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ne partirai pas sans avoir quelque chose de précis à dire et je ne m'arrêterai pas un moment de plus qu'il ne faudra absolument. A mon retour je dirai à V. A. S. ce que je pense sur le total de cette affaire de la barrière, sur laquelle il me paroit que je vois, quelle conduite nous devons tenir à l'avenir. A présent il ne s'agit que de remettre l'affaire en train et de faire exécuter un traité, dont la validité ne sauroit être disputée.

Je vois que V. A. S. a touché au Prince Charles 5 points. Il n'y en a que deux de touchés dans le mémoire et je vois avec plaisir, que V. A. S. regarde les deux premiers, assavoir celui des subsides et celui du tarif, comme les principaux et les autres comme subordonnés et une suite des premiers. C'est précisement l'idée que j'ai eue aussi, et j'ai trouvé qu'il ne faloit pas encore faire mention des autres, ni les toucher dans le mémoire, pour ne pas accumuler les matières et ne pas donner occasion à augmenter les écritures. J'espère que V. A. S. voudra bien faire donner une approbation par les Etats-Généraux (la conférence secrette) au mémoire, présenté par Keith et Burmania. Cela est nécessaire pour une sorte de ratification et pour tranquilliser Burmania, qui a présenté et signé ce mémoire à ma réquisition.

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W. BENTINCK.

P.S. J'ai oublié dans ma lettre de dire, qu'un argument à brûle pourpoint à alléguer au Duc de Newcastle, c'est que dans le mémoire, présenté au nom des Puissances Maritimes, nous reclamons le droit en commun, mais tout le poids retombe sur la République seule. Il peut faire un grand usage de cet argument auprès du Roi et auprès du reste du ministère Anglois, mais je crois que provisionellement l'on doit le lui

laisser mettre en oeuvre et ne le pas employer encore dans aucun acte d'état. Ce délai n'ôte rien à la force de l'argument même et servira au contraire sûrement à lui donner du poids.

LETTRE CCLXXX.

Le Prince d'Orange à W. Bentinck. Entrevue avec le Prince Charles de Lorraine. Négociations avec le Duc de Newcastle.

La Haie, ce 24 Mai 1750.

Pour entrer en matière, je ferai, à la mode des théologiens, d'avance la division des articles, sur lesquels je vous entretiendrai. Mon premier article, quoique court, roulera sur mes affaires allemandes. Mon second aura pour objet, ce que vous avez paru souhaiter, que j'entre dans un peu plus de détail de ce dont j'ai entretenu le Prince Charles. Enfin le troisième, et qui a beaucoup de connexion avec le second, regardera ce qui s'est passé durant le peu de jours de la semaine qui vient de finir, que le Duc de Newcastle s'est arrêté icy.

........ Je passe à présent à mon second article. Il me semble avoir retenu d'un lambeau de lettre, que mon ami Dom Carlos 1) m'a leu jeudi à la hâte, que vous souhaitiez savoir précisement tous les points, que j'ai touchés avec le Prince Charles. Je vous les ai indiqués dans ma lettre du quinze d'avril et je les répète actuellement.

Le premier étoit le payement des subsides à commencer avec 1749, sur lequel je lui donnois à connoître, que nous souhaitions, sinon réponse tout à fait favorable, du moins quelques éclaircissemens de nous 1) Charles Bentinck.

tirer de l'état d'incertitude où on nous laissoit, et laissant entrevoir que nous serions traitables et disposés à nous prêter à leurs circonstances, je lui fis un petit détail, que l'entretien des Etats-Majors des places, des arsenaux et des amunitions de tout genre et de deux milles Suisses, affectez pour leur payement sur les subsides, absorboient seuls 850m fl., afin qu'il pût juger que le rabais ne pouvoit pas être fort considérable, et que les troupes, que nous tenons dans la barrière, retombent uniquement à notre charge. Il n'en put disconvenir et se rabattit d'abord sur leur épuisement, sur ce que Botta vous avoit exhibé, leur état, etc. Je lui dis que nous étions autant épuisés et peut-être avec moins de ressources qu'eux, vu la fertilité de leurs provinces et alléguant que dans cet état [étaient] compris quatre, cinq ou six milles de plus que ce qu'ils étoient obligés par le traité d'entretenir dans les Païs-Bas; il convint qu'il n'étoit pas équitable de nous vouloir exiger d'acquiescer à cet arrangement, et bien que dans l'état délabré de leurs places il étoit expédient d'avoir plus de troupes, plus accommodant et plus franc que Botta il me promit de faire des représentations à l'Impératrice sur ce sujet, et ce fut à cette occasion que je remarquois que, pour les redres et les arrangemens de finances, il n'étoit pas du même sentiment que Botta, ni sur la possibilité dont le Prince convient, ni sur la méthode qui est souvent trop brusque, et il me parut bien connoître le génie de la nation.

