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association d'idées, rendue possible par la trouvaille de Roentgen.

Dans le domaine scientifique « tout n'est point dit » et l'on ne vient jamais trop tard, mais trop tôt quelquefois.

Et ce champ ne se peut tellement moissonner

Que les derniers venus ne trouvent à glaner.

Bien au contraire, celui qui récolte n'a pas toujours fait les semailles et le fécond labeur de tous favorise l'éclosion des grandes découvertes.

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Après avoir exposé l'histoire de la découverte du radium, examinons les propriétés de ce merveilleux produit. Nous interrogerons successivement le chimiste et le physicien.

Le chimiste va nous répondre avec sécheresse.

Le radium est un métal proche parent du baryum. De tous les corps radio-actifs, il est le seul qui soit isolé et caractérisé par son spectre et par son poids atomique.

Son spectre a plusieurs lignes bien définies; 2 particulièrement sont caractéristiques, l'une de longueur d'onde 3649, l'autre de longueur d'onde 3814.

Le poids atomique égale 226.

Le radium existe à l'état de sels, sels qui sont plus ou moins riches en radium métallique :

Le carbonate de radium contient 79 % de radium métall.

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encore une opération complexe, légitimant le prix élevé (1) atteint par ce produit. La quantité de radium extraite, variable suivant la richesse du minerai, est environ la milliardième partie des produits mis en œuvre. Précisons par les chiffres empruntés à Muguet (2) : Dix milligrammes de radium sont extraits de 4000 tonnes de minerai. On utilise pour le traitement : 8000 litres d'eau, 1900 kg. de produits chimiques. On grille le minerai avec du carbonate de soude, on lave à l'eau, on traite par l'acide sulfurique étendu. L'urane se dissout, les substances radio-actives précipitent, et sont soumises à divers traitements. On obtient finalement un précipité de carbonate de baryum et de radium. Le produit est transformé en chlorure. La première opération est terminée.

Une tonne de minerai donne environ 8 kg. de chlorure de baryum radifère, produit 60 fois plus radio-actif seulement que l'uranium. Pour obtenir un produit actif (le radium est environ 2 000 000 de fois plus actif que l'uranium), il faut séparer le radium du baryum. On met à profit la différence de solubilité des deux sels. Si l'on fait cristalliser la solution, les cristaux qui se forment les premiers sont plus riches en radium que les chlorures restant dans l'eau mère. Ces cristaux sont recueillis et dissous et la solution laisse déposer des éléments encore plus riches en radium que ceux de la première opération. Grâce à des cristallisations successives, et multiples, on obtient le sel de radium à l'état pur.

En 1919, Madame Curie a réussi à isoler le radium métallique en décomposant par l'électrolyse avec une cathode de mercure et une anode en platine une solution de chlorure de radium pur. Elle obtint ainsi un amalgame

(1) On trouve actuellement le bromure de radium hydraté à 750 fr. le milligramme, ce qui porte à 1400 fr. le milligramme de radium métallique.

(2) REVUE SCIENTIFIQUE, 1915, pp. 622-625.

de radium, c'est-à-dire une combinaison de radium et de mercure. Cet amalgame, distillé dans l'hydrogène pur, laisse comme résidu le radium. C'est un métal s'altérant à l'air libre et noircissant rapidement. Il adhère fortement au fer, détermine sur papier blanc un noircissement analogue à la brûlure, décompose l'eau, se dissout en grande partie en laissant un résidu noirâtre, soluble presque totalement dans l'acide chlorhydrique étendu d'eau.

Il y aurait certainement plus à dire sur la chimie du radium, mais nous craignons d'entrer dans des détails trop techniques et nous avons hâte d'interroger maintenant le physicien. Il nous racontera le roman du radium.

Nous disons «roman », tant sont merveilleuses et inattendues les propriétés de ce métal prodigieux, dont les manifestations méritent presque le nom de manifestations vitales. La métaphore n'est pas trop hardie pour un produit dont nous verrons la naissance, la vie, la mort et dont nous étudierons la généalogie et la lignée.

LES MANIFESTATIONS VITALES DU RADIUM. Nous entendons par manifestations vitales du radium, les phénomènes extérieurs par lesquels il nous révèle son existence. Le radium est à la fois source de chaleur, de lumière et d'électricité.

