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que, si un malheur arrivoit au Prince d'Orange, surtout dans l'état où sont à présent les choses, il seroit fort à craindre que l'on ne trouvat des difficultés, qu'il ne seroit presque pas possible de surmonter, vu le manque de gens capables; que le Prince Louis avoit toutes les qualités requises, les liaisons du sang avec l'Impératrice, avec le Roy d'Angleterre, l'estime et la confiance de L. L. M. M. I. I., du Roy d'Angleterre et du Prince d'Orange, des troupes Impériales, Angloises et Hollandoises; que dans une affaire aussi sérieuse il ne falloit pas laisser aller les choses à l'extrémité, mais prévenir le mal, au lieu d'en chercher remède quand il seroit arrivé, c'est à dire trop tard; qu'il falloit pour cet effet mettre d'avance et au plutôt le Prince Louis dans le train, où il devoit se trouver si un pareil malheur arrivoit; que le Prince d'Orange étoit mortel; que la prudence ne permettoit pas de laisser dépendre tout le système de l'Europe de la vie d'une seule personne, qui ne pend qu'à un fil; que le Prince Louis, venant en Hollande et y étant placé à la tête de tout le militaire sous le Prince d'Orange, serviroit au soutien de tout le parti et qu'en cas de malheur il se trouveroit tout placé où il devroit opérer, au lieu que, si l'on attendoit que le mal fut arrivé, tout tomberoit dans une confusion, dont il seroit impossible de se tirer; qu'il n'y avoit personne dans notre service, qui eut la tête ni le coeur fait pour des circonstances pareilles; que la plus grande marque de confiance, qu'il étoit possible de donner à cette Cour-ci, étoit la demande que je venais faire; que mes propres affaires m'avoient fait venir ici, mais que, si je n'avois pas eu cette raison naturelle et connue, j'aurois cherché un autre prétexte et serois pourtant venu ici pour cette affaire seule, dont l'importance par rapport à ses suites devoit, j'étois sûr, le frapper autant que

moi; que je lui pouvois assurer, que je n'aurois pas fait un voyage de 300 lieues pour un message aussi plat et aussi fade et aussi mal entendu que de demander le Prince Louis pour le mettre de pair avec les généraux, que nous avons déjà et qui lui étoient connus.

LETTRE CCXXXII.

W. Bentinck au greffier Fagel. Audiences à Vienne.

Monsieur.

Vienne, ce 25 Septembre 1749.

Mardi passé j'eus mon audience de l'Empereur et de l'Impératrice. On ne peut rien imaginer de plus gracieux ni de plus obligeant que la réception, que l'on m'a faite. J'avoue que, non obstant tout ce que j'avois entendu de l'Impératrice, j'en ai été étonné. Elle a surpassé mon attente et j'en ai été frappé. Je n'ai jamais rien vu de plus distingué, ni de plus aimable. En remettant les lettres du Prince, j'ai fait un compliment de sa part, auquel l'un et l'autre ont répondu avec toute l'affection et tout l'égard imaginable. L'Impératrice a paru fort sensible à ce que je lui ai rapporté de ce que j'avois entendu dire d'Elle au Prince à son retour de Francfort. J'ai aussi fait ma cour à la Princesse Charlotte ) et à l'Archiduc 2). L'Impératrice-Douarière ne voit personne, de sorte que je suis obligé de me contenter de me présenter à son Grand Maître et de lui remettre ma lettre. J'espère de pouvoir par une autre occasion sûre vous écrire sur quelques sujets intéressants. En attendant je suis....

W. BENTINCK.

') La soeur de l'Empereur, Charlotte de Lorraine.
2) L'Archiduc Joseph.

LETTRE CCXXXIII.

W. Bentinck au greffier Fagel. Négociations à Vienne.

Secrète.

Monsieur.

Vienne, ce 25 Septembre 1749.

Dès ma première audience j'ai fait ouverture à l'Empereur et à l'Impératrice de ce qui regarde le Prince Louis de Wolfenbuttel. L'un et l'autre m'ont répondu de la manière la plus obligeante pour la République et pour le Prince d'Orange. Quant au fond de la demande que j'ai faite, l'un et l'autre m'ont dit que c'étoit une affaire à quoi l'on devoit penser, et qu'ils ne pouvoient me répondre sur le champ, témoignant tous deux [faire] beaucoup de cas du Prince Louis et le distinguer beaucoup. L'Impératrice surtout s'est exprimée sur son sujet très fortement et avec beaucoup d'affection. Il faudra laisser passer quelques jours avant de revenir à la charge, mais soyez sûr que je ne perdrai pas un instant de tems. Je n'ai pas trouvé encore l'occasion de parler d'aucune autre affaire, parce que je suis fort observé par Blondel'), qui est fort inquiet, à ce que j'apprens par les ministres, de me voir ici et secoue la tête, quand on luy dit que j'y suis venu pour mes affaires domestiques.

