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portrait le plus achevé et le plux ressemblant ne serait aussi que l'effet fortuit de couleurs jetées sans aucun dessein. Il est donc visible qu'une main intelligente a répandu et appliqué à propos toutes ces couleurs, et que l'intention de Dieu, en rassemblant dans la vie de Joseph tant de circonstances singulières, a été d'y peindre les principaux traits de son Fils. Ainsi Dieu, tout occupé du grand dessein qu'il méditait, semblait, pour ainsi dire, en faire un essai, et crayonner d'a

vance son ouvrage.

HISTOIRE DE JOB. SA PATIENCE.

Ce n'était pas seulement dans le peuple choisi que Dieu avait des serviteurs fidèles : il gouvernait, à la vérité, ce peuple privilégié par une providence particulière; mais il ne privait pas les autres peuples des secours communs et des attentions d'une providence générale. Vers le temps de la mort de Joseph, et avant l'entrée des Israélites dans la terre promise, vivait dans l'Idumée, et parmi les Gentils, un adorateur du vrai Dieu nommé Job. Ce saint homme, sorti de la race d'Esau, était fort riche en troupeaux, et avait un grand nombre de domestiques. Au milieu de l'abondance, son cœur était simple et droit: il craignait le Seigneur et marchait fidèlement dans la voie de ses commandements, sans jamais s'en écarter. Dieu récompensait sa piété en répandant sur lui sa bénédiction. Tout ce qu'il possédait se multipliait de jour en jour; de sorte qu'il était devenu le plus puissant des Orientaux. Dix enfants, sept fils et trois filles, composaient sa famille. Par les soins du père, il régnait entre eux une parfaite union ils mangeaient souvent les uns chez les autres. Après ces divertissements, leur père offrait à Dieu des sacrifices pour chacun d'eux, dans la

meaux,

crainte qu'ils n'y eussent commis quelque faute. Lorsque Job était au comble de la prospérité, Dieu, qui se plaît à éprouver ses fidèles serviteurs pour perfectionner leurs vertus, permit au démon de l'affliger par la perte de tout ce qu'il avait. Un jour donc que les enfants de Job étaient rassemblés pour un repas commun, les Sabéens vinrent fondre sur ses terres; ils tuèrent ses domestiques, et enlevèrent les bœufs et les ânesses. Un seul homme échappé de leurs mains accourut en apporter la nouvelle à son maître. Il parlait encore, lorsqu'un second lui annonça que le feu du ciel venait de tomber sur ses troupeaux, et avait tout réduit en cendres. Un troisième arriva, et dit à Job que les Chaldéens s'étaient jetés sur ses chaet les avaient emmenés. Celui-ci fut bientôt suivi d'un quatrième qui apporta une nouvelle plus affligeante encore: « Vos fils et vos flles, lui dit-il, étaient à table; tout-à-coup il s'est élevé un vent furieux, la maison est tombée, et les a tous écrasés. » A ces tristes nouvelles, le saint homme se prosterna, et s'humiliant profondément devant Dieu, il l'adora. « Je suis sorti nu du sein de ma mère, dit-il; je retournerai nu dans le sein de la terre: le Seigneur m'avait tout donné, il me l'a ôté; il n'est rien arrivé que ce qu'il lui a plu : que le nom du Seigneur soit béni! » Job n'en était pas à sa dernière épreuve. Le démon reçut ensuite le pouvoir de l'affliger dans son corps, mais sans lui ôter la vie. Il le frappa donc d'une plaie horrible, depuis les pieds jusqu'à la tête. En cet état, Job, assis sur son fumier, était réduit à ôter, avec un morceau de pot cassé, le pus qui voulait de ses ulcères. Tous ses proches l'abandonnèrent; il ne lui resta que sa femme, mais ce fut pour le tenter et le porter à des sentiments d'impatience. « Quoi! lui disait-elle, vous demeurez encore dans votre simplicité? maudissez Dieu, et mourez. » Mais le

saint homme lui répondit : « Vous parlez comme une femme insensée; si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n'en recevrionsnous pas aussi les maux? »

JOB CONDAMNÉ PAR SES AMIS.