Le radium est une source de chaleur, sa température marque 3o de plus que celle des corps environnants. Il est facile de mettre le phénomène en évidence. On verse dans un tube à essai un peu de chlorure d'éthyle, corps entrant en ébullition à basse température. On échauffe le tube. avec les mains et bientôt le liquide se met à bouillir. Si on l'abandonne alors à la température de la salle, l'ébullition s'arrête. A ce moment, laissons descendre dans le liquide un tube de radium, le liquide dont la température est proche de l'ébullition recommence à bouillir. Le phénomène s'arrête dès qu'on retire le radium et l'on répète à volonté l'expérience.

On peut aisément mesurer avec précision, dans un calorimètre à glace, la quantité de chaleur que dégage un poids donné de radium. On trouve ainsi 135 caloriesgrammes par heure pour un gramme de radium. Un bon feu brûle 5 kg. de charbon en 60 minutes. Pour obtenir perpétuellement les 8000 calories dégagées par cette combustion, il nous suffirait de posséder 59 grammes de radium, poids minime en apparence, poids énorme cependant, car la production mondiale actuelle du radium se chiffre par moins de 100 grammes.

Mais sortant du domaine de l'utopie, voyons si la chaleur dégagée par le radium peut avoir une importance pratique. Oui, car le radium, produit le plus précieux et le plus cher, est aussi le plus répandu. On en trouve, en quantité minime, il est vrai, dans presque toutes les roches, et sa présence se révèle par une élévation de température appréciable. Lors du percement du, Simplon, les travaux faillirent être arrêtés par une température insolite à l'intérieur du tunnel. Une plus grande richesse en radium des roches du massif, aurait fait avorter l'entreprise.

D'après les calculs de Joly, deux millièmes de milligramme de radium par tonne (c'est la richesse moyenne des roches) suffiraient à faire accroître de 1 800° la température du noyau central de la terre. Dans ces conditions, nous sommes assurés contre le refroidissement. Mais cette constatation ne confère pas l'immortalité à notre planète. La croûte terrestre cédera sans doute tôt ou tard sous l'influence des pressions énormes dues à l'élévation constante de la température (1).

(1) On peut se demander, en considérant la chaleur dégagée par le soleil, si la teneur en radium de cet astre est la cause de la puissance de son émission calorifique. Le soleil dégage 430 calories par heure et par mètre cube. Si toutes ces calories étaient dues au radium, il faudrait que ce produit existât dans le soleil à la dose de 3 grammes 2 par mètre cube. Or, comme on le comprendra mieux

Le radium est une source de lumière, lumière comparable à celle du ver luisant; lumière froide, différant par conséquent de nos sources artificielles d'éclairage dont l'élévation excessive de température réalise un véritable gaspillage d'énergie, mais lumière perpétuelle qui jette des feux discrets sans, pour ainsi dire, se consumer jamais.

Le radium est une source d'électricité, et l'on a pu obtenir, grâce à lui, des différences de potentiel de 250 000 volts en laissant s'accumuler la charge. C'est là un chiffre impressionnant, retenez-le en attendant de savoir pourquoi le radium émet constamment de l'électricité. Si l'intensité du débit n'est pas comparable à celle de nos machines industrielles, la continuité de la production (nous devrions dire la perpétuité) nous plonge dans l'étonnement.

Chaleur, lumière, électricité, émises ainsi spontanément, nous indiquent que l'atome de radium est un réservoir inépuisable d'énergie et cette constatation nous a surpris à une époque où l'on disait rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Chaleur, lumière, électricité sont fournies en quantité faible, mais avec une remarquable constance durant des années et des siècles, la vie moyenne du radium étant de 2 440 ans.

Si, au lieu de dissiper en un temps aussi long l'énergie

après avoir lu certaines considérations ultérieures, en admettant que le soleil soit constitué par de l'uranium pur, il est impossible qne la matière solaire puisse contenir une telle quantité de radium, à moins que des différences de température et de pression ne modifient l'allure d'un phénomène que les conditions d'expérimentation sur notre planète font passer pour immuable. Il semble cependant que la radio-activité est une des causes de l'élévation de la température du soleil. Mais s'il en est ainsi, on peut se demander pourquoi les radiations invisibles que nous allons décrire dans un instant, ne parviennent pas jusqu'à nous. Elles sont heureusement arrêtées par les couches atmosphériques solaires et terrestres dont l'opacité est équivalente à celle d'une couche mercurielle de 79 cm. Derrière ce manteau protecteur, nous sommes complètement à l'abri des radiations invisibles qui auraient sur les cellules vivantes une action déplorable.

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