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le garrot sur un membre, puis on broie les muscles de celui-ci. Les accidents graves ne se développent pas et l'animal supporte le traumatisme, c'est-à-dire les violences, sans mauvais résultats.

Mais si, après quelques heures d'attente, on enlève subitement le garrot, tous sont pris des accidents connus, et plusieurs en meurent.

Il est difficile de voir plus belle confirmation de l'hypothèse que la cause des accidents est due à la résorption de produits se formant dans le foyer de broiement ou d'attrition.

Origine des substances nocives. Mais quels sont, des organes broyés dans ce foyer, ceux qui donnent les matières nocives? Les expériences de Delbet ont permis de croire que ce sont les muscles broyés qui sont l'origine du poison. Pour le démontrer, il a injecté à des rats, sous la peau, de la pulpe de muscles sains broyés, et des accidents graves et mortels se sont produits. La clinique vient corroborer cette opinion en montrant que ce sont surtout les grands délabrements musculaires qui s'accompagnent des accidents de choc traumatique.

Des objections ont été naturellement et légitimement faites à ce qui n'était qu'une hypothèse et semble maintenant une réalité.

Dans ce foyer attrit, broyé, il n'y a pas que des muscles il y a aussi des nerfs et n'est-ce pas la lésion, le broiement de ces nerfs, qui provoque un choc nerveux dangereux ? La douleur ressentie, brutale, soudaine, ne peut-elle amener, là, comme ailleurs, des accidents nerveux ?

Sans nul doute, et l'objection a sa valeur ; mais elle est facile à résoudre pour un expérimentateur.

D'abord, notons que la crise se déclare, que le choc se produit plusieurs heures après l'accident provocateur de la souffrance or les accidents que provoque le broiement d'un nerf sont immédiats.

Ensuite, si je sectionne la moelle épinière, je supprime toute sensation douloureuse pour l'animal et néanmoins le choc se produit, les accidents se déclarent si je broie les muscles.

L'empoisonnement ne proviendrait-il pas de l'action des microbes ? L'examen des produits des tissus broyés a été souvent fait et a été négatif dans nombre de cas, non pas dans tous, car il est bien évident que broiement et infection par les microbes peuvent être et sont souvent combinés.

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Nature des poisons. D'accord sur l'origine des substances nocives, la discussion reprend sur leur nature. S'agit-il de poisons chimiques, alcaloïdes redoutables de la famille des leucomaïnes ou des ptomaïnes ? S'agit-il de ces poisons comme en fabrique journellement l'organisme humain par les transformations de nos tissus ? A ce point de notre exposé, voici que s'ouvre un aperçu

nouveau.

Y aurait-il quelque relation entre la désagrégation normale et régulière de ros tissus qui fournit, on le sait, des poisons et cette désagrégation rapide et brutale qu'est le broiement ? Pourquoi pas ? Mais ici il nous faut remonter un peu en arrière dans cette voie nouvelle que nous venons de rejoindre.

Les tissus du corps humain se renouvellent sans cesse. Par les aliments élaborés par le tube digestif, nous leur apportons des éléments neufs pour les rajeunir, et eux, en échange, ils se débarrassent des déchets comme un foyer de ses cendres.

Les albuminoïdes transformés constituent la part la plus importante de ces déchets qui sont enlevés par le sang et éliminés par différentes voies: foie, intestin, peau, et surtout reins. Quand nos organes, appelés émonctoires, sont en bon état et fonctionnent bien, la quantité de déchets reste dans le sang à un taux normal bien connu des chimistes biologiques, si leur production n'est pas trop rapide

Le plus connu de ces déchets et le plus abondant, c'est l'urée. La teneur en est environ de 30 à 40 centigrammes par litre de sang. Si cette urée ne s'élimine pas, c'est l'urémie qui commence avec des accidents, d'abord légers mais progressifs, comme l'accumulation de l'urée dans le sang. Mais l'urée est loin d'être le seul produit dont l'organisme cherche à se débarrasser, et il n'en est pas le plus nocif. La liste en est si longue que le lecteur s'effraierait de la lire ici. Retenons seulement que des substances destinées à la « Poubelle » de notre corps, sont de véritables poisons.

Pour fixer les idées, je dirai que si la valeur normale d'un groupe de ces produits est estimée à 32 centigrammes par litre de sang, nous verrons tout à l'heure à quel chiffre il peut monter chez les grands blessés.