Mr. Keith n'a pas encore d'ordre sur l'affaire de la Barrière et jusqu'à ce qu'il en aye, je ne puis faire aucune démarche ici; par bonheur qu'on ne m'en a parlé qu'en passant et sans me presser.

Je vous prie de ne me rien écrire d'aucune importance par la poste, mais d'attendre l'occasion d'un courier pour les choses qui ne pressent pas, et quant à celles qui pressent, de me les mander en chiffre. 1) L'envoyé français à Vienne. Cf. Recueil des instructions. Autriche par A. Sorel.

CCXXXIV.

Journal de W. Bentinck. Conversation avec Ulfeld.

....

A Vienne, Lundi, le 30 Septembre 1749.

(Ulfeld) me dit qu'une difficulté, que je pourrois rencontrer, seroit l'idée où l'on est que le Prince d'Orange est quelque fois sujet à changer d'opinion. Et vous même", dit il, en avez des preuves par devers vous." J'avois résolu d'éviter avec lui le détail sur ce point-là et de le réserver pour l'Empereur et pour l'Impératrice seul, s'il étoit possible. Je ne pus pourtant pas exécuter mon dessein, parce qu'il allégua l'exemple de la différence entre le tems que je fus en Angleterre en 1747 et celui que mon frère y fut en 1748, et je fus obligé d'essuyer une conversation très désagréable, que je raccourcis autant qu'il étoit possible.

Nous parlâmes des affaires générales et en particulier de celles de l'Empire, des menées et des intrigues de la France, de l'argent qu'elle donnoit de tous côtés pour conserver ses amis et pour s'en acquérir de nouveaux. Et à cette occasion il me dit, que le Roi de Prusse avoit des correspondants en Angleterre parmi les gens du premier ordre. Je lui dis que je croyois qu'il en avoit eu un très zélé en Chesterfield, mais qu'à présent j'en doutois. Il m'assura qu'il en avoit encore, qu'il en avoit averti Keith et que celui-ci l'ayant pressé de savoir qui, afin d'en avertir par lettre particulière le Duc de Newcastle, il avoit été obligé de refuser de le lui dire, parce que cela découvriroit et rendroit inutile le canal, par lequel il avoit son information 1)

') Le lendemain chez lui il me nomma le Duc de Bed. ford et m'assura qu'il le savoit. (Note de Bentinck).

LETTRE CCXXXV.

Larrey au greffier Fagel. Nouvelles de la Cour de France.

Paris, ce 2 d'Octobre 1749.

Monsieur.

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Rien) n'est plus ordinaire et souvent plus frivole que les bruits de Cour et de ville, rien n'est communément plus trompeur.

C'est ce qui m'a empêché de vous rendre compte de quelques bruits qui courrent et qui ne sont que de simples bruits à présent.

Ce qui me paroit vrai, c'est que Mr. le Comte d'Argenson 2) gagne du terrain. Il est bien avec Madame la Princesse de Pompadour. Il est courtisan. J'ignore comment il est avec Mr. le Maréchal de BelIsle 3); je tâcherai de le découvrir, mais peut-être la chose ne sera-t-elle pas aisée.

Leur union me paroissoit fort naturelle, si leurs intérêts les obligeoient à se réunir. Tel a été le cas pour faire tête au Maréchal de Saxe, mais dans les circonstances présentes, où tout plie devant le ministre de la guerre et où le général n'a plus qu'un simple crédit, qui n'influe point dans les affaires, je ne conçois point que M. d'Argenson voulut attirer Mr. BelIsle; ils courrent la même carrière; tous deux ambitieux, ils désirent le même poste de premier Ministre: du moins c'est l'idée que je m'en fais. Mr. de BelIsle est remuant; il désire d'avoir entrée dans les

') Le greffier avait demandé des avis sur le crédit de Belle-Isle, d'Argenson et Puysieulx.

2) M. P. de Voyez de Pauling, comte d'Argenson, ministre de la guerre.

3) L. Ch. A. de Belle-Isle, duc de Vernon.

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