatre choses sont d'une grande importance et dignes d'attention, quoiqu'elles semblent faibles et petites un ennemi, le feu, une indisposition qui produit un malaise, la science enfin, qui est l'ornement de l'homme... Ne néglige point une légère incommodité, travaille à y apporter remède : autrement elle acquerra des forces, et tu te verras dans l'impuissance de la guérir. Si l'on ne travaille pas à guérir un léger mal de tête, dans son commencement, il est à craindre que le tempérament ne finisse par s'altérer » (2).

Et, ajouterons-nous, si tu crois devoir confier ta santé à un homme de l'art, médite cette brève admonestation que t'adresse, au nom de ce dernier, un médecin persan anonyme : « Sache bien que moi, et toi, et la maladie, sommes trois facteurs antagonistes. Si tu veux te mettre de mon côté, ne négligeant rien de que ce je t'enjoindrai, et t'abstenant de tout aliment que je prohiberai, alors étant deux contre un, nous terrasserons ton mal » (Cf. Browne, 78).

Qui serait friand de plus de détails sur l'ancienne conception arabe de l'hygiène, trouverait, dans le Canon d'Avicenne, de longs passages traitant de l'exercice corporel et des sports,

(1) Les Quatrains d'Omar Khayyam. Trad. de Ch. Grolleau. Paris, 1902, pp. 65, 77, 81.

(2) Traduction citée, p. 104.

de la nourriture, du sommeil, des bains et de l'hydrothérapie, du massage, du soin des cheveux et de la peau, etc.

Hôpitaux et maisons de santé.

Lorsqu'un « bon musulman » tombait sérieusement malade,. il pouvait être reçu dans les hôpitaux dont étaient munies les principales villes. C'étaient souvent des établissements considérables. Par exemple, le plus important des anciens hôpitaux du Caire, fondé en 1284, disposait d'un budget annuel d'environ un million de dirhems (=approximativement la même valeur en francs). Il était ouvert à tout malade, riche ou pauvre, de l'un ou de l'autre sexe. Le personnel inférieur — gardes et infirmiers était également recruté dans les deux sexes. Il y avait des départements isolés (sinon des pavillons séparés) pour les cas de fièvre, pour les cas d'ophthalmie, pour la chirurgie, pour les malades atteints de dysenterie et d'affections bénignes. L'organisation matérielle comprenait, en outre, des cuisines, des salles de lecture, des magasins où l'on conservait les médicaments. et les appareils, un dispensaire, des pièces à l'usage du personnel médical. (Browne, 102). Un peu avant cette époque, les lettres de Raschid nous apprennent ce que fut le grand hôpital de Tabriz, avec ses 50 médecins renommés, assistés chacun de 10 internes choisis parmi les étudiants; sans compter les spécialistes: chirurgiens, oculistes et rebouteurs, ayant chacun 5 étudiants sous leurs ordres.

Dans tous ces hôpitaux, une section, ou du moins un certain nombre de cellules, étaient réservées pour les aliénés. On rencontre, dans la littérature ascético-morale musulmane, pas mal d'histoires d'aliénés. Au sujet de ceux-ci se posaient parfois des cas de conscience troublants. Car, en Islam comme chez les Anciens, la folie gardait un caractère mystérieux : on ne savait trop, devant certaines excentricités, si l'on avait affaire à une simple maladie, ou bien à une touche exceptionnelle de la Divinité, qui n'est point astreinte à respecter nos convenances. Aussi y eut-il des fous qui passèrent pour sages, mais aussi des sages, des « soufis inspirés du ciel » qui passèrent pour fous et se firent colloquer. Ces derniers purent s'écrier, avec le poète mystique, Djélal ed-Din Roumi: << Me voilà redevenu fou, ô médecin. Me voilà redevenu fou

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