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et séparés de toute matière. Comme il ne fait rien que de bon, il les avait créés tous dans la sainteté, et ils pouvaient assurer leur félicité en se donnant à leur Créateur. Mais tout ce qui est tiré du néant est défectueux une partie de ces Anges se laissa séduire à l'amour-propre malheur à la créature qui se plaît en elle-même, et non pas en Dieu! elle perd en un moment tous ses dons. Etrange effet du péché, ces esprits lumineux devinrent esprits de ténèbres; ils n'eurent plus de lumières que pour nuire une maligne envie prit en eux la place de la charité; leur grandeur naturelle ne fut plus qu'orgueil; leur félicité fut changée en la triste consolation de se faire des compagnons dans leur misère, et leurs bienheureux exercices au misérable emploi de tenter les hommes. Le plus parfait de ces esprits, qui avait aussi été le plus superbe, se trouva le plus malfaisant, comme le plus malheureux. Jaloux du bonheur de l'homme qui, par sa nature, était au-dessous des Anges, cet esprit rebelle résolut de le faire tomber dans le même malheur, en le rendant l'imitateur de sa révolte. Pour y réussir, il s'adressa à Eve comme la plus faible: il lui apparut sous la forme d'un serpent, qui, par ses ruses et ses artifices, était plus propre à lui servir d'instrument dans l'exécution de son dessein. Pourquoi, lui dit-il, Dieu ne vous a-t-il pas permis de manger du fruit de tous les arbres de ce jardin ? Voilà par où commence l'esprit de révolte: on raisonne sur le précepte, et l'obéissance est mise en doute. Au lieu de répondre au tentateur, Eve devait prendre la fuite et regarder cette question comme une témérité criminelle; mais curieuse de montrer les priviléges qu'elle avait reçus: « Nous mangeons, dit-elle, de tous les fruits du jardin ; seulement il nous est défendu de toucher à l'arbre qui est au milieu, de peur que nous ne mourions. »« Assurément vous ne

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mourrez point, répliqua le tentateur; mais aussitôt que vous en aurez mangé, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » Eve, séduite par les promesses du démon, regarde le fruit dont la beauté promettait un goût excellent; elle en mange, elle en présente ensuite à Adam, qui en mangea aussi par complaisance pour sa femme qu'il ne voulut pas contrister, et la désobéissance fut consommée. Ce péché porta le désordre dans leur âme et dans leur corps; alors leurs yeux furent ouverts, mais d'une manière bien différente de celle qu'ils attendaient: ils reçonnurent, mais trop tard, le bien qu'ils vanaient de perdre, et le malheur dans lequel ils s'étaient précipités : ils furent dépouillés de tous les avantages dont la justice originelle était la source; ils furent assujettis dans le corps à la douleur, aux maladies, à la mort; et dans l'âme, à l'ignorance, à la concupiscence, à la damnation éternelle. Dieu les chassa du paradis terrestre, et plaça à l'entrée un Ange armé d'un glaive pour leur en interdire l'accès.

PÉCHÉ ORIGINEL.

ADAM, en désobéissant à Dieu, ne s'est pas seulement nui à lui-même, mais il a transmis à sa postérité et son péché et toutes les suites de ce péché: en nous communiquant sa nature, Adam nous a communiqué la tache dont elle était souillée. Ce péché, dit saint Augustin, n'est pas tant le péché du premier homme que celui de la nature humaine qui péchait en lui (Livre de la véritable Religion). Nous naissons tous pécheurs, enfants de colère, et enveloppés dans la même condamnation; nous étions tous enfermés en lui d'une manière aussi réelle qu'elle est inexplicable. S'il avait conservé la justice originelle, il nous l'aurait trans