Le second article fut le renouvellement du tarif sur le pied comme il avoit été avant les troubles, surquoi il me dit, qu'il avoit déjà trouvé celuy qui subsiste et qui est un résultat d'une jointe formée avant son arrivée, dans laquelle on avoit examiné celui dont je demandois le renouvellement, celui que les François avoient fabriqué et ce que les négocians des Païs-Bas

souhaitoient, d'où étoit né le présent arrangement, qui diminue par ci par là ce que les François avoient haussé, comme ils l'ont fait presque de tout en général, sans autre vue que leur intérêt présent, et que la jointe en avoit haussé d'autres; mais il me parut très raisonnable sur cet article, que je lui fis envisager comme un point capable de révolter le gros de la nation, comme ne tendant à rien moins qu'à vouloir, si on en avoit le pouvoir, ériger leur commerce, sinon sur la destruction, du moins sur la diminution du nôtre. J'ajoutois que ces deux articles étoient, pour parler stile Anglois, des points nationaux; que de vouloir nous retenir les subsides et sous prétexte du tarif extorquer de nous un traité de commerce, étoit jouer de leur part le jeu de la France plus efficacement, que vingt des plus habiles ministres de la France ne seroient en état de le faire. Il en convint et me promit d'en parler. Je l'assurois que nous voulions sincèrement tenir des conférences, non comme par le passé pour amuser le tapis, mais pour arrêter un tarif équitable, pourvu que leurs commissaires ne cherchassent pas, comme du tems de Charles VI, à négocier un traité de commerce; qu'à cet égard nous [ne] renoncerions jamais à la lettre du traité de barrière, qui porte en termes exprès que le commerce restera sur le pied du traité définitif de Munster. J'insistai beaucoup sur ce point et sur l'ombrage, qu'on prennoit chez nous, que par la voie d'Ostende on dérivoit le commerce du sel de la province de Zélande et de la Meuse, que les différens projets d'entrecouper et percer leurs provinces par des canaux, marquoi[en]t trop leur dessein, et que notre public, jaloux de son commerce, ne pouvoit manquer de se récrier qu'on en agissoit mal avec nous, après tout ce que la République avoit dépensé et risqué pour le soutien de la Maison

d'Autriche. Je pus fort bien m'appercevoir que cela le frappa, et comme il agit rondement en tout, il me répondit très satisfactoirement pour autant qu'il dépendroit de lui. Le troisième point étoit la réparation des places. Nous convinmes que cela regardoit également les trois Puissances, et je lui fis entrevoir que la République pourroit céder ses arrièrages depuis 1743, qui montent jusqu'à 1749 à plus de deux millions. Je lui conseillois de proposer à l'Impératrice que, moins partiale ou moins cagotte pour le clergé que ses ancêtres, elle tâche d'obtenir un bref da Pape pour percevoir de ces richards une bonne somme pour un usage, qui leur assure la paisible possession de leurs grands biens, ce qu'il goûtoit fort, et nous conclûmes, que l'Impératrice et la République devoient insister que l'Angleterre contribue aux dépenses de ces réparations. L'affaire des limites et leur ajustement sur le pied de la convention de 1718 fut mon quatrième article, et si cela ne se finit point, ce sera une source féconde de bisbilles à tous momens. Le cinquième fut le renouvellement du cartel. Je ne m'étendrai pas sur ceux-là, et j'espère que ce que je viens de vous détailler, tant bien que mal que j'ai pu, vous suffira pour faire voir, que nous avons travaillé, vous et moi, sans nous l'être communiqué d'avance, dans un même esprit. Je passe à mon dernier article, dont je vous ai promis de vous entretenir, sçavoir de ce qui s'est passé avec le Duc de Newcastle durant son séjour ici. Comme il venoit de parcourir et de voir à la hâte quelque peu de places de la Flandre et de parler avec Botta, dont il n'étoit pas plus édifié que moy et à la conversation a, dès la première entrevue, tombé sur le tapis 1), et je suis bien aise qu'il a remarqué le danger de notre situation commune de ce côté-là. Il a parlé 1) Apparemment il y a des omissions dans le texte

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