TROIS des amis de Job, informés de ses malheurs, vinrent le visiter et essayer de lui donner quelque consolation. Arrivés auprès de lui, ils eurent de la peine à le reconnaître, tant il était défiguré. A la vue des maux qu'il souffrait, ils jugèrent qu'il était coupable de quelque grand crime; dans cette fausse persuasion, au lieu de le consoler, ils entreprirent de lui prouver que les adversités ne tombent que sur les méchants, et que les grandes calamités sont toujours le châtiment des grands crimes. « J'ai vu, lui dit le premier, j'ai vu l'im pie dont la fortune paraissait solidement établie; il était dans la prospérité la plus brillante, rien ne semblait devoir troubler ses plaisirs c'était un pécheur. Aussitôt j'ai dit : Ce vain éclat ne durera pas; le méchant est menacé par la malédiction du Seigneur. Ses richesses lui seront enlevées; ses moissons seront dévorées par des hommes affamés. Il n'arrive aux hommes rien de triste et de fâcheux que pour de bonnes raisons: la douleur ne sort point de la terre, comme l'herbe qui croît dans les campagnes sans qu'on la sème: l'homme pécheur est né pour souffrir, comme l'oiseau pour voler: heureux celui que Dieu châtic pour le corriger! Ne. rejetez pas les coups qu'il vous porte: s'il vous blesse, il fermera vos plaies: s'il frappe les pécheurs, il guérit les pénitents. >> Ecoutez-moi, ajouta le second: Dieu n'est point injuste dans ses jugements, il ne renverse pas l'ordre de l'équité: vous n'êtes affligé qu'en puni tion de vos péchés, et vos enfants n'ont été acca

blés sous des ruines que parce qu'ils avaient grièvement offensé le Seigneur. Les justes prospèrent toujours, et il n'y a de malheureux que les impies ou les hypocrites. » Le troisième, sous prétexte de justifier la Providence, mit encore plus de dureté dans les reproches qu'il fit à Job. « La gloire des méchants passe bien vite, lui dit-il, et la joie de l'hypocrite ne dure qu'un moment. Quand son orgueil s'élèverait jusqu'au ciel, et que sa tête toucherait les nuées, il périra à la fin : il s'évanouira comme un songe dont on a perdu le souvenir. Les déréglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans ses os, et se reposeront avec lui dans la poussière il souffrira les peines de ses crimes sans être consumé, et l'excès de ses tourments égalera celui de ses injustices. Les cieux révéleront son iniquité, et la terre s'élèvera contre lui. Voilà le par tage que Dieu réserve à l'impie: c'est le prix qu'il recevra du Seigneur pour les péchés qu'il a commis. » Tous trois prétendaient que Job était très criminel, parce qu'ils le voyaient très affligé. Seulement ils conclurent que Dieu, bon et miséricordieux, le rétablira dans son ancienne prospérité, s'il avoue humblement qu'il a mérité de la perdre, et s'il a recours à la pénitence.

RÉPONSE DE JOB, APPROUVÉE DE Dieu.

JOB, au contraire, plus éclairé que ses amis, savait que Dieu est maître d'éprouver les justes, comme de punir les pécheurs; que leur patience glorifie le Seigneur et enrichit leur couronne. Il se soutenait dans sa disgrâce par une soumission entière à la volonté divine, par l'attente d'une vie future. «Ayez pour moi quelque compassion, répondit-il à ses trois amis, vous au moins qui faites profession de m'aimer: vous voyez que la main de Dieu m'a frappé, et vous m'outragez par vos re

proches; mais je trouverai dans ma foi le soulagement que vous me refusez. Puissent mes discours être gravés sur le plomb avee un style d'acier, ou imprimés sur la pierre avec le ciseau! oui, je le sais, mon Rédempteur est vivant : je ressusciterai de la terre au dernier jour ; je serai encore revêtu de cette peau, et je verrai mon Dieu dans ma chair: jele verrai moi-même, et non pas un autre, et je le contemplerai de mes propres yeux : c'est cette espérance qui me console, et je la conserverai toujours dans mon cœur. » Qu'il est beau de trouver des témoignages si anciens de l'attente d'un Rédempteur et de la croyance d'une vie future! qu'il est consolant d'entendre un homme qui n'appartient point au peuple d'Israel, parler néanmoins si clairement de la résurrection future de nos corps! Ces vérités étaient donc autant de dogmes de la religion primitive du genre humain; dogmes que Noé avait transmis à ses descendants, après les avoir reçus lui-même de ceux qui avaient vécu avec le premier homme. Je dis que ce témoignage est très ancien; car, selon M. Bossuet, on tient que c'est Moïse qui a écrit le livre de Job. La sublimité des pensées et la majesté du style rendent cette histoire digne de cet écrivain sacré. De peur que les Israélites ne s'enorgueillissent en s'attribuant à eux seuls la grâce de Dieu, il était bon de leur faire entendre que ce grand Dieu avait ses élus même dans la race d'Esaü. Quelle doctrine était plus importante, et quelle instruction plus utile pouvait-il donner au peuple affligé dans le désert, que celui de la patience de Job, qui, livré entre les mains de Satan pour être exercé par toutes sortes de peines, se voit privé de ses biens, de ses enfants et de toutes consolations sur la terre; bientôt après, frappé d'une horrible plaie, et agité au dedans par la tentation du blasphème et du désespoir; qui néanmoins, en demeurant ferme, fait voir qu'une

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