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REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES en rendra compte en temps utile.

J. MARECHAL, S. J.

LES PENSEURS DE L'ISLAM, par le Baron CARRA DE VAUX. Paris, Geuthner, 1921. Tome I: Les SOUVERAINS, L'HISTOIRE ET LA PHILOSOPHIE POLITIQUE. Un volume in-12 de 383 pp. Tome II: LES GÉOGRAPHES, LES SCIENCES MATHÉMATIQUES ET NATURELLES. Un volume in-12 de 400 pages.

Le Baron Carra de Vaux, professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris, est un orientaliste trop connu pour avoir besoin de recommandation auprès de nos lecteurs. Voulant contribuer, pour sa part, à faire mieux connaître l'Orient musulman, qui suscite aujourd'hui un si vif intérêt, il inaugure la publication d'une série de volumes, qui doivent « mettre en relief les figures principales » et « faire connaître les œuvres maîtresses » de l'Islam. « Ce ne sont pas seulement, écrit-il, des noms ou des titres de livres, que nous présentons au lecteur; c'est quelque chose de vivant, des personnes, des types, des pensées, des caractères » (T. I. Préface, p. vi). L'ouvrage entier, outre les deux volumes mentionnés plus haut, en comprendra trois autres, ayant respectivement pour objet L'exégèse et la urisprudence. - La philosophie, : la théologie et la mystique. Les sectes et le libéralisme mo

derne.

Des livres comme ceux-ci ne se résument pas. Autant vaudrait ramener une galerie de portraits à deux ou trois types généraux et insignifiants. Tout l'intérêt réside ici dans la ligne propre de chaque silhouette, dans le piquant de telle aventure concrète, dans la saveur de tel trait de mours, dans le miroitement de telle pensée subtile, dans le déroulement subit de tel horizon. Ces éléments d'intérêt se succèdent et s'enchevêtrent, au hasard des rencontres. Le mieux que nous puissions faire, après hommage rendu à l'habileté littéraire de l'érudit qui nous découvre ses trésors, sera encore de transcrire les étiquettes générales sous lesquelles il les classe.

Le Tome I s'ouvre par un défilé de « Souverains », depuis les premiers Abbassides jusqu'au potentat persan Shah Nadir (XVIIIe siècle). Puis, à leur tour, échelonnés sur quatre cha

pitres, les « Historiens » sont à l'honneur: «< Historiens arabes »>, « Historiens persans et historiens des Mongols », « Historiens turcs », y compris les modernes. Pour finir, un chapitre grave de << Philosophie politique », suivi d'un chapitre curieux, qui traite « des proverbes et des contes ».

Dans le Tome II, le procédé de composition reste le même. Sous le titre « Les géographes », nous avons le plaisir de rencontrer, non seulement les érudits de la géographie et de la cosmographie, mais aussi « les Marins », les théoriciens de l'Art nautique, et les « Grands Voyageurs ». Les adeptes des « Sciences exactes » : « Arithmétique et Algèbre », « Géométrie », « Mécanique », « Astronomie », occupent quatre chapitres intéressants: le tout, richement anecdotique, et sans guère d'autres chiffres que des dates. Et les Sciences naturelles ferment le volume, distribuées en trois chapitres : «Médecine», «Histoire naturelle », « Minéralogie et Alchimie ».

M. Carra de Vaux a adopté, pour écrire ce vaste ouvrage, une technique qui rappelle la touche divisée des peintres impressionnistes: lorsqu'on dépose le volume et qu'on prend du recul, l'esprit, un peu fatigué, d'abord, par le papillotement du détail vu de trop près, obtient une vision d'ensemble, très vivante, de la pensée et des institutions de l'Islam.

J. MARÉCHAL, S. J.

THE SADHU. A study in mysticism and practical religion, by B. H. STREETER, M. A., D. D., fellow of Queen's College Oxford, etc. and A. J. APPASAMY, B. A., M. A. (Harvard), B. D. — Un vol. in-8° de xv-264 pages. London, — Macmillan, 1921.

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Sadhu Sundar Singh le « Sadhu », comme l'appellent, par antonomase, les populations hindoues bénéficiaires de son apostolat appartient à la race des Sikhs. Il naquit en 1889, dans le Nord de l'Inde, de parents riches, dont la religion semble avoir été fortement pénétrée d'hindouisme. Sous l'influence de sa pieuse mère, il s'adonna très tôt à la recherche de Dieu dans la « paix intérieure ». Non seulement il lut les livres sacrés de l'Inde, mais il pratiqua, avec application, le Yoga. Tout cela, d'ailleurs, sans trouver la paix qu'il espérait. Il prit bien aussi quelque connaissance de la

Bible, mais il la tenait pour destructrice des traditions de l'Inde, et professait une vive hostilité envers le christianisme.

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Un matin de décembre 1904, désespéré de l'inanité apparente de ses efforts pour trouver Dieu, il allait se résoudre au suicide, lorsque brusquement il se vit enveloppé d'une lumière éclatante, au milieu de laquelle lui apparut le Seigneur Jésus, qui le conquit définitivement à son service. Avec une entière loyauté, Sundar, aussitôt, se déclara chrétien, se fit instruire dans l'Église anglicane, puis, en 1904, reçut le baptême.

