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qu'il recèle, le radium dégageait son énergie potentielle avec la même vitesse que le coton-poudre, nous assisterions à une explosion d'une puissance telle qu'on ne saurait l'imaginer !...

Mais, jusqu'à ce jour, il a été impossible de modifier soit en plus soit en moins la désintégration spontanée du radium, cause première des phénomènes observés.

Un coffre-fort s'entr'ouvre par intermittence, laisse échapper une partie de son contenu et nous révèle les trésors d'énergie qu'il recèle jalousement, sans nous permettre d'y puiser à volonté.

Le secret sera-t-il un jour découvert ? Mystère ! Ce jour-là l'œuvre de Mme Curie recevrait son couronnement. Car, si nous pouvions utiliser à notre gré l'énergie intraatomique dont elle a découvert l'existence, nous aurions à notre disposition un réservoir d'énergie d'une importance phénoménale et la carence de la houille cesserait d'être angoissante, car si le radium est peu abondant, la production annuelle de l'uranium se chiffre, elle, par plus de 10 tonnes, et si l'on pouvait hâter la désintégration de l'atome radio-actif, l'uranium nous fournirait la matière première rêvée. 400 gr. d'uranium recèlent autant d'énergie que 160 tonnes de charbon ! Cette énergie est à peine appréciable, car elle se dépense en 8 000 000 000 d'années. Elle deviendrait utilisable si l'on pouvait intervenir et accélérer la production d'un phénomène dont la spontanéité est la caractéristique.

LE RAYONNEMENT DU RADIUM. Nous venons de voir le radium source d'énergie calorifique, lumineuse, électrique ; ces propriétés, le radium les doit à son pouvoir rayonnant. Ce rayonnement est invisible, mais se traduit à nos sens de multiples manières. Il impressionne les plaques photographiques, mais cette action n'est pas utilisable pratiquement.

Il ionise l'air, décomposant les molécules en ions positifs

et en ions négatifs, et par ce mécanisme l'air devient conducteur, les électroscopes se déchargent. La vitesse de décharge étant proportionnelle à l'intensité du rayonnement, on possède ainsi une précieuse méthode de dosage des substances radioactives que l'on pèse jusqu'au de milligramme.

1

50 000 000

Cette ionisation est assez intense pour que l'on ait songé à augmenter l'efficacité du paratonnerre en chargeant la pointe avec du bromure de radium, et l'on se demande s'il ne sera pas possible, par un moyen analogue, de soutirer l'électricité atmosphérique en quantité suffisante pour qu'elle soit susceptible d'utilisation pratique. Le rayonnement provoque la luminescence d'un certain nombre de corps. Sous son influence le platinocyanure de baryum, le sulfure de zinc brillent d'un vif éclat. Mais pour obtenir, par cet artifice, une luminosité équivalente à celle d'une bougie, plusieurs milligrammes sont nécessaires, et, au prix de 1 400 fr. le milligramme, on ne peut réaliser par ce moyen un flambeau démocratique!

Mais le radium peut être incorporé à un sulfure de zinc, dont il excite perpétuellement la luminescence; 0 milligr. 10 de bromure de radium suffisent pour un gramme de sulfure, et on obtient ainsi des peintures lumineuses très utiles. Les montres à indications visibles dans l'obscurité furent la première application de ce principe. Au cours de la guerre ces peintures ont été très employées, soit pour rendre utilisables certains engins durant la nuit, soit pour signaler d'une façon discrète les directions à prendre.

Le diamant brille avec intensité quand on l'expose au rayonnement du radium. C'est là, vous semble-t-il, un moyen permettant à condition d'avoir du radium — de contrôler l'authenticité de nos achats. Un ami vint nous voir un jour portant une quarantaine de diamants destinés à des bijoutiers. Vouloir lui montrer que nous

étions fin connaisseur, fut, de notre part, un sentiment assez humain. Avec un accent de triomphe nous lui fîmes remarquer deux pierres dont la luminosité n'était pas excitée par le radium. Étaient-elles vraies ? Notre ami, non sans une pointe d'émotion, les examina au jour. « Ce sont, ajouta-t-il, les deux plus belles et les deux plus pures de tout le lot. » Si le radium permet, apparemment, de discerner le faux du vrai, c'est donc à condition de comparer des échantillons de valeur moyenne. Il est possible que les diamants les plus purs ne réagissent pas à son rayonnement, et ce serait un moyen de les reconnaître. La phosphorescence des corps chimiques courants est due à la présence d'une impureté. En est-il de même pour le diamant ? C'est possible, et la question mérite d'être approfondie. Mais nous avons été découragé en constatant que l'œil du joaillier exercé permettait plus simplement une expertise précise.

