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rencontrant. La feuille d'or tombe d'autant plus vite que cette neutralisation est plus rapide ; la vitesse de neutralisation dépend du nombre d'ions, et ceux-ci sont d'autant plus nombreux que les radiations sont plus abondantes. Cette particularité a une importance capitale, car elle permet de comparer l'activité des différents corps dans lesquels on va rechercher les radiations de Becquerel.

Voici le terme de la période préparatoire où le hasard, l'erreur d'interprétation favorisent le savant ; nous allons voir maintenant comment des recherches méthodiques vont peu à peu mener à la découverte du radium.

La découverte du radium. — Ici commence l'œuvre d'une femme: Marie Sklodowska. Née en 1867, fille d'un professeur de physique de Varsovie, elle fit la connaissance de Pierre Curie, dans les laboratoires de l'ancienne Sorbonne. Celui-ci devint son époux. Modeste, mais remarquable physicien, il s'était occupé de cristallographie avec son frère, le minéralogiste Jacques Curie. Il découvrit avec lui le phénomène de la piézo-électricité, c'est-à-dire la propriété qu'ont les cristaux de dégager de l'électricité sous l'influence de la compression. Ces travaux l'amenèrent à réaliser un appareil plus précis que l'électroscope, le quartz piézo-électrique, électromètre des plus sensibles, que Mme Curie fut heureuse d'avoir à sa disposition pour ses études sur la radio-activité. Elle rechercha quels étaient les minéraux susceptibles de rendre l'air conducteur et découvrit que cette propriété était le propre des minerais d'uranium (1) et de tho

(1) L'uranium est un métal, de poids atomique 238, isolé de la pechblende en 1842 par Péligot. Il émet ainsi que ses composés des rayons de Becquerel. Les composés uraneux sont verts et sans fluorescence. Les sels uraniques sont au contraire fluorescents. On les emploie en photographie pour le renforcement ou le virage des clichés. L'azotate d'urane est utilisé pour le dosage des phosphates. On fait usage des sels d'urane en métallurgie, en céramique, en verrerie et dans l'industrie des émaux. Les verres d'urane ont une belle fluorescence jaune vert.

rium (1). Elle fut surprise de constater qu'une pechblende de Joachimsthal, en Bohême, était sept fois plus active que les sels d'urane. La pechblende est un mélange complexe d'oxyde d'urane et autres métaux: argent, plomb, cuivre, nickel, cobalt et autres terres rares. On trouve ce minerai non seulement en Bohême, mais aussi en Suède, en Norvège, en Cornouailles, en Amérique.

La chalcolite est un autre minerai uranifère, phosphate double d'urane et de cuivre. Mme Curie compara l'activité d'une chalcolite naturelle avec une chalcolite artificielle, préparée avec du nitrate d'urane et du phosphate de cuivre purs. Ce produit était deux fois et demie moins actif que l'uranium métallique. Le minerai, au contraire, malgré toutes les impuretés formant sa gangue, était une fois et demie plus actif que l'uranium !

La conclusion s'imposait (2) : Si certains minerais, contenant de l'uranium et de nombreuses substances inertes,

Les minerais uranifères sont très répandus, il y en a en Europe, en Amérique, à Madagascar, au Tonkin. On peut, d'après Muguet, les classer par ordre d'importance industrielle comme suit : Autunite du Portugal (phosphate d'urane et de chaux découvert en 1800 dans l'Autunois).

Carnotite d'Amérique (urovanadate de potasse).

La pechblende de Saint-Joachimsthal.

Les minerais de Madagascar (composition chimique variée). Certains de ces minerais sont riches en uranium, telle la pechblende qui en contient 70 et même 80 %. La plupart sont pauvres; les autunites et les carnotites ne contiennent guère que 2%. Mais les gisements américains couvrent près de 200 000 hectares. Ils sont industriellement rémunérateurs grâce à l'extraction du vanadium. La production annuelle mondiale de l'uranium se chiffre par dizaine de tonnes.

(1) Le thorium est un métal à poids atomique 232. On le retire en même temps que le cérium de la monazite contenant habituellement 4% d'oxyde de thorium. On en traite chaque année plusieurs centaines de tonnes pour alimenter l'industrie de la toile de bec Auer. Celle-ci, radioactive grâce au thorium qu'elle contient, peut être déposée sur le double papier noir enveloppant une plaque photographique. Elle y reproduit son image. Deux jours de pose sont nécessaires.

(2) Elle fut annoncée à l'Académie des Sciences le 12 avril 1898.

sont plus actifs que l'uranium pur, c'est qu'ils contiennent une substance radio-active plus puissante que l'uranium lui-même. Ce corps, il fallait le découvrir et l'isoler. Mme Curie entreprit, en commun avec son mari, la recherche de cet élément nouveau.