mise; en la perdant par son péché, il l'a perdue pour nous, et il nous a précipités avec lui dans la double mort de l'âme et du corps. C'est là ce qu'on appelle le péché originel: mystère profond et impénétrable, mais clairement révélé dans les Ecritures, et rendu sensible par ses suites, c'est-à-dire par les maux innombrables qui assiégent l'homme dès le berceau. « Considérez, dit saint Augustin, la multitude et la grandeur des maux qui accablent les enfants; voyez combien les premières années de leur vie sont remplies de vanités, de souffrances, d'illusions et de frayeurs. Sont-ils devenus grands, l'erreur les tente pour les séduire, la douleur les tente pour les affaiblir, la concupiscence les tente pour les corrompre, la tristesse pour les abattre, l'orgueil pour les élever. Eh! qui pourrait peindre tant de diverses peines qui appesantissent le joug des enfants d'Adam? l'évidence de ces misères a forcé les philosophes païens, qui ne connaissaient pas le péché de notre premier père, à dire que nous n'étions nés que pour être punis de quelque crime commis dans une autre vie; mais cette opinion, que les âmes sont jointes à des corps en punition des fautes précédentes d'une autre vie, est rejetée par la sainte Ecriture et par la raison. Que reste-t-il donc, sinon que la cause de ces maux effroyables soit le péché du premier homme ? » Nous naissons malheureux, comme les enfants d'un père rebelle naissent dégradés, proscrits et dépouillés de tous les priviléges que le prince avait accordés à leur famille, avec cette différence néanmoins que ceux-ci participent au châtiment sans avoir participé au crime; au lieu que, sous un Dieu juste, la peine ne peut se trouver où le péché ne se trouve pas. Nous avons donc péché en Adam, et voilà en quoi consiste le mystère; mais tout incompréhensible qu'il est, nous sommes obligés de l'admettre pour

ne pas retomber dans un autre encore plus incompréhensible: car enfin, dit un auteur célèbre, si l'homme n'avait jamais été corrompu, il jouirait de la vérité et de la félicité avec assurance; et si l'homme avait toujours été corrompu, il n'aurait aucune idée ni de la vérité ni de la béatitude: mais, malheureux que nous sommes, et plus malheureux que s'il n'y avait aucune grandeur dans notre condition! nous avons une idée du bonheur, et nous ne pouvons y arriver; nous sentons une image de la vérité, et nous ne possédons que le mensonge, incapables d'ignorer absolument et de savoir certainement: tant il est manifeste que nous avons été dans un degré de perfection dont nous sommes déchus. Le péché originel est donc le seul dénoûment de cette difficulté; et sans ce mystère, l'homme est plus inconcevable que ce mystère n'est inconcevable à l'homme. Qu'est-ce donc que nous crie ce mélange étonnant de grandeur et de bassesse, cette contrariété de mouvements que chacun de nous sent en lui-même, sinon qu'il y a eu autrefois dans l'homme un bonheur véritable, et qu'il a perdu ce bonheur par quelque péché dont il est coupable dès son enfance, suivant cette parole de l'Ecriture: « Personne n'est exempt de souillures, pas même l'enfant qui n'a vécu qu'un jour sur la terre. » Ce qui doit nous consoler, c'est que, comme nous avons tous reçu le péché et la mort par Adam en qui nous étions tous renfermés, de même nous recevons la justice et la vie en Jésus-Christ, dont nous devenons les membres par le baptême. Dieu a regardé tous les hommes comme un seul homme en celui de qui ils devaient sortir il regarde aussi tous les hommes comme un seul homme en Jésus-Christ, par qui il veut les faire tous renaître spirituellement.

PREMIÈRE PROMESSE D'UN RÉDEMPTEUR.

L'HOMME, tombé dans la disgrâce de son Créateur, méritait d'en être abandonné et de subir la juste peine de son péché. Dieu pouvait exercer, à la rigueur, les droits de sa justice sur l'homme criminel, comme il avait fait à l'égard des Anges rebelles pour qui il n'y avait point de rédemption; mais il s'est souvenu de sa miséricorde en faveur du genre humain : il a voulu montrer que sa bonté surpasse la malice du démon; il a voulu manifes ter les richesses de sa grâce, en la répandant sur des sujets que le péché en avait rendus indignes. Dieu n'oublia cependant pas les droits de sa justice, et il exigea une réparation de l'offense. Il maudit le serpent, et, sous l'image de la malédiction lancée contre celui qui avait été l'instrument de notre perte, il montra à l'homme le salut qu'il lui préparait à lui et à sa postérité. Dieu agit alors comme un père qui, dans le premier mouvement de sa douleur, brise le fer avec lequel son fils s'est blessé. Il dit donc au serpent séducteur : « Tu seras maudit entre tous les animaux de la terre; tu ramperas sur le ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai l'inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne : celui qui naîtra d'elle un jour t'écrasera la tête, et tu lui briseras le talon. » Cette malédiction tombe moins sur le serpent que sur le démon qui s'en était servi comme d'organe pour perdre les hommes, selon l'explication qu'en donne ailleurs l'Ecriture : C'est par l'envie du démon que la mort est entrée dans le monde. C'est donc le démon que ces paroles regardent on ne peut leur donner qu'un sens figuré et prophétique; elles signifient qu'il naîtrait un jour de la femme un fils qui rendrait inutile la victoire que le démon venait de

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