Rejeté par ses proches, il commence, dès lors, à mener une existence héroïque de mystique et de prêcheur. Pour annoncer plus efficacement le Christ, il adopte la robe safran et l'austère genre de vie d'un Sadhu, c'est-à-dire d'un « Saint » ou d'un « Ascète » de profession. Son histoire est un tissu étonnant de recueillement et d'action, de prière souvent extatique et de prédications itinérantes, poursuivies au prix d'incroyables fatigues, souvent même au milieu des persécutions et des périls de mort. Il parcourut ainsi tout le nord de l'Inde, poussant des pointes en Béloutchistan et en Afghanistan, et pénétrant chaque année, à la saison favorable, jusque dans le peu accessible Thibet. Petit à petit, la notoriété vint au mystique missionnaire : à partir de 1918 surtout, ses expéditions dans le sud de l'Inde, à Ceylan et en Extrême-Orient, étendirent rapidement sa réputation. Elle était devenue « mondiale » — « a world fame >> lorsque, en 1920, il fit un court séjour en Angleterre. Il y fut mis en rapport avec des « scholars » distingués, tels les deux auteurs de ce livre, ou encore le Baron de Hugel, dont on connaît la compétence dans les questions de mystique.

Le présent volume, écrit avec foi (du point de vue anglican), et aussi avec discrétion et avec sens critique, a pour but de fixer quelque chose de l'impression religieuse subtile et profonde, produite par le converti hindou sur ceux qui l'approchèrent. Sa personnalité qui rappelle, dit-on, celle de S. François d'Assise - est sommairement esquissée ; on s'attache surtout à mettre en lumière ses enseignements authentiques et ses expériences religieuses, qui se résument en une Mystique centrée sur le Christ.

Faut-il souligner l'intérêt que présente, au point de vue

de la psychologie religieuse, un cas comme celui-ci ? Il soulève d'ailleurs des problèmes qui dépassent de beaucoup le domaine restreint de la psychologie : problèmes relatifs à la répartition de la grâce surnaturelle et aux méthodes d'évangélisation. Sur ces questions délicates et passionnantes, qui sortent du cadre de la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, nous sommes heureux de pouvoir renvoyer à un article récent d'un des théologiens catholiques dont la largeur de vues et la sûreté doctrinale sont le plus universellement reconnues : « Le Sadhu Sundar Singh et le problème de la sainteté hors de l'Église catholique », par le R. P. Léonce de Grandmaison. RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE. Paris, janvier 1922, pages 1-29.

J. MARECHAL, S. J.

XVIII. LA NOUVELLE ÉDUCATION FRANÇAISE, par JOSEPH WILBOIS. 404 pages in-12. — Paris, Payot, 1922.

Des aspects nouveaux de la vie d'après-guerre dans sa patrie et ailleurs, M. Wilbois conclut qu'il faut à la jeunesse française une éducation toute nouvelle. Non pas une réforme par rapiéçages, mais une réforme complète, une sorte de révolution, qui saurait cependant garder du passé les éléments sains et utiles. « A rebâtir l'édifice sur des fondements neufs, pense-t-il, nous sommes sûrs de voir tomber ce qui est caduc et persister ce qui est éternel. Nous ferons donc résolument table rase » (p. 14).

C'est la sociologie et la psychologie qui le guideront dans cette entreprise. La sociologie lui fera entrevoir l'homme de demain, aboutissement forcé de toute éducation digne de ce nom; la psychologie lui découvrira l'âme de l'enfant d'aujourd'hui avec ses possibilités. Au professeur ensuite de réaliser concrètement les directives reçues de ces sciences supérieures.

Non pas que l'auteur ravale le rôle du professeur à celui d'un simple manœuvre il reconnaît que la science en éducation n'est pas tout; l'art et la méthode avec leurs secrets traditionnels ou individuels y ont la plus grande influence. C'est même pour développer et diriger ces dons

précieux qu'il propose la création d'écoles spéciales d'un type inédit assez ingénieusement imaginées.

Son système d'éducation est donc commandé par le souci de distinguer d'une part les ressources de l'enfant, d'autre part les fonctions et utilités sociales attendues de lui. A tous il faudra une préparation à la vie publique et à la vie privée concrète et actuelle; une culture physique bien appropriée et très soignée; une culture de l'activité sage et audacieuse à la fois. Aux diverses catégories d'esprits, on devra donner des formations intellectuelles variées selon leurs aptitudes et le degré des services à attendre d'eux. Ceci suppose une sélection habile et presque infaillible des jeunes gens M. Wilbois en trouve le secret dans les tests psychologiques, envers lesquels il montre peut-être une confiance légèrement excessive. Il détaille d'ailleurs tous ces points avec abondance.

Dans cette précision de l'organisation, on reconnaît bien l'auteur de l'Essai sur la conduite des affaires et l'éminent Directeur de l'École d'administration et d'affaires. Qu'on ne pense pas cependant qu'il limite son horizon aux problèmes de « production » économique. Non, il n'a pas les yeux bandés, selon sa propre expression, et sait parfaitement que les « productions » morales sont des forces elles aussi; il les apprécie hautement; conscient des liens intimes du problème de la production et de celui de la destinée, il déclare nettement que sa doctrine n'est pas faite pour qui confond l'agitation et l'action et n'a pas « d'autre idéal que réaliser ce mot vide de sens qu'on prononce réussir » (p. 396).

Ceci achève de faire entrevoir la hauteur de conception qui a présidé à la rédaction de ce livre. Je crains que parfois cette élévation même ne lui nuise en lui donnant une certaine rigidité d'absolu qui est moins à sa place dans des sujets de ce genre.

Est-ce pour cela aussi que parfois M. Wilbois donne aux pédagogues l'impression d'enfoncer des portes ouvertes ou de prononcer des arrêts précipités ? C'est sans aucune acrimonie du moins qu'il se livre à cet exercice et avec une sérénité qui désarme l'adversaire. Je voudrais cependant noter que ses réflexions sur la culture classique m'ont

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