Quand Christophe Colomb se lança par l'Océan, il avait la certitude de découvrir une terre nouvelle. M. et Mme Curie furent guidés par une conviction semblable et ils eurent, eux aussi, le grand mérite de ne pas se laisser décourager par le labeur immense qu'ils eurent à accomplir. Ils se mirent au travail dans un modeste laboratoire de l'École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris. Il fallait séparer d'une gangue inerte une très minime quantité de substance. Les manipulations furent longues et compliquées, nécessitant la manutention de quantités importantes de minerais, d'eau et de produits chimiques. M. et Mme Curie furent guidés dans leurs recherches en dosant le pouvoir radio-actif des éléments filtrat et précipité, séparés au cours des manipulations. C'était . véritablement une chimie de l'invisible, nécessitant une technique adéquate. Ils obtinrent ainsi un dépôt de bismuth et un dépôt de baryum fortement radio-actifs. Or, ni le bismuth, ni le baryum de commerce ne sont radio-actifs. La radio-activité du dépôt était donc due à des produits surajoutés. En souvenir de sa patrie d'origine, Mme Curie appela polonium le bismuth radio-actif et radium le baryum radio-actif. Un traitement ultérieur permit d'obtenir des produits de plus en plus purs. La première communication de M. et Mme Curie, faite à l'Académie des Sciences sur le polonium, date de juillet 1898. Celle concernant le radium est du mois de décembre de la même année. Un troisième nom signe la seconde note, celui de M. Bémont (1), le collaborateur de M. et Mme

(1] Bémont était chef des travaux de chimie à la même École que Pierre Curie. A la demande de ce dernier, il traita environ 5 kg

Curie. A la suite de leurs premiers travaux, une puissante Société de produits chimiques offrit aux savants la main-d'œuvre et le matériel indispensables; le professeur Suess, de Vienne, leur fit envoyer, par le Gouvernement autrichien, la pechblende nécessaire à la continuation de leurs travaux. Des dons anonymes, des prix divers encouragèrent M. et Mme Curie dans leur œuvre difficile.

La féconde collaboration des deux savants fut malheureusement interrompue par la mort brutale de Pierre Curie, écrasé, le 19 avril 1906, par un camion lourd (1). Depuis lors, Mme Curie continue seule ses travaux (2).

Elle a quitté son modeste laboratoire primitif et dirige à l'heure actuelle, à Paris, l'Institut du Radium ouvert rue Pierre Curie et entre enu à frais communs par l'Université de Paris et l'Institut Pasteur.

de pechblende et départit la masse en 8 à 10 groupes chimiques. Loin de se prévaloir de cette collaboration, Bémont avec une touchante simplicité laisse aux Curie tout le mérite de la découverte, déclarant qu'il avait été heureux de rendre à P. Curie un de ces petits services comme on s'en doit entre collègues.

(1) Pierre Curie, fils d'un médecin, était né à Paris en 1859. Il était attaché comme professeur à l'École municipale de Physique et de Chimie industrielle de la Ville de Paris. En 1903 il reçut la médaille Davy, une des plus hautes récompenses de la Société Royale de Londres. La même année le prix Nobel lui fut attribué en partage avec sa femme et avec Becquerel. En 1904 on créa pour lui à la Sorbonne une chaire de Physique générale et on y adjoignit un laboratoire dont, quelques mois après, Madame Curie fut nommée chef des travaux. Il fut nommé membre de l'Académie des Sciences en 1905. Pierre Curie était un homme d'une grande simplicité et d'une grande modestie. Indifférent aux distinctions honorifiques récompensant ses travaux, il acceptait volontiers prix et subventions, les considérant comme d'utiles contributions à son œuvre scientifique.

(2) L'Institut du Radium comprend deux laboratoires autonomes, mais travaillant en collaboration étroite. Le Pavillon Curie est rattaché à la Chaire de Physique générale de la Faculté des Sciences. Madame Curie y a pour collaborateur le professeur Debierne.

Le Pavillon Pasteur s'occupe, sous la direction du professeur Regaud, des applications biologiques et médicales.

IVe SÉRIE. T. II.

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On se souvient qu'en 1921, une Américaine, Madame Melonay, vint rendre visite à Mme Curie, et fut stupéfaite d'apprendre qu'elle avait à sa disposition un seul gramme de radium pour poursuivre ses travaux ! A son retour aux États-Unis, elle ouvrit une souscription et recueillit parmi les femmes d'Amérique les fonds nécessaires pour offrir à Mme Curie un second gramme de radium. Ce royal cadeau fut exceptionnellement remis « à la plus grande femme de France » par le Président des États-Unis luimême (1).

Terminons cette première partie en insistant sur les circonstances heureuses qui favorisèrent la géniale inspiration de Mme Curie. Elle hérita de son père le goût du laboratoire; son union avec Pierre Curie fit vivre auprès d'elle un homme auteur d'une instrumentation particulièrement précieuse pour ses recherches. Pierre Curie luimême dut à ses travaux faits en collaboration avec son frère, la réalisation du quartz piézo-électrique Quant à Henri Becquerel, il doit aux travaux de son père (2) d'avoir choisi les sels d'uranium pour essayer de répondre expérimentalement à l'interrogation posée par Poincaré. Ce dernier fut en quelque sorte l'animateur de la découverte de la radio-activité, provoquée par une simple

(1) Il est de tradition que le Président des États-Unis ne doit pas remettre à la Maison Blanche des cadeaux faits par la nation. Mac Kinley refusa de remettre à Dewey l'acte de propriété qui lui fut offert par la nation américaine en reconnaissance de ses services, et le Président Wilson ne consentit pas à remettre au général Pershing l'épée d'honneur qui lui fut offerte par la nation américaine à son retour de la campagne de France.

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(2) Les Becquerel se signalent depuis quatre générations par leurs remarquables travaux. Antoine-César Becquerel, né en 1788, mourut en 1878. Alexandre-Edmond Becquerel vécut de 1820 à 1891. Antoine-Henri Becquerel, né en 1852,est mort en 1908. Comme son père et son grand-père, il fut membre de l'Institut. Il laisse actuellement un fils, Jean, marchant sur ses traces. Ancien élève de l'École Polytechnique, il est titulaire au Muséum d'Histoire naturelle de la Chaire occupée par son père et son grand-père

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