La luminosité du radium signalée tout à l'heure est un phénomène d'autoluminescence. Les cristaux brillent sous l'influence de leur propre rayonnement.

Quand le rayonnement atteint les milieux oculaires, il les rend luminescents. Cette lumière interne impressionne directement la rétine et certains aveugles peuvent la percevoir ceux qui conservent intacts cônes et bâtonnets malgré une opacité cornéenne ou cristalline qui les prive de l'usage normal de la vue. Ne croyez point pour cela que le radium puisse faire voir les aveugles, il peut leur donner une impression lumineuse et c'est tout; cette propriété pour des raisons diverses n'est susceptible d'aucune application.

Quand le rayonnement du radium rencontre un obstacle matériel, cet obstacle devient à son tour un centre d'émission de radiations invisibles constituant le rayonnement dit secondaire.

Dans ce rayonnement on trouve des rayons diffusés identiques à ceux de la source principale, des rayons

corpusculaires et enfin des rayons dont la qualité dépend de la composition chimique de l'obstacle.

Ce rayonnement est très facile à mettre en évidence, soit avec l'électroscope, soit par la méthode photographique. Employons cette dernière méthode. Prenons une plaque métallique dont une face est recouverte de radium. Un cliché, enveloppé de papier noir, est placé sur une table; nous y déposons notre appareil de telle façon que le métal repose sur le papier, le rayonnement étant librement envoyé dans la direction du plafond. Plaçons maintenant au-dessus du radium une petite cloche métallique, en plomb par exemple. Répétons l'expérience sur une autre plaque de même sensibilité, mais recouvrons cette fois le radium d'une cloche en bois ayant la même dimension que celle en plomb. Développons. Les clichés ayant subi la même exposition seront développés durant le même temps. Sur les deux négatifs nous verrons une surface impressionnée ayant exactement la forme et les dimensions du périmètre de la cloche, mais quand le bois fait fonction de radiateur, la plaque est peu impressionnée; elle l'est beaucoup plus quand il s'agit du plomb.

Ce rayonnement secondaire a une importance considérable en pratique médicale. C'est peut-être à sa production que l'on doit l'efficacité des radiations traversant les tissus. Nous reparlerons plus loin de l'action biologique du radium, base fondamentale de l'utilisation thérapeutique de ce corps.

Signalons à la suite des propriétés physiques l'activité chimique du rayonnement.

Il décompose l'eau, transforme l'iodure mercurique en iodure mercureux et réalise un certain nombre d'actions analogues sur divers sels. Nous parlerons plus loin de la transmutation qu'il est susceptible de réaliser.

Si tous ces phénomènes mettent en évidence l'existence d'un rayonnement invisible, ils ne nous renseignent pas sur sa nature, ni sur sa complexité. Cherchons à nous documenter.

Quand on place du radium dans l'entrefer d'un puissant électro-aimant, on constate que le pinceau unique de radiations se trouve décomposé en trois éléments et l'on distingue des rayons alpha déviés à droite, des rayons bêta déviés à gauche et des rayons gamma qui ne sont pas influencés.

Cette déviation par l'aimant indique que les alpha sont chargés d'électricité positive, les bêta d'électricité négative.

Chaque catégorie de rayons a une histoire. De cette histoire nous retiendrons seulement les phénomènes les plus frappants.

1o Les rayons alpha. — Les rayons alpha, de beaucoup les plus nombreux (ils forment 92 % du rayonnement), sont constitués par des particules matérielles chargées d'électricité positive. Leur pouvoir pénétrant est minime : 7 centimètres d'air, 6 centièmes de mm. d'aluminium les arrêtent. C'est la conséquence de leur masse relativement énorme et de leur vitesse relativement minime. Leur masse a l'ordre de grandeur de l'atome d'hélium, qui est quatre fois plus lourd que l'atome d'hydrogène, le plus léger connu. Leur vitesse atteint 15 000 kilomètres par seconde. Une particule alpha pourrait faire en moins de 3 secondes le tour de la terre. Si un milligramme de matière cheminait avec cette vitesse (dite relativement minime), il aurait la même puissance destructive qu'une tonne et demie lancée par un canon.

Cette comparaison montre la quantité colossale d'énergie libérée par le radium. Si vous vous rappelez l'élévation de température d'une balle s'écrasant contre un mur, au moment où elle est animée d'une misérable vitesse de 500 mètres par seconde, vous concevez sans peine la raison de l'élévation de température du radium; ses éléments subissent d'une façon continue un bombardement dont l'action balistique est des plus appréciables.

L'étude du rayonnement alpha a permis des déductions

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