Me voici arrivé au point où j'ai commencé ce rappel de chimie biologique. Pour expliquer le choc, l'empoisonnement, n'y a-t-il pas dans le sang des grands blessés, des substances empoisonnantes ? |

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Causes des accidents de choc. Ces substances ne seraient-elles pas les mêmes que celles qui existent à l'état normal, mais en quantité brusquement augmentée jusqu'à devenir dangereuse ?

Eh bien qu'a dit l'analyse chimique? Ceci. — Si, à l'état normal, pour un groupe de substances de déchet, elle trouve le chiffre de 32, chez les grands blessés, elle a décelé parfois celui de 102, plus de 3 fois le chiffre normal !

Mais leur abondance plus grande dans le sang des blessés ne suffit pas pour prouver qu'ils sont la cause des accidents. A cette objection, le physiologiste s'arme d'une seringue et injecte dans le sang d'un animal ces produits qu'il connaît comme étant des déchets de l'organisme, produits de nos tissus en incessante modification. Les accidents se déclarent comme chez les blessés. Aucun des autres éléments ne produit les mêmes résultats.

Il semble donc bien permis de parler de l'empoisonnement des grands blessés et d'expliquer par là les accidents graves de choc qu'ils présentent parfois. Évidemment, la même explication peut rendre compte des accidents plus légers chez des blessés de moindre importance, mais dont l'organisme se défend mieux ou chez lesquels la dose de poison est moindre.

Il est bien entendu que ces poisons circulent dans le sang et vont porter leur attaque sur le... j'allais dire sur le Bureau central! sur le cerveau et le bulbe de qui relèvent directement ou indirectement les grandes fonctions circulation, respiration, chaleur animale, et qui sont celles précisément troublées dans le choc.

Le lecteur peut juger combien ce mot de choc traumatique, choc opératoire, choc des grands blessés, même si on l'écrivait à l'anglaise : Shock, combien l'expression cachait une ignorance et nous induisait en erreur. Elle plaçait sous le même vocable deux phénomènes aussi différents le choc nerveux évoquant l'idée d'un trouble presque fonctionnel, et le choc traumatique qui semble bel et bien un empoisonnement, une toxémie par albuminoïdes. Le bénéfice ne se borne pas à cette seule acquisition et nous verrons plus loin que le traitement des grands blessés y a beaucoup gagné.

Choc cérébral connu de tout temps, choc nerveux connu depuis longtemps, mais dont nous n'avons pas l'explication certaine, choc de blessés connu depuis toujours, et qui semble avoir donné son secret, à cette triade vient s'ajouter une nouvelle série dont l'étude fait la gloire de la physiologie moderne et, on me permettra de le dire ici, de la science française. Choc anaphylactique, choc hémoclasique, choc colloidal, choc protéinique, ces mots et les grandes choses qu'ils désignent sont nés en France. Leur importance est telle, qu'en une seule année, on

IVe SÉRIE. T. II.

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enregistrait 1800 titres de Bibliographie les concernant ;

et le mouvement n'est pas arrêté.

Exposons les faits fondamentaux.

Choc anaphylactique. Si à un être vivant, animal ou homme, on injecte, sous la peau, du sérum sanguin, c'est-à-dire du sang privé de ses globules et réduit à la partie claire, sauf quelques rares exceptions, le sujet injecté n'éprouvera rien. Mais si, quelques semaines plus tard, on lui injecte la même dose du même sérum, il va se produire une vive réaction qui ressemble bien à un empoisonnement, souvent mortel. Cette réaction à reçu le nom de choc anaphylactique.

La première dose de sérum, au lieu de vacciner le sujet, de le rendre insensible à ce liquide, l'a, au contraire, rendu plus sensible aux injections subséquentes. Voici donc le sujet littéralement empoisonné par une substance que d'abord il avait supportée sans troubles ni accidents. Que s'est-il donc passé dans son organisme ? Toute une série de modifications que révèle l'examen de laboratoire, c'est-à-dire que l'on peut voir, sans compter aussi ce que l'on ne voit pas.

Il y a un trouble dans les humeurs. Ce trouble brutal, cette modification a reçu le nom de Choc hémoclasique. Les éléments en sont tellement d'ordre scientifique que je n'ose les donner qu'en note (1).

Ils sont tellement constants qu'ils caractérisent littéralement ce que l'on appelle le choc hémoclasique. Mais on observa bien vite qu'ils n'apparaissaient pas seulement

(1) Pour mémoire, voici les éléments biologiques de l'hémoclasie de Widal:

Tension artérielle abaissée; coagulation du sang plus rapide; diminution des globules blancs (leucopénie); inversion de la formule leucocytaire; raréfaction des plaquettes sanguines; rutilance du sang veineux; diminution de l'indice réfractométrique du sang.

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